L’archevêque de Mossoul : “L’Europe est naïve face au terrorisme et à l’immigration incontrôlée”

L'Union européenne a sans doute été à la traîne des peuples européens qui se sont courageusement mobilisés pour exprimer leur solidarité avec les chrétiens d'Orient en général et les chrétiens d'Irak en particulier".

  • "Nous avons conservé des valeurs naturelles : la défense et la promotion de la famille, une foi vivante, la fierté de nos identités et de nos racines. Toutes choses que je vois disparaître lentement en Europe" [NDLR : Le multiculturalisme imposé par la gauche et la fausse droite en sont évidemment les moteurs].
  • "En Europe, vous négligez l'importance de vos trésors, de vos cultures, de votre civilisation. Et vous cédez parfois la place à des mouvements fondamentalistes ou salafistes qui imposent progressivement leurs idéologies à leur entourage, pour devenir porteurs de haine et de manque de respect envers les pays qui les accueillent".
  • "Pour le terrorisme, si vous ne le faites pas disparaître par la loi et la fermeté, c'est vous et vos enfants qui êtes exposés au danger d'être mis à genoux".
  • "L'Europe devient l'enfant malade du monde moderne, parce qu'elle s'éloigne de sa foi et de ses racines culturelles et religieuses."

1. Vous avez été nommé et présélectionné pour le Prix Shakarov 2020, le plus important prix des droits de l'homme en Europe. Pensez-vous que l'Europe a reconnu la souffrance des chrétiens persécutés au Moyen-Orient ou qu'il y a eu trop de silence sur cette question pendant le règne de terreur d'Isis ?

Je pense que l'Union européenne était consciente des persécutions qui ont touché les chrétiens en Irak, en Syrie, en Egypte, mais aussi au Liban où il y a des attaques comme dans le village de Qaa dans le nord de la Bekaa.

Mais je crois que cette prise de conscience était difficile à verbaliser. Charles Peguy, auteur bien-aimé des catholiques français, nous rappelle qu'il faut "voir ce que l'on voit" et donc dire la souffrance que l'on voit même quand elle déstabilise nos grilles d'analyse, nos convictions géopolitiques, notre politiquement correct.

L'Union européenne a sans doute pris du retard par rapport aux peuples européens qui se sont courageusement mobilisés pour exprimer leur solidarité avec les chrétiens d'Orient en général et les chrétiens d'Irak en particulier. Sur le terrain, dans les camps de réfugiés, dans nos diocèses, au milieu de Ninive et au Kurdistan irakien, nous avons vu des dizaines de volontaires venus d'Europe pour exprimer leur amitié et leur proximité avec les personnes déplacées et les réfugiés. Nous avons vécu une véritable solidarité qui a été exemplaire.

Je reconnais également que ma nomination pour ce prix n'est pas pour moi. C'est une reconnaissance et une preuve de cette prise de conscience. Je souhaite qu'elle soit durable. La Mésopotamie et l'Irak doivent redevenir des centres de civilisation qui offrent leurs fruits au monde entier. Et les chrétiens seront des acteurs majeurs de cette renaissance.

2. Quel est l'avenir des chrétiens au Moyen-Orient ? Y a-t-il une chance qu'ils rentrent chez eux ? Que peut faire l'Europe pour les aider ?

Il y a différents défis à relever. Le premier est celui de l'enracinement. Aujourd'hui, la communauté internationale n'est pas suffisamment consciente du danger d'un Orient vidé de ses chrétiens. Une bonne partie de notre vocation est d'être le sel de la terre au milieu de la dévastation et des tensions. Que se passera-t-il si nous partons ?

Certains reviennent déjà parce qu'ils se rendent compte que l'Occident n'est pas le paradis perdu, ni les délices des "Jardins suspendus de Babel" qui leur avaient été promis. Ils reviennent aussi parce qu'ils sont spirituellement et culturellement orientaux et que sur leur chemin d'identité, le retour à la terre de leurs pères est souvent une étape de construction ou de reconstruction.

Que pouvons-nous faire pour nous aider à poursuivre notre vocation au Proche-Orient ? Trois choses : prier, construire, alerter. Nous devons travailler pour la sécurité, culturelle et physique, de nos communautés afin qu'elles puissent toujours mieux comprendre le sens de leur présence. Nous ne devons pas être des chrétiens habités par la peur, mais des hommes remplis de leur mission : témoigner de Jésus-Christ. C'est paradoxal pour le monde moderne, mais c'est la leçon des premiers chrétiens. Au milieu du péril, plus nous témoignons, et plus nous prions, plus nous sommes en sécurité. Car en fin de compte, notre sécurité n'est pas du monde, elle est pour le monde, et elle vient principalement d'en haut.

Cela ne signifie pas que nous ne devons pas tout faire pour assurer notre situation concrète. Je crois que pour cela, notre collaboration saine et libre avec les États doit être soutenue, encouragée et défendue. Enfin, j'espère que l'Europe est consciente du danger de l'émergence d'idéologies aussi néfastes que celle de l'EI, et qu'elle réagira plus fortement si cette idéologie réapparaît.

3. Que conseillez-vous à l'Europe sur la manière de faire face au terrorisme et aux islamistes fondamentaux ? Voyez-vous un danger dans les politiques de portes ouvertes en matière d'immigration ?

Ma première leçon est celle de la foi. L'islamisme comble un vide, une lacune. À l'Est, nous regardons souvent l'Europe avec des yeux envieux. Mais nous avons conservé des valeurs naturelles : la défense et la promotion de la famille, une foi vivante, la fierté de nos identités et de nos racines. Toutes ces choses que je vois disparaître lentement en Europe. Je l'ai dit au Parlement européen : "J'ai plus peur pour l'Europe que pour l'Irak". Ici, d'une certaine manière, nous avons tout perdu ; ici, vous négligez l'importance de vos trésors, de vos cultures, de votre civilisation. Et vous cédez parfois la place à des mouvements fondamentalistes ou salafistes qui imposent progressivement leurs idéologies à leur entourage, pour devenir porteurs de haine et de manque de respect envers les pays qui les accueillent.

Cette approche doit être la première. Deuxièmement, il faudrait être myope pour ne pas voir que l'Europe est naïve face au terrorisme et à l'immigration incontrôlée et non surveillée. En tant qu'humain et chrétien, je crois à la place primordiale du voisin et à son immersion. Ils trouveront toujours en moi le cœur d'un frère qui les aime. Je suis également amoureux des cultures européennes : ils trouveront toujours en moi un ami qui les conseille. Tous ces gens ne viennent pas pour vous aimer, ni pour servir les pays qui les accueillent. Si vous ne contrôlez pas et ne combattez pas les hors-la-loi, et ceux qui refusent les valeurs de votre pays et les droits de l'homme, et imposent leurs propres lois, vous perdrez votre mode de vie, votre culture, votre paix.

 

Pour les catholiques, la naïveté n'est pas la charité, la prudence l'est. Il est indispensable d'avoir un œil pour l'amour, et un œil pour la prudence, c'est ainsi que vous êtes invités à regarder la migration.

 

Quant au terrorisme, si vous ne le faites pas disparaître par la loi et la fermeté, c'est vous et vos enfants qui êtes exposés au danger de l'agenouillement.

 

 

4. Craignez-vous que les chrétiens puissent être persécutés également dans le monde occidental ?

Ils souffrent de persécution et ce, depuis longtemps. Je suis dominicain. Je sais que les congrégations ont été expulsées de France au début du 20e siècle. Il était nécessaire que les religieux donnent leur vie pour leur patrie dans les tranchées de guerre afin de pouvoir retourner en France. C'est le père Henri Lacordaire, avocat et dominicain qui a rétabli l'Ordre en France en 1838, qui a prêché pour vivre "Dieu et la liberté".

L'Europe devient l'enfant malade du monde moderne, car elle s'éloigne de sa foi et de ses racines culturelles et religieuses. À force de se détourner de l'Église et de son héritage, elle tombe amoureuse des pires idéologies fondamentalistes, laxistes ou individualistes, tant qu'elles s'opposent à ceux qui l'ont construite. C'est une immense douleur pour ceux qui aiment l'Europe. Une douleur qui ne pourra être réparée que par l'éducation et la culture, par la connaissance et la sortie d'une fausse vision de la laïcité, qui ne doit pas être instrumentalisée pour s'opposer à Dieu et aux valeurs spirituelles.

La laïcité est la distinction entre Dieu et l'État, et non des contraires. "Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu", a dit notre Seigneur Jésus-Christ. (Marc, XII, 13-17).

Nous devons craindre les faux dieux, les esclavagistes, la violence et l'épée, et ne pas nous détourner du Dieu de l'amour et de la paix. Les chrétiens du monde entier vivent une véritable épreuve, et donnent toujours des martyrs, à cause du fanatisme d'un dieu de l'épée et de la violence. Malheureusement, vous avez aussi vos martyrs assassinés par la même idéologie et par les mêmes groupes fanatiques. Partout en Europe, des gens tombent à cause de l'idéologie islamiste expansionniste. Le père Hamel et son assassinat, comme beaucoup d'autres victimes innocentes en Europe, auraient dû être l'occasion d'une prise de conscience et d'une vigilance accrue. Dommage que cela n'ait pas été le cas.

Europe : Réveille-toi.

(Traduction libre Schwarze Rose pour Les Observateurs.ch)

Europeanpost.co

Mossoul : Les chrétiens ont été chassés par leurs voisins musulmans. “Ils venaient pourtant manger chez nous, on leur donnait des médicaments.”

Les chrétiens chassés de Mossoul et de la Plaine de Ninive ont perdu confiance dans leurs anciens voisins musulmans, affirme le Père Behnam Benoka, qui avait dû fuir la métropole septentrionale de l’Irak à l’arrivée des terroristes de Daech.

Prêtre du diocèse syriaque-catholique de Mossoul, le Père Benoka déplore que l’occupation de Mossoul ait mis à jour et creusé le fossé entre les religions.

Le Père Benoka, exilé à Erbil, au Kurdistan d’Irak, a fait part, sur les ondes de Radio Vatican, de la difficile expérience de voir que d'”anciens amis musulmans se sont approprié nos maisons après notre fuite… Ils venaient manger chez nous, ou venaient nous voir pour se procurer des médicaments. Nous les avions accueillis dans nos maisons, mais après ils nous ont chassés”. Pour le Père Benoka, c’est la raison pour laquelle les chrétiens préfèrent être prudents en Irak.

Trahison des amis et voisins musulmans

Le prêtre syriaque-catholique, professeur au Babel College à Ankawa, dans la banlieue chrétienne d’Erbil, affirme que lors de l’occupation du terrain par Daech, il y a eu à de nombreuses reprises des trahisons et de la collaboration entre d’anciens voisins et l’Etat islamique pour nuire aux chrétiens. Raison pour laquelle la peur des voisins s’est développée et la confiance a été brisée, ce qui rend difficile le retour à des relations mutuelles normales.

Après la victoire sur Daech (“L’Etat islamique”) et la libération de Mossoul, pour les chrétiens, tout ne va pas revenir d’un coup à une situation normale. Le maintien de la présence chrétienne en Irak avait déjà été remis en cause dès avant l’arrivée de Daech, estime le prêtre en exil.

Pas de retour facile à la normale

“Nous parlons ici d’un lent changement migratoire dans les villes chrétiennes que les différents gouvernements irakiens ont encouragé. Notre souci, de ce fait, n’est pas de savoir si Daech sera vaincu ou non. Peut-être que Daech n’était simplement que le dernier moment de la souffrance des chrétiens, qui existait déjà bien auparavant”.

Le Père Benoka affirme que personne n’a défendu les chrétiens quand les terroristes de Daech sont arrivés, “pas même l’armée irakienne, qui a maintenant libéré Mossoul”.

Source

Nos remerciements à Alain Jean-Mairet

 

Qui avance et qui recule au Proche et au Moyen Orient

EI-20

   
Michel Garroté  --  L’Iran, l’Arabie Saoudite et le Qatar sont aujourd’hui les plus grands financiers du terrorisme islamique mondial, y compris en Irak et En Syrie. A propos de cette dernière, force est de constater que le contrôle (partiel) du territoire syrien par l'Etat Islamique (EI) semblerait diminuer. Mais de nombreux pays étrangers continuent d'agir en Syrie, directement ou indirectement : Etats-Unis, Turquie, Iran, Russie, Qatar, Arabie saoudite et d'autres pays encore.
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Des combattants syriens ont brisé les lignes de défense des jihadistes dans la vieille ville de Raqqa après l'ouverture de brèches dans le mur d'enceinte par des raids américains, une percée majeure dans la bataille pour la conquête de cette ville de Syrie. Dans le même temps, en Irak, les forces gouvernementales appuyées également par les Etats-Unis, livrent des combats acharnés aux jihadistes du groupe Etat islamique (EI) acculés dans leur dernier carré dans la vieille ville de Mossoul.
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En effet, en Irak, les forces armées avancent lentement dans le dernier carré des jihadistes à Mossoul, l'EI luttant pour sa survie dans son dernier grand bastion urbain d'Irak en multipliant les attentats suicide dont certains perpétrés par des femmes et des adolescentes.
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L'EI est la cible de vastes offensives lancées depuis des mois par les Forces démocratiques syriennes (FDS) en Syrie et les forces gouvernementales en Irak pour le chasser de ses principaux bastions de Raqqa et Mossoul conquis en 2014. Dans le nord de la Syrie ravagée par la guerre, les FDS se sont emparées de plusieurs quartiers de l'est et l'ouest de Raqqa depuis leur entrée dans la ville le 6 juin.
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Ainsi, les Forces Démocratiques Syriennes (FDS)  --  une force composée de combattants kurdes, arabes et chrétiens syriaques soutenue par les Etats-Unis en Syrie  --  cette force des FDS a pénétré, en profondeur, pour la première fois, dimanche 2 juillet 2017, dans le fief de l'Etat Islamique (EI) de Raqqa (ville syrienne composée à 90% d'Arabes musulmans et chrétiens et à 10% de Kurdes).
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Les Forces Démocratiques Syriennes progressent :
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Pour information, les chrétiens syriaques armés font partie du Conseil militaire syriaque (du commandant Abboud Seriane) qui a lutté contre l'EI dès 2013 et qui a intégré les FDS en 2016. Les jihadistes ont fait exploser les églises de Raqqa et ils ont forcé des chrétiens de la ville à se convertir à l'islam.
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Les médias occidentaux n'évoquent que très rarement le Conseil militaire syriaque (CMS), comme si les chrétiens syriaques ne participaient pas à la résistance armée contre l'Etat Islamique (à Raqqa, le CMS vient de libérer le quartier de al-Roumaniya).
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Sans doute, dans l'esprit de la presse européenne, les chrétiens syriaques sont juste assez bons pour se faire massacrer sans opposer de résistance armée, ce qui expliquerait son quasi-silence sur le CMS.
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Le dimanche 2 juillet 2017, les FDS ont pris le marché d'Al-Hal, à Raqqa, en passant par le sud et en traversant l'Euphrate, après une manoeuvre d'encerclement de la ville syrienne qui a pris des mois.
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Depuis leur première entrée dans Raqqa, le 6 juin 2017, les FDS s'étaient déjà emparées d'une poignée de quartiers dans l'est et l'ouest de la ville. Mais l'EI, encore présent à Raqqa, menace, une fois de plus, de contre-attaquer.
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L'ingérence turque en Syrie :
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De son côté, l'armée turque du dictateur islamiste Erogan a procédé à des tirs d'artillerie contre des positions de miliciens kurdes dans le secteur d'Afrin, en territoire syrien, dans la partie nord-ouest du pays de Bachar al-Asad. Il faut ici bien comprendre qu'Erdogan est en train de bâtir une Turquie islamiste, néo-ottomane, et post-kémaliste, bref, un Califat ottoman qui veut s'étendre au-delà de ses frontières actuelles.
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L'état-major turc a précisé que ce pilonnage à l'arme lourde est intervenu en "représailles" à des tirs d'armes automatiques, en territoire syrien, de la part des Unités de Protection du Peuple Kurde (YPG) contre des membres de l'Armée Syrienne Libre (ASL), une milice composée d'islamistes et qui est soutenue entre autres par la Turquie, notamment dans la région syrienne de Maranaz.
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L'armée turque a ajouté que les cibles visées ont été "détruites et neutralisées". De son côté, l'agence de presse turque Ihlas affirme, elle aussi, que les combattants kurdes des YPG ont procédé à "d'intenses tirs d'armes automatiques" contre l'ASL dans le nord-ouest de la Syrie.
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La Turquie "déplore" la récente décision de l'administration américaine de fournir des armes "sophistiquées" aux miliciens kurdes des YPG qui font partie des Forces Démocratiques Syriennes (FDS) engagées dans l'offensive contre Raqqa.
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Les Etats-Unis considèrent les YPG comme un allié essentiel dans la guerre, d'une part, contre l'Etat Islamique (EI) en Syrie en général, et d'autre part, pour reprendre à l'Etat Islamique la ville de Raqqa, "capitale de fait" de l'EI en Syrie.
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Mais la Turquie estime que les Unités de Protection du Peuple Kurde (YPG) ne seraient rien d'autre qu'une "émanation" (ce qui est faux) du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation en lutte, en Turquie, contre le régime d'Erdogan.
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En fait, ce que le régime turc redoute le plus, c'est que les YPG transforment leur succès militaire contre l'EI en "conquête territoriale", en Syrie, à la frontière turque. L'allégation de l'impérialiste Erdogan selon laquelle le YPG kurde syrien et le PKK kurde turc ne feraient qu'un est donc totalement fausse. Et, de toute manières, les incursions militaires turques sur sol syrien ne reposent sur aucune légitimité.
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Pendant ce temps le conflit entre Saoudiens et Qataris :
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Mardi 4 juillet 2017 est censé être la date butoir de l’ultimatum de l’Arabie Saoudite eu égard à l’offre en 13 points faite au Qatar pour mettre fin au quasi blocus de ce pays depuis deux semaines. Or, ce délai vient d’être prorogé de 48 heures.
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La liste des 13 demandes élaborée par les saoudiens exigeait en particulier la fermeture d’une base militaire concédée à la Turquie, perçue comme un bastion des Frères musulmans, la fermeture de la chaine Al-Jazeera, appréhendée par les saoudiens comme un outil de propagande au service de ces mêmes Frères musulmans et l’arrêt des relations diplomatiques avec l’Iran.
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Ajoutons à cela la guerre entre l'Arabie saoudite et l'Iran au Yémen, ainsi que le rôle des Pasdarans iraniens et du Hezbollah libanais en Syrie et au Liban, et la boucle sera quasiment bouclée.
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Michel Garroté pour Les Observateurs, 4.7.2017
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Mossoul outragée, brisée, martyrisée, libérée ?

Irak-Mossoul-1

   
Michel Garroté -  Dans L'Express, Clément Daniez explique que la libération de Mossoul, en Irak, des mains du groupe Etat islamique n'est plus qu'une question de mois. Pardon et désolé pour Clément Daniez, mais ça me fait sourire, car ça fait des années qu'on nous parle de la libération de Mossoul dans quelques mois...
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De son côté, Arthur Quesnay, chercheur interrogé par L'Express, constate que les acteurs impliqués, s'opposent en revanche quant à l'avenir politique de la grande cité du nord de l'Irak.
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Après avoir libéré en trois mois la partie est de Mossoul, les forces irakiennes viennent de débuter leur vaste offensive sur la parti ouest, tenue par le groupe Etat islamique. Après une éventuelle victoire sur Daech, il va falloir mettre en branle la reconstruction administrative et politique de la région.
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Arthur Quesnay, co-auteur de "Syrie, Anatomie d'une guerre" (CNRS Editions), doctorant en science politique (Paris-1, Panthéon Sorbonne) et membre du think tank Noria, étudie depuis plusieurs années les structures politiques de la région et continue de s'y rendre. Il fait le point pour L'Express sur la précarité de la situation et l'absence de perspectives claires pour les Mossouliotes (extraits adaptés ; voir l'interview ci-dessous et voir le lien vers la source en bas de page).
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Clément Daniez pour L'Express : Que sait-on des pertes et de la situation dans les territoires libérés de Mossoul ?
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Arthur Quesnay : On n'a pas de comptabilité exacte. Mais les hôpitaux kurdes irakiens auraient accueilli 28 000 civils de Mossoul. Il y a officiellement 80 000 hommes déployés pour la bataille, mais les Peshmergas Kurdes n'ont pas le droit de mettre un pied dans la ville. Les célèbres forces anti-terroristes [ICTS], qui ont déployés 3000 personnes dans la bataille, ont essuyé environ 30% de pertes. Seules quelques unités de l'armée irakienne, très faible, combattent. Il n'y a pas assez de troupes pour tenir la ville, sachant que Mossoul est immense. Des milices chiites patrouillent en tant que police fédérale. Certaines pratiquent le racket et le vol. Elles tiennent la ville de façon très précaire, livrée à elle-même la nuit après repli dans leurs bases. Le risque est que les forces de la reconquête se transforment en force d'occupation aux yeux de la population.
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Clément Daniez : Le terreau semble propice à un retour de Daech ?
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Arthur Quesnay : Il y a des informations sur la mise en place des barrages dans l'est de Mossoul par Daech, qui filtrerait la population et exécuterait des personnes accusées de collaboration avec l'armée. L'EI reprend une stratégie d'attentats pour pousser l'armée irakienne à se retrancher dans ses bases et redevenir une force d'occupation militaire sans contact avec la population comme lors de la chute de la ville en 2014.
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Clément Daniez : La coalition internationale esquisse la mise en place d'une plus grande autonomie dans la gestion politique de la province. Où en est-on ?
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Arthur Quesnay : Certains acteurs veulent la division du gouvernorat de Mossoul en trois. Un gouvernorat chrétien dans le Nord de la plaine de Ninive, région qui n'est pourtant pas majoritairement chrétienne. Un gouvernorat sunnite sur la ville de Mossoul, qui comptait beaucoup de Yézidis, de chrétiens et de minorités qui cohabitaient. Un gouvernorat sur le Sinjar ensuite, qui comptait avant la guerre 30% d'arabes sunnites qui ne reviendront a priori pas, du fait de l'opposition yézidie. Bagdad s'oppose à une autonomisation du gouvernorat de Mossoul qui ouvrirait celle de Bassora, dans le Sud. Il y a également le problème de Kirkouk, revendiqué par les Kurdes. Il y a eu des négociations sur la façon de reprendre militairement la ville, mais ces questions politiques ne sont pas tranchées.
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Clément Daniez : Quels sont les objectifs actuels, par défaut ?
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Arthur Quesnay : Il s'agit de contrôler un territoire pour s'imposer dans des négociations. Tout le monde s'investit dans une stratégie sécuritaire et absolument pas dans la reconstruction de la ville ou l'assistance aux populations, déléguée aux ONG et à l'ONU. Le conseil du gouvernorat de Mossoul n'est absolument pas actif comme il devrait l'être. La mise en place de l'eau, de l'électricité et d'autres services n'est pas encore d'actualité.
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Clément Daniez : Que reste-t-il des structures administratives datant d'avant la prise de la ville par l'Etat islamique en juin 2014 ?
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Arthur Quesnay : Bagdad a nommé un nouveau gouverneur qui n'est pas sur le terrain. L'ancien gouverneur est recherché par Bagdad et ne pourra pas retourner à Mossoul. L'ancien appareil administratif de Mossoul est principalement réfugié au Kurdistan irakien. Le PDK [parti politique du président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani] avec le soutien de la Turquie, essaye de réorganiser ces anciens fonctionnaires pour les réimplanter dans la ville, mais a besoin du feu vert de Bagdad. Le PDK et la Turquie soutiennent également une force de 3000 combattants arabes sunnites, mais celle-ci n'a pas l'autorisation de Bagdad pour pénétrer dans Mossoul.  
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Clément Daniez : Quel rôle joue la Turquie dans l'équation ?
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Arthur Quesnay : La Turquie essaye de se redéployer dans la ville. Ses services de renseignements y sont très présents et tentent de débusquer les anciens cadres de l'Etat islamique ou ceux d'anciens groupes de l'insurrection comme les Naqshbandi, qui se prévalent d'un fort contrôle sur Mossoul. C'est une ville symbolique pour elle, traditionnellement pro-turque. On y trouvait un consulat turc avant sa chute.
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Clément Daniez : Les Etats-Unis plaident pour la création de milices tribales sunnites armées. Est-ce l'unique solution pour empêcher le retour de Daech ?
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Arthur Quesnay : Difficile à dire. Plus il y a d'acteurs militaires dans la bataille de Mossoul, plus grand sont les risques d'affrontement entre eux. Les listes de combattants arabes sunnites locaux sont prêtes depuis presque un an. Mais le seul territoire sur lequel les Etats-Unis peut rassembler ces forces et les entraîner est celui du PDK, les Kurdes de Barzani. Soit les premiers opposants à la stratégie tribale américaine, qu'il considère comme une menace sur le long terme.
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Clément Daniez : Que reproche le PDK aux Etats-Unis ?
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Arthur Quesnay : D'avoir entraîné le PKK en Syrie [le PYD syrien et ses branches armées ont été structurés par le PKK dès le début de la guerre civile] et d'en avoir fait un acteur militaire puissant, qui a relancé l'insurrection contre les autorités de Turquie. Ils possèdent depuis longtemps des bases dans les montagnes irakiennes. Mais ils sont en train de s'implanter sur les lignes de front de l'Etat islamique, notamment dans les zones tenues autrefois par le PDK, comme le Sinjar, ou celles tenues par l'UPK [parti rival implanté à l'Est du Kurdistan irakien]. 1500 hommes de la milice yézidie du PKK, dans le Sinjar, sont payés par Bagdad au même titre que les milices chiites, avec lesquelles elles s'entendent. Le PDK craint que le PKK utilise cette alliance pour venir s'installer dans les quartiers kurdes de Mossoul, majoritairement yézidis. La Turquie a également tracé des lignes rouges très claires: elle n'hésitera pas à bombarder le Sinjar si le PKK s'y renforce (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction & Adaptation de Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/mossoul-apres-la-reconquete-une-nouvelle-occupation_1882394.html
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Le groupe Etat islamique produisait de l’agent moutarde à Mossoul

Des tests ont confirmé que le groupe Etat islamique s'était servi de laboratoires de l'université de Mossoul pour produire des armes chimiques à l'agent moutarde, a annoncé le Pentagone mardi.

L'université de Mossoul était l'une des plus réputées d'Irak avant la prise de la ville par les djihadistes en 2014. Elle a été reconquise le mois dernier par les forces de sécurité irakiennes, qui ont désormais sous leur contrôle toute la partie est de la ville.

Selon le porte-parole du Pentagone, des examens d'échantillons prélevés sur place ont montré que l'Etat islamique avait utilisé les laboratoires universitaires pour produire de l'agent moutarde.

Source

Témoignage d’un archevêque d’Irak: “Réveillez-vous. N’acceptez pas chez vous les réfugiés musulmans qui ont fait de nous des réfugiés ici.”

Entretien avec Monseigneur Nicodemus Daoud Sharaf, archevêque syriaque orthodoxe de Mossoul, du Kurdistan et de Kirkouk.

Armée syrienne : les Etats-Unis comptent aider les combattants de l’EI à fuir Mossoul pour la Syrie

Alors que les forces irakiennes tentent de reconquérir la ville de Mossoul, l'armée syrienne a accusé la coalition internationale menée par les Etats-Unis de préparer le transfert des djihadistes de Daesh, présents dans la ville, vers la Syrie.

«Toute tentative de traversée de la frontière [irako-syrienne] est une attaque contre la souveraineté de la Syrie [...] et sera traitée avec toutes les forces disponibles», a prévenu l'armée syrienne dans un communiqué publié mardi 18 octobre. Celle-ci, en effet, accuse la coalition conduite par les Etats-Unis d'avoir pour projet d'aider les combattants du groupe terroriste Etat islamique (EI) se trouvant dans la ville de Mossoul, prise d'assaut par les troupes irakiennes, de fuir cette dernière.

En outre, le communiqué affirme que le plan des Etats-Unis prévoit de sécuriser le déplacement des djihadistes de Mossoul jusqu'à la Syrie voisine, afin de consolider la présence de Daesh dans ce pays et de créer «de nouveaux champs de bataille» dans l'est syrien.

Alliée des autorités en Irak, la coalition internationale menée par Washington soutient en Syrie les groupes d'insurgés combattant les forces gouvernementales.

Plus tôt dans la journée, le chef de la diplomatie russe, rappelant que la ville de Mossoul n'était pas totalement encerclée, avait affirmé que «le corridor ouvert pos[ait] le risque que les combattants de Daesh puissent fuir de Mossoul et partir pour la Syrie»

Source

Nos remerciements à Didier S.

L’archevêque de Mossoul met en garde les Européens

L’archevêque de Mossoul, Mgr Amel Shimoun Nona, fait partie de ces réfugiés irakiens de confession chrétienne qui ont fuit la barbarie islamique du « califat ». Dans une interview accordée au journal italien Corriere de la Sera, il lance un avertissement aux Occidentaux.

« Notre souffrance est un prélude à ce que vous-mêmes, Chrétiens européens et occidentaux, souffrirez dans un futur proche », a crié l’archevêque à ses frères chrétiens d’Occident.

Suite

À Mossoul, 700 femmes Yezidi vendues par les islamistes

Comptez 150 dollars pour acheter une femme Yezidi au nouveau marché aux esclaves réinventé par les militants de l'EI… Voilà ce qui se passe à Mossoul, au vu et au su de tous, selon des sources concordantes, notamment un officiel irakien.

Si la communauté internationale ne peut pas prétendre ne pas être au courant, l'absence de réactions, notamment de la Ligue Arabe, de l'Arabie Saoudite ou du Qatar, laissent songeur. Le président du Chredo, Patrick Karam, a par ailleurs annoncé qu'une plainte pour génocide et crime contre l'humanité sera déposée contre l'État islamique (EI) et ceux qui l'ont financé.

Texte complet

Les chrétiens de Mossoul racontent leur expulsion

Les chrétiens de Mossoul racontent leur expulsion, froide et implacable

Ils ont tout perdu, sauf la vie. Dans cet Irak transformé en enfer sur terre depuis onze ans, les chrétiens de Mossoul sont vivants, presque soulagés d'être condamnés à l'errance et à l'exil. A l'église syriaque orthodoxe Oum Nour (« Mère de lumière ») d'Erbil, dix-huit familles s'entassent dans le sous-sol, aménagé en camp de réfugiés.