La faiblesse, premier combustible de la terreur?

Il fut un temps où les Arabes eux-mêmes riaient du voile et de l’extrémisme musulman. Quand donc en a-t-on perdu le droit et que s’est-il passé ?

Une vidéo, diffusée il y a quelques jours sur une chaîne française, fait le bonheur fugace d'internet. Il s'agit de Nasser, le président égyptien bien connu (1956-1970), s'exprimant, dans les années 1950, devant un parterre de partisans sur la question du voile et des Frères musulmans.

En bon pragmatique, Nasser reconnaît ne pas avoir voulu écarter les Frères musulmans de la construction égyptienne et avoir sincèrement rechercher leur collaboration. Il a rencontré le Conseiller général des Frères musulmans qui lui a présenté ses demandes: « D'abord, m'a-t-il dit, il faut que tu imposes le voile en Egypte et que tu ordonnes à chaque femme qui sort dans la rue de se voiler ». « A chaque femme dans la rue... qu'il le porte lui-même », s'autorise Nasser en aparté provoquant l'hilarité de la salle. « Je lui ai répondu que c'était revenir à l'époque où la religion gouvernait »; le président égyptien étaient de ces vrais socialistes de convictions, à mille lieues de ces nervis de la gauche, qui ploient devant toutes les exigences pourvu qu'elle soient communautaires, mais mettent en garde sans concession le « fascisme » à 60 ans de distance.

« Monsieur, vous avez une fille à la faculté de médecine, et elle ne porte pas le voile. Si vous n'arrivez pas à faire porter le voile à une seule fille qui, de plus, est la vôtre, comment voulez-vous que je le fasse porter à 10 millions de femmes égyptiennes ? ». L'impertinence d'antan prend une note amère à la contemplation de la situation actuelle. Dictateurs Nasser et tous ses descendants? Certainement ! Mais a-t-on vraiment gagné au change? La victoire incontestable de cette tendance, dont les excès faisaient rire il y a peu, n'est-elle pas le constat du plus pur échec d'une notion de progrès perçue comme une course en avant et ne pouvant plus soutenir la moindre confrontation avec la plus simple expression de philosophie ou de religion ?

L'échec de la modernité sera celui de la perte d'idées et d'une certaine incapacité dans la définition de valeurs. En même temps, comment fixer des valeurs dans un système dont le principe était de les renverser toutes. L'échec de l'humanité sera peut-être bien de ne pas avoir su trouver de ces hommes, d'où qu'ils viennent, qui ne s'en laissent pas montrer et pour qui l'intimidation est, avant tout, objet de franche rigolade. L'Occident a certainement abandonné les citoyens du monde arabe en montrant tant de déférence et de crainte devant les gesticulations d'une extrême minorité. Aussi curieux que cela puisse paraître, la cause des libertés arabes a été perdu chez nous, en Europe, par des élites pusillanimes impressionnées par l'intransigeance froide des intellectuels islamistes. Le monde libre, débarrassé de toute certitude, de toute défense immunitaire, génuflectait bientôt devant les expressions de la foi brute.

Il conviendra de se rappeler un jour que c'est nous qui avons admis puis imposé cette caricature d'idéologie à l'entier du monde arabe, croyant défendre des droits qu'ils ne réclamaient pas, que c'est en Europe que cette salle de vieux socialistes égyptiens, qui riaient de bon coeur à l'idée de voiler leurs femmes, sont devenus des barbus fanatiques hurlant à l'offense à la moindre occasion. Quand l'Europe a cessé de penser, le monde entier a cessé de la respecter.

Raïs, chef d'un autre temps, Gamal Abdel Nasser avait, quant à lui, au fond de ses braies, de ces ustensiles qu'on n'ose même plus accrocher aux arbres de Noël en ce que ce symbole, par trop chrétien, risquerait d'offenser nos chers frères musulmans.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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