On l’avait un peu oublié avec le Covid puis la guerre en Ukraine mais la procédure menée en France contre Tariq Ramadan soupçonné de viols suit son cours. Le parquet de Paris demande que l’intéressé soit jugé par une cour d’assises au vu des nombreux éléments à charge réunis contre lui. Voilà qui va faire jaser dans les mosquées. Au fil des investigations, Tariq Ramadan a commencé par contester toute faute avant de reconnaitre des relations extraconjugales faites de domination mais consenties.

Assez semble-t-il pour encourir le châtiment d’Allah et la lapidation des hommes mais le prophète sait être miséricordieux lorsqu’un serviteur zélé trahit ses préceptes. C’est donc selon toute vraisemblance devant une cour d’assise que notre prédicateur devra répondre des accusations portées à son encontre.

Cruel, le parquet signale que « l’information judiciaire n’a pas permis d’établir la réalité d’un complot tel que dénoncé par Tariq Ramadan mais plutôt une prise de conscience commune ayant permis à certaines d’avoir le courage de dénoncer les faits dont elles ont été victimes ». On relèvera que la phrase est à l’indicatif et non au subjonctif, ce qui démontre que le parquet n’a aucun doute quant à la réalité des faits. La justice nous le dira mais il y a déjà un fait établi.

Tariq Ramadan, le vertueux, l’exemplaire, le modèle, le guide s’est abandonné à la luxure. Certes, il dit être victime d’un coup monté afin de le discréditer au sein de sa communauté en général, de sa coterie des Frères musulmans en particulier. Il ne trompe que ceux qui le veulent bien. Les croyants sont crédules, c’est bien connu. Il y en a ainsi encore qui lui maintiennent leur confiance.

On pourrait s’étonner mais ils n’ont pas le choix. Les disciples de Frère Tariq le suivent depuis si longtemps, ils l’ont si souvent écouté et mis en pratique ses enseignements qu’ils ne peuvent admettre avoir été abusés. Leur système de valeur serait irrémédiablement détruit si celui qui les a guidés n’était qu’un imposteur violant femmes et coran tout en se réclamant du prophète. Il ne peut donc pas l’être. Lorsque le procès s’ouvrira, ses partisans seront nombreux pour insulter et menacer voire violenter les victimes, des femmes de courage qui ont osé dire non.

Il en est en revanche qu’on n’entendra pas. Les féministes, d’ordinaire toujours promptes à fustiger le patriarcat, se tairont. Les victimes sont pourtant des femmes mais l’auteur présumé est musulman. Verts et Socialistes regarderont donc ailleurs pendant que leur vieil ami répond de ses actes présumés. Et la presse veillera à faire oublier qu'elle l'a longtemps encensé.

Yvan Perrin, 13.07.2022