Criminalité en Suisse – La vérité en face, de Marie-Hélène Miauton

Francis Richard
Resp. Ressources humaines

Dans son dernier livre – dédié aux trois femmes victimes récentes de récidivistes, Lucie, Marie et Adeline –, Marie-Hélène Miauton montre, preuves à l’appui, que l’insécurité en Suisse est bien réelle et qu’elle n’est pas le fruit de fantasmes.

 

Pour sa démonstration, elle s’est en effet servie de sources sérieuses :

  • les «Statistiques policières de la criminalité» et les «Statistiques pénitentiaires», publiées par l’Office fédéral de la statistique;
  • les «Sondages nationaux de victimisation», publiés par l’Institut de criminologie de Lausanne et Zurich (qui tiennent compte de toutes les infractions commises et non pas seulement des infractions dénoncées, dont le nombre diminue en raison de l’inanité de dénoncer);
  • de sondages d’opinion sur l’évolution du sentiment d’insécurité de la population, notamment les «Rapports sur l’insécurité» publiés par l’Académie militaire de l’EPFZ.

 

Il ressort de ces sources :

  • qu’à une baisse des cambriolages de 1982 à 2011 a succédé une remontée considérable en 2012, en dépit du fait qu’ils sont pourtant de moins en moins dénoncés;
  • que les brigandages, les menaces, les homicides, aboutis ou tentés, les lésions corporelles, graves ou simples, plus volontiers dénoncés, ont augmenté de manière affolante sur la même période.

 

C’est cette accumulation d’actes, commis ou tentés, qui alimentent l’exaspération de la population et qui nourrissent son sentiment d’insécurité, qui n’est pas infondé du tout.

Pour faire face à cette situation déplaisante – dont il faudrait, idéalement, ne pas parler –, les effectifs de police cantonaux et communaux - sont peu importants en comparaison de ceux de l’Allemagne, de la France ou de l’Italie. De plus ces effectifs restent affectés à la circulation – ça rapporte davantage! – de préférence à la criminalité:

«La stabilisation des délits et des accidents n’amène nullement à un transfert des charges sur la criminalité qui, elle, ne cesse d’augmenter.»

Pour ne rien arranger, les médias s’accordent à donner une image détestable des policiers et édulcorée des criminels et délinquants – d’un côté les flics, de l’autre les jeunes…–, et les juges semblent «depuis quelques temps, donner plus souvent tort aux forces de l’ordre qu’aux malfaiteurs», encore que la plupart des plaintes n’aboutissent pas, parce qu’elles s’avèrent injustifiées…

L’organisation judiciaire helvétique est complexe. Le jargon juridique n’est pas à la portée du pékin moyen. Dans ce contexte, deux réformes, celle du Code pénal en 2007 et celle du Code de procédure civile et pénale fédéral en 2011, ont été inspirées par une doctrine délétère, selon laquelle la protection du prévenu doit l’emporter sur la protection de la société et sur la réparation aux victimes:

  • les courtes peines de prison ont été remplacées par des peines pécuniaires (adaptées «à la capacité financière du prévenu, ce qui équivaut parfois à une valeur insignifiante»);
  • plus de garanties ont été accordées aux prévenus et un tribunal des mesures de contrainte a été instauré pouvant contester tous les actes du ministère public (d’où une charge chronophage et paperassière accrue).

 

A quelle philosophie répondent ces réformes?

«Dans la philosophie des acteurs de la justice, la victime ne vaut pas plus que l’accusé. Peut-être moins dès lors qu’il n’est pas tenu compte de sa situation, de ses angoisses, de ses antécédents ni de ses fragilités au moment de prendre des décisions. Au contraire de ce que l’on fait avec les accusés.»

Résultat concret de cette philosophie:

«Une personne arrêtée en France a demandé son extradition en Suisse où les peines sont plus clémentes.» (Jean-Marc Widmer, Président de la Fédération suisse des fonctionnaires de police)

Marie-Hélène Miauton ne manie pas la langue de bois à propos de la criminalité étrangère et de Schengen.

Qui sont les criminels en Suisse? Il ne faut pas le dire, mais une grande proportion d’entre eux sont des étrangers. Il ne sert pourtant à rien de faire l’autruche et c’est d’ailleurs injustifiable, moralement parlant:

«Le problème actuel n’est pas que nous accueillons trop d’étrangers chez nous mais que nous en accueillons trop qui sont malintentionnés et qui se cachent derrière nos lois sur l’asile pour venir perpétrer ici leurs forfaits.»

Et les médias se discréditent en travestissant les faits:

«En donnant l’impression de couvrir des criminels, sous prétexte de ne pas stigmatiser des étrangers, les médias ne se rendent ni sympathiques ni professionnels.»

A propos de l’espace Schengen, Marie-Hélène met dans la balance ses avantages et ses inconvénients, mais se demande, en définitive, si ces derniers ne l’emportent pas sur les premiers puisque cet espace «ne fonctionne correctement qu’en période de beau temps»…

Elle cite d’ailleurs le «Rapport sur la criminalité» de 2012 d’Eurostat :

«La suppression des contrôles aux frontières intérieures de l’UE a considérablement facilité la libre circulation des citoyens européens, mais elle a pu permettre également aux criminels d’opérer plus facilement…»

Et elle se félicite que les gardes-frontière procèdent accessoirement à des contrôles de type policier puisque ces contrôles ont permis un nombre croissant d’arrestations entre 2011 et 2012 alors que leur effectif restait le même…

Elle revient en détail sur les rôles de la prison qui peuvent «être synthétisés en quatre verbes : punir, protéger, décourager et amender».

Or, après la réforme de 2007, les peines infligées en cas d’infraction au Code pénal sont en très grande majorité des peines pécuniaires avec sursis, «c’est-à-dire aucune peine du tout».

A ceux qui déplorent que la durée des peines ait augmenté, Marie-Hélène Miauton répond :

«Evidemment, puisque les sursis et peines pécuniaires ont remplacé les peines courtes, il ne reste plus que les peines longues dans la statistique!»

A propos des peines, elle observe:

«Ce n’est pas la sévérité de la sanction qui dissuade les contrevenants, mais la certitude d’être punis.»

Pour qu’elle soit efficace, il faut que la sanction responsabilise le prisonnier:

«Notre société déresponsabilise au contraire en cherchant en permanence à excuser.»

Et les responsabilités du laxisme actuel, générateur d’insécurité, incombent à ceux qui travaillent au respect des lois (police et magistrature), à ceux qui les édictent (les politiques) et à ceux qui influencent ces derniers (les théoriciens de la justice), à ceux qui les appliquent (les exécutifs cantonaux), à ceux qui font métier de la bien-pensance (les associations de défense et de soutien aux prisonniers, aux sans-papiers, aux demandeurs d’asile, aux Roms…).

Tous ces responsables font peu de cas des victimes…

Dans ce livre courageux, qui devrait ouvrir les yeux à ceux qui refusent de regarder la vérité en face, Marie-Hélène Miauton ne se contente pas de constater et d’expliquer quand, comment et pourquoi on en est arrivé là; elle propose des solutions applicables, qui découlent de ses constats et de ses explications. Ce n’est pas le chapitre le moins intéressant…

Dans sa conclusion elle écrit :

«A dire que le crime est une invention de la société, que l’homme est bon mais que la prison le pervertit, et qu’il faut substituer la probation à la punition, l’indulgence confine à la complaisance.»

Elle met donc en garde.

Cette complaisance devient de plus en plus intolérable aux yeux de la population qui pourrait fort bien, faute d’être entendue par tous les responsables, se laisser séduire par ceux qui voudraient revenir en arrière, rétablir la peine de mort ou instaurer la détention à perpétuité sans aucune remise en liberté possible.

Est-ce vraiment ce que l’on souhaite?

Francis Richard

 

Criminalité en Suisse – La vérité en face, Marie-Hélène Miauton, 216 pages, Favre

Première publication Lesobservateurs.ch

http://www.francisrichard.net/

 

 

6 commentaires

  1. Posté par Morisod Leo-L. le

    On ne peut que recommander la lecture de cet excellent ouvrage à tous nos concitoyens qui ont encore un peu de lucidité. L’incompétence, l’irresponsabilité, le laxisme de notre classe politique et de notre justice, et de tous ceux qui trouvent leur nourriture dans les marécages nauséabonds du politiquement correct. national ou européen, ne font qu’encourager les criminels et tout ceux qui les utilisent pour tenter de détruire l’ordre démocratique établi. Consciemment ou inconsciemment, pour une grande partie de la gauche, les vieux réflexes staliniens sont toujours bien vivants :  » Utilisez tous les événements et tous les moyens ( occultes ou ouverts) pour déstabiliser la société occidentale, semer le désordre et le chaos, affaiblir la volonté de défense. » (instructions de Staline aux PC occidentaux – Alexandre Zinoviev –  » Ni Liberté, Ni Egalité, Ni Fraternité »).
    Bravo Madame Miauton pour votre compétence et votre courage. Notre société a besoin de Gens comme vous pour enrayer les mécanismes qui conduisent au chaos et à la chute des civilisations.
    L.-L. Morisod

  2. Posté par CS le

    Je ne peux que recommander à lire également l’ouvrage de Laurent Obertone « La France orange mécanique » qui démontre exactement la même chose que Mme Miauton, mais en plus grand. La criminalité augmente dangereusement. Il serait temps d’arrêter de s’incliner devant les étrangers qui viennent en Suisse, en Europe qui doivent faire un petit effort d’intégration. Le laxisme de la justice qui se cache derrière des experts de tout poil qui se permettent trop souvent de disculper des criminels, violeurs, acteurs de brigandages sur des personnes innocentes en invoquant des « circonstances atténuantes ». De quoi sont-elle atténuantes? Les études de l’auteur de la France orange mécanique démontrent que le lien entre étrangers et pauvreté pour justifier des violences est inexistant. Ce n’est pas parce que l’on est pauvre que l’on tue, viole, etc.. S’il y a des Français, de même que des Suisses qui commettent des délits, la proportion de personnes de nationalité étrangère est la plus importante. L’étude montre également que ces personnes viennent de milieux culturels et géographiques totalement différents des nôtres et que si certains arrivent à s’adapter, une grande partie ne s’adapte pas où ne le souhaite tout simplement pas. Dans de telles circonstances, quelle est l’utilité de continuer à accueillir des gens qui ne viennent dans nos contrées la plupart du temps pour des raisons économiques ou parce qu’un certain nombre fait déjà partie de la délinquance dans leur propre pays. Accueillons ceux qui sont vraiment en danger de mort ds leur pays. Vous verrez que le comportement dans le pays hôte est assez différent.

  3. Posté par Pierre Pariset le

    1.Il faut absolument avoir une certitude dans la sanction.Donc des peines indicatives minimales pour chaque type de délits comme au R-U.Et motivation obligatoire du choix de la peine par le tribunal.
    2.Faire des prisons des lieux de discipline et de correction afin tout faire pour que le coupable reviennent dans le droit chemin.
    3.Obliger les condamnés à travailler ou a payer pécuniairement le cout de leur conduite ( frais procédure , d’incarcération,indemnisation des victimes)
    4.Prévoir des centres de rééducation pour les jeunes délinquants ou criminels ou ils purgerait leur peine comme en Chine et au Japon.
    5.Donner comme rôle à la police de surveiller de près les délinquants ayant purgé leur peine comme au Viet-Nam.
    6.ré -instaurer la peine de déportation pour les criminels les plus dangereux.

    Ou on prend ces mesures de toutes urgence pour résoudre ce gravissime problème de délinquance ou de criminalité ;Ou les extrémistes et les démagogues en profiterons pour faire adopter leur solutions cruelles et avilissantes…Cela me terrifie rien que d’y penser!

  4. Posté par Antonio Giovanni le

    « Sanctions symboliques.. » pour des actes qui ne le sont pas: bientôt trois Ave, deux Pater pour se trouver absous de tout.
    On vous a bien entendue, Chère Madame, et on vous a comprise; mais alors si la population est si mal informée qu’est-ce donc que les « organes » d’information de ce pays et pour qui, pour quoi travaillent-ils ? Les journaux, et leurs journalistes mercenaires, saoulent le bon peuple de tous les résultats sportifs les plus insignifiants de la planète; or ils sont incapables de renseigner ce bon peuple, qui finance leur belle carrière, sur ce qui arrive tout près de chez lui, dans son pré carré: incompétence, impossibilité, malveillance délibérée? Qui est vraiment au service de qui, depuis que la presse en tout genre est subventionnée par des aides fédérales ? Je me demande pour de bon si le journalisme n’avait pas d’autre fin que de nourrir les journalistes…

  5. Posté par Francis Richard le

    Petite erreur : la Suisse fait partie de l’espace Schengen…

  6. Posté par GILLOT le

    Eh ben mes cadet vous êtes pas mieux loti que nous… sauf que vous pouvez boucler vos frontières n’étant ni membre de la CEE ni espace Shengen… pour le reste laxisme, bonnes excuses, c’est la faute à… on a pas besoin de vous exporter TAUBIRA (la Madone des Bayous) vous avez déjà été servis !

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