Suisse. Guerre des langues ? Frühfranzösisch, Schwiizerdütsch…

Uli Windisch
Rédacteur en chef

NDR. Rediffusion à l’occasion de deux interpellations au Parlement ce jour même à propos du refus du Früfranzösisch au primaire par plusieurs cantons alémaniques.

Oui à l’apprentissage de plusieurs langues nationales et « étrangères », mais par toutes les communautés linguistiques et sans en faire un facteur de découragement ou d’échec scolaire.
Les italophones et les Romanches, apprennent sans rechigner 2,3,4 autres langues nationales et/ou « étrangères », ce qui est beaucoup moins le cas des Romands qui estiment de manière un peu outrecuidante que les autres communautés linguistiques devraient assez naturellement apprendre le français. On ne s’interroge guère sur la légitimité de cette exigence unilatérale.

 

"Attaque sur le français" ?

La tendance à accorder moins d’importance au français au profit de l’anglais dans  une partie de la Suisse allemande constitue un phénomène récurrent et crée régulièrement de vives protestations en Suisse romande. Parfois cette dernière accuse même la communauté linguistique alémanique majoritaire en Suisse de mettre en danger la paix linguistique, la Suisse pluriculturelle, voire l’équilibre linguistique et même l’existence de cette fameuse Suisse quadrilingue, voire le pays lui-même...

Quelques rapides remarques dont on ne veut guère tenir compte du côté romand (dont je fais partie malgré mon nom !).

Ces protestations romandes unilatérales, souvent fortement affectives et scandalisées, doivent être replacées dans un contexte linguistique, social, culturel, politique et international plus général. Et il faut encore tenir compte de certains changements sociétaux et historiques profonds et majeurs.

Rappelons que la Suisse romande constitue l’une des minorités linguistiques de Suisse, certes la plus importante, mais une minorité quand même, à côté des italophones et des Romanches.

Contrairement à ces derniers, qui apprennent sans rechigner 2,3,4  autres langues nationales et/ou « étrangères », ce qui est beaucoup moins le cas des Romands qui estiment de manière un peu outrecuidante que toutes les autres communautés linguistiques devraient apprendre le français ; que cela devrait même aller de soi. On ne s’interroge guère sur la légitimité de cette exigence unilatérale.

On assiste d’ailleurs depuis quelque temps à certaines protestations de la part des italophones à ce propos, qui refusent de plus en plus de servir de simple force d’appoint aux Romands, aux revendications de ces derniers. Ce que les Romands semblent avoir de la peine à comprendre. Ensuite, les italophones exigent une plus grande attention et considération pour leur propre langue de la part des autres  groupes linguistiques.

Le changement historique toutefois le plus important réside bien évidemment dans la prépondérance et l’attirance de plus en plus marquées pour l’anglais. La relégation du français n’est pas due uniquement à cette dominance de l’anglais mais à la baisse de prestige assez général du français et à une nette diminution de son pouvoir de référence et d’attraction.

Il est indispensable d’en prendre acte si l’on veut sérieusement prendre des mesures adéquates pour tenter d’y remédier, plutôt que de se contenter du statut de plaignant et de pleureuse éternelle.

En bref, les Romands doivent davantage prendre exemple sur les autres minoritaires linguistiques suisses et apprendre eux-mêmes davantage les langues des autres communautés linguistiques nationales plutôt que de vouloir simplement imposer leur langue à tous. De tels propos ne sont certainement pas appréciés de la part des francophones mais c’est une condition pour de vrais changements, une plus grande acceptabilité et un retour à une position plus favorable du français,

Si le français est à la peine en Suisse allemande, d’autres causes générales expliquent  ce phénomène. L’image de la France dans le monde n’est plus non plus ce qu’elle était, de même que sa langue. Et il faut bien ajouter que la situation de ce pays autrefois phare s’est aussi considérablement amenuisée. Son décalage par rapport à l’Allemagne en témoigne. De même, une image comme celle que donnent actuellement les socialistes au pouvoir n’arrange pas vraiment cette image en difficulté.

Cela ne doit pas faire oublier que la France est le pays francophone qui dépense le plus d’argent et très largement pour diffuser la langue française et permettre ainsi à des milliers et des milliers d’enfants d’Afrique et d’ailleurs  d’avoir accès à l’éducation au moyen de l’enseignement en langue française, et cela dans de nombreux pays. La France finance aussi quantité d’autres initiatives qui agissent dans le même sens. Bien d’autres pays, totalement ou partiellement francophones, pourraient faire davantage en la matière !

J’aimerais aussi rappeler que la langue française représente pour bien des pays un ensemble de valeurs fondamentales qui ne sont pas toujours appliquées et respectées, bien que ardemment désirées, dans nombre de pays : la liberté, l’égalité des sexes, la liberté de la presse, d’expression, la culture, etc. J’ai en tête un exemple qui me vient d’une participation à un colloque universitaire tenu lors d’un Sommet de la francophonie : les présentations de communications de professeures musulmanes d’Afrique du Nord, sur des sujets de littérature française, qu’en plus elles connaissaient en tout cas aussi bien que nos professeurs à nous. Pour elles, le français représentait vraiment la liberté, l’égalité des sexes, l’émancipation. Il était impressionnant de constater cet attachement et la valeur du français pour ces femmes, un idéal que les pays majoritairement francophones ont de la peine à réaliser. Oui le français est pluriel et a été adopté et adapté par d’autres pays et cultures et d’une manière qui devrait parfois faire réfléchir ceux qui négligent  leur propre langue.

L'avenir du français passera-t-il par l'Afrique?

Leçon à en tirer : cultiver davantage le français, apprendre davantage les autres langues nationales, expliciter les valeurs que cette langue incarne ou peut incarner pour d’autres et donc pour nous-mêmes. Reprendre confiance en soi, dans sa langue et sa communauté, ce qui rendra cette langue de nouveau plus attirante et non imposée dans la douleur.

La communauté francophone de Suisse romande doit cultiver davantage  son autonomie car on a parfois l’impression que la Romandie devient une colonie culturelle de la France quand on voit par exemple à quel point les intellectuels, les journalistes et les médias romands font systématiquement et automatiquement appel à des spécialistes venant de France, avant même de chercher ces compétences dans leur propre communauté, qui existent mais qui sont ignorées, voire méprisées. Une sorte de dépendance volontaire, une auto-colonisation ?

Il ne s’agit nullement de se replier sur soi, mais, tout en étant très ouvert aux autres pays francophones, de cultiver davantage les richesses internes et de donner ainsi davantage confiance aux acteurs et auteurs internes, en leur langue et culture. Une telle valorisation est indispensable pour redonner confiance et encourager les acteurs internes qui finissent par se considérer eux-mêmes comme étant de « deuxième catégorie », par rapport  à des invités français de France dont certains ont carrément des abonnements dans nos médias romands.

Il y a là comme un réflexe : si on doit traiter un sujet et on se demande tout de suite qui contacter à Paris, au point où l’on en vient même à détester certains acteurs internes, pour les raisons les plus diverses ! Egalement parce qu’on part du principe qu’ils ne s’expriment  pas aussi bien. De tels réflexes conditionnés contribuent à cette auto-dévalorisation et à péjorer ainsi le statut de notre langue et communauté.

A l’opposé des Romands, les Suisses alémaniques cultivent et développent même leurs dialectes et de multiples activités dans ces dialectes, avec fierté et exubérance. Au grand dam des Romands qui ne voient là que repli, enfermement et refus de l’Autre, alors que cela représente aussi une confiance en soi, dans sa langue, sa culture ; tout le contraire d’une inféodation culturelle et linguistique à l’Allemagne. Vraiment l’exact contraire  de l’attitude des Romands envers la France.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le fait de cultiver sa langue, même un dialecte, ne suppose pas le rejet de tout ce qui est autre, souvent c’est même le contraire. Celui qui a une forte identité (langue et culture) est  d’autant plus ouvert et intéressé par d’autres langues et cultures.

On ne s’étonne et ne critique pas les milliers de langues de l’Afrique, dont la plupart sont uniquement orales, mais on méprise nos dialectes alémaniques !

Les futurs handicapés seront les monolingues car l’avenir appartient aux plurilingues et non à ceux qui pensent pouvoir simplement exiger des autres qu’ils apprennent leur langue.

Une dernière remarque, sociolinguistique. Tous les individus d’une même communauté linguistique n’ont pas le même besoin de connaître plusieurs langues, ni même des langues qu’ils n’utiliseront jamais. Tous les métiers et dans toutes les régions n’exigent pas cela. Il est donc d’autant plus important de ne pas rendre obligatoire, voire décisif pour la poursuite du cursus scolaire, l’apprentissage d’une autre langue nationale ou étrangère. C’est dans  son pouvoir d’attraction qu’une langue devrait trouver l’une des raisons de la volonté de l’apprendre.

A ce propos, il est intéressant de relever que dans le débat sur  l’apprentissage des langues en Suisse, ce sont très souvent des personnes qui sont déjà largement multilingues qui veulent imposer leur statut à tout le monde. Or, encore une fois, si ce statut est très enviable, il ne va pas de soi pour tous et peut représenter une pénibilité certaine, voire une vraie souffrance  pour d’autres : il ne devrait en aucun cas être à l’origine de l’échec scolaire, même s’il faut l’encourager par tous les moyens car la connaissance d’une deuxième langue donne envie d’en connaître d’autres et développe un grand nombre d’autres compétences.

Oui à l’apprentissage de plusieurs langues nationales et « étrangères », mais par toutes les communautés linguistiques et sans en faire un facteur de découragement ou d’échec scolaire.

 

PS. Petit exercice de pratique plurilingue, ci-dessous !

Uli Windisch, 24 mai 2014

 

 

 

 

 

 

11 commentaires

  1. Posté par Ueli Davel le

    Pauvre Adalbert que de haine, vous n’êtes pas bien dans votre peau. Calmez-vous, vous êtes comme la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le boeuf, calmos, calmos.

  2. Posté par adalbert le

    @Ueli Davel : à lire votre prose, je vous sens très mal à l’aise dans le « Welschland », à devoir côtoyer ces « Romands qui se plaignent tout le temps », « ces demi-Suisses » (Christoph Blocher dixit) qui n’ont qu’à fermer leur gueule, puisque selon vous « les Romands sont et resteront minoritaires, ce n’est pas grave » ! Punkt schluss !
    Quant à la situation schizophrène des Alémaniques dans leur rapport avec leur langue maternelle, ce ne pas aux minorités linguistiques à en subir les graves inconvénients si l’on veut vraiment continuer à vivre ensemble dans ce pays. La mauvaise foi des défenseurs du dialecte alémanique est flagrante : car inversement, le dialecte, en voie de disparition, utilisé dans les autres régions du pays, notamment dans les vallées tessinoises et parfois aussi en Suisse romande, est très rarement utilisé en dehors de la sphère privée, contrairement à la situation intolérable actuelle en Suisse alémanique due à la frénésie identitaire. La « guerre des langues » a été déclenchée par les Alémaniques, cette situation est comparable à celle qui se déroule actuellement en Belgique, où les Flamands, très majoritaires et arrogants, voudraient se séparer de la partie francophone du pays.
    « Qui sème le vent récolte la tempête » : les Romands et les Tessinois ne sont pas aussi masochistes et bassement soumis que vous pourriez le supposer…

  3. Posté par Ueli Davel le

    Alain Jean-Mairet bravo, vous avez parfaitement raison! Certains souhaitent que nous ressemblions à la Belgique!

  4. Posté par Ueli Davel le

    Cher Adalber, je vous signale qu’en Europe (géographique) c’est bien l’allemand qui est la langue la plus rependues. Je me répète en vous redisant qu’en Suisse alémanique un enfant parle à la base deux langues, le suisse alémanique et le Hochdeutsch, que vous le vouliez ou pas c’est comme ça. Un autre fait est que les romands sont et resterons minoritaires, là aussi ce n’est pas grave, c’est comme ça. Chaque langue est adaptée à chaque pays, régions ou l’on la parle!
    Concernant le français romand, en général il est loin du français de l’académie Française, son vocabulaire est pauvre. Je vous signale que l’anglais de Shakespeare ou de Churchill et bien loin du texan, du néozélandais de l’écossais ou de l’anglais Singapour ou de Hongkong la aussi c’est pas grave, c’est comme ça. Quand à José Ribeaud…. je rigole, quelle référence!

  5. Posté par Konrad Duden le

    Früh

  6. Posté par Michel de Rougemont le

    Jessica: comme vous pouvez vous en douter je ne suis pas du tout d’accord avec votre plaidoyer pour l’anglais comme deuxième langue, reléguant d’autres langues nationales comme appendices subsidiaires.
    Ce n’est pas l’anglais qui se parle dans le monde globalisé, c’est le globish, facile à apprendre, de vocabulaire et grammaire restreints, parlé avec tous les accents possibles et incompréhensibles. Ça, ça s’apprend en peu d’heures, avec l’accompagnement des paroles plus ou moins subtiles des succès du hit-parade.
    Voilà pour le côté bassement utilitaire de la chose.
    Pour pratiquer l’anglais à un autre niveau il faut l’étudier aussi sérieusement que toute autre langue, le lire abondamment et s’exprimer par oral et par écrit. Selon mon expérience cette pratique là de l’anglais est aussi rare que celle du français en Suisse allemande ou de l’allemand en Suisse romande.
    La cohésion de la Suisse passe par la compréhension des langues et de la manière de penser dans ces langues, même si elles sont rébarbatives. C’est un effort à faire, même s’il coûte. Pourquoi ne faudrait-il pas le faire?
    Il n’y a pas d’autre lieu pour transmettre ce savoir que l’école, entre 8 et 18 ans. Et il faut lui accorder une note prioritaire car on sait que l’apprentissage scolaire n’est pas une activité trop volontaire des élèves.

  7. Posté par jessica le

    Suisse et patriote jusqu’au bout des cheveux, je défends notre culture et notre pays becs et ongles (la preuve mes expressions LOL). Pour moi le plus important c’est de pouvoir communiquer facilement avec nos différentes régions linguistiques quelle que soit la langue. L’école doit préparer à l’avenir professionnel avant tout (Surprise d’ailleurs d’entendre les personnes qui, d’ailleurs à juste titre, veulent une école neutre qui prépare les jeunes à construire leur avenir et qui en même temps, veulent que l’école enseigne d’abord nos langues nationales voire les dialectes locaux. ) L’anglais que cela plaise ou non, est LA langue qui permet de se parler dans tous les pays du monde. Je parle plusieurs langues dont l’espagnol et l’italien mais c’est l’anglais, qui m’a permis de poursuivre mes études, de pouvoir communiquer avec des personnes de tous pays et, important aussi, de trouver et changer facilement d’emplois. L’anglais est demandé dans 50% du tertiaire mais pas seulement. L’anglais comme deuxième langue enseignée à l’école est pour moi un MUST. Le rôle de l’école est de donner aux enfants le plus de possibilité de se construire un avenir professionnel, celui d’instruire. C’est aux parents de parler en dialectes à leurs enfants, à eux de les éduquer et de leur inculquer leurs valeurs et leur culture. Tout le monde n’est pas doué pour les langues. L’anglais, les enfants y sont déjà familiarisés depuis bébé si je puis dire. Les publicités (TV, affiches etc.) le domaine informatique et électronique, les chansons etc. une quantité de mots anglais font partie du langage courant, dont certains sont mêmes entrés dans les dictionnaires français, allemand et italiens tant ils sont devenus partie intégrante de notre langage. Vaut-il mieux avoir appris le français et l’italien et ne pas pouvoir communiquer avec un suisse allemand, ou le français et l’allemand et ne pas pouvoir communiquer avec un tessinois ? Le principal est de pouvoir communiquer et de parler ensemble et de se comprendre même en anglais, plutôt que de ne pas pouvoir parler du tout. Car c’est le blocage de la langue qui empêche les gens de se comprendre et qui crée des incompréhensions entre les différentes régions linguistiques, pas les « mentalités ». Alors je pense que pour le bien des enfants et de leur avenir, afin de leur permettre de communiquer avec toutes les régions linguistiques OUI à l’anglais comme 2ème langue principale dans toutes les écoles de suisse. Les autres langues peuvent s’apprendre après, suivant les choix professionnels.

  8. Posté par Alain Jean-Mairet le

    Expérience personnelle: j’ai grandi en Suisse romande, dans un environnement monolingue, et j’avais alors de la peine à apprendre l’allemand, à l’école. Pour ce que j’en savais, ce que j’en entendais, l’allemand était la langue des « boches », des « bourbines », des « stofifres » et autres « totos », sans parler des « Et chantons en choeur le Pays romand et foutons dehors tous les Suisses allemands » — rien d’intéressant ou de gratifiant à apprendre cette langue.

    J’ai été d’autant plus séduit, ensuite, par la Heimeligkeit du schwyzerdütsch et le respect infiniment plus prononcé des Suisses de langue allemande pour les autres cultures. Dans mon expérience, le Röstigraben est essentiellement une construction romande, ou francophone, et l’âme de la Suisse, ce qu’elle peut avoir d’admirable, s’exprime beaucoup mieux dans les dialectes alémaniques.

    C’est sans doute aussi dû au fait que la langue, véhicule de la communication, est avant tout un phénomène oral. La langue écrite n’est au fond qu’une tentative de normalisation, qui garde toujours un air de coercition et d’élitisme. Ce qu’il y a de vraiment vivant et évolutif dans le langage est parlé. Le fait de soigner un ou plusieurs dialectes participe ainsi à un effort de communication plus humain, plus compassionnel, que la stricte soumission à une académie.

  9. Posté par adalbert le

    « La pleureuse éternelle », à savoir les minoritaires romands, mérite un droit de réponse à cette argumentation, bardée d' »outrecuidance », qui peine beaucoup à convaincre ! En fait vous vous efforcez de justifier l’injustifiable, en éludant la question de fond. Pourquoi ce déni de la réalité ? Les faits sont têtus hélas, ne vous en déplaise.
    Sur le sujet, je vous renvoie à l’excellent ouvrage du journaliste José Ribeaud, « La Suisse plurilingue se déglingue », éditions Delibreo. L’auteur a vécu très longtemps à Zurich pendant sa carrière professionnelle, comme c’est le cas de nombreux Romands et Tessinois établis en Suisse alémaniques par obligation. Rebeaud dénonce avec talent mais sans animosité la dictature du dialecte en Suisse alémanique, une arme d’exclusion massive pour les non-alémaniques Tessinois et Romanches inclus) qui doivent subir ce lourd handicap dans leur vie quotidienne. Les problèmes croissants dus à l’usage de plus en plus fréquent du suisse-allemand à tous les niveaux depuis une vingtaine d’années ont d’ailleurs conduit le Parlement à adopter une nouvelle loi sur les langues en 2010, mais qui reste hélas inappliquée dans les faits, faute de volonté politique, la question étant considéré comme un tabou ! (Il faut ménager les très fortes susceptibilités des Alémaniques ultra-majoritaires en Suisse…)
    Pourtant plusieurs personnalités alémaniques ont fustigé publiquement l’usage de plus en plus frénétique du dialecte, qui relève de l' »hystérie identitaire » selon leurs propos, et qui empoisonne les relations entre les communautés linguistiques en Suisse.
    Par ailleurs, vous parlez de « la baisse de prestige assez général du français… » pour justifier la perte d’intérêt pour l’apprentissage du français dans les écoles alémaniques, mais ignorez-vous que les francophones (220 millions actuellement dans le monde) seront plus de 700 millions en 2050, dont 500 millions en Afrique ?
    Cela dit, « la raison du plus fort est toujours la meilleure » comme le dit si bien notre Jean de La Fontaine !

  10. Posté par Michel de Rougemont le

    Tout à fait d’accord avec cet article.
    Ce qui est regrettable – plus qu’une erreur une faute – chez nos confédérés alémaniques c’est de maintenant privilégier l’apprentissage de l’anglais à celui du français comme « première deuxième langue ». Le français est ainsi relégué à une priorité secondaire, peut importante pour la notation scolaire, et on sait que les jeunes maîtrisent l’optimisation du rapport bénéfice/coût (comme les plus anciens le faisaient aussi à leur âge). Le français passe donc à la trappe.
    Le prétexte à ce changement de priorité est bassement utilitaire: il sera plus utile à un suisse allemand de parler le globish (global english) que le français. Ça lui sera plus facile car avec quelques centaines de mots et une grammaire succincte on s’en sort très bien pour commander un cocktail sur toutes les plages du monde. Alors que le français est [trop] difficile, peu répandu, donc scolairement nuisible.
    Ce que les directions de l’éducation publique (Erziehung , en Suisse romande plus correctement : Instruction) des cantons suisse alémaniques veulent oublier, c’est que la cohésion nationale helvétique procède en grande partie de la capacité de se comprendre dans plus d’une langue nationale. La règle fédérale non écrite « tu parles dans ta langue, moi dans la mienne et on se comprend » devient impossible à respecter (et cela n’a jamais été facile).
    En Suisse romande on continue à avoir de la peine avec l’apprentissage et la pratique de l’allemand, surtout que les dialectes alémaniques se mettent en travers. Ça n’est pas une raison pour privilégier l’anglais, ce que les cantons romands n’ont pas encore fait, mais il y a des pressions tout aussi bassement utilitaires qui s’exercent dans le mauvais sens.
    La cohésion nationale, c’est ringard et ne mérite plus qu’un hochement de tête poli avec un sourire méprisant. Le multiculturalisme helvétique, fait de diversités, se meure et fait place lentement mais sûrement à un « melting pot » indistinct.

  11. Posté par JDV le

    Malheureusement, sans se rendre compte on a le syndrome des Français, c’est aux autres de parler notre langue. Trop peu enclins à s’ouvrir à une autre langue et culture comme si parle français est un brin supérieur aux autres langues. Il suffit de savoir avec quelle épithète les Québecois nomment les habitants originaires de l’exagone: « maudits français ». On peu être d’accord ou pas, mais quand on habite en Amérique du Nord on se rend compte que cette « étiquette » trouve une base. Donc, nous les Romands, ne sommes pas très éloignés dans la mentalité de ne pas apprendre une autre langue ou alors de la parler tellement mal que cela en devient une caricature negative.

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.