Soutien à la presse, démontons les arguments 2

Les partisans du projet prétendent qu’il apporterait un soutien accru aux petits médias régionaux et préserverait leur existence. C’est beau, c’est noble mais c’est faux. En fait, le soutien se partagera essentiellement entre quelques grands groupes de presse, faisant le bonheur de leurs actionnaires. Il faut en effet savoir que parmi les médias régionaux romands, on compte Arcinfo, Le Nouvelliste, le journal de Sierre, celui de la région de Cossonay, la Gazette de Martigny et La Côte, tous rassemblés au sein du groupe ESHmédias, propriété du multimillionnaire français Philippe Hersant. Ce n’est pas un hasard si ces journaux défendent ardemment le versement des 150 millions promis, comptant bien évidemment en ramasser une bonne tranche pour le compte du patron.

Avec cette aide à la presse, la Confédération facilitera la concentration des titres au sein de grandes entités travaillant en synergie et diffusant une information uniforme à l’ensemble de leur clientèle. L’argent fourni par Berne ajoutera à la puissance financière des grands groupes médiatiques qui augmenteront leur force de frappe et avaleront d’autant plus goulûment les derniers titres indépendants qu’ils pourront y mettre le prix. Avec son soutien, la Confédération ne maintiendra qu’une diversité de façade, le produit étant identique quelle que soit l’étiquette.

Conclusion idéologique. D’ordinaire, on sait la gauche hostile aux riches. Dans le cas présent, Verts et Socialistes les soutiennent. Ca pourrait étonner. Mais vu l’acharnement avec lequel l’essentiel des titres font le lit de la gauche, on comprend que les camarades soient indulgents envers les tenants du grand capital.

NON le 13 février prochain.

Yvan Perrin, 17.01.2022