Vive le parti Sybarite !

Boris Engelson
Boris Engelson
Journaliste indépendant
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« Sybarite » est passé dans le langage courant pour désigner des enfants gâtés et des mœurs lascives

Les Genevois ont pu admirer, avant les dernières votations, une affiche des Jeunesses Socialistes à propos des crèches : on y voyait un couple étendu et détendu, avec comme slogan « Faites l’amour… on s’occupe du reste ». Rien à redire, sinon une chose : les évidences sont toujours dangereuses, et parfois trompeuses.

Il est « évident » à ceux qui lancent de tels slogans que leur revendication est « juste »… que ceux qui en douteraient sont « réac »… que le confort est un « droit de l’homme » et de la femme… et que leur affiche atteint le sommet de l’humour. Les convictions sont à une dimension, comme le sens de l’histoire ; mais les deux ou trois autres ne se découvrent qu’en faisant le détour.

A quoi fait penser cette affiche, quand on n’est pas acquis d’office à la « cause » ? A des Sybarites ! Des quoi ? Trop d’érudition historique peut nuire à la marche du progrès, mais il y a un temps pour l’avenir radieux, et un autre pour le passé non pas obscur, justement, mais tout aussi radieux. Sybaris, il y a deux millénaires et demi, avait déjà amené le paradis sur terre.

Sybaris était une cité grecque d’Italie du Sud… prospère comme pas deux… aussi peuplée que Genève. Elle aussi avait comme slogan « faites l’amour… on s’occupe du reste ». En tout cas, « sybarite » est passé dans le langage courant pour désigner des enfants gâtés et des mœurs lascives. Les Sybarites tenaient tant à leur repos matinal qu’ils avaient proscrit les coqs. Les artisans aussi, trop bruyants, avaient dû déménager… par contre, la municipalité inventa le droit d’auteur pour les pâtissiers et cuisiniers.

De quoi vivaient les Sybarites ? Je l’ignore, mais les « citoyens », en ce temps, forçaient souvent les « paysans » à leur fournir du bétail à foison. Ces Sybarites jouisseurs étaient plus une majorité qu’une minorité exploiteuse : ils avaient proscrits les riches après les avoir dépouillés. Et furent si ravis du résultat qu’ils voulurent recommencer, en réclamant à la ville voisine d’extrader les expulsés. Ladite ville – Crotone – refusa, vainquit Sybaris avec des forces bien moindres, et rasa Sybaris.

Cet article ne veut faire la morale à personne : l’histoire ne se répète pas, les torts furent partagés, et à chacun son tour. Il veut juste observer que chacun croit aller droit et trouve que les autres tournent en rond… rappeler que le sens unique de l’histoire ne met pas à l’abri des boomerangs. Et qu’à écrire « nos-justes-revendications » avec des traits d’union, on perd de vue la Justice, comme disait Cornélius Castoriadis.

 

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