L’échec du multiculturalisme

Thomas Mazzone
Enseignant, écrivain

Le multi-culturalisme est une idéologie un peu vieillie aujourd’hui. On nous disait, dans ses premiers temps, que chacun pourrait alors prendre le meilleur de chaque culture et développer ainsi sa propre culture, pour le mieux de tout le monde, dans un espace de paix et de prospérité philosophique. Au fil du temps, c’est devenu un facilitateur pour immigrer, rentrer au pays, voyager ou, dans de rares cas, émigrer, mais à quel prix et dans quel but?

 

L’affaire de l’église du Lignon nous présente des jeunes s’extasiant au nom de “Sheitan”, Satan en langue arabe. Selon certains dires, les adolescents en question ne seraient même pas musulmans. Leur culture, ils l’ont héritée du rap des banlieues françaises, fortement islamisées. Le Lignon semble être un quartier tranquille en comparaison à la cité des Avanchets à Genève. Si des vidéos nous suggèrent trafic de drogues et criminalité, il n’est pas possible de dire si c’est davantage qu’aux Pâquis ou que dans d’autres lieux ciblés. Le problème de la drogue est, lui, une question de volonté politique et, selon des rumeurs de plus en plus courantes, de consommateurs bien en vue.

 

Au Lignon, on a surtout des immigrés espagnols, italiens ou portugais. Au Lignon, nous avons des jeunes de milieux modestes aux origines et aux cultures variées, dont beaucoup risquent bientôt de subir un chômage futur lié à l’augmentation de l’immigration. Au Lignon, ce qui a forgé le quartier, c’est son multi-culturalisme. Il n’y a pas eu de miraculeux ascenseur social et, à défaut de puiser dans toutes les cultures, les jeunes se sont fait imposer la sous-culture des banlieues. De leur pays d’origine, ils connaissent bien souvent les plats cuisinés, quelques célébrations, quelques lieux de vie, un peu la langue et la vie médiatique. De la Suisse, bien souvent, ils ne connaissent ni n’aiment rien. Les travailleurs sociaux, l’école publique et les médias en sont en grande partie responsables.

 

Bien plus que d’avoir pu se forger une culture, on crée une génération de jeunes dé-culturés, jusque dans les universités, où les savoirs millénaires de la Suisse et de l’Europe sont acquis de façon de plus en plus biaisée, ciblée et sans la profondeur historique qui les entoure. La déstructuration dialectique de ces jeunes illustre surtout cela et ce n’est pas le petit jardinier du Lignon, qui s’exprime plutôt bien, qui l’infirmera. Bien moins qu’un point de vue intéressant, il ne fait que ressortir le discours médiatique dominant sur la tolérance et le respect des cultures, sur “l’image à donner”. Et pourquoi faudrait-il s’efforcer de donner une “bonne image” si la réalité est autre?

 

Le Lignon, c’est l’échec d’une politique migratoire assimilationniste à grande échelle et un bien mauvais présage pour demain, où le choc culturel sera bien plus important. On comptait sur ce quartier, qu’on ébruite agréable et plaisant, pour nous dire comment Genève et la Suisse de demain pourraient être organisées, denses et variées. L’incendie sonna comme un autodafé de livres gauchistes et forcera les coupables de ce travail de sape, réduisant parfois à bien moins d’une moitié le nombre de Suisses d’origine dans les classes en bas âge, à, un jour, rendre des comptes.

 

Thomas Mazzone, le 5 novembre 2014

Photo: nouvelles.ch

7 commentaires

  1. Posté par G. Guichard le

    On devrait même s’interroger sur le concept d’assimilation; il s’oppose à intégrisme. Mais, assimiler c’est l’autre face de l’immigration activiste. Si on se souvient bien, jusque vers 1980, l’immigration était un système à double avantage qui ne supposait pas l’installation à demeure de populations (l’immigré venait gagner de l’argent et du savoir-faire, le pays d’accueil de la main-d’oeuvre). C’est le changement de sens de l’immigration -passage à une immigration d’activisme- qui oppose assimilation et intégrisme. Est-ce que les Cubains de Floride opposants de Castro devaient s’assimiler ou verser dans un intégrisme cubain?

  2. Posté par tmazzone le

    Cher basile,
    Je dis justement que les faits prouvent que l’assimilation (de masse) n’est pas humainement possible, et que, donc, on a changé cela en « multi-culturalisme », parce qu’on y a été forcé. Pour cela, le détour est simple: l’immigration est un apport global qu’on intègre ensuite en tant que tout avant de nous y assimiler. Il y a justement une ambiguité qui imprègne les deux termes l’un de l’autre. Seulement, même le multi-culturalisme n’est pas un système fonctionnel en soi – l’objet de l’article – . On peut même aller plus loin en disant qu’intégration, multi-culturalisme et assimilation deviennent tous la même chose dans le discours, puisqu’avec la prétention que l’immigration amène un apport culturel, on dit aussi que les gens sont bien intégrés/assimilés: intégrés au projet politique suisse en tant que communauté, mais assimilés parce qu’on les naturalisés. Dans leur conception, ces notions sont pertinemment différentes, mais dans la réalité, elles fusionnent dès lors que l’on fait dans le marché de gros: elles ne servent que de synonymes dans le discours politique afin masquer un échec. C’est là que mon discours prend tout son sens. J’aurais, cependant, dû le préciser. Merci pour votre remarque.

  3. Posté par Nicolas Genare le

    L’assimilation est l’insertion d’une culture dans une autre, donc il ne peut y avoir d’assimilation s’il n’y a pas de multiculturalisme (autrement il n’y a rien à assimiler). Il n’y a donc pas de confusion puisqu’on ne peut évoquer l’un sans l’autre, preuve en est votre commentaire. D’autre part l’ignorance, la perte des valeurs communes dans une société, l’asociabilité, le mépris de l’autorité et la dislocation du peuple en plusieurs communautés est un terreau fertile pour de futurs conflits, y compris pour le racisme. Les émeutes en France en 2005 suite aux décès de Zied et Bouna, deux jeunes d’origines extra-européennes, ainsi que celles aux USA après le meurtre d’un jeune noirs en sont de tristes illustrations. On peut donc assimiler quelques individus mais lorsqu’il s’agit d’un nombre suffisant d’invidus pour parler d’une communauté il devient périlleux de mélanger des cultures antagonistes. Dans certains cas, donc pas tous, cela devient alors un problème insurmontable. Si l’une des cultures inclut par exemple des valeurs méprisées par l’autre cela débouche par une cohabitation forcée et un mal-être global pour les deux cultures.

  4. Posté par Clément le

    L’article analyse bien les principaux aspects du problème. Bien vu !

  5. Posté par Petros le

    Ca n’est pas un échec, c’est une réussite puisque le but était de justement de créer cette situation. Les mondialistes ont bien travaillé selon le fameux « Ordo Ab Chao ». Créer des consommateurs/esclaves est l’objectif principal et donc naturellement détruire le christianisme et toutes ses raciness/valeurs est obligatoire.

  6. Posté par colibri le

    La Création de cette Union Européenne jamais aussi disloquée qu’aujourd’hui aura été le facteur déclenchant de nombreux problème liés à la sécurité et l’individualité de nombreux citoyens.C’est d^ailleurs cette idée qui aura permis à de nombreuses sectes d’agir en toute impunité dans de nombreux domaines même en certains partis politiques ou personne ne s’en est rendu compte,il suffit de voir les dégâts causés sur l’environnement par celle des écologistes
    Plus vous demanderez de fusionner aux humains^plus ils se désolidariseront du groupe car ils ont compris que leur sécurité mentale était mise en danger ¨
    On en a la preuve car depuis la création de l’UE jamais autant de couples n’avaient divorcé ce qui prouve bien que le multiculturisme n’est qu’un leurre encore un fois d’origine sectaire ou de ploliticiens bien trop jjeunes et qui croient encore a certains écrits bibliques pour lesquels le créateur n’a jamais imposé à qui que se soit de vivre en parfaite harmonie avec la nature ce qui serait un leurre car cette dernière elle-même prouve sa parfaite individualité grâce aux saisons qui reviennent régulièrement mais qui depuis longtemps peuvent surprendre par leurs décalages

  7. Posté par basile le

    L’auteur confond le multiculturalisme et l’assimilation, sans voir que ces deux visions s’opposent justement. Dès lors, son discours ne fait plus sens.

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