17 juin: Les Suisses trop bêtes pour la démocratie?

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L’initiative de l’ASIN est sans doute cette revanche d’un peuple en arbalète et en sabots, à qui il faudra prendre le temps d’expliquer et qui se juge, en fin de compte, aussi digne de décider de son sort qu’un technocrate omniscient et arrogant.

Le 17 juin prochain, l'Action pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN) fait une proposition somme toute assez simple, renforcer le contrôle de la démocratie sur l'ensemble des accords internationaux. Union européenne, défense du secret bancaire et autres négociations bilatérales amenant leur lot de conséquences toujours plus importantes sur une économie en temps de crise, la chose n'apparaît pas tout à fait inopportune. Au pays de la démocratie directe, l'on n'aime pas forcément laisser la bride sur le cou de ses énarques toute une législature durant.

Frustrante démocratie

Sans entrer sur le fond, qui eût sans doute pu être mieux formulé d'un point de vue juridique, ce qui frappe ici, ce sont les arguments du comité d'opposition: «Est-ce qu'ils ne votent pas déjà passablement?», interroge Alain Ribaux, conseiller national radical neuchâtelois, sur les ondes de la RTS. «Ils», ce peuple revêche, si distant des préoccupations de ses élites économiques et politiques, cette «démocratie alpine frustrante», pour reprendre l’expression de l'ambassadeur américain Peter Coneway, trahi par Wikileaks, qui, à l'instar des autres nations occidentales, ne peut se satisfaire d'avoir à choisir tous les 4 ou 5 ans entre la peste et le choléra et baptiser cela du nom de démocratie.

Union sacrée

Avant même ces arguments, c'est la composition de cette vaste coalition de partis gouvernementaux réunissant sous sa bannière les disciples de l'internationalisme le plus échevelé et les adeptes d'un capitalisme qui a fini de s'excuser et dont c'est peu dire qu'il est décomplexé. La gauche y fonde sa rêverie de gouvernance euro-mondialiste et Economie suisse, Johann Schneider-Amman en tête, la pérennité de son étrange conception de survie économique basée sur l'abandon progressif de toute forme de souveraineté. Main dans la main, les adversaires d'hier s'unissent sans ciller pour disposer du parc helvétique sans être dérangé par leur ennemi naturel, le démocrate direct.

Si la démocratie a été érigée en valeur suprême de substitution devant un certain effondrement moral, le démocrate n'atteint à l'infaillibilité que lorsque que le résultat de son exercice correspond aux poncifs de la bien-pensance. En clair, le 6 décembre 1992, le peuple «n'a pas compris», on a «mal à sa Suisse», c'est jour de deuil et il faut revoter. Mais que l'on fasse passer les jours-amende avec sursis, soigneusement empaquetés dans la réforme du code pénal, et, ça y est, l'esprit a soufflé sur les plaines, ce même peuple est transfiguré par le génie républicain.

En somme, la liberté démocratique ne convient à certains que lorsqu'elle sait se montrer docile, et ces messieurs du comité seraient heureux de pouvoir inféoder les prérogatives du souverain à l'Etat, ce avant d'amener, comme toujours, une prochaine guillotine.

Crétins des Alpes

Alain Ribaux se fait alors lapidaire, le peuple est idiot: «Est-ce que le peuple n'a pas le sentiment de voter juste aujourd'hui sur les sujets vraiment qui peuvent le concerner? (sic) Est-ce qu'il n'a pas déjà l'impression de devoir voter sur des objets qu'il commence à avoir de la peine à comprendre?». Autant cette idée d'un peuple arriéré peut être savoureuse dans la bouche de l'un de ses représentants élus, autant cette conviction que tout ce qui regarde l'Etat ne regarde pas le maître d'une démocratie fait écho aux fondements  autoritaires de certains régimes politiques.

La ligne argumentative du comité d'opposition est déjà révélatrice de cette volonté de ne pas se justifier par des arguments objectifs. La démocratie directe n'est acceptable que comme mise en scène de libertés appelées à se réduire comme peau de chagrin pour ne plus empêcher ces penseurs de haut vol de gouverner en rond. Et de brandir des prophéties de fin du monde: «Le peuple sera appelé à voter 500 fois par an», dixit Robert Cramer (PES/GE), ou de vieilles badernes qui font sourire sur la fin du plein emploi en Suisse et qui fleurent bon les 20% de chômage que nous promettaient parti socialiste et Jean-Pascal Delamuraz en cas de refus de l'entrée dans l'EEE.

L'initiative de l'ASIN est sans doute cette revanche d'un peuple en arbalète et en sabots, à qui il faudra prendre le temps d'expliquer et qui se juge, en fin de compte, aussi digne de décider de son sort qu'un technocrate persuadé de son omniscience. Technocrate qui devra peut-être se remémorer que c'est à cette même plèbe crasseuse et attardée que la Suisse doit de ne pas être aujourd'hui sur les rangs pour un prochain dépôt de bilan à la suite de la Grèce, de l'Espagne, de l'Italie, voire de la France... A toute chose un brin de mémoire est toujours bon.

8 commentaires

  1. Posté par Achille Tendon le

    Quand on voit ce qu'”ils” ont fait du secret bancaire et par voie de conséquence de la protection de la sphère privée, IL EST URGENT DE LAISSER LA PAROLE AU CITOYEN CONTRIBUABLE !!!

  2. Posté par Jean-Marc Genet le

    Il est absolument impératif de prendre les devants en votant oui: on cherche par tous les moyens de limiter les droits populaires uniques de la Confédération helvétique, alors, réagissons avant qu’il ne soit trop tard! Rendez-vous compte: un peuple plus sage que les élites bruxelloises… Avec le temps, il faut craindre que les “élites” cherchent à contourner la volonté populaire.
    Ces droits populaires sont le garde-fou que plusieurs nations qui nous environnent nous envient.
    Pourquoi le gouvernement craindrait-il de soumettre les accords internationaux au peuple? Peut-être manquera-t-il d’arguments solides pour convaincre les citoyens du bien-fondé d’un traité international?
    Alors, de la sagesse, compatriote Confédéré!

  3. Posté par vaucher Anita le

    Il me semble évident que le peuple d’une démocratie digne de ce nom ait le droit de voter sur tout sujet important et en particulier concernant l’UE. Mais à même temps il sera indispensable que le peuple suisse puisse enfin élire les membres du conseil fédéral. L’actuelle composition du conseil fédéral démontre d’une façon éclatante l’incapacité de notre parlement de quitter son petit jeu des partis politiques et d’élire des personnages capables d’accomplir ces tâches hautement exigeantes que demande le poste d’un conseiller fédéral.

  4. Posté par Loba le

    Quand on vit dans des pays comme l’Espagne, par exemple, et qu’on lit tout ce que publient les citoyens sur les réseaux sociaux, on voit que c’est ce qu’ils demandent, une vraie démocratie, et non pas un semblant de démocratie, où ceux qui sont à la barre sont des technocrates qui vivent dans leur tour d’ivoire, prennent des décisions souvent aberrantes, laissent s’installer impunément une corruption jamais vue, et qu’ils ne se rendent pas compte qu’ils ont perdu toute crédibilité aux yeux de leurs concitoyens et ruinent leurs pays, la parole des citoyens muselée par des Constitutions rédigées exclusivement dans le bénéfice des “élus”.

  5. Posté par Baettig Dominique le

    Le peuple, en démocratie, doit avoir le dernier mot,contre les élites, les minorités bien-pensantes, les groupements d’intérêts, les voleurs de pouvoir, les sociétés multinationales, l’économie toute puissante. Contre les abus du pouvoir de la gouvernance discrète, bien-pensante, mondialiste, voter, même si cela a un coût, est un droit à étendre et qui n’a pas de prix.Nous n’en serons jamais las.

  6. Posté par Popof le

    Raison de plus pour que l’initiative de l’ASIN puisse passer. Avec une France tombé entre les mains du Sovieto-capitalisme, il est évident que seul le souverain peut être fiable pour défendre la démocratie, la liberté et défendre la Confédération contre les décideurs de la Pensée Unique.

  7. Posté par Olivier le

    “Le peuple sera appelé à voter 500 fois par an” nous prédit M. C. Même en admettant ces chiffres hautement fantaisistes, mieux vaut être appelé aux urnes pour les questions importantes, que de laisser certains décider seuls ce qui est bien ou mal pour le bon peuple…
    Cela dit, on comprend bien pourquoi les partis dans leur ensemble s’opposent à l’initiative de l’ASIN: un contrôle plus strict du peuple des décisions importantes = moins de liberté d’action pour nos élus (évidemment).

  8. Posté par pascal le

    Bravo la Suisse , vous montrez comme d habitude le chemin, ne vous laissez pas manoeuvrer par les politiciens…ne faites pas comme nous les francais

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