Bernard Lugan : Indéveloppable Afrique ?

L'Afrique Réelle n°108 - Décembre 2018

Numéro spécial : Indéveloppable Afrique ?

Sommaire
- Ni croissance, ni développement
- L’Afrique n’a pas progressé depuis les indépendances
- Le mensonge de la « Françafrique »
- La pauvreté n’a pas reculé
- La « classe moyenne » n’existe pas
- La preuve par le non investissement
- Algérie : un échec emblématique
- Le mythe du développement de l’Afrique confronté à la  réalité des chiffres

Éditorial de Bernard Lugan

Depuis les indépendances de la décennie 1960, les pays dits « riches » ont donné - et non prêté - plus de 2000 milliards de dollars à l’Afrique. En plus de ces dons, ils lui ont consenti de considérables effacements de dette. Plus de 97 milliards de dollars en 2009 pour une dette totale de 324,7 milliards de dollars (ONU, 2010). Le tout, pour un résultat proche de néant puisque le développement ne s’est produit nulle part. Comment aurait-il d’ailleurs pu se faire quand la suicidaire démographie neutralise par avance tout progrès ?

La crise que traverse actuellement l’Afrique montre que le discours afro-optimiste relève de la méthode Coué[1].  C'est pourquoi il est essentiel de revenir aux chiffres.

Pour les seules années 2010 à 2016, l’« aide au développement » (les dons) à destination de l’Afrique - remises de dette exclues -, s’est élevée à un peu plus de 55 milliards de dollars. En dollars constants et en seulement sept années, les pays dits « riches » ont donc fait comme cadeau à l’Afrique 2 fois et demi les 16,5 milliards de dollars du « Plan Marshall » européen.

Or, comme nous le montrons dans ce numéro, moins de 30% de ces sommes abyssales ont été investies dans les infrastructures, le reste s’étant « perdu » dans les sables africains...

Par idéologie, et afin de ne pas décourager les généreux donateurs des pays « riches », les experts ont nié ces réalités. Ils ont proposé en revanche la tarte à la crème démocratique qui allait - du moins l'affirmaient-ils,- enfin permettre le démarrage du continent.

Nouvel échec car, aujourd’hui, alors que la démocratie a partout été introduite au forceps et avec une singulière arrogance néo-coloniale, le développement n’est toujours pas au rendez-vous.

Plus grave, comme la démocratie repose sur le « one man, one vote », les sociétés communautaires africaines ont été prises au piège de l’ethno-mathématique électorale qui donne automatiquement le pouvoir aux ethnies les plus nombreuses. Résultat, en plus du non développement, l’Afrique a connu la multiplication des guerres…

Ces échecs successifs n’ont évidemment pas servi de leçon. Tétanisés par le basculement de leurs électorats dans un « populisme », provoqué par les flots migratoires qu’ils n’osent pas bloquer par de solides mesures de simple police, voilà en effet les dirigeants européens qui tentent de nous vendre l’idée d’une nouvelle augmentation de l’aide (lire les dons) à l’Afrique. Afin d’y provoquer son développement lequel tarira l’océan migratoire !!!

Or, cette proposition est mensongère :

- D'abord, parce que, comme nous venons de le voir, toutes les politiques de développement ont échoué.

- Ensuite, parce qu'en raison de la crise économique, les pays dits « riches » vont devoir se montrer moins généreux. Il va donc leur falloir faire un choix entre le mirage du développement de l'Afrique ou les défaites électorales annoncées.

En définitive, rien ne pourra être fait en Afrique, tant que la notion de « Difference » si bien mise en évidence par le maréchal Lyautey, ne sera pas prise en compte. C’est en effet parce que les Africains ne sont pas des Européens pauvres à la peau noire que la greffe occidentale n'avait, n’a et n’aura aucune chance de prendre sur le porte-greffe africain. Les vrais problèmes du continent sont en effet d'abord politiques, institutionnels, historiques, sociologiques, et géographiques, avant d’être économiques.

 

[1] Je fais cette analyse depuis trois décennies. La première fois dans mon livre Afrique, l’histoire à l’endroit publié en 1989.
Ces analyses ont été actualisées dans mon livre Osons dire la vérité à l’Afrique.

 

3 commentaires

  1. Posté par Antoine le

    Je me souviens parfaitement des collectes pour l’Afrique des années ’60.
    Des dons de 2’000 milliards (rien que ça) et un effacement de dettes de près de 100 milliards ce n’est pas rien pour un résultat NUL ou proche de ZÉRO !
    Quelques dictateurs s’en ont mis pleins les poches :
    – Charles Ghankay Taylor.
    – Robert Mugabe.
    – Jean-Bedel Bokassa.
    – Idi Amin Dada.
    – Ahmed Sékou Touré
    – Mobutu Sese Seko
    – etc ….
    Démographie africaine
    La population de l’Afrique est passée à environ 275 millions dans les années 1950-1960, puis à 640 millions en 1990 et à 1,2 milliard en 2016 …. et ça continue d’augmenter !!
    Les Africains DOIVENT résoudre leurs problèmes eux-mêmes sans ingérences étrangères :
    – Juguler la démographie galopante
    – Éduquer tous les Africains
    – Développer les places de travail (sans lourdeur administrative)
    – Diminuer l’immigration des forces vives (les jeunes) vers les pays du Nord (Europe et USA).
    – etc …
    Cela n’empêche pas les pays de l’Afrique de développer le tourisme et les échanges commerciaux !

  2. Posté par Michel Vasionchi le

    Osons la vérité « augmentée » en France , voir le site de l’AFD (Agence française de développement ) rapport trimestriel du 30 juin 2018, la France distribue en Afrique 4 Milliards d’Euros /an , alors que .. le nombre de français frappés par la paupérisation est exponentiel ! il suffit de regarder la TV…!

  3. Posté par Nicolas le

    Polygamie, surnatalité, clanisme, sorcellerie, et quand les jeunes ont accès à l’information universelle par l’internet, ils utilisent la toile pour « brouter ». Ceux d’entre eux qui partent se former en occident ne rentrent pas chez eux où ils seront rabaissés sous la coupe d’un chef de clan illettré. Effectivement ce ne sont pas des occidentaux pauvres à peau noire. Juste des primitifs qu’il faut enfin laisser mariner dans leur jus en cessant de se culpabiliser.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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