Une semaine avant des élections vaudoises importantes, nos voisins français voteront eux aussi, le 23 avril, pour le premier tour de leurs Présidentielles.
Ces élections sont exceptionnelles à plus d'un titre. Pour la première fois depuis plus de quarante ans un Président sortant aura choisi de ne pas se présenter à sa réélection. Les deux partis traditionnels qui dominent la vie de la Ve République, le Parti Socialiste et Les Républicains, pourraient être tous les deux absents du second tour.
La campagne a atteint des niveaux de violence verbale et de coup bas inégalés dans l'histoire médiatique moderne ; pendant très longtemps (et à dire vrai aujourd'hui encore) une certaine incertitude régnait quant au nom des candidats qui se présenteraient réellement le jour de l'élection. Miroir de l'incertitude régnant dans la classe politique, les Français eux-mêmes sont indécis ; un sondage IPSOS montre que 40% des électeurs sont encore indécis quant à leur vote, une proportion énorme si près du jour du scrutin.
À gauche, c'est la guerre. Faute de parvenir à s'entendre, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon se condamnent à assister à l'élection comme spectateurs. Chacun d'eux fait cavalier seul pour des raisons qui lui sont propres. Jean-Luc Mélenchon du mouvement des "Insoumis" a pour lui les sondages, qui le placent devant son concurrent socialiste ; il mène sa campagne au nom d'une "extrême-gauche plurielle" depuis bien longtemps, et à 65 ans, le Sénateur devenu tribun sur le tard sent que ce scrutin pourrait bien être le dernier. Au pied des marches du pouvoir, pas question de servir de faire-valoir à un autre.
Benoît Hamon a pour lui la légitimité des primaires de la gauche. Il emporte avec lui les espoirs des militants socialistes de base - volontiers utopistes comme en témoigne son programme - et des écologistes. Las! Ces primaires ont surtout servi à démontrer l'éclatement de la gauche traditionnelle en fragments irréconciliables. En jouant le jeu des primaires, le bon élève Hamon a remporté les primaires "par la gauche", comme le veut la tradition, mais les règles ont changé. Le PS affaibli par le quinquennat Hollande et ses frondes internes ne donne plus le la de la gauche. Coincé dans une impasse, Hamon s'obstine sans y parvenir à chasser sur les terres de Mélenchon. Il arrive trop tard sur le créneau.
En fin de compte, Benoît Hamon fait bien mollement campagne pour les présidentielles 2017. Il semble viser plus loin - le poste de Premier Secrétaire, la recomposition de l'opposition à l'Assemblée, la réorganisation de la gauche plurielle sous l'égide du Parti Socialiste. Au nom du rôle de celui-ci dans la famille de gauche, enfermé dans la logique des primaires, il ne peut pas se rallier à Mélenchon. S'il contribuait à la victoire d'un candidat qui a toujours affiché son mépris pour le PS historique, Hamon ne ferait que hâter l'enterrement du mouvement qui l'a promu candidat. Même sans cela, à travers les défections et la défaite à venir le 23 avril, l'avenir du parti à la rose semble plus compromis que jamais.
Au centre-gauche, un autre ancien ministre de Hollande, le jeune loup Emmanuel Macron. Parfait inconnu avant 2012, l'ancien banquier d'affaires a construit en s'associant aux patrons des grands groupes de presse une véritable machine électorale, "En Marche!", destinée à le propulser au pouvoir. François Hollande le soutient mais en restant dans l'ombre, pour éviter de lui infliger sa propre impopularité. S'il y a eu des tensions avec le ministre de par le passé, Hollande voit désormais en Macron la poursuite de sa ligne politique et l'opportunité de se venger de tous les rebelles du PS qui ont terni son quinquennat - d'une pierre deux coups.
La situation de Macron n'a pourtant rien de confortable. Son mouvement est hors-sol. Entièrement porté par sa dynamique, il est condamné à une réussite éclatante ou à une probable disparition. Maintenant l’ambiguïté, Macron reste flou et enchaîne les maladresses - sur la colonisation, sur son patrimoine, sur la géographie... Le vernis implique la superficialité. Macron devient le choix par défaut le plus convenable de tous les déçus du bipartisme, mais il n'est pas certain que cela suffise à le propulser au second tour. De tous les candidats à l'élection présidentielle, il est celui dont l'électorat a les certitudes les plus fragiles.
Au centre-droit, François Fillon essaye depuis des semaines de relancer une campagne plombée par les affaires. Fillon a raison sur toute la ligne: les révélations relayées par la presse ont été soigneusement orchestrées, sa mise en examen est totalement politique, beaucoup de gens œuvrent en coulisses à couler sa candidature. Il n'empêche: il n'a rien de l'âme innocente et pure. Fillon a tendu la perche pour se faire battre. Ces scandales à répétition représentent le retour karmique d'une carrière entièrement accomplie dans la politique et ses petits arrangements, à une époque où une candidature présidentielle relevait de la science-fiction.
Passant son temps à se défendre contre de nouvelles révélations, François Fillon a bien peu de temps pour parler de son programme. C'est bien dommage. Le candidat des Républicains avait tout pour remporter les présidentielles: des primaires remportées sans coup férir, l'expérience du gouvernement, un parti en ordre de marche, une solide assise parlementaire et territoriale, le rôle d'opposition principale au gouvernement socialiste. Cela pourrait ne pas suffire. Les articles de presse, les revirements des amis de trente ans, les appels au retrait auront laissé leurs traces.
Les électeurs historiques des Républicains se mobiliseront sans doute pour François Fillon, mais ils ne suffiront pas. Fillon doit en chercher d'autres ailleurs, et de toute urgence. Mais pour y parvenir, il faudrait déjà qu'il parvienne à parler de politique.
À droite, Marine Le Pen règne sur les sondages. Elle est en tête des intentions de vote du premier tour depuis des mois - les récentes tentatives de montrer Macron devant elles ne font guère illusion. Alors qu'elle ne dirige le mouvement que depuis 2011, le succès de Marine Le Pen au sein du Front National est époustouflant. En six ans, elle aura permis au Front National de percer pour devenir un acteur politique incontournable de la vie politique française - quittant pour de bon le sempiternel rôle d'outsider infréquentable taillé pour son père.
La dédiabolisation du FN n'a pas eu que des conséquences positives. La ligne politique est devenue confuse. Sous la férule du vice-président Florian Philippot, le FN a chassé sur des terres électorales de plus en plus vastes, jusqu'aux friches historiques abandonnées par la gauche. Le FN est désormais critiqué sur son programme davantage que sur la personnalité de sa présidente. Bien que fissuré et vermoulu, le "Front Républicain" tenait encore lors des élections régionales ; si Marine Le Pen franchit sans encombre le premier tour, les sondages la voient invariablement perdante le soir du 7 mai. Pourtant, tout n'est pas joué. Attentats, immigration, Brexit, élection de Trump, l'actualité montre que les choses peuvent changer. La vague de remise en question atteindra-t-elle la France?
Fillon, Macron et Le Pen forment le trio de tête dans les sondages ; à moins d'une improbable alliance de la onzième heure entre les Insoumis et le PS, il paraît acquis que le second tour se jouera entre ces trois-là. Si Marine Le Pen fait clairement partie des finalistes, le duel entre Fillon et Macron ne semble pas encore joué. Tout dépend de la lassitude du public de droite et du centre envers les "affaires" et sa volonté de revenir aux fondamentaux.
Malgré tout, les deux tours de l'élection présidentielle française ne représenteront que la première phase du changement. La deuxième bataille aura lieu lors des législatives, et elle sera sanglante. Les règles électorales complexes conçues pour faire barrage au "troisième larron" de la vie politique française, c'est-à-dire le Front National pendant trente ans, pourraient se retourner contre leurs auteurs et mener à la Bérézina complète d'une gauche éclatée. Une victoire de plus à porter au quinquennat Hollande!
Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 3 avril 2017
MLP risque de passer au premier tour.
Comme vous dites dans l’article :
Macron est donné par ses camarades de pseudo parti au 26% sans considerer que le 50% de ses pseudo votants ne sont pas convaincus de le voter, et le 100% ne l’ont jamais voté avant… Fillon, Hamon, Melanchon sont fichus…
Mais MLP, a une base constante de 30% auquels s’ajoutent les males blancs denigrés par Melanchon, les Fillonistes et qui sont aidé par un 45% de gens que n’iront pas à voter…
30% sur 100 ca fait 60% sur 50
Les indécis sont souvent ceux qui n’osent pas déclarer qu’ils votent FN, par peur d’être traités de nazis, racistes, fachos, islamophobes et autres poncifs de gauchistes.
Mais une fois dans l’isoloir….
Rappelez-vous les « sondages » précédant la votation sur les minarets !
Savez-vous…je sens qu’on va encore bien s’amuser avec les merdias francais!!!!
C’est la brise Marine qui va s’emparer de la France!!!!
Bien sûr que ça sera Macron, et la France va continuer sa descente vers la Grèce…. et dans 5 ans, si c’est pas trop tard, ça sera bien sûr une Le Pen !
Jamais les présidentielles n’avaient atteint un tel niveau de bassesse. On patauge dans le caniveau des « affaires » des candidats de droite, montées de toutes pièces par la clique hollandaise pour favoriser son produit marketing: Macron. Ce dernier a au moins 4 affaires louches aux basques, qui mériteraient une investigation, mais il ne se passe rien, si ce n’est ses délires et hurlements de télévangéliste.
La France est au bord du gouffre et son seul slogan est « En marche »! Tout à fait adéquat. S’il venait par malheur à être élu, c’est très exactement ce qui adviendrait.
En attendant, les vrais débats qui intéressent les Français, contrôle de l’immigration, insécurité, chômage, sont occultés.
Révoltant et navrant.
Pour terminer sur une note d’humour dans ce marasme:
https://www.youtube.com/watch?v=FX6e1mRhEPo
Sans être devin on ose prédire que le grand vainqueur de l’élection sera l’abstentionnisme.