« Fils de la Nation », premier tome des mémoires de J.-M. Le Pen

Michel Garroté
Politologue, blogueur

JMLP-7

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Michel Garroté  --  Le 28 avril 1944, deux millions de Parisiens s’étaient pressés dans les rues de la capitale pour acclamer Pétain et le 26 août 1944, donc quatre mois plus tard, deux millions de parisiens faisaient de même pour acclamer de Gaulle. Le 13 octobre 1946 a lieu l'adoption de la constitution de la Quatrième République. Après le gouvernement de Vichy, et le "gouvernement provisoire autoproclamé né de la libération-épuration" de 1944-1946, la France se dote d'une nouvelle Constitution. Après un long processus d'élaboration, le projet constitutionnel est adopté par référendum à une faible majorité. Cette constitution n'est qu'une copie de celle de la IIIème république. Rappelons aussi l'année 1945. C'est l'année où le Général de Gaulle accepte les communistes -- pro-soviétiques à 100% -- au Gouvernement. Après Pétain et les nationaux-socialistes, voilà donc de Gaulle et les communistes staliniens. Puis, avec la "Politique arabe de la France" du même de Gaulle et de tous ses successeurs, c'est l'ère de la collaboration de pratiquement tout l'Occident avec l'islamisme et son projet de charia planétaire.
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Après la résistance, le « résistancialisme » :
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Dans "Fils de la Nation", le premier tome des mémoires de Jean-Marie Le Pen, celui-ci écrit notamment (extraits ; voir lien vers source en bas de page) : La Résistance, qui avait été un sursaut, devenait un système. Un système de partage du pouvoir, qui demeure en place aujourd’hui d’une certaine manière. Dans un livre intitulé Les crimes masqués du résistancialisme, Jean‑Marie Desgranges, prêtre, résistant et député du Morbihan, lui a donné le nom de « résistancialisme ». C’est- à-dire « l’exploitation d’une épopée sublime par le gang tripartite à direction communiste ». Pour le résistancialisme ce n’étaient pas ses actes au service de la France qui définissaient le résistant, mais son adhésion à un credo politique. À partir de là, la Résistance avec un grand R s’érigeait en tribunal permanent de la vérité patriotique. Un Jean-Paul Sartre illustre cette imposture. Il n’a jamais résisté, il a même eu des attitudes assez déplaisantes sous l’occupation, mais il fut après la guerre, le danger passé, l’un des phares du résistancialisme intellectuel. Le tribunal résistancialiste s’appuyait sur quelques dogmes – sur quelques mythes.
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Celui du méchant collaborateur fonda son pouvoir. De même que le maréchal Pétain devait être un traître pour que De Gaulle devienne un sauveur, de même fallait-il que la France grouillât de collaborateurs à juguler pour que les archanges résistancialistes pussent prendre le pouvoir. Cela entraîna nécessairement les pillages et les meurtres de l’épuration. La Libération aurait dû voir les retrouvailles de la Patrie déchirée, la réconciliation de Marthe et de Marie : elle fut au contraire une période de proscription et de terrorisme politique. Tout était bon pour prendre les places, les journaux, les appartements. À l’intérieur de la fonction publique, dans le spectacle, le journalisme, partout, médiocres et ratés repeints en patriotes exigeaient leur part de gâteau. Pour masquer leur appétit, par haine idéologique et sociale aussi, ils se déguisèrent en justiciers occupés à châtier d’odieux coupables. Contre la collaboration, tout était permis, tout devenait saint. S’appuyant sur la cruauté de la répression allemande, qu’ils exagéraient d’ailleurs, ils réprimèrent, encore plus fort qu’elle, plus aveuglément. Jouant sur la peur d’un péril à peine évanoui, invoquant l’urgence du salut public, les plus cyniques déclaraient que c’était le prix à payer et le moyen de la révolution. Il est juste de dire que les combattants, les vrais, méprisèrent pour la plupart cette curée et rentrèrent dans l’ombre où ils avaient combattu. Les autres, brandissant les cadavres des victimes de la guerre, parlaient haut et criaient vengeance.
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La France était un vaste bûcher où l’on brûlait la collaboration. Mais celle-ci, qu’était-elle ? Si collaborer avec l’occupant, c’était vivre avec, lui vendre des patates, demander un Ausweiss pour aller voir sa grand-mère, alors toute la France a collaboré. Si c’est faire du marché noir, il y a eu quelques dizaines de milliers de maquignons, BOF, ferrailleurs et trafiquants divers, qui s’en sont sortis pour la plupart, beaucoup en se reconvertissant opportunément dans la résistance comme l’excellent Monsieur Joanovici. En fait, la vindicte politique de l’épuration a poursuivi sous le nom de traîtres et de collaborateurs toutes sortes de gens qui n’avaient rien d’autre en commun que d’être haïs par les épurateurs. De vrais traîtres, qui vendaient leurs concitoyens pour de l’argent, il y en eut très peu.
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Je n’aurais pas, je n’ai pas, choisi de me rallier à l’Europe Nouvelle d’Hitler, comme l’ont fait deux ou trois partis actifs à Paris, venus surtout de la gauche, le Parti populaire français de Doriot, ancien secrétaire du PC, le Rassemblement national populaire, de Déat, ancien secrétaire de la SFIO. Mais dois-je dire pour cela que ceux qui, à leur appel, se sont engagés dans la croisade contre le bolchevisme sur le front russe furent des traîtres ? Je ne le crois pas. La figure de Jean Bassompierre, engagé à l’Est, par exemple, est celle d’un héros : ses convictions sont fortes, ses motifs désintéressés, sa façon de combattre humaine, c’est un patriote français. Sans doute s’est-il trouvé dans « le mauvais camp » : mais quel moyen avait-il alors, et ceux qui se trouvaient de l’autre côté d’ailleurs, de l’apprécier ? Il faudra tout le sectarisme de l’après-guerre pour le fusiller en 1948, trois ans après sa capture en Poméranie. C’est dommage. Les après-guerres sont faites pour faire la paix, panser les blessures et se pardonner réciproquement les offenses. Ma tristesse est que la paix n’ait pas, n’ait jamais, été faite. Ce qui a empêché de la faire, c’est le résistancialisme qui a perpétué la guerre civile pour pérenniser ses prébendes et son pouvoir. Et qui le perpétue toujours. Pour abattre un adversaire, l’exclure à vie, il suffit encore aujourd’hui de l’assimiler, par un tour de passe-passe adéquat, à Hitler. En n’oubliant pas de confondre, en dépit de toute raison, Vichy avec celui-ci, ajoute Jean-Marie Le Pen (fin des extraits ; voir lien vers source en bas de page).
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Michel Garroté pour LesObservateurs.ch, 1.3.2018
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http://www.valeursactuelles.com/politique/extraits-des-memoires-de-jean-marie-le-pen-93381
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"Fils de la Nation", le premier tome des mémoires de Jean-Marie le Pen, ancien président du Front national, est paru aux éditions Muller. Il sort en librairie le 28 février 2018.
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[Interrogé sur CNews pour savoir s'il mentionnera la Shoah dans la suite de ses mémoires, Le Pen a répondu : "oui, parce que ça a été un phénomène historique important"].
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3 commentaires

  1. Posté par Sancenay le

    merci pour la relation courageuse de cet extrait clarifiant.

  2. Posté par G. Guichard le

    Il est très bien papi. C’était encore un Front National qui savait qui était Pétain

  3. Posté par petitjean le

    Selon l’immonde ce livre ne devait pas se vendre………les 50 000 exemplaires du premier tirage sont déjà vendus. 50 000 autres sont en cours d’impression……………

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