Inadmissible, ignoble, choquant. Comment qualifier autrement ce qu’est en train d’endurer Margot, la jeune maman de Léana, deux ans et demi, décédée comme 85 autres personnes à Nice, sur la Promenade des Anglais le 14 juillet dernier ?
Dans un reportage sur France 3 côte d’Azur, la jeune femme raconte. « Ma fille, c’est ce que j’avais de plus cher au monde. J’ai laissé ma vie sur la Prom’. » Impossible de faire le deuil, ajoute la grand-mère, au bord des larmes, « je n’ai pas l’impression qu’elle est partie ». Depuis le drame, Margot, 22 ans, a déménagé, et s’est installée, avec ses parents, dans un autre quartier. « Dans ma tête, je me suis dit qu’ils (les services de secours) allaient la réanimer, comme dans les films », explique pudiquement le grand-père de Léana qui, le soir du drame, s’amusait avec son cousin en regardant le feu d’artifices. « On s’en est rendu compte quand le médecin a regardé sa montre et tiré le drap». Margot, selon ses propres mots, ne vit plus mais survit. Elle raconte comment elle attend de se plonger dans ses rêves pour revoir sa fille. « Elle aurait dû rentrer en petite section de maternelle. Je n’ai jamais pu lui faire son bisou. Je ne l’emmènerai jamais à l’école ». Pour cette famille terrassée par la douleur, le seul bref moment de réconfort fut celui de leur rencontre avec le Pape François, au Vatican. Margot et ses parents ont assisté à l'hommage national, rendu à Nice, le 15 octobre.
Comment reprendre dès lors le cours de sa vie ? Surtout lorsque l’administration s’en mêle, de la manière la plus sordide. En effet, Margot a renoncé à son nouveau travail, assistante maternelle, lorsque l’attentat est survenu. Le RSA qu’elle percevait jusque là lui a été retiré car elle n’a plus d’enfant à charge… A l’incompréhension s’ajoute la colère. « Quand je vois qu’une personne fichée S, récemment sortie de prison, a pu bénéficier du RSA et qu’on me le retire au profit de ce genre de personnes… Aujourd’hui, je n’ai plus rien. »
Un décalage obscène qu’avait dénoncé le député Gérard Bapt. "Il va être humainement douloureux pour les familles des victimes des attentats d’apprendre qu’un assigné à résidence, dont le nom apparaît dans plusieurs enquêtes judiciaires liées au terrorisme, bénéficie des droits de notre protection sociale (ndlr : demande effectuée en juillet à sa sortie de prison) ", expliquait-il. « Il va être difficile aussi à comprendre cette situation par les familles modestes qui ont vu leur demande de RSA refusée ou suspendue". Le parlementaire a interpellé le Garde des Sceaux et le ministre de l’Intérieur à ce sujet.
Jean-Jacques Urvoas, interrogé sur cette affaire a reconnu que « le ministère de la Justice a fait une erreur ». Le ministre a affirmé avoir engagé une procédure pour « recouvrer les sommes qui lui ont été indûment versées », ajoutant que, dans tous les cas, – mis en prison ou expulsé – cette personne ne touchera plus le RSA. Et Margot ?
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Rappels:
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