Pape François êtes-vous là ?

Michel Garroté
Politologue, blogueur


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Catholicisme et marxisme

Le président bolivien Evo Morales a affirmé craindre pour la vie du pape François en raison de ses positions anticapitalistes et anti-impérialistes. « J'ai très peur que l'on s'en prenne à la vie du frère pape François, qui est anticapitaliste, anti-impérialiste. C'est pour cela qu'il nous demande ‘priez pour moi’, je l'ai parfaitement compris », a déclaré, très futé, le président bolivien, chantre de l’extrême-gauche radicale latino-américaine (voir lien vers source en bas de page).

Concernant le cadeau d’Evo Morales, un crucifix en forme de faucille et de marteau, le pape s’est dit tout d’abord « étonné ». « Je ne savais pas que le père Luis Espinal était sculpteur et aussi poète, je l’ai su ces jours-ci et ce fut pour moi une surprise ». Cette œuvre relève de « l’art de la contestation, qui peut, dans certains cas, être offensif ». Dans ce cas concret : le père Espinal a été tué en 1980, au moment de la théologie de la libération, une théologie qui avait de nombreuses déclinaisons, et une de celles-là utilisait l’analyse marxiste de la réalité, et le père Espinal adhérait à ce courant marxiste (voir lien vers source en bas de page).

« Habemus Papam ! ». Vraiment ? Pas si sûr. Oh, doucement là ! Je ne suis ni traditionaliste, ni sédévacantiste. Je suis catholique, ce qui est déjà suffisamment suspect en soi. Je n’ai pas écrit que le Siège était vacant ! Bon. Malentendus mis à part, je me pose la question depuis un certain temps déjà : mais qui est vraiment le pape François ? Est-il là ou est-il là en tant que pape ? Il se dit judéophile. Mais cela ne l’a pas empêché, en Israël, de tenir des propos excessivement palestinophiles et dans la foulée israélophobes. Il dénonce l’Etat Islamique (EI). Mais il n’a rien fait de concret pour accueillir en Europe les Chrétiens persécutés en terre d’islam. Il a effectué des démarches typiquement islamophiles, dignes d’un catholicisme islamo-compatible, d’un catho-islam.

Il nous invite à accueillir, sur le Vieux Continent, tous les clandestins musulmans qui parviennent à débarquer chez nous (« migrants »…). Il est la coqueluche de nos médias, ce qui devrait quand même nous alarmer un tout petit peu. Sa doctrine sociale, à l’entendre, à l’écouter, est une forme de socialo-christianisme, bref, un anachronisme, une contradiction, un non-sens. Il parle beaucoup, et, à force, je trouve qu’il parle trop. Sur le fond, sur le plan philosophique, il n’a pas grand-chose à dire, alors que c’est tout de même là l’essentiel. Oui, « Habemus Papam ! ». Mais qui est-il vraiment ? Pape François êtes-vous là ?

Un pape sans théologie ni philosophie ?

Philippe Bilger, Sur Boulevard Voltaire, écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Ce doit être l’air de l’Amérique du Sud qui a inspiré au pape François des discours radicaux, tant pour l’écologie que pour la doctrine sociale. Quand il fustige l’économie qui "tue" et qui "exclut", "l’ambition sans retenue de l’argent qui commande et l’économie idolâtre", qu’il proclame : "Vous les exploités, les exclus, ne vous sous-estimez pas ! Vous êtes des semeurs de changement", il semble lâcher la bride à son tempérament et proposer une vision de dénonciation et de révolte qui apparemment a plus à voir avec la lutte des classes même adaptée à ce continent qu’à une classique conception de la justice sociale.

Il a d’ailleurs résumé sa pensée en mettant en évidence le caractère "révolutionnaire" du catholicisme. Le respect que j’éprouve pour cette personnalité bouleversante - en si peu de temps, il a transformé le catholicisme, le monde et le rapport entre les deux ! - ne m’interdit pas de pointer les risques d’un tel extrémisme de la compassion et de la glorification. Il y a mille manières de dire que les derniers seront les premiers mais le pape François a choisi la plus périlleuse. […] Il conforte l’interprétation unilatérale que d’aucuns font de l’Evangile et de Jésus-Christ en assimilant l’un à une bible pour la subversion et l’autre à un boutefeu qui pourrait être récupéré par Karl Marx ou le Fidel Castro de la grande époque.

Il amplifie, de la sorte, l’opposition que ne cesse de lui manifester la famille traditionnelle et conservatrice du catholicisme, aussi bien de la part des cardinaux qui la représentent que pour des pratiquants qui étaient sans doute prêts à changer mais pas au point d’être ainsi bousculés ! En Amérique du Sud, il donne du crédit à cette église militante, partiale et politisée qui, imprégnée de la théologie de la libération, s’était surtout libérée de la théologie.

Le pape François était si conscient de ces dérives possibles qu’il a précisé les trois conditions qui permettraient aux "mouvements populaires" – "personne n’aime une idée, un concept, on aime les gens", a-t-il fait valoir lucidement – de battre en brèche le triomphe de l’argent et d’une économie corrupteurs. D’abord, alors qu’on souffre "d’un certain excès de diagnostic qui nous conduit parfois à un pessimisme charlatanesque ou à nous complaire dans le négatif", ces multitudes populaires sont "dans l’action et enracinées dans le réel des individus".

Ensuite, elles consacrent la vigueur d’un "collectif" qui au jour le jour sert l’humanité en la reconnaissant "dans le visage de l’autre". Enfin - c’est capital pour ce pape qui n’a cessé à Rome comme ailleurs de développer cette intuition -, elles n’inscrivent pas le changement "en termes de structures mais de processus". Faute "d’une conversion sincère des attitudes et du cœur", l’instauration de nouvelles "structures" ne relèvera que du jeu social ou politique. Ce discours de François est fondamental et il demeure dans la droite ligne de ce que celui-ci a toujours laissé entrevoir ou explicitement proféré. Mais il est sur le fil du rasoir entre la mission universelle de l’Eglise et sa dénaturation, voire son dévoiement dans le relatif et le contingent. Jamais le pape n’est allé aussi loin en chargeant si intensément l’un des plateaux, progressiste et solidaire, de la balance au détriment de l’autre, plus classique et habituel.

Le pape joue avec le feu, avec la foi. J’ai peur pour lui. Il doit se garder à gauche comme à droite. Il y a quelque chose d’immense, de grandiose et, à la fois, de suicidaire dans la démarche de cet homme unique, de ce pape d’exception, conclut Philippe Bilger sur Boulevard Voltaire (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

« p » comme pape et « p » comme politique

De son côté, Philippe Rodier, également sur Boulevard Voltaire, écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Le pape François dérange. À gauche car il ne se rallie pas aux avancées sociétales, mariage homo, GPA, avortement… À droite car il remet en question bien des excès du capitalisme financiarisé en vigueur et appelle chacun à être plus attentif à tous ceux qui ne vivent pas dans l’opulence. Après avoir combattu le marxisme pendant des décennies, on aimerait tellement que l’Église exprime son triomphalisme par un soutien total à l’occident vainqueur. Le pape fait-il de la politique ? Certains le pensent et aimeraient le faire entrer dans les cases confortables de « progressiste » ou de « conservateur ». Pourtant, il ne fait pas de politique. Mais il appelle les chrétiens et tout homme de bonne volonté à vivre pleinement à la suite du Christ : ne pas oublier l’autre dans tous nos actes quotidiens, accueillir le riche et le pauvre avec le même respect et la même attention, aimer jusqu’à tout donner et même à se donner soi-même.

Du combat contre le marxisme jusqu’à celui contre le nazisme, contre l’avortement et la GPA jusqu’à celui contre le pouvoir de la technostructure économique et financière, la papauté lutte contre tout ce qui porte atteinte à la dignité humaine, tout ce qui oublie la finalité de l’action humaine. La dernière encyclique de François (facile et rapide à lire) s’inscrit dans la continuité de nombreux textes précédents : cela avait débuté en 1891 avec Rerum Novarum qui rappelait déjà l’importance de la dignité et de la place de l’homme dans la révolution industrielle. Le pape est-il de gauche parce qu’il dénonce l’exploitation de populations pauvres de certains pays par de grandes multinationales qui gagnent des fortunes sur leur dos ? Parce qu’il déplore que le capitalisme d’aujourd’hui fait de l’argent une finalité et non plus un moyen ? Parce qu’il constate que le système bancaire est usurier ? Mais ce n’est pas de la politique, c’est du bon sens et des réalités que l’on voit tous les jours sous nos yeux où que l’on vive.

Face à ces situations, il nous interpelle : et l’homme dans tout cela ? La recherche du bien commun ? Le sens du service des autres ? L’amour de son prochain ? Tout cela est-il présent dans ce système économique qui ne raisonne plus que par la rentabilité immédiate, les dividendes et les stocks options ? Le pape n’est ni de gauche, ni de droite. Il ne fait pas de politique. Il invite chacun à retrouver le sens que l’on doit donner à notre vie, à comprendre que le monde commence à changer si chacun d’entre nous commence à se transformer, à mettre l’économie au service des hommes.

Certains y voient des similitudes avec des discours de partis politiques ou de groupes contestataires. Mais c’est oublier que, contrairement à ces idéologues qui dénoncent et qui mènent un combat destructeur contre toute forme d’autorité ou de réussite, le pape nous invite à changer le monde par amour de notre prochain. Et même à aimer nos ennemis, conclut, enthousiaste, Philippe Rodier sur Boulevard Voltaire (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

« p » comme pape et « p » comme patriotisme

De son côté, Niko Sarmatus, sur Riposte laïque, écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Le pape François a déclaré il y a quelques jours de cela que ceux qui refusaient d’accueillir les migrants avaient « besoin du pardon de Dieu ». Et le collège cardinalice de renchérir que l’accueil des migrants pourrait être « une réparation à la colonisation ». On ne s’attardera pas ici sur le houleux débat à savoir si la colonisation a été un mal ou un bien, même si nos « frères noirs à la main chaude » nous ont comblés de moult présents et enrichi notre culture, je pense que la France n’a pas non plus à rougir de son passé sur les terres qui, après son départ, sont devenues des républiques bananières dignes d’un roman d’Alfred Jarry.

Donc, Francesco, l’évêque de Rome affirme que celui qui n’accueille pas les migrants dans son pays déjà gangréné par l’immigration et le chômage, aurait besoin du pardon de Dieu. Ce même Dieu au nom duquel tant de chrétiens se sont battus au cours des siècles pour garder l’identité de leur pays intacte. Eh oui, à une époque le christianisme était vecteur du réveil national, ce qu’il n’est plus depuis Vatican II et  encore moins depuis qu’il a été infesté par l’humanisme larmoyant qui consiste à se sacrifier pour des étrangers et laisser ses propres enfants mourir la gueule ouverte. Et puis, pardon pour quoi, je vous prie? Pour vouloir donner des logements à nos indigents plutôt qu’aux réfugiés économiques.

On ne peut nier au regard de l’actualité internationale qu’il y a dans ces pays d’Afrique des dictatures et des conditions contraires à l’image que l’on a d’un pays développé. Pour autant, ne serait-il pas plus sage et salutaire de retirer notre soutien à ces dictateurs pourris de la Françafrique et d’aider ces gens chez eux à bâtir des pays aux structures développées, au lieu de les faire venir par bateaux en Europe ? Ou alors, nous demandera-t-on demain d’accueillir les habitants de la Floride, contraints de quitter leur État suite à la montée des eaux ?, conclut Niko Sarmatus sur Riposte laïque (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

« p » comme pape et « p » comme pensée

De son côté, Robert Spaemann, doyen des philosophes catholiques de langue allemande, a longtemps observé le silence à propos du « phénomène François ». Sollicité à ce sujet, il a mis un terme à sa réserve polie (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page). Selon Spaemann, le pape se livre à un « culte de la spontanéité ». Le pape argentin recherche la symbolique superficielle, mais en même temps - à l’égard d’un pape un jugement proprement dévastateur - il ne montre « guère de goût » pour la théologie. Le philosophe Spaemann considère avec une véritable indignation le pape François qu’une majorité de cardinaux élut au siège de Pierre, pour des raisons qui demeurent incompréhensibles.

Spaemann puise aux paroles prophétiques de l’Ecriture Sainte pour exprimer sa distanciation : « Il viendra des maîtres qui diront des choses qui sonneront bien aux oreilles, et les hommes suivront ces maîtres ». Paroles critiques sur un parcours indéfinissable, ambivalent et donc préoccupant de l’actuel Souverain pontife. Spaemann reproche au pape François - à qui depuis son élection les medias ont accordé le label d’« ouvert » - d’être en réalité un pape autoritaire. Spaemann : François est « l’un des papes les plus autoritaires que nous ayons eu depuis longtemps. Si Benoît s’était exprimé ainsi, il y aurait eu de grands cris. Mais, avec François, le pouvoir absolu est à nouveau plus manifeste. Et il n’y a pas un seul journal pour s’en émouvoir ».

Personne ne sait, dit Spaemann, « ce que le Saint Père a maintenant en tête ». Même les enthousiastes du pape François ne savent pas, en réalité, vers quelle destination le « train Bergoglio » se dirige. « On n’arrive pas à se débarrasser du sentiment de chaos », selon Spaemann. Cela vaut aussi, continue-t-il, pour le synode de la famille, dont la seconde session doit se tenir à Rome, au mois d’octobre prochain, à l’invitation du pape. Tout ce synode est pour lui une « source d’irritation », dans la mesure où le pape prendrait parti unilatéralement. Il n’est pas du tout certain si la manière d’agir de François sera considérée, à l’avenir, comme une « avancée » ou plutôt comme un « dérapage ». Le penseur Spaemann reproche au pape venu d’Argentine de lire peu. Trop peu, conclut Robert Spaemann (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

« p » comme pape et « p » comme péroniste

De son côté, le chroniqueur catholique anglo-argentin Jack Tollers écrit (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Commençons par l'Argentine. Ne vous méprenez pas, ce n'est pas que je n'aime pas mon Pays, mais de temps à autre il vous donne envie de pleurer, comme Jésus avec le Sien, si j'ai bien compris mon Evangile. Simone Weil a dit avec justesse qu'il n'y a pas d'autre moyen d'aimer son propre pays qu'avec de la compassion. Ceci dit, ce pays est pratiquement un désastre. Dans la façon dont les Argentins perçoivent les choses, parlent, se comportent - bien ou mal - c'est un pays anormal, un endroit où on ne peut pas prendre les mot pour argent comptant, où le manque de ponctualité est la norme, où les règles de la loi son pratiquement narguées; un endroit plein de double discours, où les personnes vous donnent rarement une réponse franche, où "demain" ne se réfère pas au jour suivant, mais au jour présent : il signifie simplement pas aujourd'hui.

Ce n'est pas un endroit facile à vivre: faible logique, incohérence, manque de sérieux, courtoisie presque inexistante, fausse modestie, malhonnêteté, mauvaises habitudes et déloyauté générale sont la monnaie courante. Nous sommes en quelque sorte habitués à tout cela (et à davantage), d'une façon que votre Américain moyen ne pourrait jamais comprendre, à moins qu'il ne lui arrive d'y passer quelque temps.

Il y a plein de mots argentins qu'un étranger, qu'il soit d'Espagne, disons, ou même du Mexique, aurait du mal à expliquer: des mots comme "piola" (débrouillard), "macaneador" (menteur), "chanta" (magouilleur), et encore tant d'autres décrivent un peuple qui considère risible de tricher, piéger, escroquer, de s'en tirer coûte que coûte, que rien n'amuse plus que de casser les règles. En règle générale, les Argentins détestent les règles, et c'est la raison de leur propension à l'anarchie qui se manifeste toujours dans la sphère publique. En général les Argentins aiment faire semblant et n'ont pas de temps pour la droiture, la loyauté ou le franc-parler. Le mensonge est commun, les mots ne signifient rien, à moins d'être utilisés pour des objectifs sournois, pour une ruse, quelque arnaque ou vous jouer un tour. C'est un pays du faire semblant.

D'accord, je sais que vous pensez que j'exagère, que c'est moi, l'Argentin, qui maintenant se moque de vous, qu'aucune société ne pourrait survivre avec de tels us et coutumes, qu'il doit y avoir plus dans le pays que mon triste portrait. Et vous avez raison. Il y a plus. Si ce n'était pas pour un tas d'Argentins parfaitement honnêtes, le pays aurait pratiquement disparu depuis de décennies. A mon avis cela est surtout vrai des femmes argentines; mais non, vous pouvez trouver plein de personnes attachantes aussi parmi les hommes. Accueillants, de bonnes manières, avec une bonne éducation, courageux, on peut trouver de vaillants jeunes argentins en toute activité et école, dans tous les coins du pays. Ils sont toutefois une minorité, et, d'après moi, l'ont toujours été, ce qui contribue en grande partie à expliquer le gâchis financier, économique, institutionnel et moral qui nous caractérise en tant que pays, et je pèse mes mots.

Prenez Perón. Comme vous pouvez le savoir, il a gouverné le pays à trois reprises créant un mouvement politique, appelé, en, plus "Péronisme", qui a tenu la place par intermittence une bonne partie des derniers soixante ans. Or le péronisme n'est pas seulement un mouvement très populaire, c'est une façon de faire de la politique, de gérer le pouvoir, de faire les affaires, de voir le monde, qui est très marquée surtout de ces horribles traits argentins dont j'ai parlé. Le péronisme reflète l'ethos des classes inférieures du pays et Perón lui-même était un bien vilain type, croyez-moi.

Venons-en à Bergoglio. Il est un péroniste typique: ses manières, langage, style, ou, son manque, son arrière-plan social et idéologique est péroniste jusqu'au bout. Provenant des classes populaires, il étudiait la chimie lorsqu'il décida de devenir jésuite et fut ordonné dans les années immédiatement après Vatican II. Considérez l'Eglise catholique argentine, et surtout les Jésuites dans ce Pays. Si, en règle générale, le pays était peu fiable, vous ne pouvez pas imaginer quel gâchis était l'Eglise Catholique avant Vatican II, et à plus forte raison après.

Ici il faut faire une brève parenthèse. J'ai consacré la plus grande partie de ma vie à promouvoir, traduire et faire connaître les travaux d'un jésuite argentin, le Père Leonardo Castellani (1899-1981), qui est comme une grande exception: un érudit très intelligent, un prêtre sérieux et fervent, qui se consacra à la dénonciation de la situation affreuse, de l'état calamiteux de l'Eglise Catholique argentine de son temps. Bref, en 1949 il fut expulsé de la Société de Jésus d'une façon scandaleuse - à cause justement de ses plaintes et de la dénonciation publique de l'état de choses de l'Eglise locale. Il était surtout critique des curricula des séminaires, des enseignants exécrables, des pires livres et du manque total de connaissances et cela dans les années 40.

Concernant Bergoglio, ses études n'équivalent à rien de substantiel. Les Jésuites d'ici n'ont pas de professeurs dignes de ce nom, les sujets étaient rabibochés de manière non scientifique, la philosophie n'était jamais enseignée correctement. Les chaires de théologie étaient presque toutes occupées par des jésuites mal formés qui étaient enclins à répéter le dernier des travaux de Teilhard ou de Rahner, sinon à divulguer les derniers préceptes de la Théologie de la Libération. La Nouvelle Théologie n'est jamais arrivée jusqu'ici, peu de monde lisait le français ou l'allemand, et Saint Thomas était presque parfaitement ignoré. Les études des Ecritures étaient rien moins qu'une comédie. Laissez-moi vous dire, je sais de quoi je parle, le principal Collège Jésuite est situé très près d'où j'écris, un oncle Jésuite à moi y a étudié, j'y ai été des douzaines de fois, et j'ai fait une partie de mes recherches sur le Père Castellani dans leur bibliothèque - l'appeler une bibliothèque, une des plus pauvres que j'aie vues dans ce pays, et ça veut dire beaucoup.

Bergoglio ? Comment se fait-il qu'il ait été élu Pape ? Tout ce que je peux vous dire est qu'il est l'exemple parfait d'un Jésuite argentin, péroniste, de la deuxième moitié du 20ème siècle. Il a gravi les échelons de la Société de Jésus à une vitesse étonnante: considérez qu'il a été ordonné en 1969 et juste quatre ans plus tard il commandait tous les Jésuites d'Argentine comme Supérieur Provincial. Après six ans il est devenu Recteur du Collège Colejio Maximo et cela se passait entre 1980 et 1986. C'est alors qu'il se brouilla avec presque tous les Jésuites du Pays car il jouait son rôle contre Arrupe et la Congrégation Générale dans les mains de Jean-Paul II. Il fut finalement réhabilité par le Vatican et, avec l'aide de l'évêque de Buenos Aires, Mgr Quarracino, il devint son auxiliaire en 199 et finalement, lui-même évêque de Buenos Aires en 1997. En 2001 il fut fait Cardinal et Primat de ce Pays.

Donc, oui, il a joué soigneusement sa partie et en bout de ligne, il l'a emportée. Ce serait sans importance si ce n'était pour le fait que son élection est très révélatrice de la condition actuelle de l'Eglise Catholique. Mauvaises nouvelles, n'est-ce pas ? Bon, je sais que vous pensez que j'ai exagéré, que les choses ne pouvaient pas être aussi mauvaises, qu'il doit y avoir quelque chose en cet homme, notre nouveau Pape. Je ne vous ai pas convaincus, donc. D'accord, c'est ma faute. Et tout de même, un Pape argentin ! Et péroniste en plus ! J'ai hâte de reconnaitre que tout est assez incroyable, mais d'ailleurs l'abdication de Benoît l'est aussi, et sa conduite successive. Ce sont des temps vraiment étranges, conclut Jack Tollers (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

Michel Garroté

Sources :

http://www.ouest-france.fr/vatican-evo-morales-craint-pour-la-vie-du-pape-3559913

http://www.atlantico.fr/pepites/grece-crucifix-marxiste-diplomatie-que-pape-dit-dans-avion-retour-amerique-latine-aleteia-2237033.html

http://www.bvoltaire.fr/philippebilger/pape-francois-eglise-liberee-de-theologie,192426

http://www.bvoltaire.fr/philipperodier/pape-de-politique,193178

http://ripostelaique.com/pape-francois-pardonnez-daimer-pays.html

http://www.katholisches.info/2015/04/16/spaemann-kritik-papst-franziskus-aufbruch-oder-ausrutscher-kult-der-spontaneitaet/

https://www.herder-korrespondenz.de/kultur/medien/neuer-fuehrungsstil-in-rom-neues-layout-in-der-herder-korrespondenz-frischer-wind

http://www.unamsanctamcatholicam.com/images/tollers-on-francis.pdf

   

4 commentaires

  1. Posté par petitjean le

    j’avoue que je n’arrive pas à « cerner » ce pape.
    A ceux qui lui font un procès d’intention, je dirais aussi que le pape n’a « aucune division » et qu’il n’a que sa parole. Je note aussi que l’oligarchie, les franc-maçons ont décidé de mettre à mort l’église catholique.(et cela remonte au moins au 19ème siècle)
    Je considère que l’église catholique a un très gros problème : à force d’aimer tout le monde elle va finir par embrasser ses assassins. Le message que j’entends dans les églises catholiques est toujours le même : repentance, culpabilisation, aimons la terre entière et même tout l’univers.
    Je rêve d’un temps ou les prêtres appelleraient à la résistance, au combat, à la défense de nos valeurs, à la lutte contre l’islamisme, à la lutte contre l’oligarchie. Pas étonnant que nos églises se vident.
    Avec des sermons aussi mièvres, il y a de quoi fuir. La gauche a complétement investi l’église catholique pour mieux la tuer . L’amour des autres…….. mais pas des nôtres……………………………

  2. Posté par BLUM Dominique le

    Le show du nouveau Pape, à Lampedusa, m’a indisposée.
    En pleine éradication des Chrétiens d’Orient par les mahométans, par les méthodes les plus atroces qui se puissent imaginer, François aurait dû s’inspirer de l’un de ses prédécesseurs: Pie XI qui diffusa « MIT BRENNENDER SORGE », dans les années 30.
    Ce voyage en Amérique du Sud montre un curieux sens des priorités.

  3. Posté par Michel Mottet le

    Il est tout de même très curieux que personne ne fasse la moindre allusion à ce que représentent la faucille et le marteau, c’est-à-dire une idéologie athée qui a fait dans le monde entier des centaines de millions de morts, de persécutés, de suppliciés, dont un nombre énorme de catholiques martyrs. Ce sont ces centaines de millions qui crient vengeance et qui condamnent non pas tant ce pauvre Morales que cet ignoble individu qui a accepté de recevoir cette dérision blasphématoire du Christ, dont il prétend être le vicaire. Il faut lire le livre de David Duke LE GRAND SECRET DU COMMUNISME – les origines ethniques de la révolution russe & du plus grand holocauste de l’histoire de l’humanité. Pour mettre un comble à son effroyable apostasie, Bergoglio a offert cette abomination à la Vierge protectrice de la Bolivie, cette Vierge qui dès 1917 annonçait à Fatima que le communisme répandrait ses erreurs dans le monde entier…

  4. Posté par Ourga le

    J’ ai longtemps été perplexe envers ce type . Un Pape Jésuite au nom Franciscain , ni chair , ni poisson , ni là , ni pas là , ni jésuite ni franciscain , ni berger ni loup , ni juge ni partie , mi clair mi obscur , mi tolérant , mi intolérant , mi approuvant mi désapprouvant , ni chaud ni froid , froid envers les chrétiens persécutés qu’il devrait défendre et chaud envers les musulmans qui les persécutent ; en fait il est insipide c’est un tiède un Chrislam cette nouvelle hérésie tout comme lui mi chrétienne mi islam , Jésus y est un prophète qui annonce mahomet et Marie mère de Jésus devient la p….n dans le sérail du seul vrai prophète à la fin des temps ,. Ce pape est un tiède que je vomi depuis que pour satisfaire ses potes musulmans il a déclaré lors du massacre de Charlie que tout en condamnant les meurtres ils comprenait les assassins car ils ont réagi comme si on avait frapper leur mères sur la joue , foutu pape qui condamne et reprend un chrétien s’il se fait agresser et frapper sur la joue par un de ses chéris mais défend le droit aux musulmans de défendre leur sensibilité si eux ou leurs mamans sont offensés . François 1er ? Pas infaillible et plein de failles .

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