Champs-Elysées, 14 Juillet. L’armée française qui défile. Temps superbe. Foule heureuse. Comme chaque année, on en a pour ses yeux. Mais cette retransmission télévisée, sur les grandes chaînes françaises, ne se contente pas de ravir le regard. Le spectacle est total : d’abord, par la qualité du défilé lui-même, dûment rôdé plusieurs semaines à l’avance, impeccablement chorégraphié ; plus encore, par le travail télévisuel lui-même, avec à l’œuvre de grands professionnels des prises de vue.
Aux côtés des commentateurs, des spécialistes se succèdent. A tout moment, on va dans la foule, prendre la température. Le tout, parsemé de reportages sur les différents corps de troupes en action : on les découvre sur le terrain, là où ils œuvrent, servent la France : l’armée, hors de la parade, nous est montrée dans son utilité existentielle. Spectacle total, oui, parce que tout s’enchaîne, admirablement.
Imaginez, une seule seconde, qu’en Suisse, le Conseil fédéral se mette en tête d’organiser un défilé comprenant l’ensemble des éléments de l’armée, et qu’il soit question d’une retransmission de cet événement sur nos chaînes dites « de service public » ! Vous voyez le tollé ? Les hurlements des antimilitaristes. Tout serait mis en œuvre pour faire pression, et finalement empêcher l’émission d’exister. Elle est pourtant bien brave et bien paisible, notre armée suisse, en comparaison des forces françaises, constamment déployées sur les théâtres d’opérations de la planète.
On nous dira aussi que la superbe retransmission assurée par les chaînes françaises vaut toutes les propagandes pour l’armée : il y a du soleil, de la couleur, du mouvement, une jeunesse magnifique et engagée, des corps de troupes chargés d’Histoire, avec les faits d’armes de la République (depuis 1792) brodés sur leurs fanions, ceux de l’Ancien Régime, ceux de l’Empire, ceux de la Somme et de Verdun, de Valmy et de Jemmapes, de Friedland, Wagram, Austerlitz, Ulm, Iéna, Rivoli, Lodi, Marengo, et tous les autres.
Et c’est là, pour ma part, que je commence à adorer. Le génie du défilé, et aussi celui de l’émission, est de ne surtout pas présenter l’armée française en bloc, mais au contraire régiment par régiment, chacun ayant son commandant, son Histoire, ses morts, ses traditions, sa mémoire, sa contribution dans l’incomparable geste de l’Histoire militaire française, celle de Philippe Auguste, de François 1er, de Vauban, de Louvois, de Maurice de Saxe, des Guerres de la Révolution, des Soldats de l’An II, de tous ces champs de bataille du Consulat et de l’Empire, des conquêtes coloniales, puis des terribles conflits lorsque ces colonies allaient être perdues.
L’Histoire, aussi, de deux Guerres Mondiales. La Première, épouvantable (mille morts par jour, en moyenne, pendant quatre ans). La Seconde, peut-être pire encore, parce qu’elle commence, en mai-juin 1940, après six semaines seulement de combats, par la plus grande défaite morale de l’Histoire de France. Peut-être, d’ailleurs, ne s’en est-elle pas relevée. La guerre, en France, la vraie, a duré du 10 mai au 22 juin 1940, elle s’est terminée par un armistice : la France a perdu. Le reste, c’est une autre Histoire.
Alors, je dis que j’aime, en regardant le défilé, parce que chaque régiment nous est (très intelligemment, de façon documentée, précise, avec les bons interlocuteurs), présenté dans sa perspective diachronique : d’où il vient, par qui il fut fondé, sur quels champ de bataille il a versé son sang, en quels lieux de mémoire on peut honorer ses morts. Ce travail de mise en perspective, de la part de journalistes, avec le concours de spécialistes, ne se contente pas de laisser défiler sous nos yeux un spectacle : il lui donne du sens, une raison d’être, un appel à l’Histoire, une invitation à la mémoire.
En cela, le défilé du 14 Juillet, chaque année mieux présenté, mieux mis en scène, mieux expliqué, s’avère un événement télévisuel de premier plan. Certes, au service des armées. Mais avant tout, dans le grand brassage de la mémoire française, en reconnaissance pour le sang versé, et en communion avec les morts.
Pascal Décaillet, Sur le Vif, 14 juillet 2015
La guerre et son industrie semble être les seuls industries pleine d’avenir en France, pays des droits de l’homme. Le délire continue
“Certes au service des armées”.
Ce qui m’a frappée, à part l’allure fière des militaires français, la belle organisation du défilé, l’utile rappel de notre histoire, c’est,à la toute fin, les quelques minutes que le Chef de l’Etat consacre aux parachutistes, où l’on entend chacun, droit, se présenter au Président, faisant suivre leur nom de : ” MES DEVOIRS, MONSIEUR LE PRESIDENT”
Cela détonait tellement par rapport à ce que nous entendons hurler, tous les jours, Place de la République, par des clandestins:” MES DROITS”!
Marie-France Oberson, vous avez raison, c’est pas du sauciflar, des baguettes, du gros rouge et du camembert que le président Français veut leurs refiler. C’est si évident!
Enfin hier c’est les jeunes et les chômeurs qui ont du être contents….
Absolument de votre avis Monsieur Davel !
Hier, Hollande s’est pris pour de Gaulle.. alors qu’il est, comme tous les socialos, anti-militariste et que la nation, la Marseillaise.. il s’assoit dessus.
Hollande cherche des voix du côté des patriotes..Un 2ème mandat vaut bien une Marseillaise ou une Croix de Lorraine
Quant à l’industrie française de l’armement… la France est le 1er fournisseur européen d’armes à la Grèce : suit l’Allemagne.. puis les USA..
L’UE , dont ces fournisseurs d’armes, exigent de la Grèce qu’elle revoit son budget à la baisse , mais pas celui de l’armée… soi disant à cause du voisin turc !!
On vous prête de l’argent ..à condition que vous vous en serviez pour nous acheter du matériel militaire… ce qui arrange quelque peu notre balance commerciale… et nos emplois !
Les plus grands donneurs de leçons à la Grèce concernant son budget sont les plus grands exportateurs d’armes vers ce pays , ce sont eux qui l’ont donc poussé à s’endetter !
Mais quelle bande d’hypocrites ! de tordus !
Ben moi qui croyait que le gouvernement français, Hollande en tête, considérait le patriotisme,- ici dans ce déploiement de force, proche du nationalisme !- était une notion dépassée , ringarde, dangereuse !,
Monsieur Décaillet, je m’ inquiète que cette parade hollywoodienne de la machine de guerre française vous impressionne à ce point. Que dire des parades soviétiques, de Corée du nord et j’en passe. L’une des rares industries française qui marche semble t’il est l’armement! Depuis des siécles que la France est en guerre il serait temps qu’elle s’occupe de son peuple et de ses jeunes. Imaginez que Maurer décide de créer une légion étrangère, imaginez que les étudiants de l’EPFL, des sciences sociales , de l’ IDEAP défilent au pas de l’oie dans les rue de Genève! Derrière toute cette quincaillerie et ce blinbling de médailles se cache des noms comme Total, AREVA, THALES, AIRBUS,……
Ne serait il pas temps que nos politiciens dissent à nos voisins que leurs bombelettes atomiques nous dérangent. Je m’étonne aussi que l’UE, les socialistes acceptent cette situation.