Financé par l’UE mais piloté par la Turquie, le “rapport européen sur l’islamophobie” interroge

Beaucoup d’intellectuels du monde musulman se soulèvent contre ce qu’ils nomment « l’islamophobie », faisant de ce néo-concept une menace plus grande que celles du rigorisme et du terrorisme. L’UE, peu avare en deniers publics dès qu’il s’agit de se donner bonne conscience, a choisi de financer un rapport sur le sujet. Un rapport - presque - exclusivement turc.

 

 

Entièrement financé sur les deniers européens, à hauteur de près de 130 000€, le “rapport européen sur l’islamophobie” a de quoi surprendre. 848 pages recensent, annotent, analysent et décortiquent les attitudes des membres de l’Union Européenne vis-à-vis de l’islam. Les signataires pointent journalistes, intellectuels, politiques, institutions et gouvernements. Et plutôt que de s’appuyer sur un consortium d’experts assurément objectif et pluriel, l’Union Européenne a semble-t-il choisi de laisser chapeauter ce projet par la Turquie, et plus précisément par des soutiens du dirigeant Recep Tayyip Erdogan. « Son contenu est de la responsabilité exclusive des auteurs de ces rapports nationaux et ne reflète pas nécessairement les vues de l'Union Européenne », parait presque se dédouaner l’UE au pied de la page de garde. D’où l’intérêt de le financer, naturellement.

Un rapport piloté par le pouvoir turc ?

Les “sponsors” de ce rapport sont omniprésents. Tous incarnent une entité turque. Non moins de trois ministères du pays candidat à une entrée dans l’UE apposent leur signature sur ce rapport : le ministère du Trésor et des Finances, celui des Affaires Etrangères, et celui des Affaires Européennes – dont le site est, là encore, cofinancé par l’UE. Outre ces institutions figure également la SETA, « Foundation for Political, Economic and Social Research » [...]

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