Michel Garroté -- En effet, depuis le dimanche 9 avril, le FN fait la Une des médias ainsi que la Une des sites et blogues Internet, suite à une déclaration de Marine Le Pen sur la rafle de plus de 13'000 Juifs à Paris au Vel d'Hiv en 1942. Selon la majorité des historiens, de toutes les rafles effectuées en zone occupée, celle du Vel d’Hiv est la seule à être 100 % française. Il n’y avait aucun agent de la Gestapo sur place. Les policiers qui ont arrêté les Juifs étaient des gardiens de la paix, ce n'était pas des ultras de la collaboration. Mais selon Marine Le Pen, il en aurait été tout autrement en cette année 1942.
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Le Vel d'Hiv et Marine Le Pen :
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Concrètement, Marine Le Pen a déclaré, dimanche 9 avril 2017, que la France n'était "pas responsable du Vel d'Hiv" ; et depuis, elle s'attire les foudres des autres candidats à l'élection présidentielle ainsi que les foudres des médias. En clair, Marine Le Pen estime que le régime de Vichy est responsable de la rafle de plus de 13'000 Juifs à Paris au Vel d'Hiv en 1942, mais elle estime que n'était pas responsable l'Etat français, que n'était pas responsable la France entière, que n'étaient pas responsables l'ensemble des Français de l'époque.
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En fait, cette nouvelle polémique, tourne autour de la question de savoir, si seul le régime de Vichy était responsable ; ou si l'Etat français, lui aussi, était responsable. Et, au-delà du régime de Vichy et de l'Etat français, la France entière et l'ensemble des Français de l'époque (pour ce qui me concerne, la majorité des Français de l'époque approuvaient la propagande antisémite de Vichy et approuvaient les mesures anti-juives de Vichy, mais, hélas, cet aspect semble absent de l'actuelle polémique sur le Vel d'Hiv et son contexte...).
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Dans la soirée de dimanche, la candidate frontiste a clarifié ses propos dans un communiqué : "Comme Charles De Gaulle, François Mitterrand, ou encore de nos jours Henri Guaino, je considère que la France et la République étaient à Londres pendant l'Occupation et que le régime de Vichy n'était pas la France".
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"C'est une position qui a toujours été défendue par le chef de l'Etat, avant que Jacques Chirac et surtout François Hollande, à tort, ne reviennent dessus", écrit-elle dans ce communiqué, dans lequel elle qualifie le régime de Vichy de "régime collaborateur et illégal".
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Le Vel d'Hiv et Florian Philippot :
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Les propos de Marine Le Pen sont identiques à ceux de son bras droit, Florian Philippot, qui avait déclaré, quelques jours auparavant : "J'ai toujours été dans la position traditionnelle de la France, à savoir que la France était à Londres. Je reste fidèle à cette histoire".
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Le Vel d'Hiv et Nicolas Bay :
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Nicolas Bay, secrétaire général du Front national, a également défendu, lundi 10 avril 2017 au matin, sur Sud Radio et sur Public Sénat, la position gaullienne de Marine Le Pen sur la responsabilité de la France dans la rafle du Vel d'Hiv, responsabilité de la France dont la reconnaissance par Jacques Chirac puis François Hollande fut selon Nicolas Bay, "gravement attentatoire" à l'image du pays. "La position de Marine Le Pen c'est celle du Général De Gaulle, de Georges Pompidou, de Valéry Giscard d'Estaing et de François Mitterrand. On peut ne pas être d'accord avec Jacques Chirac ou François Hollande, ce n'est pas interdit quand même", a précisé Nicolas Bay.
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Nicolas Bay poursuit : "Engager la responsabilité de la France, ça reviendrait à légitimer le gouvernement de Vichy et son action. Ce qui serait absolument désastreux. Nous, nous avons une position très gaullienne, on considère que la France était à Londres, la France c'était pas Vichy. La responsabilité de l'Etat français, en tant que régime de Vichy, est indéniable. La responsabilité de la France, non. Au-delà de ça, il faut arrêter d'être tout le temps dans une espèce d'entreprise de repentance, d'autoflagellation, comme si on avait à avoir honte de notre histoire de France", a ajouté Nicolas Bay.
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Le Vel d'Hiv et Israël :
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Michal Maayan, une porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, a déclaré, lundi 10 avril : "Nous condamnons les déclarations faites par Marine Le Pen selon lesquelles la France n'est pas responsable de la déportation des Juifs de son territoire pendant la Shoah. Cette déclaration est contraire à la vérité historique telle qu'elle a été exprimée par les déclarations des présidents de France, qui ont reconnu la responsabilité de l'État pour le sort des juifs français qui ont péri dans la Shoah", conclut Michal Maayan, une porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères (pour l'instant, la politique officielle d'Israël est de n'avoir aucun contact avec le FN. Cette politique avait été réaffirmée, fin janvier 2017, lors de la visite en Israël de Nicolas Bay).
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Le Vel d'Hiv et l'historien Laurent Joly :
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L'historien Laurent Joly commente la déclaration de Marine Le Pen : "Ce qui est étonnant dans cette déclaration, c'est l'évolution du discours frontiste vers un gaullisme orthodoxe. Sur le fond, il s'agit du même refus de revenir sur ces évènements, et d'assimiler tout regard critique sur le passé à une volonté de culpabilisation des Français. Mais la forme a changé. Aujourd'hui, le FN, né de la haine du gaullisme, se prétend plus gaulliste que les gaullistes ! Aujourd’hui, il y a quand même un consensus pour admettre le rôle criminel de Vichy. Vous trouverez peu de Français pour le contester. Revenir là-dessus est idiot".
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Michel Garroté pour Les Observateurs
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