Jean-Jacques Rapin, un grand Vaudois

 

C’est un grand Vaudois que perd notre pays, en la personne de Jean-Jacques Rapin, décédé à la suite d’une maladie foudroyante le 22 juillet dernier.

 

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D’autres diront tout ce que nous lui devons sur le plan de la musique, et sur celui de la réflexion sur la défense militaire, puisque c’étaient là ses deux passions*. Je voudrais simplement évoquer l’homme que j’ai eu le privilège de rencontrer et d’entendre souvent ces dernières années.
Jean-Jacques Rapin était un homme d’autorité, certains diront: autoritaire. Il est vrai que cet homme grand, très droit encore malgré ses 83 ans, en imposait fortement. Dans un visage de personnage d’opéra, son regard exerçait une forte impression. Et il allait toujours droit au but, le verbe direct, sans fioritures. Je me souviens de séances réunissant divers notables, au cours desquels, après deux phrases, on avait compris qui était le patron. Et lorsqu’il brandissait un index impérieux en direction d’une personne en lui disant: «L’homme de la situation, c’est vous !», celui-ci n’avait guère la latitude de biaiser ou de chipoter.
Mais cette forte autorité se manifestait sans aucune arrogance, c’était sa force, et c’est ce qui fait que chacun l’acceptait de bonne grâce. D’ailleurs, il était ouvert à la discussion, et pouvait se rallier sans réserves aux arguments de son interlocuteur, s’ils étaient solides. L’essentiel était d’assumer ses positions: Jean-Jacques Rapin détestait les mous, les indécis et… les imbéciles !
Lui, était un homme de passions, mais de passions maîtrisées et fécondes. Elles l’ont conduit à écrire d’excellents livres, aussi bien sur la musique que sur l’art des fortifications. Chez lui d’ailleurs, il ne manquait jamais de présenter à ses hôtes son cher buste de Vauban, une figure historique à laquelle il vouait une immense admiration. Ces derniers jours, il paraissait très fâché d’être gravement malade, alors qu’il devait mettre la dernière main à plusieurs projets, notamment la réédition de A la découverte de la musique – comme s’il était incongru à ses yeux d’être malade, et pire encore, de mourir.
Une de ses grandes œuvres est pourtant peu connue du grand public: c’est la mise en relation de personnes dont la rencontre serait, il en était convaincu, fructueuse. C’était devenu chez lui un art, une marque de fabrique. Ainsi, c’est à lui que nous devons de nombreux ouvrages historiques parus ces dernières années, notamment autour de la figure tutélaire du Général Guisan. Fouettant les historiens, exhortant les mécènes, il s’est avéré un discret mais puissant créateur de savoir et de culture, démontrant ainsi ce qu’il affirmait dans ce qu’on pourrait décrire comme ses mémoires: L’Esprit des rencontres (InFolio 2013) : «Dans ce libre choix que nous laisse l’existence, nous pouvons nous approcher de ceux qui inspireront l’essence de notre action.»
Jean-Jacques Rapin aimait bien Commentaires.com. Régulièrement il me téléphonait, pour me dire son approbation pour un article, et m’assurer qu’il le diffuserait auprès de ses proches. Parfois aussi, il me faisait des propositions de sujets à traiter: «Je ne suis pas ton mentor, mais… ». Toujours, il me transmettait des messages de courage et de force, et s’est avéré le plus indéfectible soutien de cette modeste publication. Ces téléphones me manqueront beaucoup, forcément, car j’ai perdu un ami.

 

Auteur et source : Commentaires.com, Philippe Barraud, 27 juillet 2015

 

* Lire à ce sujet l’excellent article de Frank Bridel publié le 22 septembre 2013 sur Commentaires.com

 

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