“Je suis une expatriée à Séoul qui vit au milieu de l’épidémie de coronavirus. J’ai l’impression de vivre la fin des temps.”

Christian Hofer : Mettez les mesures prises en Corée du Sud en parallèle avec celles du Conseil fédéral et vous vous rendrez compte à quel point la situation peut devenir grave.

 


Je suis une Américaine de 25 ans qui enseigne dans une académie privée à Séoul. Comme des milliers d'étrangers, je profite de mes week-ends pour parcourir le pays ou aller à l'étranger. Mais depuis quelques semaines, au lieu de vivre le rêve de l'expatriation, je vis près de l'épicentre de l'épidémie de coronavirus.

Ma vie a radicalement changé depuis le début de l'épidémie. Au début, c'était juste une histoire venant de Chine qui a provoqué un peu d'anxiété mais qui n'a pas affecté ma vie. Quatre semaines plus tard, j'ai l'impression de vivre la fin des temps. Quand la nouvelle est tombée, je n'avais pas peur, mais les choses me semblaient étranges.

31 janvier

Le gouvernement a encouragé tout le monde à ne pas quitter son domicile le week-end et à éviter les zones de forte affluence. Je n'ai pas tenu compte de ces avertissements et j'ai voyagé en bus durant 45 minutes pour me rendre à l'église de Sinsa le dimanche, un lieu de rendez-vous très fréquenté le week-end. J'étais la seule personne dans ce bus typiquement bondé.

3 février

[...] Les restaurants ont commencé à afficher des panneaux indiquant "pas de Chinois".

9 février

En une semaine, le nombre de cas a commencé à augmenter. Il n'y avait pas de masques à Séoul. J'ai demandé à ma famille aux États-Unis d'en acheter et de me les envoyer, mais il y a maintenant une pénurie mondiale.

Les nouvelles à Séoul sont apparemment très différentes de celles des États-Unis. Je demande à ma famille si elle est inquiète, mais elle ne pense pas que ce soit grave.

10 février

A mon travail, ils commencent à prendre la température de tout le monde lorsque les gens entrent dans le bâtiment. Tout le monde est tenu de porter un masque à tout moment. Je ne trouve toujours pas de masques à acheter.

Si un élève éternue en classe, les autres me regardent avec de la peur dans les yeux : "Pensez-vous qu'il est contaminé ?" Ce sont de jeunes étudiants et ils ont peur.

 

Vidéo explicative concernant le Coronavirus et ce qui s'est passé en Chine, sa méthode d'attaque contre le corps. Cette vidéo a été diffusée par la chaîne Youtube de l'OMS

 

17 février

L'économie de la Corée du Sud a commencé à décliner. J'ai renvoyé de l'argent aux États-Unis avant que la monnaie locale ne chute et que mon taux de transfert ne s'affaiblisse.

21 février

L'épidémie s'est intensifiée. De quarante cas on est passé à 130. Mes étudiants sont passés de l'anxiété à la nervosité. Certains ont cessé de suivre les cours. Nous avons commencé à essuyer les bureaux et les poignées de porte avec de l'eau de javel après chaque cours. Mon patron m'a donné un document officiel expliquant ce qu'il faut faire si je présente des symptômes, ce que je peux et ne peux pas dire aux étudiants et des "conseils" sur les endroits où je suis autorisé à aller le week-end.

J'étais en état d'alerte, mais je n'avais pas encore peur car j'avais le sentiment que les autorités et mon employeur prenaient les bonnes mesures. La Corée du Sud a pris des mesures préventives audacieuses, comme l'assainissement des rues, des bus, des métros et des bâtiments et la fermeture des zones à forte circulation - cela permettrait certainement de maîtriser les cas

Puis tout a changé.

Une fois que l'épidémie de Daegu a commencé, on a craint que la Corée du Sud ne devienne le prochain Wuhan. Personne ne quitte sa maison sans masque, si tant est qu'il la quitte. Le nombre de cas de coronavirus a été multiplié par 15 en seulement 3 jours.

24 février

Les rues qui étaient constamment pleines de circulation et de piétons sont maintenant parsemées de quelques visages masqués mal à l'aise. Séoul ressemble à une ville fantôme. [...]

Quand j'arrive au travail, on prend ma température avant que je puisse entrer et on me dit de me dépêcher d'entrer dans ma classe. Mais aucun enfant ne vient à l'école. Nous fermons jusqu'à nouvel ordre.

28 février

Je reste assise à la maison à attendre des nouvelles pour savoir si ma vie va revenir à la normale. Le nombre de cas continue d'augmenter et mon patron m'appelle pour m'informer que nous sommes fermés jusqu'au 9 mars, suite à la réglementation du gouvernement sur les rassemblements de masse.

1er mars

Mon église organise un service en ligne car le public est encouragé à rester chez lui et à éviter les groupes de personnes.

3 mars

Les magasins affichent des pancartes manuscrites indiquant "masques épuisés".

Le coronavirus est partout. Il imprègne ma vie quotidienne. Quand je vais prendre un café, je vois une banderole accrochée entre deux immeubles d'habitation qui indique les bonnes techniques de lavage des mains et le numéro d'urgence.

Lorsque j'entre dans un bus, on me donne du désinfectant pour les mains et une boîte de masques pour les malchanceux comme moi, qui n'en ont plus. Des panneaux jaunes géants sont accrochés au dos des sièges avec de grandes lettres noires et rouges de type hangeul [NDLR : Alphabet coréen] : "Signalez à 1339 si vous présentez l'un des symptômes du nouveau coronavirus".

Quand je sors, j'ai l'impression d'être dans un film de zombies. J'en ris et je fais des blagues sur "Train to Busan". Mais je ne ris plus. Les restaurants sont fermés. Les quelques personnes que je vois ont le visage couvert et se déplacent avec empressement pour quitter la rue. Le matin, des files d'attente entourent les grands magasins où tout le monde attend dans l'espoir d'obtenir un masque, pour apprendre qu'il n'y en a pas.

Même les entreprises traditionnelles exigent que les gens travaillent à domicile, une pratique généralement mal vue dans les centres de banlieue coréens. Les immeubles de bureaux, les stations de métro et les centres commerciaux sont équipés de caméras à imagerie thermique à toutes les entrées et sorties principales [...].

Nos téléphones déclenchent une alarme presque toutes les heures pour nous informer des nouveaux cas signalés ou d'un nouveau point chaud à éviter.

Nous ne savons pas ce qui va se passer, ni à quel point la situation pourrait s'aggraver. Dois-je rester et espérer que la vie reviendra bientôt à la normale ? La situation va-t-elle s'aggraver et une interdiction de voyager m'empêchera de retourner aux États-Unis ?

Le coronavirus est très réel, et je vis avec.

Ashton Alayne Smalling est une expatriée du Texas qui travaille à Séoul. Elle a écrit cette chronique pour le Dallas Morning News.

(Traduction libre Schwarze Rose pour Les Observateurs.ch)

Dallasnews.com

 


Rappels :

Coronavirus : Un responsable de l’OFSP nous explique qu’il y a une pénurie mondiale de masques et qu’il n’a rien prévu

Italie. Coronavirus : l’argent des soins de santé a été dépensé pour l’accueil des migrants

Coronavirus : Berlin parle de «pandémie mondiale». L’Italie va fermer toutes ses écoles.

Coronavirus : Pékin a caché l’épidémie pendant des semaines

France. Coronavirus : Réquisition des stocks et de la production des masques de protection par l’Etat

Paris. Coronavirus : «On a tellement de cas suspects qu’on ne peut plus dépister tout le monde»

Selon des experts, la Corée du Sud doit devenir une société multiraciale pour le bien de son économie, malgré l’attachement des Coréens à leur homogénéité culturelle

Face au vieillissement de la population, les Coréens peuvent-ils accepter des immigrés ?

(…) En Corée du Sud, les résidents étrangers, au nombre d’environ 2,3 millions, représentent plus de 4 % de la population du pays. La plupart d’entre eux sont des travailleurs immigrés originaires de Chine ou de pays d’Asie du Sud-Est.

(…) Avec un taux de natalité qui devrait tomber sous la barre d’un enfant par femme cette année, la main-d’œuvre coréenne vieillit plus vite que toute autre économie avancée. Selon une estimation, près de 40 pour cent de la population totale devrait avoir plus de 65 ans d’ici 2050. Le gouvernement a activement délivré des visas de travail temporaires pour combler les premiers signes de pénurie de main-d’œuvre, principalement dans les secteurs manufacturier et agricole.

Les experts croient maintenant que la transition du pays vers une société multiraciale est inévitable, et peut-être la seule façon de sauver l’économie et le système social du pays. Ils estiment que le simple fait d’essayer d’augmenter le taux de natalité chez les Coréens n’est pas une solution adéquate.

Mais il est difficile d’imaginer la Corée comme une société multiraciale où les immigrés et leurs enfants pourraient constituer jusqu’à près de 15 % de la population totale, comme c’est le cas dans les pays développés qui ont ouvertement accepté l’immigration au cours des dernières décennies, comme la Norvège et la Suède.

« Nous n’avons pas d’autre choix que d’accepter les immigrés », déclare Kim Joon-sik, membre du conseil d’administration de Asian Friends, une ONG qui vient en aide aux familles multiraciales et aux personnes vivant dans les régions pauvres d’Asie du Sud-Est. « C’est ce qu’ont fait les pays européens lorsque leur taux de natalité a commencé à baisser. C’est notre tour maintenant. »

La question est de savoir si les Coréens, qui ont appris dès leur plus jeune âge à être fiers de leur « lignée coréenne » et conditionnés à « l’homogénéité culturelle », peuvent accepter des immigrés comme compatriotes ?

Les Coréens ont un « fort sentiment de résistance » aux étrangers, déclare Kim, et les nombreuses campagnes parrainées par l’État qui prêchent les valeurs abstraites de la compréhension multiraciale ne sont d’aucune utilité non plus.

(…) Korea Times

Les Sud-Coréens protestent car ils ne veulent pas de réfugiés musulmans dans leur pays

Jeju, en Corée du Sud, est une île subtropicale connue pour ses eaux turquoises, ses plongeuses et ses terrains de golf. Cela fait de nombreuses années une destination de choix pour les jeunes mariés en Corée du Sud. Cependant, elle a récemment reçu des demandeurs d'asile fuyant le Yémen.

Les réfugiés qui s'attendaient à être accueillis à bras ouverts ont dû se réveiller brutalement. L’arrivée de centaines de Yéménites a suscité une vague d’opposition qui a donné naissance à ce qui est considéré comme le premier mouvement anti-migrants organisé par la Corée du Sud.

«Expulsons les faux réfugiés!» ce sont les cris entendus lors d'un rassemblement du 30 juin sur l’île qui fait partie du sentiment anti-immigration.

Des manifestations ont eu lieu à Jeju et ailleurs, y compris à Séoul, durant l'été.

«Dès leur plus jeune âge, ils apprennent à traiter les femmes comme des esclaves sexuelles et à les battre à leur guise», raconte au New York Times Yang Eun-ok, chef de file de la manifestation de Jeju. «Ils peuvent prendre de nombreuses femmes et produire de nombreux enfants. Maintenant, il y en a 500. Dans 10 et 20 ans, combien y en aura-t-il?

Une pétition en ligne rassemblant 714 000 sympathisants demande au président Moon Jae-in de cesser d'accepter des demandeurs d'asile.

Plus de 90% des demandeurs d'asile yéménites à Jeju sont des hommes. (...) «Lorsqu'ils se déplacent en groupe, les femmes les évitent», a déclaré Byun Jin-young, 40 ans, mère de deux enfants.

Un nombre record de signatures pour une telle pétition. Le président Moon s'est engagé à réviser les lois afin de renforcer le contrôle des demandeurs d'asile.

Le nombre de Yéménites arrivant a considérablement augmenté, passant de 51 en 2017 à 561 en 2017. Le 1er juin, la Corée du Sud a ajouté le Yémen à la liste des 11 pays exigeant un visa pour entrer à Jeju.

 

Voice of Europe / New York Times / Herald Sun

Traduction libre Schwarze Rose pour Les Observateurs.ch

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manifestation en Corée du Sud contre l’arrivée de migrants musulmans : “Nous ne voulons pas devenir comme l’Europe”

Environ 520 000 Sud-Coréens ont signé une pétition contre la politique migratoire de leur gouvernement favorable aux réfugiés. La plupart d'entre eux s'inquiètent des réfugiés musulmans du Yémen et de l'exploitation économique des migrants, a rapporté le site d'information DW.

"C'est devenu vraiment mauvais ces dernières semaines et tout cela parce que Jeju a lancé un programme qui permet à des gens de 186 pays de venir ici sans visa touristique", explique Hank Kim, propriétaire de la Core Travel Agency.

Kim explique : "La population locale est inquiète, nous avons tous lu les problèmes que les migrants ont causés en Europe - en Allemagne et en France en particulier - et nous ne voulons pas que cela se produise ici."

Une manifestations contre le programme de dispense de visa a également eu lieu à l'hôtel de ville de Séoul. "Nous exhortons le gouvernement à placer les citoyens coréens avant les réfugiés", a déclaré un organisateur de rassemblement.

(...)

Hank Kim poursuit :

"Nous sommes également inquiets en raison de leur religion. Nous n'avons jamais eu de contact avec des musulmans auparavant, mais nous savons qu'ils ont tous de grandes familles et qu'ils apportent leur propre culture au lieu d'essayer de s'adapter à l'endroit où ils vivent."

(...)

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