"Pour ce soir, on n'a pas de places disponibles madame, rappelez demain". Chaque jour des milliers de sans-abri tentent de joindre le 115 pour ne pas dormir dans le froid. A Ivry, en banlieue parisienne, le standard du Samu social de Paris est constamment saturé.
Dans une vaste salle en open space, une dizaine d'opérateurs, casque sur les oreilles et yeux braqués sur leur écran, discutent en français, anglais, russe ou roumain. A l'autre bout de la ligne, des familles en détresse, des hommes et des femmes parfois âgés, tentent d'obtenir un toit pour la nuit.
Sur un tableau actualisé en temps réel, un "100%" en chiffres rouges clignote: toutes les lignes téléphoniques sont saturées.
"Il est 18H30, il n'y a aucune place disponible pour les personnes qui vont nous appeler, on a déjà refusé l'hébergement à 87 personnes seules et à trois familles", se désole Emmanuelle Guyavarch, directrice du 115. "On va avoir quelques places qui vont se libérer en début de soirée mais absolument pas assez pour répondre à l'ensemble des demandes qui vont nous arriver".
Chaque jour, le numéro d'urgence reçoit entre 4.000 et 5.000 appels et arrive à répondre à un peu plus d'un millier. Mais le mois dernier, chaque nuit, 158 personnes en famille, 75 hommes seuls et 43 femmes seules, en moyenne, n'avaient pas eu de proposition d'hébergement.
Si la ministre du Logement Emmanuelle Cosse souligne que le gouvernement a fait grimper le nombre de places d'hébergement de 82.000 à 129.000 places, avec des ouvertures supplémentaires en cette période hivernale, pour les associations le compte n'y est pas.
Ce soir-là, "il y a des familles avec enfants qui vont passer la nuit dehors, et ça toutes les nuits", constate la directrice du 115.
- Découragement -
Pour les membres du Samu social qui prennent au téléphone "des mamans avec des bébés ou des personnes pour qui on ne trouve pas de solution depuis un mois, deux mois, et qui rappellent tous les jours, c'est très très difficile", confie Mme Guyavarch.
"Monsieur, on aimerait vraiment vous aider mais le manque de places fait qu'on ne peut pas...", explique l'un deux au téléphone.
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