Dans le milieu, on parle de protection. On entend par là le fait de rançonner quelqu’un, la plupart du temps un commerçant, en lui promettant de protéger ses propriétés et de le défendre contre d’autres prédateurs.
Eh bien, l'Etat providence, plus familièrement appelé Etat nounou, assure la protection de ses administrés de manière analogue, moyennant le paiement d'impôts toujours plus sonnants et plus trébuchants.
Les hommes de l'Etat inventent des menaces contre lesquelles il se présente alors comme le meilleur des protecteurs. Ces menaces créées de toutes pièces relèvent de deux catégories:
« D'une part, une menace extérieure, désignée habituellement par « la mondialisation ». On la connaît bien et l'Etat est très fier de la combattre. Elle se nomme tour à tour: Chinois, traders, finance internationale, multinationale. D'autre part, une menace intérieure selon laquelle l'ennemi serait... nous-mêmes. L'Etat prétend en effet que les individus seraient incapables de gérer correctement leurs retraites, leur assurance-maladie, pas plus que l'éducation de leurs enfants. » (Alain Cohen Dumouchel, Protéger, c'est desservir)
Les libres sont contre cette pseudo-protection qu'est le protectionnisme:
« D'une part, il peut être considéré comme un privilège instauré au profit d'une personne au détriment de la liberté de vendre d'un concurrent. D'autre part, il constitue une restriction à la liberté de choix du consommateur. Vous pourriez, par exemple, acheter un produit de choix de bonne qualité - sauf bien sûr à un prix surévalué. » (Jean-Philippe Paile, Tous différents, tous égaux)
Les Français, puisqu'il s'agit d'eux, pourraient très bien gérer leur retraite eux-mêmes:
« Pourquoi jugerait-on le citoyen suffisamment mature et autonome pour pouvoir voter et influer sur l'avenir du pays, mais pas [...] pour se constituer une épargne-retraite et cotiser à un fonds de pension ? » (Thierry Falissard, La Sécurité Sociale mise en concurrence)
Ou pourraient très bien gérer eux-mêmes leur assurance maladie:
« Les Français, qui savent choisir un abonnement téléphonique ou le contrat d'assurance de véhicules à moteur qui leur convient, sont tout à fait capables de choisir leur assureur maladie et le contrat qui va avec. Ils sont capables d'en changer s'il ne leur convient pas et ce, au bénéfice de leur pouvoir d'achat. » (Guy-André Pelouze, Système de soins)
Seulement, en dépit de l'Acte unique européen de 1992, qui les abolissait, les monopoles sociaux ont la vie toujours aussi durable en France. Ils se portent mal - ce sont des puits sans fonds -, mais ils se maintiennent en dépit du bon sens et à la faveur d'un endettement abyssal:
« Une mise en concurrence des assurances santé ferait rapidement baisser les prix, rendrait chacun plus responsable. Chaque Français toucherait son salaire réel (le salaire brut plus les charges) et devrait par la suite arbitrer entre des assurances privées mises en concurrence. » (David Attia, Les monopoles)
Mais il n'en est évidemment pas question. A quoi servirait l'Etat et les hommes qui en vivent ?
A rendre la justice ?
« Petit à petit le droit de se défendre s'est mué en droit d'attaquer préventivement [...]. Tout se passe comme si nos sociétés avaient oublié le sens même de victime et d'agresseur pour ne plus fournir qu'au second un droit exorbitant de se défendre de toutes les façons possibles, et au premier, le droit de subir, aussi silencieusement que possible. » (Henry Trèsétroy, Le droit de se défendre)
Seulement l'Etat hypertrophié n'a aucun intérêt à défendre les vraies victimes. Au contraire:
« L'agresseur le plus puissant, potentiellement et dans les faits, étant l'Etat, on comprendra sans peine que ce dernier ait tout intérêt à limiter autant que possible les capacités des victimes qu'il entend contrôler. » (Henri Trèsétroy, Le droit de se défendre)
L'Etat, un agresseur ?
Oui, puisque, par la contrainte et en dépit du droit, il appauvrit tout le monde en pratiquant la solidarité forcée et en tuant, par là même, la fraternité spontanée entre les hommes:
« Lorsque l'on regarde de plus près les chiffres, on s'aperçoit que le niveau des dons - monétaires - par pays est inversement proportionnel à leur niveau d'imposition [...]. Nous revenons là au problème de la limite qu'engendre un système d'entraide géré par l'Etat. En créant plus d'impôts et de taxes, celui-ci entrave la création de richesse et sa redistribution spontanée. Le système à long terme [...], après avoir appauvri de manière continue chaque individu, devra alors répondre à une demande d'aide croissante qu'il ne sera plus en mesure de financer, même à crédit, condamnant d'avance les pauvres de demain...pourtant peut-être contributeurs aujourd'hui. » (Nelly Champion, Lutter contre la misère)
Oui, puisque, par la contrainte et en dépit du droit, il réglemente le sol, provoquant par là même des bulles immobilières:
« Dans les Etats ou cités qui ont conservé l'urbanisme libre qui prévalait au début du XXe siècle, où un terrain est constructible par défaut, une bulle ne peut se former [...]. En revanche, toutes les villes dotées de « zonages » ou « plans de croissance maîtrisée », où un terrain est gelé par défaut, où sa constructibilité dépend du bon vouloir des administrations locales, ont vu les prix des logements exploser, au détriment du niveau de vie de leurs populations modestes et ont concentré 80% des pertes immobilières du secteur financier. » (Vincent Bénard, Foncier réglementé, familles mal logées)
Oui, puisque, par la contrainte et en dépit du droit, il planifie la gestion de l'environnement - « les plus grandes catastrophes écologiques sont principalement le fait d'Etats à l'économie centralisée »:
« Aux antipodes du modèle dogmatique, alarmiste, culpabilisant, infantilisant, contraignant, restrictif et contre-productif de l'écologisme dominant, l'écologie de marché est une réponse réaliste, sereine, optimiste, humaniste et progressiste aux défis environnementaux actuels et futurs. Du libéralisme elle reprend une institution juridique (la propriété), trois valeurs (la liberté, la responsabilité et la diversité) et une dynamique (la croissance). » (Corentin de Salle, L'écologie de marché)
Etc.
L'Etat nounou se présente comme un ami qui vous veut du bien.
Pour votre bien, il prétend vouloir vous protéger, alors qu'en réalité il s'en prend à vos propriétés au lieu de les défendre, en vous en soustrayant une part toujours plus grande, pour la dilapider.
Pour votre bien, il réglemente tout au lieu de faire respecter vos droits naturels et de faire respecter les droits naturels d'autrui, et faillit à sa tâche de rendre justice.
Pour votre bien, il planifie votre existence et vous infantilise au lieu de vous considérer comme des êtres de coeur et de raison, responsables et capables de se gérer eux-mêmes.
Je mets un tel ami dans le même panier que tous ces amis qui se prétendent mes amis pour mieux me faire du tort. Et, pensant à l'Etat et à eux, je m'unis à la prière de mon saint patron, François d'Assise:
« Mon Dieu, protégez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge. »
De demander la protection du Seigneur - la seule protection à laquelle je consens - ne m'empêche pas, bien sûr, d'agir et de lutter de toutes mes forces pour la liberté, la mienne et celle des autres.
Francis Richard
Libres !, collectif de la La Main Invisible, 100 auteurs, 100 idées, 282 pages
Voir aussi:
“Libres ”, La Main Invisible (1/6) : « Le libéralisme: les principes »
“Libres !”, La Main Invisible (2/6): « Mon travail, mon argent »
"Libres !", La Main Invisible (3/6): « Mes enfants, notre avenir »
"Libres !", La Main Invisible (4/6): « Ma vie, ma décision »
Première publication sur francisrichard.net
Bravo! Et je n’ai lu que le début! Insécurité! Un sentiment ou une réalité? Si on en croit “une certaine presse”, surtout celle qui est vitaminée, et même scandaleusement vitaminée, c’est une réalité. Une réalité plus âpre que le fiction! Mais! Responsable d’une salle de jeu un temps fermée pour trafic de drogue je vous y inviterai volontiers si elle n’avait pas périclité après que son propriétaire m’ait viré. Vous y auriez été en sécurité. A toute heure je sors dans ma rue, près de la gare de Cornavin. Quelques noirs, aux mines patibulaires, y stationnent. Je me souviens de mon enfance, de la peur des fantomes dans l’obscurité. De ma grand-maman qui me mettait en garde contre les ogres. Que font ces noirs? Vendent-t-ils de la drogue? Vont-ils m’agresser? Mes pensées vagabondent! S’ils vendent de la drogue, c’est au mépris de la loi! En dehors des heures d’ouvertures des magasins, et le dimanche! Le Matin informe: “popignardé pour une cigarette”! Depuis j’ai toujours un paquet vide sans une poche. J’offre généreusement et tends le paquet vide. Si le type souri, je le rappelle et lui en offre une. Un sourire vaut bien une cigarette! Le sourire échappe à la codification. Ne devrait-il pas être mentionné dans les droits de l’HUMAIN? C’est vrai ça! Un brave type comme moi devrait avoir le droit qu’on lui sourie! Il devrait même avoir le droit d’être aimé! Droits auxquels s’ajoutent une liste longue comme les directives de Bruxelles! Pour résumer! Le droit de m’entendre dire mes quatre vérités, à la seule condition qu’elles soient innombrables et en ma faveur! Vous me direz que je déraille. Vous ne me publierez pas? Et pourtant… Je cite Robert Anson Heinlein (que je me réjouis de rencontrer au ciel)! Qui, dans un des ses livres, affirme que “nous ne sommes jamais en sécurité de ce côté-ci de la tombe”!