Sans burqa la fête est plus folle

Caïn Marchenoir
Nom de plume, chroniqueur

Il ne s’en faut décidément que de peu pour troubler la calme et légendaire quiétude helvète. Un canton qui décide d’interdire les burqas et c’est parti, tout le monde y va de son petit refrain hurlé le plus fort possible pour faire entendre raison à son voisin.

 

Prenez par exemple les milieux touristiques. Les voilà qui nous refont le coup du « Ce n’est pas bon pour l’économie » comme aux bonnes vieilles heures de la lutte contre les minarets. Impayables ces milieux touristiques, comme si toutes les décisions prises dans ce pays se devaient d’être impérativement aux normes de l’économie. Entre le fou d’Allah qui se prosterne sur un tapis dans la direction de la Mecque et le fou de Mammon qui se prostitue pour le saint pognon, je ne sais pas quelle est la forme de religiosité la plus nocive…

Mais il y a pire encore dans cette déclaration qui nous montre à quel point ceux qui se disent représentants des milieux touristiques nous prennent pour des imbéciles : la lecture de la burqa faite par les milieux musulmans intégristes assimile le non-port du voile au péché. Et donc interdire la burqa c’est promouvoir le péché, ce qui peut effectivement être mal perçu par un musulman. Là où ça se corse, c’est qu’il existe un certain nombre d’autres domaines où nous légiférons à peu près n’importe comment si on se place dans une optique musulmane. Prenez la normalisation de l’homosexualité : pour un vrai musulman, c’est en tout cas aussi inacceptable que l’interdiction du port de la burqa. Mais là, étonnamment, on n’a jamais entendu les milieux touristiques. Est-ce à croire qu’ils sont si bons théologiens qu’ils peuvent hiérarchiser le péché version islamique et affirmer sans sourciller quels sont ceux qui heurtent les musulmans plus que les autres ? Permettez-moi d’en douter.

Plus débile encore que les milieux touristiques est le parti socialiste qui, pour une fois, semble se dire que le sujet est indéfendable. Puissent-ils faire de même en matière de pédophilie et cesser de s’opposer à tout durcissement envers les criminels violeurs d’enfants. Ceci dit, la manière dont le PS aborde le problème vaut également son pesant de cacahuètes. Si l’on en croit le Nouvelliste, les femmes socialistes veulent « sanctionner le fait pour toute personne d'imposer à une ou plusieurs autres personnes de porter un vêtement spécifique, notamment pour dissimuler par ce biais leur visage (...) ». A moins que ma compréhension du français soit fortement lacunaire, le terme « notamment » n’est pas exclusif des autres possibilités. Si donc le fait de dissimuler le visage n’est pas la seule occurrence inacceptable dans le fait d’imposer à autrui un vêtement spécifique, cela signifie que les femmes socialistes vont, dans la foulée, amender les clubs sportifs, le monde associatif, les écoles exigeant le port de l’uniforme, l’armée etc. Bref toutes les instances qui imposent un uniforme quelconque…

Si on creuse encore plus loin dans cette déclaration, on constate à quel point le PS se moque de nous quand il promeut le multiculturalisme : être multiculturel cela signifie vouloir faire cohabiter des cultures radicalement différentes sur le même sol sans les empêcher de s’exprimer. Or, si dans certaines cultures plus patriarcales que d’autres les hommes sont censés décider pour les dames, alors si on est vraiment multiculturel on le respecte. Dans le cas contraire, on comprend aisément que le multiculturalisme à la sauce socialiste n’en est pas un et se résume à vouloir faire une farandole avec des gens de tous horizons (mais sans vraiment les respecter tels qu’ils sont) avant d’aller chez le marchand de kebab.

Et même en admettant que je vais chercher un peu loin la petite bête, pas besoin de se creuser si loin la tête pour voir à quel point la position des femmes socialistes ne vaut pas tripette : supposons qu’on se mette effectivement à punir monsieur d’une amende plus ou moins salée pour avoir forcé madame à s’habiller chez Ochsner. Dans ce cas, cela signifie que monsieur a déjà un fort ascendant sur madame et que si par hasard il devait mettre la main au porte-monnaie pour avoir forcé sa femme, il est à peu près certain que la pauvre va se ramasser une rouste en plus pour l’avoir dénoncé. Vraiment, les socialistes ont la solution à tout…

Ceci dit, les opposants à l’interdiction de la burqa ne sont pas les seuls à pédaler allègrement dans la semoule. J’en veux pour preuve l’ensemble des opposants à l’islamisation du pays qui se congratulent de telles mesures. Alors certes, interdire la burqa c’est du même tonneau qu’interdire les minarets, à savoir envoyer un signal symbolique fort, mais ce n’est pas à coup de symboles qu’on va empêcher l’Islam de progresser. Ni d’ailleurs à coups d’interdits quelconques.

Il faut être lucide un instant et se demander pourquoi un musulman est musulman si on veut pouvoir stopper la progression de ce qui est désormais la plus grande religion de la planète. Il ne s’agit là que de l’expression d’un besoin fondamental pour l’être humain, un besoin de spiritualité. On n’éteint pas ce besoin à coups d’interdits symboliques ou pas. Si on veut vraiment faire quelque chose, alors il s’agit de canaliser ce besoin de spiritualité et de le guider. Les églises chrétiennes sont les organismes les plus aptes à réussir ce tour de force, mais pour cela elles ont besoin de soutien et surtout qu’on arrête de leur taper dessus malhonnêtement à longueur de journée.

Vous voulez combattre l’Islam ? Faites germer la foi des chrétiens !

Caïn Marchenoir

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