Source : Voix libre, 11 mai 2015
Non, je ne suis pas un homme de gauche. Mais je partage toutefois un certain nombre de valeurs avec la gauche traditionnelle, comme par exemple le rejet d’une forme de capitalisme monopolistique s’enrichissant sur le dos des travailleurs ou encore la lutte contre la privatisation de certains domaines sensibles, comme la santé ou les assurances sociales. Il s’agit de deux revendications fondatrices de la gauche, telle qu’elle s’est formée avec l’essor de l’industrialisation et la lutte des classes. Il s’agit de deux piliers principaux pour les penseurs de gauche.
Aujourd’hui, la gauche suisse a abandonné ces valeurs fondatrices pour en embrasser d’autres. L’ouverture inconditionnelle et l’abandon de tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à l’Etat-nation en tant qu’institution fondatrice des relations internationales est devenu le nouveau centre de gravité de tout mouvement, parti ou association qui se dit « de gauche ». La défense des travailleurs ne fait visiblement plus partie de leurs préoccupations. Le PS, les verts et les syndicats défendent le principe de la libre circulation des personnes, pourtant le symbole absolu d’une politique néolibérale au profit des multinationales sur le dos des travailleurs. Après la délocalisation des usines, la libre circulation permet la délocalisation des travailleurs.
Un autre exemple est la protection de l’environnement. La sortie du nucléaire et la renaturation des cours d’eaux est soutenue à bout de bras par les écologistes et leurs partenaires socialistes. En même temps, on soutient le droit à l’immigration pour un demi-milliard d’européens en Suisse sans s’affoler du bétonnage de la Suisse qui en résulte – sauf bien évidemment lorsqu’il s’agit de résidences secondaires propretés de salauds de riches suisses…
La gauche suisse ne dit rien par rapport au partenariat transatlantique de commerce et d’investissements (PTCI ou TTIP en anglais), un accord de libre-échange qui place les multinationales au-dessus des Etats, qui sacrifie toutes les normes en matière de protection de l’environnement en Europe, qui abandonne la protection du consommateur, qui néglige la santé publique, qui impose la loi du marché dans tous les domaines de la vie publique. Ce hold-up sur la démocratie européenne n’est nullement critiqué par une gauche aveuglée par son adoration des institutions néolibérales de Bruxelles.
Pour la gauche, tous les problèmes actuels doivent trouver une solution sur le plan international. L’immigration ? C’est l’UE qui doit s’en occuper. La fiscalité ? C’est un accord international qui doit régler le différend. L’insécurité et la criminalité ? C’est du ressort de Schengen. En bref : la gauche rejette la responsabilité et veut tout déléguer à des instances qui prennent les décisions en dehors de tout cadre démocratique. Le voici, le vrai visage de la gauche du XXIème siècle : le déni du citoyen en tant que décideur. Quel retournement pour cette gauche, qui jadis s’appuyait sur la volonté populaire pour faire passer ses revendications !
Le sacrifice de leurs valeurs traditionnelles sur l’autel de l’internationalisation a démasqué les réelles intentions de la gauche : la prise du pouvoir et la mise sous tutelle du citoyen, l’abandon de nos libertés au profit d’un système hiérarchisé ou tous les domaines de nos vies seront régis par des lois et ordonnances prises à huis clos. La gauche renie ses origines et détruit notre avenir. Reste à espérer que les citoyens se réveilleront en octobre, et que la tendance affirmée en Bâle-Campagne, à Lucerne, au Tessin et à Zurich se poursuivra !
Voix Libre, 11 mai 2015, le lien vers l'article et la revue, ici
Et le GSSA ne cherche-t-il pas à affaiblir la Suisse en supprimant l’armée?
Ainsi nous dépendrons de l’UE pour défendre le pays, beau programme!
C’est faux, les Socialistes se sont prononcés contre TAFTA. Mais comme ils veulent entrer dans l’UE, ils sont totalement décrédibilisés.