Evoquant les propos du pape François, à la basilique Saint-Pierre, à l’occasion de Noël, Le Figaro n’en a pratiquement retenu que ses envolées géopolitiques. Le pape s’est en effet livré à un tour du monde des pays en difficulté, en tension ou en guerre, avec pour chacun des formules évidemment assez banales. Il a donc cité la Syrie, l’Irak, le Yémen, les pays africains, la Corée (où il espère une « confiance réciproque » – sic), le Venezuela, l’Ukraine, et enfin la Birmanie, revenant une fois de plus sur le sort tragique des Rohingyas.

Dommage que le pape ne lise pas Le Figaro, ni d’ailleurs Présent, Valeurs actuelles ou autres, car il aurait appris qu’un peu partout dans le monde, par millions, il y a aussi des chrétiens qui sont persécutés parce que chrétiens, qu’en Egypte les coptes viennent à nouveau d’être attaqués. Il aurait découvert qu’en cette nuit de Noël, dans la plupart des églises chrétiennes du monde entier, les chrétiens ont prié pour les chrétiens d’Orient. Il aurait appris avec Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient, que le nombre de chrétiens de Syrie et d’Irak chassés de chez eux a représenté entre 500 000 et un million de personnes, que dans les zones libérées de Daesh, on trouve d’innombrables charniers de chrétiens, que toutes les églises ont été détruites à l’explosif, les maisons des chrétiens pillées et occupées par des musulmans sunnites.

Le Figaro, qui rapporte les puissantes analyses géopolitiques du pape, ne peut éluder totalement son long couplet culpabilisateur sur l’accueil des migrants. Le Saint Père a appelé les chrétiens à se réveiller et inventer « une nouvelle forme de créativité sociale ». « Que ta tendresse révolutionnaire nous amène à nous sentir invités à prendre en charge l’espérance et la tendresse de nos gens. » Le parler globish de François est une merveille du genre, qui ne cesse de nous étonner.

C’est cette partie-là du discours papal qui a toutefois retenu l’attention de la plupart des autres commentateurs. « Que personne ne [sente] qu’il n’a pas de place sur cette terre », a expliqué le pape, qui a appelé à transformer « la force de la peur en force de la charité (…). La charité ne s’habitue pas à l’injustice ».

Le bon accueil des exilés fiscaux ?

Le pape ne pensait pas seulement aux réfugiés de guerre, mais à tous les migrants, y compris ceux qui quittent leur pays parce que leurs dirigeants « cherchent à accroître leur richesse ». Visait-il ainsi la migration des exilés fiscaux ?

Le pape s’est alors lancé dans la plus étrange des comparaisons, assimilant ceux qui quittent leur pays à Marie et Joseph se rendant à Bethléem et obligés de dormir dans une étable. Mais, sauf erreur, le migrant Joseph retournait dans sa ville de naissance. Ce qui ne semble pas le cas de ceux de Calais et d’ailleurs. Et Joseph et Marie se rendaient à Bethléem pour s’y faire recenser, sur ordre de l’empereur. Les migrants, eux, ne sont pas là – espérons-le – sur ordre du pape, même si le pape les encourage indirectement. Et ils sont si nombreux et si protégés qu’il ne viendrait à l’idée de personne de prendre le risque de les recenser : cette simple velléité serait déjà considérée comme une forme de discrimination…

Photo : Les réseaux sociaux sont parfois outranciers, mais il s’y rencontre aussi beaucoup de bon sens.

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