L’Espagne fête Noël en favorisant le droit à la naissance…

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire
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Le gouvernement espagnol appliquera en 2014 une mesure inscrite dans son programme visant à ouvrir le droit à la vie et à modifier les lois socialistes de 1985 et de 2010 qui avaient instauré un avortement parmi les plus permissifs au monde, jusqu’à 14 voire 22 semaines. Une fois encore, on peut constater le totalitarisme rampant qui règne dans nos médias.

La sémantique utilisée est révélatrice de l’idéologie qu’il s’agit d’imposer de façon orwellienne en contraignant à une orientation univoque sur le sujet. « L’Espagne recule », « un retour en arrière », « marche arrière », « régression », « le gouvernement s’attaque au droit à l’avortement », « atteinte au droit des femmes », « perte d’un acquis fondamental » etc… Toutes ces formules pourraient être inversées. On pourrait dire, par exemple, que l’Espagne rétablit le droit à la vie, qu’elle restaure le droit de l’enfant à naître, qu’elle effectue un indéniable progrès en reconnaissant la valeur intrinsèque de la personne humaine en devenir, qui n’est pas une chose dont un autre être humain puisse disposer à son gré. On pourrait encore se féliciter de la fin d’un privilège, celui de la femme, de décider seule d’une vie qui est aussi issue d’un homme qu’on a de plus en plus tendance à reléguer au rôle de géniteur intermittent dans une vie d’éternel adolescent égoïste. Le vrai progrès ne résidait-il pas dans la famille équilibrée et stable où chaque parent assumait sa part ? Celle du Père était nécessaire, ne serait-ce que pour alléger les charges de la mère, mais aussi pour fournir à l’enfant la référence sexuée indispensable à la construction de son identité. Pourquoi ne pas rappeler encore combien la relation d’un père avec ses enfants est affectivement importante pour lui aussi ? Ceux qui se perchent au sommet des grues témoignent de la cruauté que recèlent parfois des décisions de justice qui privilégient par trop les femmes. Le prétendu droit à l’avortement n’a rien de fondamental. Il ne figure nullement dans les principes du Droit. C’est ce qu’on appelle un « droit positif », expression momentanée du rapport de force que l’idéologie féministe est parvenue à imposer. La photographie d’un sac en plastique dans une corbeille, et remplie de foetus, montre la distance qui n’est pas seulement sémantique, entre le féminisme exacerbé et l’humanisme. La vulgarité avilissante des « femen » en est, hélas, la pire illustration.

Alors que l’Espagne retrouve le chemin de l’humanité, les socialistes français vont au contraire supprimer la référence restrictive, et devenue bien hypocrite, de la loi Veil à la détresse de la mère, afin de marquer solennellement qu’il s’agit d’un droit de la femme. Ce droit unilatéral de « choisir » sera inscrit dans un texte sur l’égalité des sexes. J’espère que l’opposition attirera l’attention du Conseil Constitutionnel sur l’inégalité ainsi renforcée entre les deux parents, la femme et l’homme. En attendant, des membres de l’UMP ont déjà voté cette « liberté de la femme » en commission. Les socialistes avaient allongé en 2001 la période durant laquelle l’avortement est autorisé.  Il est aujourd’hui, grâce à eux, entièrement remboursé. Ils considèrent manifestement ce geste mortifère comme un acte médical banal, en attendant que l’euthanasie le soit aussi. Dans le même temps, les socialistes européens tentaient de faire voter par le Parlement le rapport Estrella déjà adopté dans une commission dont le nom est porteur d’une idéologie dominatrice : « des droits de la femme et de l’égalité des genres ». Ce texte, repoussé non sur le fond mais au nom de la subsidiarité qui laisse aux Etats la responsabilité sur ces questions , prétendait imposer à toute l’Union Européenne un encadrement des droits sexuels et génésiques, c’est-à-dire une législation dans les domaines de l’avortement, de l’éducation sexuelle, de l’orientation sexuelle ou de l’identité, non du sexe mais du genre. Ce faisant, il portait manifestement atteinte à la liberté des familles en matière d’éducation et à la liberté de conscience des praticiens ou des éducateurs.

Certes l’annonce espagnole et l’échec européen sonnent comme une double victoire sur une idéologie, aussi envahissante qu’absurde, portée par des lobbys à l’encontre de toute conception raisonnable du Bien Commun. Mais lorsqu’on entend parler d’indignation à propos du Projet de Loi espagnol, on mesure la consternante inversion des valeurs dans laquelle notre civilisation s’enfonce. L’indignation est une attitude morale provoquée par des droits bafoués. On ne voit que trop, aux cibles des « femen », que les droits revendiqués portent atteinte à d’autres droits, la liberté de conscience et de religion, la liberté d’éduquer, le droit à la vie, l’égalité de l’homme et de la femme par rapport à l’enfant. Or ces droits sont tous inscrits, eux, dans les Déclarations européenne ou universelle des Droits de l’Homme. Cette idéologie s’en prend par priorité aux valeurs chrétiennes et à l’Eglise Catholique, mais elle doit inspirer la résistance de tout véritable humaniste.

Christian Vanneste, 22 décembre 2013

 

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