Si j’avais reçu un euro chaque fois qu’un « sachant » quelconque avait dit ou écrit quelque chose de désagréable, d’insultant, de faux ou de calomnieux sur le Libéralisme, je serai enfin riche comme je le mérite.
Et ce qu’il y a de merveilleux dans ces anathèmes est bien sur qu’elles viennent aussi bien de la droite (qui a trahi la Nation) que de la gauche (qui elle trahissait le peuple), des communistes (il en reste beaucoup et on les voit partout alors qu’ils devraient se cacher), de l’Université (où l’on n’apprend plus rien), des Media (qui ne nous informent plus sur rien), du monde des affaires (qui a perdu toute légitimité en se vendant à l’Etat pour un plat de lentilles), du chauffeur de taxi, de ma concierge…
Et tous ces gens ont bien entendu raison puisque le Libéralisme a permis en trois siècles un doublement de l’espérance de vie, d’abord en Occident, puis dans le monde entier, la fin de l’esclavage dans tous les pays libéraux, l’éducation pour tous, une hausse du niveau de vie spectaculaire, en particulier pour les plus défavorisées, une explosion de la connaissance et autres désastres.
Heureusement, ces résultats abominables ont été compensés par les succès des communisme, nazisme, fascisme, nationalisme et bientôt écologisme qui ont puissamment aidé à faire disparaître des centaines de millions de pauvres bougres, contribuant ainsi à une réduction de la population mondiale devenue excessive, en tout cas pour les écolos.
Bref, le Libéralisme est devenu « ce pelé, ce galeux d’où venait tout le mal ».
Et je me dis que si des gens qui sont tous infiniment méprisables sont d’accord pour dire que le Libéralisme est l’abomination ultime, alors, cela doit vouloir dire que cette doctrine juridique doit être la seule qu’il faille défendre…
Et c’est ce que je vais faire dans ce papier.
Pour comprendre la beauté intellectuelle du Libéralisme, il faut revenir à l’immense contradiction que l’on trouve au cœur même de chaque Nation qui s’est dotée d’un État, à qui est confié le monopole de la violence légale pour que cette Nation puisse être défendue contre les ennemis extérieurs ou les ennemis intérieurs.
Cet Etat est nécessairement constitué d’hommes et de femmes normaux au départ, mais à qui a été donné le droit de vie ou de mort sur les autres citoyens, ce qui rend fou.
Comme le disait Lord Acton : « Le pouvoir rend fou, et le pouvoir absolu rend absolument fou »
Et donc le problème se pose dès que d’une Nation sort un Etat : comment empêcher ces hommes et ces femmes, d’abord de devenir fous, pour ensuite se servir du pouvoir qui leur a été délégué pour mettre en esclavage leurs concitoyens ?
Et c’est là le problème central de ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui la Science Politique (foutaise totale) et qu’Aristote aurait appelé la Philosophie.
De multiples solutions ont été proposées historiquement pour traiter le problème
- La tyrannie, ou celui qui a le pouvoir a aussi la plus grosse matraque. Efficace, puisqu’il n’y a pas de contre pouvoir à celui qui a la plus grosse massue, mais instable.
- L’Aristocratie. Un certain nombre de grandes familles de nature guerrière ou commerciale portent la Nation et c’est parmi elles que l’on choisit ceux ou celles qui gouverneront. Les contre-pouvoirs sont détenus par les autres familles. Le risque ici est l’alliance entre les grandes familles pour plumer le reste de la population.
- La Royauté. Une famille est perçue comme représentant la Nation « historique » et l’un de ses membres est choisi pour exercer le pouvoir exécutif. Historiquement très efficace, mais mène facilement à de solides bagarres dans la famille et donc à des guerres civiles.
- La Théocratie, ou le gouvernement par des prêtres qui ont une ligne directe avec Dieu. Probablement le pire des systèmes, comme on l’a vu avec Savonarole ou les Ayatollahs en Iran.
- La Technocratie, ou le gouvernement par les « sachants », membres du Parti, hommes de Davos ou oints du Seigneur. Cela se termine souvent par le pouvoir exécutif fusionnant avec le pouvoir judiciaire (union soviétique, Bruxelles), les opposants allant dans les asiles de fous et ce régime finit toujours dans des émeutes.
- La Ploutocratie. Les « riches » ont le pouvoir et l’exercent à leur profit. Très instable, mais satisfaisant pour les riches.
- Et enfin la Démocratie, qui trouve son origine intellectuelle dans le Libéralisme tel que défini par Locke a la fin du XVIII -ème siècle, et dont Churchill disait qu’était «le pire de tous les régimes à l’exclusion de tous les autres ». La Démocratie peut hélas glisser facilement à la démagogie, c’est n’est plus le Peuple qui règne, mais la rue et il y a de nombreux signes que nous y sommes.
Ce qui m’amène à vous parler de Locke et des solutions qu’il préconise pour nous éviter d’être gouvernés par des fous.
Et ces solutions constituent l’essence même du Libéralisme, ce qui revient à dire que tous ceux qui haïssent le Libéralisme veulent être gouvernés par des fous, ou le sont déjà eux -mêmes.
Venons-en aux solutions proposées par Locke.
Une première remarque s’impose ici. Toutes ces solutions reposent sur le droit et la séparation des pouvoirs.
Tout d’abord. Locke reprend la distinction fondamentale faite par Abélard plusieurs siècles auparavant : l’Etat ne doit et ne peut s’occuper que des crimes, et non pas des péchés.
En aucun cas, l’Etat ne peut légiférer pour empêcher la libre expression des opinions ou croyances. Et donc :
- Les individus ne peuvent pas déléguer à l’État le soin de s’occuper de leur âme ;
- L’exercice de la force ne peut pas contraindre les âmes, juste amener à l’obéissance ;
- Même si la coercition pouvait persuader quelqu’un de quelque chose, Dieu ne force pas les individus contre leur volonté.
C’est cette idée que reprend le premier amendement de la Constitution Américaine : « Le Congrès ne pourra faire aucune loi ayant pour objet l’établissement d’une religion ou interdisant son libre exercice, de limiter la liberté de parole ou de presse, ou le droit des citoyens de s’assembler pacifiquement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour qu’il mette fin aux abus »
Ce principe en amène un certain nombre d’autres, qui tous cherchent à limiter le pouvoir de l’Etat.
- Locke cherche d’abord à contrôler l’État en lui coupant la possibilité de lever librement des impôts. Les impôts doivent être votés par les citoyens ou par leurs représentants, faute de quoi ils ne sont pas légitimes et la population a le devoir de se révolter. C’est ce qui s’est passé aux USA quand le Souverain Britannique imposa aux colonies en Amérique du Nord un impôt sur le thé, ce qui conduisit à la Révolution Américaine.
- Une seconde conséquence s’ensuit. Le Droit de Propriété est intangible. Permettre à l’Etat de s’emparer par la violence des biens des individus serait en contradiction avec le point ci-dessus.
- Chacun est propriétaire du fruit de son travail et en dispose comme il veut. Ce qui veut dire que servage ou esclavage sont formellement interdits.
- En cas de conflit entre citoyens ou entre citoyens et l’Etat, la justice doit être rendue par des personnes indépendantes du pouvoir, rémunérées localement ou travaillant à titre gratuit. Les Juges doivent être indépendants du Pouvoir, si possible élus, et le jugement doit être rendu par des jurys de citoyens sélectionnés au hasard dans la population, le rôle du Juge étant d’informer les citoyens sur la Jurisprudence des cas similaires dans le passé. Ce qui veut dire que le Droit vient de la base et non pas du haut de la Société. En termes simples, cela signifie qu’un Droit bâti sur des codes serait une abomination pour Locke puisqu’il amène automatiquement à une forme de tyrannie technocratique.
- Cela revient à dire que seuls les citoyens acceptant ces principes peuvent bénéficier de leurs résultats, ce qui constitue une immense contradiction dans l’œuvre de Locke. Par exemple, il considérait que les Catholiques en Grande-Bretagne, qui obéissent à un souverain étranger, s’étaient par là même exclus de la communauté nationale. Les principes définis par la Loi et le Droit ne peuvent s’appliquer qu’à l’intérieur d’une Nation, ce qui est en contradiction totale avec les théories actuelles des Droits de l’Homme telles qu’elles sont employées aujourd’hui.
Résumons
- Nul ne peut chercher à imposer aux autres ses croyances religieuses ou philosophiques et surtout pas ceux qui sont au pouvoir. La concurrence doit régner dans le monde des idées comme dans le monde des affaires.
- Le contrôle de l’Etat s’effectue par le vote des impôts, par ceux qui les payent.
- Le droit de propriété est absolument intangible et ce principe s’applique en particulier sur le produit du travail de chacun.
- Le Droit vient du bas au travers d’une lente maturation historique
- La Justice est rendue par le peuple et non pas par une partie de l’Etat.
- Ces principes ne peuvent s’appliquer qu’à l’intérieur d’une Nation en excluant ceux qui les refusent.
Et dans le siècle qui suivit la publication par Locke de ces thèses, la Grande-Bretagne d’abord, puis les Etats-Unis se mirent à les appliquer.
Et la révolution industrielle pût commencer, avec les résultats que chacun sait et que j’ai décrit un peu plus haut
Il faut donc bien comprendre que le Libéralisme n’est en rien une théorie économique mais est exclusivement un ensemble de recommandations politiques et juridiques pour nous éviter d’être gouvernés par des fous, devenant de plus en plus fous avec le passage du temps.
Il me faut, hélas, reconnaître à ce point, que le but de tous ceux qui aspirent à nous gouverner aujourd’hui est de ne respecter aucun des principes Libéraux posés par Locke.
Les politiques actuels essaient de m’imposer leurs croyances telles que la religion des Droits de l’Homme ou l’écologie.
L’impôt est devenu une façon de punir le bon serviteur et de récompenser celui qui a enterré son talent et non plus une façon de contrôler les fous au pouvoir.
Le Droit de propriété est battu en brèche comme jamais (voir le traitement des squatters par exemple, ou des taux d’imposition grotesques ou à peine 20 % de ce que je gagne par mon travail me revient « in fine »).
Des gens que personne n’a élu et que nous ne pouvons pas virer, à Bruxelles ou dans nos administrations (voir nos pertes de libertés depuis le Covid), nous passent Loi sur Loi, règlement sur règlement qui toutes limitent de plus en plus nos libertés et nous ne pouvons rien faire.
La justice est rendue par des gens qui font partie intégrante de l’appareil d’Etat et qui sont donc devenus fous depuis longtemps, ce qui se vérifie tous les jours quand l’on regarde leurs jugements
Des gens qui ne respectent en rien les principes fondateurs de notre Nation y ont des droits supérieurs à ceux des citoyens, ce qui en attire de plus en plus chez nous.
Etc…
Et je voudrais conclure par un petit rappel historique.
Il y a un peu moins d’un siècle, le Libéralisme tel que je viens de le définir a été l’objet d’immenses attaques de la part des communistes, des fascistes, des nazis, des socialistes, des nationalistes et que sais-je encore.
Le résultat fut que des fous arrivèrent partout au pouvoir et y restèrent, ce qui nous amena à la deuxième guerre mondiale, à Staline en Russie, à Mao en Chine …
Plus ça change, plus c’est la même chose…
Le but de nos classes dirigeantes d’aujourd’hui est de rester au pouvoir envers et contre tout. Elles attaquent donc de front tous les principes de Locke qui seuls nous expliquent comment et pourquoi contrôler les apprentis fous. Et ils sont de plus en plus en train d’arriver à leurs fins. Nous sommes donc gouvernés par des fous, nous n’avons plus les moyens de les virer, et hélas la folie est contagieuse comme l’histoire des peuples le montre abondamment.
Acheter des actions dans des asiles de fous me paraît être une bonne idée.
Au moins, je pourrai m’y réfugier quand les vrais fous seront dans les rues.
Ça fera du bien de retrouver des gens normaux.
source: https://institutdeslibertes.org/pourquoi-le-liberalisme/