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Nous font-ils le coup du "missile d'extrême-droite" ?
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Michel Garroté -- Le lundi 15 juillet 2019, des perquisitions -- faites à la demande du procureur de la République de Turin -- concrètement, des perquisitions effectuées par la Direction des affaires générales et des opérations spéciales (DIGOS) de la police italienne, ont permis de découvrir un important arsenal à Gallarate, ainsi que dans un entrepôt situé à Rivanazzano Terme, dans la province de Pavie, au sud de Milan [cf. sources en bas de page].
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Cette opération a été conduite dans le cadre d’une enquête dirigée par le parquet de Turin et visant des militants de l’extrême-droite italienne ayant pris part au conflit du Donbass, une région du sud-est de l’Ukraine, où s’opposent des russophones aux forces gouvernementales ukrainiennes et à leurs milices. Ces dernières semaines, la police italienne a enchaîné les opérations de ce genre dans la région de Turin. L’une d’elles avait déjà conduit à l’arrestation, le 9 juillet, de Fabio Carlo D’Allia, accusé "d’apologie du fascisme" et de "détention de munitions de guerre".
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La mise sur écoute de certains suspects a permis aux policiers d’avoir eu vent d’un éventuel trafic d’armes. D’où les perquisitions du 15 juillet, à l’issue desquelles trois hommes ont été arrêtés, dont le propriétaire de l’entrepôt de Rivanazzano Terme, un ressortissant suisse de 42 ans, son associé italien et Fabio Del Bergiolo, un ex-douanier ayant eu affaire à la justice et ancien candidat au Sénat du parti "néo-fasciste" Forza Nuova au début des années 2000.
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Dans un premier temps, les policiers ont mis la main sur des armes de guerre et des munitions au domicile de Fabio Del Bergiolo, à Gallarate. Puis, ils se sont rendus dans un grand entrepôt, près de l’aéroport de Rivanazzano Terme. Là, ils ont découvert des fusils d’assaut de différents types et un missile air-air Matra Super 530F de fabrication française. Ce missile n’avait pas de charge explosive, mais il pouvait être "armé par des spécialistes", aurait précisé la DIGOS.
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A priori, Fabio Del Bergiolo aurait eu l’intention de revendre le missile Matra Super 530F avec l’objectif d’en obtenir 470.000 euros. Parmi les acheteurs potentiels, un fonctionnaire d’un pays étranger avait manifesté son intérêt et exigé des documents pour l’achat du missile. Selon la DIGOS, le missile proviendrait d’un stock des forces armées du Qatar, qui l’utilisèrent avec leurs avions de combat Mirage F1, au début des années 1980. Depuis, ces avions ont été revendus à l’Espagne en 1994.
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En effet, le Qatar a annoncé tout récemment que le missile découvert par la police en Italie avait été autrefois en possession de l'armée qatarie et vendu en 1994 à un pays tiers [cf. sources en bas de page] : « Le Qatar coopère actuellement de manière très rapprochée avec les parties concernées, dont l'Italie, pour découvrir les faits, et il est très préoccupé par la manière dont un missile vendu il y a 25 ans s'est retrouvé dans les mains d'une tierce partie non-étatique », a déclaré sur une porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Lolwah al-Khater. La porte-parole a précisé que le missile avait été vendu par Doha "dans le cadre d'une vente de 40 missiles Matra Super 530 à une nation amie qui souhaite ne pas être identifiée à ce stade de l'enquête".
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Mais cela n’explique pas comment un tel missile ait pu se retrouver dans les mains de trafiquants italiens, lesquels avaient visiblement au moins un acquéreur en vue. S’agissait-il de l’une des factions rivales qui s’affrontent actuellement en Libye ou des Mirage F1 volent encore ? Ou bien est-ce l’Iran, qui, ayant récupéré des Mirage F1 irakiens lors de la première guerre du Golfe, en 1991, souhaiterait étudier le missile pour faire de la rétro-ingénierie ? Bref : militants d’extrême-droite ? Ou plutôt trafiquants d'armes ? Ou les deux ? Nous feraient-ils pas - surtout - le coup d'un "missile d'extrême-droite", d'un "engin fasciste", ou, même, d'un jouet "néo-nazi" (selon l'AFP) pour discréditer l'Italie et son gouvernement "populiste" ?
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Michel Garroté pour LesObservateurs.ch, 17.7.2019
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Sources :
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"Les mystères du missile Matra Super 530F trouvé par la police italienne, lors d’une enquête dans les milieux de l’extrême-droite" (par Laurent Lagneau) :
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"Le Qatar dit avoir vendu en 1994 le missile découvert chez des néo-nazis italiens" (par Le Parisien avec l'AFP) :
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Ce missile est totalement inexploitable : 1) il faut un avion pour le tiré ; 2) il faut également toute l’électronique qui va avec pour l’armer et le configurer pour le lancer ; 3) il faut également des mécano-armurier pour mettre en condition ce missile . En gros cela ressemble plus a un coup foireux monté de toutes pièces .