La législature perdue

Yvan Perrin
Ancien Conseiller national

La législature perdue

Le Parti socialiste évoque volontiers une législature perdue lorsqu'il est question de proposer une alternative aux quatre ans que notre pays vient de traverser. Je suis pour une fois profondément d'accord avec les camarades, il s'agit bien d'une législature perdue, pour eux. Tout a été fait pour les exaspérer. La Confédération boucle plusieurs exercices comptables avec de réjouissants bénéfices qui nous permettent de diminuer notre dette, ce cadeau empoisonné que nous laisserons à nos successeurs. Intolérable ! Un exercice sans déficit n'est en rien le fruit d'une politique prudente et modeste en termes d'engagements financiers mais la preuve évidente que le social, l'asile, l'aide au développement, l'Union européenne, la culture n'ont pas été suffisamment soutenus. Pour la gauche, une politique saine, c'est une politique qui creuse la dette, les suivants n'ayant qu'à se débrouiller pour reboucher le trou. Dans ces conditions, on n'est évidemment pas surpris de voir que la Rose milite pour une fiscalité confiscatoire concernant les héritages, elle n'a pas l'habitude d'en laisser.

Autre sujet de violente irritation à gauche, la très surprenante étincelle de courage manifestée par le Conseil fédéral au niveau de l'accord-cadre. L'illustre aréopage a dit non à Bruxelles ! Bien joué, on ne s'y attendait pas. L'accord-cadre n'a pas été la promenade de santé dont la Commission européenne est coutumière dès lors qu'il est question d'imposer ses lubies à notre pays. D'ordinaire, laquais et commensaux sont aux petits soins pour satisfaire Bruxelles. Et là, brusquement, non. Qu'est-ce à dire ? Gardons-nous d'un excès d'optimisme, ce n'est pas l'accord-cadre en lui-même qui a déclenché le refus du Conseil fédéral mais la certitude que le texte sera trop indigeste pour notre population et donc refusé en votation populaire. L'idée que le peuple indispose une nouvelle fois Bruxelles terrifie sous la Coupole, il faut donc procrastiner, gagner du temps au moins jusqu'aux élections fédérales. Le Parti socialiste reste un grand partisan de l'adhésion à l'Union européenne  mais ce brusque arrêt sur la route de Bruxelles ne le dérange finalement pas tant que ça. Il y a en effet un problème. Les syndicats ont bien compris que l'accord-cadre, c'est le dumping salarial sans contrôle, l'opportunité pour les travailleurs détachés d'aller et venir sans restriction, les chantiers publics ouverts à une concurrence déloyale genre hangar des bus à Genève. Ils sont donc vent debout contre le texte. C'est inconfortable. Nombre de parlementaires fédéraux socialistes sont issus des rangs syndicaux et doivent tout de même un peu prêter attention à leur base, surtout à deux mois des élections fédérales. Finalement, la décision du Gouvernement permet de faire du foin tout en évitant de débattre sur le fond.

Reste encore la politique climatique. Là-encore, le Parti socialiste n'a pas été en mesure de faire passer ses vues liberticides et confiscatoires. Il est vrai que la concurrence est rude. Ils sont nombreux sur le démagogique marché de l'écologisme. C'est à celui qui propose la plus grosse taxe, l'interdiction la plus improbable. A l'heure où les feuilles vont commencer à tomber, le mode politique verdit d'autant plus vigoureusement que souvent, les nouvelles convictions n'ont pas eu le temps de mûrir. Dans cet acharnement chlorophylle, on retrouve bien évidemment la cible favorite de la gauche, les agriculteurs. Ils sont responsables de tous les maux. Ils ont des vaches qui produisent du CO2, ils ont des vaches qu'ils maltraitent sur l'autel du rendement, ils ont des vaches et d'autres animaux dont ils tirent de la viande, ils ont des champs qu'ils surexploitent, ils ont des champs noyés sous les pesticides, bref, ils ont tout faux.

Avouez que cela fait beaucoup d'échecs pour le Parti socialiste mais autant de succès pour la Suisse.

Yvan Perrin, 22.8.2019

7 commentaires

  1. Posté par Jeferson le

    @Stéphane: dans votre aveuglement à vouloir le beurre et l’argent du beurre, vous oubliez un détail. Tous les partis sauf l’UDC sont prêts à faire allégeance à Bruxelles. CE et CN n’attendent que leurs réélections aux fédérales de cet automne pour tomber le masque.
    Alors, même si je vous accorde que l’UDC manque de stratèges et de penseurs, ne serait-ce que pour conserver ce qui reste de démocratie et de liberté dans ce coin de pays, je voterai UDC.
    Ne vous déplaise. Parce que ne pas voter UDC, et même ne pas voter du tout, c’est faire le jeu des pro-européens.
    Comme on dit à gauche: choisis ton camp, camarade!

  2. Posté par stéphane le

    @benz
    Exactement ce que je pense depuis longtemps! l’UDC me dégoutte autant que le PS. L’UDC est la branche ‘nationaliste’ du PLR, même programme pour démanteler l’état social et favoriser uniquement les ‘entrepreneurs’. Et rien à foutre du petit peuple suisse!

  3. Posté par benz le

    L’UDC ET LES SOCIALISTES:
    deux extrêmes qui s’opposent et qui au final n’ont rien de constructif l’un veut distribuer l’argent des suisses aux 4 vents et l’autre veut carrément la disparition de l’état sociale les deux partis nous cassent les burnes avec les mêmes thématiques depuis 20 ans au moins quand a monsieur Perrin je ne vous ai pas oublié quand vous avez dit que les suisses qui sont a L’AI sont tous des fainéants a l’époque de sa 5ème révision et maintenant abordons la question du 9 Février 2014 comment cela se fait il que L’UDC le PLUS grand parti de suisse n’ait pas appelé a bloquer le pays quand le conseil fédéral s’est couché devant bruxelles ??? peut être parce que Monsieur Perrin ne souhaite pas reconnaître que son parti L’U.D.C a en son sein une frange totalement globaliste qui ne se soucie gère des intérêts du petit peuple suisse mais pour comprendre les tenants de la politique spectacle que nous sert sans vergogne notre classe politique ( lire la société du spéctacle de guy debord ) pourtant je ne suis pas de gauche loin de la mais monsieur perrin reconnaitra ou non que la classe politique suisse nous roule dans la farine depuis au moins 50 ans sur différents sujet. Bon maintenant que doit on penser d’un homme qui dans un état de santé déficiant est en train de ruiner sa propre section U.D.C a neuchatel donc monsieur perryin avant de vous muer en donneur de leçons commencez déjà par faire le bilan de votre propre parti et je précise bien je suis de droite radicale donc je n’ai pour les partis traditionnelles mais me faire traiter de facho par des clowns qui nous servent cette soupe insipide de politique fédéral dont bientôt 60% de suisses se foutent éperdument a raison de vous calmer sur la bouteille essayer d’y trouver dans le fond un peu d’humilité

    signé un partisan de la droite radicale désabusé et en colère et je cite

    JOSE ANTONIO PRIMO DE RIVERA

    la suppression des partis politiques est fondamentale nous n’appartenons a aucun parti mais a une famille nationale et nous battrons pour le retour des corporations.

  4. Posté par Antoine le

    Merci pour votre billet M. Perrin, vous avez une plume qui reflète bien vos idées !
    Je suis d’accord avec vous !
    Le PS est un parti politique irresponsable !
    Notre agriculture se meurt sous la concurrence étrangère et de nombres agriculteurs se suicident, le PS trouve encore à les accuser de tous les maux de la Terre …

  5. Posté par Jacques Beckie le

    Et dans le même temps on entend dire que l’UDC est un parti de perdants…

  6. Posté par Jean Dellamore le

    Merci pour cette vue positive 🙂

  7. Posté par Alessandro V. le

    Excellent article !
    Quant aux socialistes qui « voient », à l’instar de Greta, des vaches produirent du CO2, il faudra leur expliquer que c’est du CH4 (méthane).

Et vous, qu'en pensez vous ?

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