Crise énergétique. Genève montre l’exemple

Chacun le sait. Notre pays se trouve face à la plus grave crise énergétique qu’il n’ait jamais connue. Le Conseil fédéral a déjà invité la population à économiser l’énergie. Chaque kilowattheure économisé aujourd’hui compte, a-t-il dit, et cela se verra cet hiver.

Genève a donc pris les devants en retardant l’allumage des chauffages dans les EMS, même si, comme chacun le sait aussi, au bout du lac, pris entre deux fleuves, les logements dans cette ville y sont particulièrement humides. Si les aînés grelottent ou ont de l’arthrite tant pis, nécessité fait loi. Oui. Bien sûr.

Sauf que pendant ce temps-là, voici ce que l’on pouvait voir dans cette même ville le soir où le Conseiller d’Etat écologiste en charge venait justement faire la leçon au peuple dans le 19h30 de la RTS [1]

Les photos ont toutes été prises à 23 heures. Dans aucun des bâtiments photographiés il n’y avait de manifestation.

etc., etc.

Chaque kilowattheure compte nous dit-on. Enfin, surtout ceux économisés sur le dos des aînés et des locataires, semble-t-il.

Cela me rappelle cette anecdote de voyage vécue il y a quelques décennies. Alors que j’arrivais de nuit dans une petite ville réputée pour ses monastères (Souzdal, RU) je m’étonnais de voir la ville plongée dans le noir. La mairie n’ayant pas payé ses factures le fournisseur d’électricité lui avait tout simplement coupé le courant.

Il faut avoir vu une ville dépourvue de tout éclairage public, c’est assez saisissant. Dans cette ville il s’en dégageait quelque chose d’irréel. Cela contrastait avec les logements des habitants qui eux continuaient d’être au chaud et d’avoir la lumière. Une situation donc totalement inverse de ce que montrent les images de Genève, où les habitants ont froid tandis que l’éclairage public continue de briller au firmament. Où l’on force les plus âgés à avoir froid pendant qu’on éclaire de couleur rose les bâtiments publics les plus prestigieux. Cela devrait nous interroger sur le fonctionnement de notre société.

C’est dans les crises que se révèlent la vraie nature des hommes dit l’adage. On le croit ici sur parole. Ces images montrent-elles la vraie nature de nos gouvernants ? Peut-être. C’est une bonne question.

Comme celle qui survient si l’on récapitule tout ce que l’on nous impose depuis des années. Dissuasion de voyager. Obligation d’accepter des temps de trajet de plus en plus longs pour aller au travail. Réintroduction d’animaux prédateurs dans notre environnement. Imposition d’une immigration forcée. Obligation d’accepter des vaccins expérimentaux. Obligation de prendre parti pour la guerre. Obligation pour nos aînés de vivre dans le froid. Fouille de nos sacs poubelles. Réduction de la température dans nos habitations. Menace d’une police de l’électricité. Et alors se pose naturellement la question de savoir quelle sera la prochaine étape ?

Oui. Sous les Ors et les Lumières, c’est quoi la prochaine étape ?

Michel Piccand

 

N.B.

Il ne s’agit pas ici de demander la suppression de l’éclairage public, Genève n’y survivrait pas, elle ne maintient sa sécurité relative que grâce à ses innombrables caméras de surveillance. Sans elles et sans lumière nul doute que la ville serait mise à sac en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Des gens se font agresser et voler en pleine rue même avec la lumière, on vous laisse imaginer sans. Encore que ce serait une excellente expérience pour faire voir la réalité à ceux qui la nient depuis des années.

Non, ce qu’il s’agit de montrer ici c’est l’abus de pouvoir politique. Lorsqu’un même dicastère peut illuminer de rose des bâtiments publics, éclairer des skates parks absolument vides comme on éclaire les poulaillers au Qatar, et laisser dans le froid et l’humidité les seniors, alors l’on comprend toute la nature du problème. C’est choquant. Il n’y a ici aucun sens de la réalité ni des priorités.

Sachant que plus l’atmosphère est froide et humide et plus le coronavirus prospère, on peut aussi se demander s’il relève de l’intelligence de baisser les températures dans les lieux d’habitations, de travail ou de commerces, et en tout cas certainement dans les lieux où vivent les plus fragiles d’entre nous, les EMS. Baisser les températures dans les EMS il fallait quand même avoir une sacrée dose d’inintelligence pour y penser. C’est une mesure totalement stupide. Peut-être qu’un jour des questions de responsabilité pourraient se poser. Si le virus redevient virulent et qu’il prospère en raison de la baisse des températures à l’intérieur des bâtiments je ne voudrais pas être à la place de ceux qui auront baissé les thermostats. Vous vous demandiez comment augmenter les foyers infectieux à l’intérieur, et bien baissez les températures et augmentez l’humidité, le virus fera le reste. Bravo, vous avez tout compris. Si vous pensiez que vous êtes gouvernés par des gens qui ont de vraies capacité à anticiper et à respecter les principes les plus élémentaires de prudence alors vous vous êtes probablement trompé.

Regardez encore une fois toutes ces lumières sur les bâtiments publics et demandez vous si vous voyez là des gouvernants qui ont des capacités supérieures à anticiper et qui se préparent à affronter la plus grave crise énergétique qu’ils n’aient jamais connue. Pour ma part ce n’est pas tout à fait ce que je vois.

[1]

Economies d’énergie : les foyers prennent des mesures pour économiser leur consommation

https://www.rts.ch/play/tv/12h45/video/12h45?urn=urn:rts:video:13465572

Economies d’énergie : Genève retarde le démarrage du chauffage

https://www.rts.ch/play/tv/19h30/video/19h30?urn=urn:rts:video:13466661

L’ombre de l’hiver

Sur sa couverture, le dernier numéro de Migros Magazine du 28 août 2022 demande: "La pénurie d'électricité, ça vous préoccupe?"

Réponse en page 10. Une double-page titrée "Le coup de la panne?" où la Migros se fait l'écho des préoccupations des Romands, qui sont aussi ses clients. Nulle théorie, nulle explication, juste un "instantané" des sentiments des uns et des autres. Florilège.

"Le blackout? Je ne suis pas inquiet du tout. Grâce aux alliances européennes, on trouvera des options pour combler les manques, du moins dans les grandes villes. Pendant la crise du pétrole en 1974, tout le monde a fait des efforts et on s'en est bien sorti. Au besoin, la Suisse ira acheter de l'électricité en France qui a plein de centrales nucléaires." -- B. A. 23 ans, Lausanne

"À part la TV le soir, j'utilise peu d'électricité à la maison. Pendant la journée, tout est éteint. S'il devait y avoir des coupures de courant cet hiver, j'achèterais une génératrice que je pourrais mettre sur la terrasse. Comme j'habite en zone industrielle, ça ne dérangera personne... Les gens dramatisent vite, parce qu'ils sont habitués à leur petit confort." -- T.L., 27 ans, Lausanne

"En tout cas ça ne me fait pas peur. On est en Suisse quand même, on a assez de réserves et d'autres solutions, comme le solaire. Il y aura toujours un système D. Mais je suis plutôt optimiste. Même pendant le Covid, je n'ai pas fait de réserves de pâtes. Si je devais faire un geste d'économie? Je laisserais moins la TV allumée pour rien." -- A. V., 33 ans, Lausanne

Des huit témoignages, cinq viennent de Lausanne. Si l'échantillon est représentatif, on comprend mieux la gestion de la capitale vaudoise.

Par hasard, la publication du grand distributeur arrive dans les boîtes aux lettres au moment où le Conseil fédéral tient une conférence pour annoncer la pénurie prochaine. Au moment où nous apprenons également la hausse historique de 61% des tarifs de l'électricité l'an prochain (et les années suivantes!). Nous sommes bien au-delà des 22,5% encore dans les cartons en juin.

Winter is coming

Le nombrilisme le dispute au déni. Incapable de voir plus loin que le bout de son nez, incapable de se projeter dans les frimas de l'hiver à la fin août, le quidam pense qu'il pourra passer entre les gouttes. "On trouvera bien une solution". Il le faut.

Et s'il n'y en avait pas?


(Image Stocksnap, libre de droits)

Le dilemme n'est pas difficile à comprendre. Si vous considérez tous les pays d'Europe comme les pièces d'un puzzle et que vous additionnez toutes les productions d'un côté et toutes les consommations de l'autre, il y a un gros manque. L'Europe est consommatrice nette d'énergie, et de beaucoup. Elle importe le reste. Mais quand vous retirez la vilaine Russie de Poutine de l'équation, plus aucun équilibre n'est possible.

Quel pays d'Europe sera le mistigri énergétique cet hiver? Peut-être pas la Suisse. Si les prix explosent, quelques rares pays pourront s'arracher à prix d'or les dernières miettes à vendre. La Suisse pourrait peut-être s'offrir un quignon de pain. Hop Suisse! Mais les Suisses (et les autres peuples qui y résident) auront un autre problème sous la dent: le prix de cette énergie.

Les Anglais sont en avance là-dessus. Ils découvrent avec une joie mesurée leurs factures d'électricité hallucinantes de l'automne. Des milliers de pubs et de brasseries s'apprêtent à mettre la clef sous la porte à cause du prix de l'énergie. Non pas que ce soient les seuls concernés, mais juste les entreprises auxquelles les journalistes s'intéressent pour le moment.

Les retraités sont poussés dans une précarité jamais vue. Beaucoup devront choisir entre se chauffer et de se nourrir cet hiver et les prochains. Certains mourront de froid.

C'est chouette de dire qu'on va économiser de l'électricité en éteignant la télé. Il va falloir l'éteindre vraiment très fort pour que l'économie résultante compense une inflation à 10%, un prix de l'électricité en hausse de 60%, et un membre de la famille qui perd son emploi parce que le restaurant où il travaillait vient de fermer.

Ces témoignages de Migros Magazine sont collectors, tant ils sont touchants d'insouciance. Il faudra les ressortir au printemps de l'an prochain. L'hiver fera trébucher bien des certitudes.

Panem et circenses à la Jacqueline de Quattro: La rue réclame des taxes? Donnons-lui des taxes!

Cenator : Par exemple, un vendeur de glaces qui fait son chiffre d’affaires sur 5 mois de l’année devra trouver la marge pour payer ce surplus. Souhaitons pour lui que le réchauffement climatique devienne une réalité...

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La taxe sur l'électricité va tripler l'an prochain dans le canton de Vaud

Le Grand Conseil vaudois a donné mardi son aval à la proposition du Conseil d'État de faire passer la taxe sur l'électricité de 0,18 à 0,60 ct/kWh, avec un plafond à 1 ct/kWh contre 0.20 auparavant. L'électricité devrait coûter entre 15 et 30 fr. par an de plus aux ménages.
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Il induirait une augmentation de 2000 francs par an pour une petite PME et de près de 18'800 francs par an pour une grosse entreprise, calculent-ils.
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Voir aussi:

La taxe sur l'électricité va augmenter

Vaud Le Grand Conseil vaudois donne son feu vert pour que la taxe sur l'électricité passe de 0,18 ct/kWh à 0,60 ct/kWh.

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Effort doux

Les Verts et le PS estiment que la taxe est raisonnable.

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Urgence d'agir

La conseillère d'Etat Béatrice Métraux a rappelé que l'action cantonale était largement demandée dans la rue par une jeune génération sans espoir. «A cette urgence, il faut répondre pratiquement et c'est ce que le Conseil d'Etat propose aujourd'hui»[...]

Compensations

Pour les ménages, celle-ci peut facilement être compensée par l'achat d'appareils ménagers moins gourmands en énergie. La pose de panneaux solaires sur le toit des entreprises permettra également de faire des économies, a souligné Mme Métraux.

Une PME verra par exemple sa taxe alourdie de 400 francs mais pourra faire des économies de 4000 francs grâce à ces panneaux, a-t-elle imagé. Des efforts seront aussi faits pour les grands consommateurs.

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article complet:

Sans accord avec l’UE, l’électricité pourrait coûter plus cher en Suisse

En l'absence d'accord-cadre institutionnel avec l'UE, le secteur de l'électricité pourrait envisager un accord bilatéral ou adapter le droit suisse au cadre juridique européen. Cela a un coût.

Dans le cadre du «Programme national de recherche Energie», des scientifiques de l'EPFL et de l'Université de St-Gall ont examiné la question d'un accord sur l'électricité avec l'Union européenne (UE). Sans accord, les prix pourraient augmenter en Suisse d'ici 2030.

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20min.ch

Via le Facebook du PNS