Par Lorenzo Quadri, conseiller national tessinois
Devant une telle sortie, on ne peut qu'être déconcerté.
La camarade Simonetta Sommaruga, celle qui aime répéter "nous devons aider l'Italie" dans la gestion des clandestins que ce pays importe chez lui par milliers chaque jour grâce à l'opération "Mare Nostrum", a déclaré la semaine dernière, toute honte bue, que le gouvernement (le Conseil fédéral) serait en "harmonie" avec le peuple. Comment peut-elle en arriver à une telle conclusion ? C'est un mystère.
Mais si elle pense vraiment ce qu'elle dit, il y a de quoi se faire du soucis. Désavoué sur les thèmes fondamentaux, le Conseil fédéral n'est justement pas en harmonie avec le peuple. En fait, il a trahi quasiment tous les choix importants pour le futur de notre pays. Et en particulier sur la question européenne.
La bataille contre une adhésion rampante à l'UE et contre une ouverture tous azimut est la mère de tous les combats politiques. C'est pour cela qu'un personnage du calibre de Christoph Blocher a décidé de concentrer son action uniquement sur ce thème. Un thème qui oppose le Conseil fédéral et le peuple, avec un président de la Confédération qui, dans son allocution du Nouvel an a proclamé "nous devons nous ouvrir à l'UE". Un président qui, un mois plus tard, était désavoué par la votation contre l'immigration de masse.
Le même Burkhalter qui parlait de reprise dynamique du droit communautaire, au moment où les citoyens votaient pour une initiative qui visait à renforcer la souveraineté nationale.
Et ne parlons pas du secret bancaire qui a été bradé sans aucune contre-partie par la ministre Widmer-Schlumpf (PBD à 5%), quand des sondages montraient que 70% des citoyens helvétiques y étaient favorables. Et pourtant, la conseillère fédérale, pensant qu'elle n'a pas encore suffisamment dévasté la place financière suisse, voudrait abolir le secret bancaire également pour les Suisses. Alors que quelques semaines auparavant elle avait assuré le contraire.
Et que penser des tentatives systématiques du gouvernement à jeter aux orties les spécificités suisses pour être toujours plus euro-compatibles, tentatives qui, par chance, sont régulièrement rejetées par les citoyens ?
Il est donc évident que le Conseil fédéral est tout sauf en harmonie avec le peuple : il lui manque l'accord sur des argument de base. Et du reste, si l'exécutif, comme le prétend Sommaruga, était en symbiose avec le peuple, comme on essaie de nous l'expliquer depuis des mois, pourquoi à Berne essaie-t-on de laver le cerveau des citoyens pour les convaincre qu'ils ont mal voté le 9 février ? Et que, par conséquent il faudrait revoter ?
Dans le monde des statistiques, si une ministre déclare que le collège dont elle fait partie est en harmonie avec le peuple, sachant ce que j'ai écrit plus haut, cela signifie qu'elle nous prend pour des imbéciles : certaines affirmations sont une insulte à l'intelligence.
Nous devons nous demander comment la $ocialiste Sommaruga peut se déclarer en symbiose avec le peuple alors que son parti recueille toujours moins d'approbation. Si la camarade croit vraiment être en harmonie, ce qui n'est plus vrai depuis longtemps, cela signifie qu'à Berne, il y a sept personnes qui vivent encore sur un nuage rose. (...)
Ils ont la même attitude qu'un conjoint un peu obtus qui est persuadé que sa vie de couple va merveilleusement bien alors que l'autre est chez l'avocat pour préparer les papiers du divorce.
Ne nous étonnons donc pas si Berne dort devant les problèmes qui, semble-t-il, ne se voient pas.
Comme ceux générés par la dévastatrice libre circulation des personnes.
Il y a des problèmes ? Où donc ? Balivernes ! Nous sommes en harmonie avec le peuple !
LORENZO QUADRI
Source en italien (trad. D. Borer pour lesobservateur.ch)