Jean-Claude Juncker veut former 105 000 étudiants africains d’ici 2027

Un discours sur l'état de l'Union pour couvrir un état de désunion, c'est un peu le défi qu'avait à relever, ce mercredi matin, Jean-Claude Juncker. Le président de la Commission européenne est dans une situation peu commode : il lui reste 250 jours pour convaincre les électeurs européens de ne pas se détourner du projet originel du continent, à savoir la création d'un espace de paix et de commerce où les valeurs démocratiques, dont l'État de droit serait respecté, un continent ouvert au libre-échange mondial, engagé dans la transition écologique et – ajout récent – où les droits sociaux des travailleurs seraient peu à peu harmonisés.

Or, partout où le regard se tourne, les périls surgissent : le Royaume-Uni négocie en traînant des pieds un départ des institutions tout en souhaitant jouir des avantages du « club », menaçant au passage la paix en Irlande ; à l'est, Viktor Orbán prend la tête de démocraties illibérales pour s'affranchir de l'État de droit et trouve, sur la question migratoire, un soutien populaire qui lui permet de piétiner les libertés et les droits fondamentaux dans son pays ; au sud, Matteo Salvini lui tend la main pour une fusion des droites qui met à mal les chrétiens-démocrates du PPE (Parti populaire européen, conservateurs), le parti des fondateurs de l'UE. Et par ailleurs, tous les dossiers économiques en cours entrent dans une phase de paralysie pré-électorale : aucune avancée sur la taxation des Gafa qui lèsent depuis des années les finances publiques, blocage complet du projet de budget de la zone euro, report de l'adoption des grandes options budgétaires à l'après 2019, etc.

Un vrai partenariat avec l'Afrique

Face à de tels blocages, dans son discours, Jean-Claude Juncker préconise, une fois de plus, l'abandon de la règle de l'unanimité au Conseil européen et l'usage d'une majorité qualifiée prévue dans le traité de Lisbonne (la fameuse « clause passerelle », jamais utilisée à ce jour). Un vœu pieux sans doute, mais que peut-il faire d'autre ? Contrairement à ce que l'on croit, le président de la Commission n'est pas un chef d'État qui pourrait, par sa seule volonté, débloquer les dossiers en cours. C'est un compositeur entre des États souverains. Ses initiatives sont toutes dépendantes de la bonne volonté des gouvernants.

Alors, Juncker propose. Il propose, face aux flux migratoires africains, un vrai partenariat économique équilibré avec ce « noble continent » qui « n'a pas besoin de charité ». Une « nouvelle alliance » qui pourrait, selon ses calculs, créer « 10 millions d'emplois en Afrique dans les prochaines années ». Il propose de former 105 000 étudiants africains d'ici 2027. Il propose de renouveler en profondeur nos accords commerciaux avec les pays africains pour créer une vaste zone de libre-échange.

Un budget avant les élections

Après le départ des Britanniques, le 29 mars 2019, un grand sommet européen se tiendra à Sibiu, en Roumanie. Les dirigeants auront alors pour tâche de relancer la construction européenne. Que faire d'ici ce sommet ? Juncker dicte son agenda : ratifier le traité commercial avec le Japon, important aussi « pour des raisons géopolitiques », renforcer Erasmus en multipliant son budget, soutenir plus vigoureusement la recherche européenne et le numérique, multiplier par 20 nos dépenses militaires pour garantir l'indépendance européenne et – on y revient – « augmenter de 23 % » notre plan de développement avec l'Afrique. Mais pour cela, il faudrait qu'avant les élections l'Union européenne adopte le budget multiannuel 2021/2027.

Or, si la chancelière allemande Angela Merkel et la Commission européenne y poussent, un certain nombre de pays s'y refusent et préfèrent attendre les élections européennes du 26 mai. Ce serait donc, dans ce cas, au nouveau Parlement européen d'approuver la feuille de route budgétaire. Mais quelle sera la couleur politique de cette nouvelle assemblée ? Les eurosceptiques y pèseront sans doute plus lourd et les désillusions de Juncker (qui se maintiendra jusqu'en novembre, le temps de constituer la nouvelle Commission) seraient alors nombreuses...

Un dernier grand chantier attend l'Europe : faire de sa monnaie un instrument de souveraineté. L'euro a survécu à la crise de 2008. Il est devenu la seconde monnaie mondiale après le dollar (60 pays s'y rattachent pour fixer le cours de leur monnaie). Mais loin, très loin après le dollar puisque, comme le déplorait Juncker, les États membres continuent de payer leur facture énergétique en dollars alors que les États-Unis ne fournissent que 2 % de l'énergie en Europe. Pire : les compagnies aériennes en Europe achètent les avions européens... en dollars et non en euros ! « Ridicule », lâche Juncker qui ne sera plus là si jamais un jour l'euro devait se déployer à l'égal du dollar.

Juncker et Orbán, deux opposants au sein d'un même parti

En vérité, la Commission Juncker n'a plus le temps de faire avancer de nouvelles initiatives. Dans les 250 jours qui lui restent avant les élections, elle aura déjà fort à faire avec les dossiers en cours. Au premier rang desquels la réforme de l'asile et de l'immigration, principale pomme de discorde du moment. Cinq des sept textes de l'ensemble sont déjà approuvés. Naturellement, les derniers blocages portent sur l'essentiel : comment organiser la solidarité entre les nations européennes alors que les pays du Sud (Italie, Grèce et Espagne) sont les plus exposés aux migrations ? Comment renvoyer efficacement ceux qui n'ont pas vocation à recevoir la protection de l'asile politique ? Comment limiter les départs à partir du continent africain ? Là encore, Juncker rejoint une proposition d'Angela Merkel : il faut aussi organiser une filière légale et ordonnée de migrations économiques, de manière à refuser fermement les arrivées clandestines. Les besoins en main-d'œuvre – notamment dans l'assistance au quatrième âge – vont aller grandissant dans une Europe qui vieillit et se dépeuple (la France n'est pas concernée à ce stade).

Pour Juncker, « l'Europe ne sera jamais une forteresse tournant le dos au monde et notamment au monde qui souffre. L'Europe ne sera jamais une île. (...) Tel est aussi l'enjeu des élections au Parlement européen qui auront lieu en mai 2019 ». Viktor Orbán a reçu le message cinq sur cinq. Auditionné mardi par le Parlement européen dans le cadre de la procédure de sanction engagée contre lui par la Commission europénne, le leader hongrois a promis de régler ses comptes dans les urnes. « Vous souhaitez exclure un peuple des décisions européennes. Vous privez la Hongrie de la possibilité de défendre ses propres intérêts au sein de la famille européenne à laquelle nous appartenons, a-t-il riposté (...). Nous sommes le parti qui réussit le mieux au sein du Parlement européen. Nos adversaires socialistes et libéraux – c'est compréhensible – ne sont pas heureux de notre succès. Mais se venger contre les Hongrois parce qu'ils n'ont pas voté pour eux n'est pas honnête, n'est pas Européen. » Juncker et Orbán font aujourd'hui partie de la même famille politique, le PPE. À lire les uns et les autres, c'est difficile à croire...

Le Point

14 commentaires

  1. Posté par le pourquoi pas le

    il a la tète et non la tête d un ténia bourré.

  2. Posté par le pourquoi pas le

    pour grimper aux arbres ?

  3. Posté par miranda le

    JUNKER veut former 105.000 étudiants africains.

    Ayant côtoyé de nombreux étudiants africains venus étudier en France et réussir leurs études, je peux certifier qu’aucun d’entre eux n’est retourné au pays.

    Quand on propose ce que propose Mr JUNKER, on dépeuple l’Afrique de ces CERVEAUX.

    Aider l’Afrique à créer une grande UNIVERSITE DE TECHNOLOGIE africaine, dôtée de tout ce qui est nécessaire, est préférable. Alors, ensuite chacun saura rentrer dans son pays ou travaillera dans un autre pays d’Afrique. ET L’Afrique deviendra attractive pour les entreprises parce qu’elle aura des cerveaux, des individus compétents qui savent « réfléchir » sur place..

    Comme l’Europe n’a pas su le faire, peut-être que la Chine saura le faire, elle!

    Mettre les pieds en occident, pour un Africain, c’est dire adieu au pays. Parce que l’organisation à ‘L’occidentale, même si elle ne les enrichit pas, elle leur plait. Et ils préfèrent l’éducation et le système de santé occidentale pour leurs enfants. Et leurs enfants n’y retourneront jamais non plus. Sauf exception. Mais c’est rare.

    Mr JUNKER VIT DANS LES HAUTEURS. On ne peut pas cerner la réalité quand on vit dans les hauteurs. Réalité inatteignable pour lui.

  4. Posté par poulbot le

    Diablotin : Les cancrelats ont la vie dur.

  5. Posté par Diablotin le

    Il ne peut pas crever ce fumier? Tous les matins j’allume mon PC avec l’espoir d’une bonne nouvelle, puis la déception: Juncker, Merkel, Soros, Attali, Cohn Bendit, Macron, Sommaruga et BHL sont toujours vivants… Sale journée 😉

  6. Posté par aldo le

    LES ROBOTS SONT DÉJÀ FORMES !!!!! https://lesobservateurs.ch/2018/09/10/bientot-des-robots-terroristes/ Pour ces criminels politiques, quand tout le monde se réveillera, ils ne manqueront pas de DONNER LE DROIT DE VOTE AUX ROBOTS… pour sodomiser encore plus la démocratie. ALORS DARBELLAY ENCORE UN PETIT EFFORT DU PDC, LE MEME PARTI QUE CELUI DE DRUNKER. L’alcool serait-il le lien idéologique entre tout ces mafieux, à part, ce qui est « naturel »… la franc-maçonnerie des frères faux-culs le pouce sur le dos de la main avec 3 pressions. Exemples:
    1. Pas très évident https://assets.letemps.ch/sites/default/files/styles/np8_full/public/media/2018/01/09/file6ycx86g7dxi11ok0d7km.jpg?itok=4FQXbgSR
    2. Beaucoup plus évident https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/03/Arbeitsbesuch_Israel_%2813977157212%29.jpg
    3. Très évident https://bnj.blob.core.windows.net/assets/Htdocs/Images/IF_Content_480/20180912185420474.jpg?puid=4770a6cc-de30-4fab-bf67-d1ed1d031225
    Dommage qu’il n’y ait pas le recto-verso pour confirmer l’adage populaire: JEUX DE MAINS JEUX DE VILAINS.

  7. Posté par François Salamin le

    L’Europe a mal partout et les règles ne sont pas respectées après plus 20 ans. Se soucier de l’Afrique, un peu tard, les Chinois s’occupent déjà sans bruit. sous forme d’un néocolonialisme. Gérer l’Europe affaiblie d’anord avant de s’occuper des autres par diversion. F.Salamin

  8. Posté par Hans le

    Jean Claude Trinker et Jean Eselborn : 2 grands philosophes et visionnaires luxembourgeois

  9. Posté par Arman le

    Avec un ivrogne pour capitaine, le navire europe est sûr de chavirer, et là même Soros ne pourra la sauver.

  10. Posté par Sergio le

    Il pourrait aussi essayer de sauver Haïti. Sa monnaie s’appelle la Gourde. Non, cela ne s’invente pas.

  11. Posté par francde le

    Jean Claude Drunker veut former des étudiants africains… à quoi? à boire cul sec sans doute

  12. Posté par Looser le

    Une fois formés, ils seront llu utiles chez eux.

  13. Posté par Vol par-dessus le

    Dans le deal ou dans le vol?

  14. Posté par Non beliver le

    Il aura le temps? Il semble mal en point.

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