L’islam enseigné à nos enfants – Un désastre

Michel Garroté
Politologue, blogueur
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Michel Garroté - Les chrétiens d'Orient ? Les manuels scolaires ne connaissent pas. Vincent Badré relate : La réalité des manuels d’histoire est plutôt celle d’une grande prudence pour éviter les polémiques sur les questions sensibles. Ils édulcorent la présentation des violences associées à l’islam et chantent la gloire des sciences à Bagdad au 9e siècle sans jamais préciser l’apport de chrétiens Syriaques et Chaldéens, de Juifs et d’Indiens dans cette réussite. La double page présentée ici montre par exemple la mosquée de Damas (Belin 5e pp 36-37). Barbara Lefebvre, professeur d'histoire-géographie, réagit également à l'islam enseigné à nos enfants. Commençons, ci-dessous, par Vincent Badré.
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Vincent Badré (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Elle ne dit pas qu’elle a remplacé une église construite sur les ruines d’un temple païen et que son architecture doit beaucoup à l’art des chrétiens d’orient. Les manuels et sans doute l’enseignement de beaucoup de professeurs restent dans le consensus. La tradition scolaire française peine à montrer des divergences d’analyse et des débats sur un sujet d’études. Elle a aussi du mal à montrer des analyses sociologiques, culturelles ou ethnologiques, ajoute Vincent Badré (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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A propos de l'islam tel qu'enseigné à nos enfants, Barbara Lefebvre, professeur d'histoire-géographie, réagit, de son côté, comme ceci (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : les objectifs de la conquête ne sont jamais exposés aux élèves, or la conquête territoriale est consubstantielle à la naissance de l'islam et les propos de Mohamed dans le Coran et la Sunna sont sans ambiguïté: l'islam est prosélyte, a vocation à éclairer l'humanité, la conquête territoriale en est le principal instrument. Cette fusion du politique et du religieux doit être soulignée si l'on veut éclairer certains discours fondamentalistes actuels pour les déconstruire. Ici la notion de jihad devrait être abordée, elle sert dès le début de l'islam à une justification religieuse de la conquête de type impérialiste - tout à fait banale à l'époque - constituée de pillages, de massacres et de colonisation.
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Barbara Lefebvre : L'ouvrage de Sabrina Mervin est utilisé à plusieurs reprises pour présenter les conquêtes, mais cet ouvrage n'est pas un livre d'histoire factuelle, il a un objet d'étude singulier à savoir l'histoire des doctrines de l'islam et leurs représentations. Elle insiste dans sa préface sur le fait que son livre ne retrace «pas l'histoire politique ou sociale du monde musulman» or c'est exactement ainsi que des extraits sont utilisés dans les manuels, pervertissant le travail de l'historienne. Les citations de l'ouvrage montrent un projet théocratique parfait, réalisé sans entrave, là où l'historienne décrit une représentation sociale de ce projet par les doctrinaires musulmans. La partie leçon d'un manuel [Hachette] va plus loin dans l'approximation : «Les califes musulmans prennent le contrôle d'un très vaste territoire peuplé de populations nomades.
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Barbara Lefebvre : Pour contrôler cet ensemble ils développent les villes où s'installent les émirs». En quoi les peuples d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient préislamique [judaïsme, christianisme, empires perse ou romain], sédentaires depuis des siècles, ayant développé des civilisations urbaines prestigieuses furent-ils des «nomades» à l'instar des tribus bédouines d'Arabie islamisées par Mohamed ? Alexandrie, Jérusalem, Damas, Yarmouk, Le Caire, Mossoul et tant d'autres ne sont pas des villes fondées par les conquérants arabes à ma connaissance. Ils ont redessiné le paysage urbain pour l'islamiser mais n'ont pas fondé ces villes qui ont gardé de nombreuses traces, notamment archéologiques, d'un glorieux passé préislamique.
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Barbara Lefebvre : De telles erreurs dans des manuels d'histoire laissent perplexe. Il y aurait beaucoup à dire sur la façon dont le contact belliqueux entre Chrétienté et Islam est décrit autour de l'épisode des croisades. On retiendra notamment dans un manuel [Hatier] que dans la leçon titrée «La violence des guerres saintes», les auteurs ne rendent compte que de la Reconquista espagnole et des croisades, à travers par exemple les crimes des Croisés comme le sac de Constantinople en 1204. Le jihad n'est pas du tout évoqué dans cette leçon inscrite pourtant dans le chapitre sur l'islam. Il est déconcertant de voir que les manuels utilisent la source musulmane sans appareil critique pour offrir une vision idyllique des relations entre Musulmans et non Musulmans.
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Barbara Lefebvre : On trouve des textes de différents auteurs arabes médiévaux que l'élève est amené à accepter de facto. Par exemple, cette citation d'Al-Baladhuri datant du 9è siècle est utilisée dans plusieurs manuels et dépeint juifs et chrétiens acceptant l'invasion musulmane de la Syrie comme une bénédiction : "les habitants ouvrirent les portes de leur ville sortir avec les chanteurs et les musiciens qui commencèrent à jouer et payèrent la capitation .La seule question posée à l'élève est « Comment les musulmans sont-ils accueillis ? ». L'élève doit paraphraser l'auteur, prenant ses dires pour une vérité, objet d'une généralisation plus loin dans la leçon du manuel. C'est comme si on apprenait la vie de Charlemagne uniquement à travers la chronique d'Eginhard.
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Barbara Lefebvre : D'autres textes arabes sont exploités présentant la conquête de Jérusalem par Omar puis Saladin comme une libération des oppresseurs byzantins ou un acte de pacification. On passe sous silence que pour les chrétiens, majoritaires dans ces régions au haut Moyen Âge, la conquête islamique signifiait la perte de souveraineté, et pour les nombreuses communautés juives il s'agissait de passer d'un oppresseur à un autre. Donc quand on lit : « dans les territoires dominés par les Arabes, les populations se convertissent peu à peu à l'islam », on a le sentiment que rien n'est fait pour éclairer les conditions de cette islamisation qui, à l'instar d'autres conquêtes antiques ou médiévales, signifiait la dépossession des autochtones de leur souveraineté, de leur droit de propriété, leur soumission sociale et culturelle.
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Barbara Lefebvre : En Espagne, par exemple, les Chrétiens ont résisté comme à Tolède en 713, et les représailles furent féroces avec mutilations et crucifixions publiques. La façon dont les manuels évoquent la « coexistence » entre les trois religions sous domination musulmane est sinon fausse du moins partiale car elle n'éclaire pas les conditions de la soumission en parlant de « coexistence ». Dans un des manuels, on cite un chroniqueur arabe du 11e siècle, Saïd al-Andalusi, sans distance critique pour l'élève qui ainsi apprendra qu'avant l'arrivée des Arabes « ce pays ne savait pas ce qu'était la science et ceux qui l'habitait ne connaissaient personne qui se fut rendu illustre par son amour pour le savoir ».
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Barbara Lefebvre : Puis vient un passage sur l'apport des Arabes aux sciences anciennes et modernes par la traduction des savants grecs. Cette lecture apologique est corroborée par une consigne d'activité : « Montrer que la présence des musulmans d'Andalousie permet de développer les sciences et la philosophie grecque en Occident » et par la leçon qui répète que «les textes des auteurs antiques sont redécouverts en Occident par l'intermédiaire de leur traduction en arabe».
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Barbara Lefebvre : On passe sous silence un fait majeur : nombre de ces traducteurs étaient de langue arabe mais n'étaient ni des Arabes, ni musulmans. Ce furent des Juifs comme Maïmonide, ibn Tibbon ou Yossef Kimhi et surtout des Chrétiens principalement syriaques qui réalisèrent cette translation des savoirs antiques vers l'Occident, ajoute Barbara Lefebvre (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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Les manuels scolaires ignorent totalement les chrétiens d’Orient.


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http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2016/09/lislam-racont%C3%A9-avec-complaisance-%C3%A0-nos-enfants-%C3%A0-l%C3%A9cole-de-telles-erreurs-dans-des-manuels-dhistoire.html
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