Les Ouïgours menacent-ils la Chine ?

ouïgours-terroristes-1

   
J'avais déjà signalé - sur Les Observateurs - preuves, sources et photos à l'appui, la présence de terroristes ouïgours au sein de l'Etat Islamique (EI). Ci-dessous, je reproduis une analyse de Sébastien Le Belzic sur les attaques ciblant directement les intérêts et les expatriés chinois en Afrique.
-
Sébastien Le Belzic (voir lien vers source en bas de page) : Les attaques ciblant directement les intérêts et les expatriés chinois en Afrique sont encore limitées (Note de Michel Garroté - "Les attaques sont encore limitées" signifie qu'elles ont lieu et non pas qu'elles n'ont pas lieu ; elles ont lieu de façon limitée pour l'instant). Pourtant, la menace est prise très au sérieux par les autorités chinoises qui ont mis leurs ambassades en état d’alerte dans plusieurs pays du continent africain et du Moyen-Orient. « Les Chinois prennent beaucoup plus en compte qu’avant les mesures de sécurité », nous confirme Jean-Vincent Brisset, ancien attaché de défense à l’ambassade de France à Pékin. Les dix mille hommes de la future base militaire de Djibouti et la division antiterrorisme du ministère de la sécurité publique sont en première ligne dans cette nouvelle guerre. Un rapport de la commission de sécurité nationale préconise de mettre l’armée au service des intérêts chinois sur le continent dans la crainte de nouveaux attentats.

Sébastien Le Belzic : « Des Ouïgours ont été vus au Mali dans les camps terroristes. Il y a des Ouïgours aussi en Libye et ils descendent vers les zones djihadistes et vers le Nigeria, détaille Gérald Arboit, directeur de recherche au Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Les militants Ouïgours menacent les expatriés chinois et les infrastructures chinoises sur le continent ». L’antagonisme entre Ouïgours et Chinois est historique. Les Ouïgours sont un peuple turcophone et musulman sunnite établi depuis plus d’un millénaire dans la région autonome du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine. Historiquement, ils ont toujours refusé l’autorité de Pékin et n’ont jamais reconnu cette région comme chinoise, mais comme un Etat ouïgour appelé le « Turkestan oriental ». « On voit clairement ces dernières années que les Ouïgours mettent plus fortement l’accent sur le maintien de la religion et la pratique de l’islam, souligne David Brophy, professeur à l’université de Sydney et expert de la question ouïgoure. L’islam est central dans l’identité populaire ouïgoure ».
-
Sébastien Le Belzic : Les services secrets font état de flux de plus en plus importants de musulmans chinois se rendant sur les zones de combat de Daesh. Il ne s’agirait pas seulement de Ouïgours, mais aussi d’autres minorités venues de province à fortes populations musulmanes telles que le Henan, le Gansu et le Yunnan. « Du point de vue du terrorisme islamique, les Ouïgours ont toujours figuré parmi les combattants étrangers. Vingt-deux étaient à Guantanamo, faits prisonniers en Afghanistan. D’autres, comme ceux de la Jeunesse du foyer du Turkestan oriental, sont même présents dans les guérillas philippine et birmane. Concernant la Syrie, on estime que cinq mille Ouïgours y auraient fait un séjour plus ou moins long depuis 2013. Il s’agit moins pour les Ouïgours de participer à un djihad mondialisé que d’apprendre comment fonctionne une guérilla victorieuse et permettre de frapper les intérêts chinois là où ils se trouvent », affirme Gérald Arboit.
-
Sébastien Le Belzic : Mais la menace n’est pas toujours aisée à détectée. D’abord parce que les Chinois ne disent pas tout, l’amplifiant généralement quand cela les arrange. Ensuite parce que les Ouïgours ne sont pas encore tout à fait en mesure de frapper les communautés chinoises qui ont reçu des consignes de discrétion. « Pas seulement à cause du terrorisme, mais parce que les Chinois sont de plus en plus mal vus en Afrique », assure l’expert français. L’ouverture prochaine de la base militaire chinoise de Djibouti est faite pour mieux repérer la menace ouïgoure et avoir accès à leurs zones de déploiement dans le Sahel.
-
Sébastien Le Belzic : En revanche, d’autres groupes terroristes sont mieux organisés et à même de frapper les intérêts chinois. « La tragédie de Bamako est un signal d’alarme, commente Lu Ruquan, directeur du développement stratégique du pétrolier chinois CNPC. Ces dernières années, les grandes entreprises chinoises se sont installées en Afrique et au Moyen-Orient dans des zones de guerre. Les risques politiques, la sécurité et le terrorisme nous posent de nouveaux défis pour la protection de nos employés et de nos biens ».
-
Sébastien Le Belzic : Sur le terrain politique, la Chine cherche aussi à se rapprocher de la Turquie qui accueille une importante diaspora ouïgoure. Les deux pays se sont ainsi engagés, selon les termes consacrés, à renforcer la coopération antiterroriste « telle que la lutte contre le groupe terroriste du Mouvement islamique du Turkestan oriental (ETIM) ». Mais dans ce domaine, les ambiguïtés turques sont nombreuses. L’Observatoire du Moyen-Orient parle d’une véritable « ouïghourisation » de certaines provinces turques : frontières poreuses, mauvaise volonté politique et trafic de faux passeports permettraient ainsi à quelques milliers de Ouïgours de traverser la frontière pour se rendre en Syrie, conclut  Sébastien Le Belzic (voir lien vers source en bas de page).
-
Introduction et mise en page de Michel Garroté pour lesobservateurs.ch
-
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/05/02/les-ouigours-menacent-ils-la-chine-en-afrique_4912125_3212.html#xtor=AL-32280515
-

La Chine elle aussi confrontée au terrorisme



Les forces de sécurité chinoises ont liquidé 28 terroristes islamistes dans le Xinjiang (sur la photo ci-dessus : des "opprimés" fidèles à l'Etat islamique...). Cette région, principalement peuplée de musulmans ouïgours turcophones soutenus par le régime islamique turc, est de plus en plus souvent le théâtre d'attentats terroristes. Les forces de sécurité chinoises annoncent qu’elles ont liquidé 28 terroristes islamistes au terme d'une opération de 56 jours engagée après un épisode de violence ouïgoure qui avait fait en septembre une quinzaine de morts.

La chasse à l'homme visait le groupe terroriste qui avait pris pour cible, le 18 septembre, une mine de charbon de la région d'Aksu, près du district de Baicheng. Une embuscade, tendue au petit matin contre des forces de police, avait ce jour-là provoqué la mort de seize personnes, dont cinq policiers.

Le Xinjiang, immense territoire chinois frontalier des Etats musulmans d'Asie centrale, est le théâtre de fortes tensions entre Hans, ethnie chinoise, et Ouïghours, musulmans turcophones constituant la principale ethnie de la région. Le Xinjiang a connu ces dernières années une recrudescence de troubles meurtriers, perpétrés par des terroristes islamistes soutenus par le régime islamiste du président autocrate turc Erdogan qui du reste soutient également l’Etat Islamique (EI) qui compte des mercenaires ouïgours dans ses rangs (j’en ai fait la démonstration, preuves à l’appui, sur ce site).

La Chine avait annoncé, en mai dernier, avoir démantelé 181 cellules terroristes dans le Xinjiang depuis le début d'une campagne anti-terreur baptisée « frapper fort », lancée un an auparavant, soit en mai 2014, suite à l’attentat à l’explosif qui avait ensanglanté Urumqi, la capitale régionale.

Michel Garroté, 20 novembre 2015

   

Chine – Notre alliée face à l’islam ?



Dernièrement, j’avais signalé, sur ce blog, la présence de terroristes musulmans ouïgours (turcophones originaires du Xinyang en Chine et soutenus par Erdogan) au sein de l’Etat Islamique (EI) en Syrie. Et j’avais posé la question de savoir si cela allait modifier la stratégie de la Chine vis-à-vis de l’islam conquérant et violent. Enfin, j’avais acté le fait que la donne a changé en Syrie et que dans ce pays, notre allié était Poutine et non pas Obama (laquais complice et servile des Saoudiens et des Qataris). Sur ce deuxième point, je publie ci-dessous quelques réflexions de Hildegard von Hessen am Rhein. Sur le premier point, je publie ci-dessous quelques réflexions d’Alexandre Latsa. Les deux analyses, celle de Hildegard von Hessen am Rhein et celle d’Alexandre Latsa, sont complémentaires.

En effet, elles tendent à démontrer ce que nous avions déjà constaté, à savoir qu’Obama (qui quittera la Maison blanche le 31 janvier 2017 et pas avant) est un désastre. Et que le conflit en Syrie oblige l’Europe - ou tout au moins devrait obliger l’Europe - à se distancer sérieusement d’Obama et à se rapprocher de la Russie et de la Chine en dépit de nos divergences. J’ajoute, même si je l’ai déjà écrit plusieurs fois, que nous devrions traiter, non pas séparément, mais dans une seule et même négociation, la question syrienne, la question iranienne et celle du Donbass.

Hildegard von Hessen am Rhein, dans une analyse intitulée « Escalade en Syrie : les États-Unis envoient les Saoudiens contre les Russes sur les champs de bataille », écrit notamment (extraits adaptés ; voir source en bas de page) : La situation en Syrie pourrait dégénérer, par l’intervention du soutien de l’Arabie à des groupes de « rebelles ». Les Américains envoient les Saoudiens contre les Russes sur les champs de bataille syriens : c’est ce que croit savoir le journal économique allemand Deutsche Wirtschafts Nachrichten.

Hildegard von Hessen am Rhein : La situation en Syrie pourrait dégénérer, par l’intervention du soutien de l’Arabie à des groupes de « rebelles ». Des observateurs soupçonnent que les services secrets américains pourraient être derrière ces interventions, afin de gêner les Russes. Pour les initiés, les avancées de l’armée syrienne, soutenues par les Russes, sont entravées, suite au soutien saoudien aux « rebelles ». L’agence Reuters rapporte que deux personnes proches du régime de Damas auraient déclaré : « Les Saoudiens sont devenus fous et font dégénérer la situation à l’extrême », conclut Hildegard von Hessen am Rhein (fin des extraits adaptés ; voir source en bas de page).

Alexandre Latsa, dans une analyse intitulée « Guerre en Syrie : le double jeu turc va-t-il réveiller la Chine ? », écrit notamment (extraits adaptés ; voir source en bas de page) : Beaucoup de journalistes ont soulevé le fait que lors des deux premières semaines de frappes russes en Syrie, un grand nombre de ces frappes se sont concentrées sur la province d’Idlib au sein de laquelle Daech ne serait pas présent. Les Russes ont néanmoins leurs raisons, qui sont évidentes, de frapper cette zone.

Alexandre Latsa : Non seulement pour desserrer l’étau djihadiste qui se rapprochait du cœur alaouite côtier, mais aussi car nombre de groupes de cette zone connaissent des concentrations de minorités issues de la zone postsoviétique, telles que par exemple Katibat Al Tawhid Wal Jihad, ou encore Jaish Al Muhajireen Wal Ansar, dont les rangs comptent de nombreux combattants centrasiatiques ou tchétchènes.

Alexandre Latsa : Lors des violents combats qui à la fin du printemps dernier ont vu la chute d’Idlib et de la présence loyaliste dans la région, de nombreux observateurs de terrain ont également témoigné de la présence au sein des groupes rebelles de forces spéciales turques ou encore de combattants turcophones tandis que la presse turque dénonçait des livraisons non officielles d’armes et de munitions à divers groupes rebelles, un scandale qui a été du reste parfaitement étouffé au royaume d’Erdogan.

Alexandre Latsa : On aurait du reste apprécié que les journalistes français s’y intéressent en profondeur, pour démontrer ce que les journalistes syriens ne cessent de répéter, à savoir que c’est bien la seconde puissance de l’Otan qui alimente de nombreux groupes rebelles radicaux syriens en armes, hommes et soutiens logistiques, conclut Alexandre Latsa (fin des extraits adaptés ; voir source en bas de page).

Michel Garroté, 11 novemre 2015

Escalade en Syrie : les États-Unis envoient les Saoudiens ...

Guerre en Syrie: le double jeu turc va-t-il réveiller la Chine ?