Vladimir Poutine et le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov ont reçu, mardi 14 mai 2019, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo pour tenter de stabiliser les relations très difficiles entre les puissances rivales, en pleine montée de tensions entre Washington et Téhéran. De son côté, le ministre turc de la Défense Hulusi Akar et son homologue russe Sergueï Choïgou se sont entretenus au téléphone de la situation dans la province syrienne d'Idlib et des moyens de faire baisser la tension dans la région, a annoncé, mardi 14 mai 2019, le ministère turc de la Défense. Les récents combats dans cette province du nord-ouest de la Syrie -- dernier bastion des terroristes islamistes contre le gouvernement du président Bachar al Assad -- ont forcé 150.000 personnes à fuir leurs foyers.
Hayat Tahrir al-Cham vous souhaite la bienvenue :
Cette zone nord-ouest de la Syrie -- qui abrite 20'000 syriens chrétiens dont personne ne parle -- est tenue à 60% par une coalition terroriste dominée par l’ex-Al-Nosra, alias Fatah al-Sham et alias Al-Qaïda, appelée depuis 2017 "Hayat Tahrir al-Sham" (HTS : 30'000 terroristes). Quant au reste de la province, on sait qu’elle est contrôlée par des groupes salafistes et islamistes rebelles pro-turcs (pas si "modérés" qu’on le dit en Occident) et qui se sont réunis en mai 2018 au sein d’une nouvelle coalition créée par la Turquie, le « Jabat al-Wataniya al-Tahrir » (Front pour la Libération nationale).
Cette coalition pro-turque regroupe douze groupes terroristes islamistes, dont le "Ahrar al-Sham Harakat Nour al-Din al-Zenki" (souvent appelé al-Zenki) rivaux du HTS mais tout aussi radicaux, sachant que certains ont été alliés tantôt à l’Etat islamique tantôt à Al-Qaïda-Al-Nosra jusqu’à une période récente au gré des alliances tactiques dans différentes zones. Le « Jabat al-Wataniya al-Tahrir » pro-turc intègre (officiellement...) des membres de l’ex-ASL (Armée syrienne libre), présentée comme l’opposition armée « modérée » par la Turquie, par les Occidentaux et par les capitales du Golfe. Cette ASL qui émergea au début de l’insurrection en 2011, était composée au départ de déserteurs de l’Armée Arabe syrienne (AAS), mais personne n’ignore aujourd’hui qu’elle a vite été phagocytée par des groupes terroristes islamistes.
Les délires d'Abou Mohammad al-Jolani :
L'actuelle intensification de l'offensive du gouvernement syrien et de son allié russe signifie la mort de tous les accords antérieurs et montre qu'on ne peut faire confiance qu'aux jihadistes et à la force militaire, a récemment affirmé, en substance, Abou Mohammad al-Jolani, chef de l'organisation jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS). Il a lancé dans un appel à prendre les armes pour défendre son bastion d'Idlib. "Nous appelons quiconque est capable de prendre les armes à partir pour le champ de bataille", a-t-il déclaré.
L'accord sur Idleb, où vivent quelque trois millions de personnes, n'a jamais été véritablement respecté. Les jihadistes ont toujours refusé de se retirer de la "zone tampon" et, ces dernières semaines, Damas et son allié russe ont repris le contrôle de plusieurs villes. Selon les Nations unies, cette offensive a fait quelque 180.000 déplacés entre le 29 avril et le 9 mai. Le gouvernement syrien et la Russie accusent, à juste titre, les terroristes jihadistes de prendre pour cible la principale base aérienne russe dans le pays, située à Hmeimim, à l'ouest d'Idlib.
Michel Garroté pour LesObservateurs.ch