Et si le soldat Flanby bombardait la Suisse…

Et même s’ils ne veulent faire la guerre à personne, les Suisses ont voté très majoritairement, le 22 septembre dernier, pour le maintien de leur système d’armée de milice, fondé sur la conscription militaire obligatoire. L’armée suisse, constituée de citoyens-soldats, est considérée comme l’un des piliers fondateurs de la nation. Alors, on peut se moquer – comme l’ont fait les media français – de l’exercice militaire de nos voisins helvétiques… Mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont de « la Suisse dans les idées ». Le soldat Flanby ferait bien de s’en inspirer, à moins qu’il ne veuille bombarder ce qui ressemble fort au dernier village gaulois d’Astérix qui aurait trouvé refuge au bord du Léman…

Après l’Allemagne, c’est en Autriche que les eurosceptiques viennent de jouer les trouble-fête, bousculant la coalition sortante socialo-centriste qui enregistre son plus mauvais score depuis 1945. Le FPÖ (Freiheitliche Partei Österreichs) – Parti libéral autrichien –, qui a mené une campagne axée sur le rejet du centralisme de Bruxelles, gagne près de quatre points avec 21,4 % (contre 17,5 % en 2008). À l’image des« Alternatifs » allemands, le FPÖ obligera sans doute les conservateurs et les socio-démocrates à reconduire une grande coalition pour le moins brinquebalante. Les « libéraux » autrichiens sont, en effet, les grands gagnants de ce scrutin, même s’ils ne rééditent pas leur score de 1999. Avec 27 % des voix et leur charismatique leader Jörg Haider, ils entraient alors au gouvernement, créant ainsi une belle effervescence en Europe. Les 14 membres de l’Union européenne de l’époque allèrent même jusqu’à mettre l’Autriche sous « surveillance » afin de « vérifier que le pays respecte toujours les droits démocratiques les plus élémentaires ». Le ridicule ne tuant pas – contrairement à l’accident de voiture qui emporta Jörg Haider –, la même Union européenne a constaté officiellement dès l’été 2000 que l’Autriche était restée une démocratie…

Ouf, l’Europe l’a échappé belle. Comme vient de le faire la France contre laquelle l’autre « mouton noir » du continent européen, la Suisse, a… déclaré la guerre, lors de ses dernières manœuvres militaires du mois d’août. Les stratèges suisses avaient en effet imaginé, pour cet exercice annuel, qu’une région sécessionniste du Jura français – baptisée Saônia – terrassée par la crise financière, menaçait d’envahir leur pays. Ces dangereux terroristes du Jura voulaient « venir rechercher l’argent que la Suisse leur avait volé » afin d’éponger la dette saônienne. On ne sait pas si le soldat Cahuzac a inspiré ce scénario, mais ce kriegspiel helvétique démontre à l’évidence les réticences suisses à l’idée de partager un jour le triste sort européen de leurs voisins français.

Forte de sa victoire en 1992, lors du référendum initié contre l’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen, l’Union démocratique du centre – le parti souverainiste suisse – a marqué durablement le paysage politique suisse. « On nous [les Suisses] demande de descendre d’une voiture confortable pour monter dans une charrette », avait alors pronostiqué l’un de ses leaders, rappelant que, depuis Guillaume Tell, les Suisses avaient fait le choix de la liberté individuelle. Toute intégration à des institutions supranationales signifierait immanquablement une régression qui obligerait la Suisse à se soumettre à des modèles politiques et économiques que l’UDC juge inférieurs à ceux développés par son propre pays. Dans un monde de plus en plus uniformisé, la Suisse demeure sans doute le seul État à avoir sa propre politique. Une adhésion aux institutions européennes, estime encore l’UDC, ne pourrait se traduire que par « un nivellement par le bas de nos points forts ».

Et même s’ils ne veulent faire la guerre à personne, les Suisses ont voté très majoritairement, le 22 septembre dernier, pour le maintien de leur système d’armée de milice, fondé sur la conscription militaire obligatoire. L’armée suisse, constituée de citoyens-soldats, est considérée comme l’un des piliers fondateurs de la nation. Alors, on peut se moquer – comme l’ont fait les media français – de l’exercice militaire de nos voisins helvétiques… Mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont de « la Suisse dans les idées ». Le soldat Flanby ferait bien de s’en inspirer, à moins qu’il ne veuille bombarder ce qui ressemble fort au dernier village gaulois d’Astérix qui aurait trouvé refuge au bord du Léman…

Source : bdvoltaire, 30septembre 2013, José Medinger, Ancien grand reporter à France 3 Alsace, il passe son temps entre l’Alsace et la Grèce.

Un commentaire

  1. Posté par Géo le

    « On ne sait pas si le soldat Cahuzac a inspiré ce scénario » Ce ne serait pas plutôt Méchant Con déclarant à la télévision suisse : « On va vous faire les poches » ?

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.