Chacun a en mémoire ce conte d’Andersen « Les habits neufs de l’empereur » dans lequel aucun courtisan n’ose dire qu’il ne voit pas les habits de l’empereur, faits par des charlatans dans un tissu soi-disant invisible pour les sots. Jusqu’à ce qu’un enfant ose dire tout haut dans la rue : « Mais le roi est nu ». Cette fable s’applique bien à la Transition énergétique : chacun en commente l’habillage : séduisant ou affreux, économique ou hors de prix,…. Et pourtant il n’y a pas d’habits. Vous allez comprendre l’analogie.
L’opposition la plus active, la mieux organisée et souvent gagnante contre la Transition énergétique est celle qui s’exerce contre les éoliennes. Un argument souvent répété en faveur des éoliennes est en substance : « Il faut bien choisir entre les inconvénients (légers) des éoliennes et les risques (graves) du nucléaires ». Un blog de René Longet dans l’Hebdo y revient. En creusant la question on débouche sur deux constatations plutôt étonnantes : d’abord la transition énergétique n’a pas été calculée. Pire, ahurissant : elle n’est même pas définie. La documentation de l’administration fédérale se limite à indiquer des objectifs mais ne donne pas de plans opérationnels pour la réaliser. C’est un grave défaut de la transition énergétique : elle nous vend du vent, au sens propre et au sens figuré. Il n’y a pas besoin d’être expert, il suffit de lire cette documentation : on n’y trouve pas de programme concret de mesures pour réaliser les objectifs. Explications.
Un débat lancé sur Internet
René Longet tient un blog dans l’Hebdo. Il a publié le 17-07-2016 un article intitulé « Diaboliques éoliennes ? » dans lequel il répète l’argument souvent utilisé que les inconvénients des éoliennes sont négligeables par rapport aux risques du nucléaire.
Source : http://www.hebdo.ch/les-blogs/longet-rené-la-suisse-et-le-monde/diaboliques-éoliennes
Cet article a suscité une série de commentaires intéressants. Certains citoyens éclairés ne se laissent plus prendre par n’importe quelle bonne parole bien-pensante. Il y a un argument favorable aux thèses de M. Longet, que j’aimerais reprendre ici. Un internaute qui se désigne ahebdo déclare : « Il semble parfois qu’une nouvelle génération de Don Quichotte guerroient contre les éoliennes. ».
En somme les opposants à la Transition énergétique ne seraient que des doux rêveurs, des Don Quichotte attardés. C’est passer à côté de la réalité.
Deux questions essentielles occultées par la Transition énergétique
1ère question essentielle : la Transition énergétique, dite aussi Stratégie énergétique 2050 (SE 2050) est-elle faisable, comment et à quel coût ? Aucune étude sérieuse ne dit comment la faire et quel sera le coût. Au contraire, toutes les études sérieuses montrent que ce n’est pas faisable, du moins pas dans l’avenir planifiable (20-30 ans). Les déclarations prétendant le contraire sont des rêveries, politiques ou idéologiques. Parmi tous les éléments de preuve, juste deux ici : 1) la Suède avait décidé de sortir du nucléaire, déjà avant Tchernobyl, en y mettant deux conditions : montrer que c’est possible à un coût acceptable et sans augmenter la consommation de fossiles. Elle n’a pas réussi à en faire la démonstration, elle a annulé le décret de sortie du nucléaire et décidé de renouveler ses anciennes centrales nucléaires par des nouvelles. Qui a entendu parler de cette décision de la Suède ? 2) Eduard Kiener, l’ancien directeur de l’OFEN, socialiste et plutôt réservé sur le nucléaire est formel : les objectifs de la SE 2050 ne sont pas réalisables (ses analyses et interviews sont disponibles). Les causes principales de cette non réalisabilité résident à la fois dans les coûts de la concentration d’énergies très diluées (vent et soleil) et dans le fait qu’aucune technique de stockage n’est disponible dans le volume nécessaire pour compenser l’intermittence de ces mêmes énergies : un stockage par pompage-turbinage nécessiterait 20 X le volume d’eau de Grande Dixence (Nant de Dranse ne fait que 1/10 du volume de GD).
Le risque est grand qu’on dégrade fortement nos paysages et qu’on provoque des nuisances importantes, pour ne remplacer… qu’une petite fraction des kWh nucléaires qui nous sont nécessaires.
2e question essentielle : les risques du nucléaire justifient-ils une interdiction de cette technologie? Non, si on est informé. On sait faire des réacteurs qui même en cas de défaillances ne contaminent pas leur environnement. Des erreurs graves de sécurité ont été commises à Tchernobyl (concept de sécurité défaillant avec un coeur potentiellement instable) et Fukushima (4 dispositifs de sécurité manquants, proposés par la Suisse elle-même et refusés). Aucun réacteur correctement équipé n’a jamais contaminé son environnement. Il n’y a jamais de débat sur ce point, la condamnation du nucléaire tient du procès sommaire. Quant aux déchets nucléaires, dont on dit qu’il n’y a pas de solutions; si tous les déchets spéciaux étaient gérés aussi bien que les déchets nucléaires, il n’y aurait pas de contamination comme celles du mercure de la Lonza à Viège ou de la décharge de Bonfol. L’inventaire fédéral des sites contaminés en Suisse indique 38’000 sites par des déchets spéciaux et zéro site par des déchets nucléaires. C’est une preuve du soin avec lequel les déchets nucléaires sont isolés de la biosphère.
L’interdiction du nucléaire est aussi logique qu’une interdiction de la chimie en Suisse à cause des accidents de Bhopal (Indes 1984) ou de Seveso (Italie 1976).
La transition énergétique : ni chiffres ni programme concrets
Mais alors comment la SE 2050 a-t-elle été calculée ? Que valent les documents de l’administration et le message du CF ? Chacun se dit : il y a bien eu des calculs, il n’est pas possible qu’on nous propose un tel projet sans l’avoir évalué ? Peut-être que les experts ne sont pas d’accords entre eux, situation bien banale. C’est là que le citoyen conscient tombe sur une surprise énorme :
la SE 2050 n’a pas été calculée, pour la simple raison qu’elle ne contient que des objectifs, mais pas de plans opérationnels.
Il n’y a pas de programme avec les mesures à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs. On nous dit bien qu’on fera essentiellement appel à des Cleantechs (dont les éoliennes et le solaire) complétées par des économies, voire par des restrictions d’énergie, et des taxes. Remarquez, les Cleantechs sont très bien, mais si on veut résoudre tous les problèmes avec seulement cela, c’est aussi réaliste que de vouloir nourrir un pays avec des jardins potager, sans agriculture et sans chaîne de distribution. Mais surtout pas de détails sur quoi, combien et à quel coût. Pour comparaison : si la SE 2050 était un projet de maison à construire, son architecte ne donnerait que le cahier des charges, mais pas les plans ! Ceci est vérifiable sans être spécialiste, il suffit de lire (quelques centaines de pages) la documentation de Mme Leuthard. Cela a d’ailleurs été confirmé par Giovanni Leonardi, ex-CEO d’Alpiq dans une conférence publique à l’EPFL le 26 février dernier.
Wanted: des politiciens responsables et un vrai journalisme d’investigation
Comment se fait-il, au final, que tant de politiciens défendent donc l’indéfendable ? Il semble que cela soit lié à l’addition de deux éléments : une large ignorance des dossiers techniques et la conviction que défendre la SE 2050 rapporte des voix. Faire des voix, cela peut-il primer sur la recherche de solutions conformes à l’intérêt général? Il est de la responsabilité d’un grand parti de vérifier la pertinence d’un projet de loi. Le PS, parti de M. Longet, est un grand parti. C’est aussi le parti d’Eduard Kiener. Il n’a pas été écouté dans son propre parti, malgré ses efforts personnels. Des politiciens lucides, et courageux ont cependant osé dénoncer les faiblesses de la SE 2050. Ils ont osé être impopulaires, certains les traitent de populistes. Ils se reconnaîtront.
En absence d’un vrai journalisme d’investigation sur ce sujet (exception en Suisse allemande avec la Weltwoche, la Baslerzeitung et Finanz und Wirtschaft, et en Suisse romande avec lesobservateurs.ch sur Internet), l’opinion publique va encore rester piégée longtemps. Lueur d’espoir : la grave débâcle de l’hydraulique, qui résulte d’un mauvais traitement de toutes ces questions, est un signal d’alarme qui pourrait conduire à une réévaluation sérieuse de tout le dossier.
En savoir plus
Quelques-unes des analyses qui montrent que la Transition énergétique n’est pas réalisable :
- Lettre du prof. EPFL Franz-Karl Reinhart à Mme la CF Doris leuthard : https://lesobservateurs.ch/2014/10/03/transition-energetique-professeur-epfl-franz-karl-reinhart-denonce-sens-va-mettre-en-danger-notre-competitivite-internationale-impliquer-perte-niveau-vie-confor/
- Rapport du prof. Silvio Borner et all /IWSB « Energiestrategie 2050: eine institutionelle und ökonomische Analyse»: http://www.iwsb.ch/fileadmin/dokumente/studien/de/Studie_Energiewende2050_de.pdf
- Prise de position d’Eduard Kiener, ex-directeur de l’OFEN: http://www.fuv.ch/uploads/media/15.pdf
La décision de la Suède d’annuler la sortie du nucléaire :
- L’analyse de Bertrand Barré : http://energie.lexpansion.com/energie-nucleaire/comment-la-suede-a-renonce-a-sortir-du-nucleaire_a-32-841.html
- Financial Time du 10-06-2016 : http://www.ft.com/intl/cms/s/0/b44e3214-2f13-11e6-bf8d-26294ad519fc.html#axzz4FPrE054j
Conférence de Giovanni Leonardi, ex-CEO Alpiq, 26-02-2016,EPFL (la SE 2050 n’a pas de plans opérationnels) :
Article publié sur :
https://clubenergie2051.ch/2016/07/25/transition-energetique-le-roi-est-nu/
jfd / 25-07-2016
Je vous trouvais assez sérieux dans vos propos jusqu’à cette comparaison qui me parait bien trop naive : “En prime je vous propose un 3e sophisme : si les militants écologistes et antinucléaires avaient vécu à la préhistoire, ils auraient demandé l’interdiction du feu. Nous devons beaucoup au feu, mais c’est tellement dangereux le feu…”. Le feu a certes causé la mort de beaucoup de personnes, mais je ne crois pas que le feu interdise la vie humaine sur plusieurs centaines de km2 pour plusieurs dizaines ou centaines d’années. Cette comparaison jette le doute sur toutes vos “conclusions” qui prendraient beaucoup trop de temps à vérifier. De plus, il me semble que 5 coeurs nucléaire fondus sur 500 installés ce n’est quand même pas négligeable non ? Les avions seraient interdits de vols si ils atteignaient de tels scores …
Et zéro la nuit et très peu durant les grand froid hivernaux quand on en a le plus besoin.
Vous ne semblez pas avoir compris LE problème mortel des énergie intermittente : le stockage.
@ Pierre
D’abord je me réjouis que vous soyez d’accord sur deux points importants : 1) la SE 2050 ne propose que des objectifs, sans donner un programme de réalisation et sans le chiffrer et 2) le stockage en masse d’énergies intermittentes comme le vent et le soleil, indispensable pour disposer en tout temps de l’énergie voulue, est encore aujourd’hui loin d’être résolu.
Ensuite vous soulignez, avec raison aussi, le potentiel énorme de l’énergie solaire: en effet le flux solaire sur notre planète représente chaque année de l’ordre de 10’000 (dix milles) fois l’énergie technique consommée par notre civilisation. Vous évitez cependant d’évoquer le grand slogan des partisans du (seul) solaire : l’austérité sera inéluctable. Ce qui peut quand même paraître paradoxal avec un tel potentiel. Voir : http://lesobservateurs.ch/2013/05/24/le-slogan-manipulateur-du-meilleur-kwh/ .Vous n’évoquez pas non plus les difficultés, coûts élevés et un bilan matière lourd, qui découlent du fait que le solaire et ses dérivés sont des énergies très diluées, dilution qui nécessite un effort technique et économique élevé pour le mettre en œuvre. Probablement la solution sera à long terme ne ressemblera pas à l’imagerie d’aujourd’hui avec des éoliennes de village et des capteurs solaires sur les toits. On aura plutôt des captages étendus dans des régions favorables (p.ex.mer du Nord pour le vent et Sahara pour le soleil). L’énergie sera transformé sur place en un carburant de synthèse (encore à développer, hydrogène pur ou méthané avec du carbone extrait du CO2 de l’air) qui a son tour sera transporté dans nos pays. Un grand effort de R&D sera encore nécessaire avant d’en faire l’essentiel de notre énergie. C’est dans la voie du carburant de synthèse qu’on trouvera les moyens de décarboner les ¾ de l’énergie non électrique (en gros le chauffage et la mobilité). Une exception : l’hydraulique, qui concentre de manière naturelle les gouttes de pluie de vastes bassins versants qu’il suffit de retenir derrière un barrage. Cela explique que l’hydraulique soit la principale énergie renouvelable utilisée aujourd’hui, mais dont le potentiel est pratiquement épuisé dans les pays occidentaux dont la Suisse. Un potentiel important est encore à exploiter dans le 1/3 monde : mais il est fortement combattu par les ONG se réclamant de l’écologie. La bonne question est la suivante : le développement des renouvelables a-t-il plus à gagner ou à perdre d’une utilisation intelligente du nucléaire ? Les pays qui l’utilisent se distinguent par deux éléments : ils ont plus de renouvelables et ils sont les seuls à réduire la croissance de leurs émissions de CO2. Le nucléaire n’est de loin pas, pour le développement des renouvelables, l’oreiller de paresse que certains veulent nous faire croire, c‘est plutôt le tremplin indispensable pour mieux les développer. Poser la question c‘est y répondre.
De plus la fission (avec la surgénération et le Thorium) a un potentiel suffisant pour plusieurs milliers d’année, et la fusion pour des millions d’années. Les renouvelables font partie des solutions long terme, mais la fission et la fusion aussi. La fission de 1 gramme de matière fissile produit autant d’énergie que la combustion de 1,5 tonne de pétrole. Très peu de matière produit donc beaucoup d’énergie et le peu déchets est soigneusement isolé de la biosphère, alors que les énormes quantités de produits de combustion sont en grande partie directement diluées dans l’atmosphère. Le nucléaire est donc un moyen puissant de réduire massivement notre dépendance des fossiles et les inconvénients économiques, écologiques, sans parler des impacts géopolitiques (guerres et terrorisme), dont l’actualité nous rappelle régulièrement la réalité.
Je ne sais pas dans quelle activité vous exercez votre formation de physicien. Vous tenez le discours habituel des professionnels engagés dans les Cleantechs, cet ensemble de technologies orientées énergies renouvelables et économies d’énergie. Ces Cleantechs sont excellentes et méritent développement, elles sont une partie de la solution : mais qu’une partie. Une politique énergétique misant tout sur les seules Cleantechs serait aujourd’hui dangereuse pour le bon fonctionnement de notre société et notre niveau de vie. C’est la même illusion que celle qui propose de remplacer l’agriculture traditionnelle et les chaînes de distribution par des jardins potagers. Mais les promoteurs des Cleantechs ne voient pas ces risques et limitations, ils ne voient que la promesse de subventions pour ce qui est devenu un vrai business avec lobbies et intérêts particuliers. C’est très humain.
Enfin il y a votre attaque frontale contre la sécurité nucléaire : je dis et je maintiens qu’aucun réacteur bien équipé en matière de sécurité n’a jamais contaminé son environnement. Vous répondez sophisme, avec l’argument selon vous qu’il y a « …peu de retrofit possible ». C’est faux, vous témoignez d’une méconnaissance complète de ce qu’est réellement la sécurité nucléaire et les méthodes de travail des professionnels. Comment pouvez-vous dire cela alors que le retour d’expérience est une des clefs de la démarche sécuritaire ? Il faut savoir que si les réacteurs suisses, et la plupart des réacteurs occidentaux, disposent des équipements de sécurité qui ont gravement manqué à Fukushima, c’est bien à cause d’un retrofit réalisé dans les années 80 suite aux enseignements tirés de l’accident de Three Mile Island (Harrisburg, USA, 1979). Cet accident très grave, fusion d’une partie du cœur, n’avait pas provoqué de contamination des environs, mais on n’était pas passé loin. On en a tiré les leçons et fait un retrofit général.
Retrofit refusé par l’exploitant de Fukushima, avec l’accord semble-t-il de l’autorité de sécurité.
Votre accusation selon laquelle on ne peut pas pratiquer le retrofit dans le nucléaire est aussi profondément injuste et méprisante, pour les hommes et les femmes dont c’est le métier. Je crois qu’aucune technologie n’a poussé la prévention des accidents aussi loin en prenant en compte les accidents les plus extrêmes et hypothétiques. Pour comparaison : le transport de matières radioactives se fait dans des conteneurs blindés soumis à des crash-tests avec collision par des locomotives lancées à 100 km/h. Le transport de chlore se fait dans des wagons qui se fissurent au 1er déraillement, même à basse vitesse. Vous illustrez la critique que je fais aux opposants de pratiquer, en matière de sécurité, un procès sommaire qui tient à la fois des bûchers du Moyen-Âge et du déni de réalité. Circonstance atténuante : les médias ne nous montrent pratiquement jamais des spécialistes de sécurité nucléaire. Comme physiciens vous devriez savoir que personne ne sait tout sur tout : n’attaquez pas de manière si infondée une technologie et la profession qui va avec sans vous informer d’abord.
Une réflexion à ce propos sur : http://lesobservateurs.ch/2015/04/04/nucleaire-et-aeronautique-pourquoi-une-telle-difference-de-qualite-du-debat/
J’estime que l’interdiction du nucléaire est aussi intelligente qu’une interdiction de la chimie suite aux accidents de Bhopal et de Seveso. Vous répondez 2e sophisme, parce qu’il y a bien des substances interdites dans la chimie. Je continue à penser que les interdictions a priori sont une mauvaise manière de promouvoir la sécurité des technologies. Il est intéressant d’observer les contradictions de plusieurs parlements, en Suisse et en Europe, qui sur certains produits, le glyphosate ou les OGM par exemple, demandent des interdictions ou des moratoires, et des études de risques. Et quand les études aboutissent au résultat que les risques ne sont pas confirmés, ou très faibles en regard des avantages, ces même parlements prolongent les moratoires. La manière civilisée de promouvoir la sécurité reste de faire de bonnes normes de sécurité et de bien les appliquer. Si vous avez des criques concrètes à faire sur les normes de sécurité ou sur leur application, formulez-les. Vous serez écouté avec attention : cela permettra soit de dissiper des malentendus, soit de corriger des défauts qui auraient échappé aux spécialistes, qui vous seront très reconnaissants. Mais la posture consistant à dénoncer a priori que les risques ne sont pas maîtrisables, sans essayer de comprendre, n’est pas responsable. Voir :
http://lesobservateurs.ch/2013/04/10/on-ne-fait-pas-la-securite-dune-technologie-a-risques-avec-des-interdictions-a-priori/
et aussi :
http://lesobservateurs.ch/2013/04/22/nucleaire-les-risques-ne-justifient-pas-une-interdiction-a-priori/
En prime je vous propose un 3e sophisme : si les militants écologistes et antinucléaires avaient vécu à la préhistoire, ils auraient demandé l’interdiction du feu. Nous devons beaucoup au feu, mais c’est tellement dangereux le feu…
Je vous recommande ces deux vidéos :
Jean-Marc Jancovici sur : https://www.youtube.com/watch?v=ZdrDk1Hqejo
Stanislas de Larminat sur : https://www.youtube.com/watch?v=180pP_0soOo
” Ne pas prévoir, c’est déjà gémir” (Léonard de Vinci)
L’humanité devra, une fois les fossiles épuisés, se contenter des seules énergies renouvelables, et la fission nucléaire n’en n’est
pas une.
Comme votre article se focalise sur le nucléaire, donc l’électricité (1/4 de la consommation totale), permettez à un autre physicien
de citer quelques chiffres de 2015:
Notre pays consomme annuellement 210 petajoules d’électricité.
La surface totale des bâtiments construits est de 1.15 milliards de m2 (sans les façades)
Un m2 photovoltaïque (estimation prudente 100W pk et 1000h/an) donne 360 mégajoules par an
Ainsi, si tous les toits suisses étaient recouverts de photovoltaïque, on pourrait produire 410 pétajoules d’électricité par an.
presque le double de la consommation totale…
Au prix surfait de 1000.- par m2 posé, en supposant qu’il soit matériellement possible sur 30 ans de poser de quoi assurer toute la consommation électrique, cet investissement représenterait environ 17 milliards par an, environ 3 % du PIB, pour un coût d’exploitation limité à un entretien minime et en indépendance totale, contrairement au nucléaire.
L’Allemagne s’équipe à un rythme plus faible mais du même ordre de grandeur.
Bien sûr ce calcul simplet ne vise qu’à fixer les idées sur les ordres de grandeur. Il reste, comme vous le relevez justement, la
question du stockage pour les nuits et les journées nuageuses où le photovoltaïque ne donne pas grand-chose. Le turbinage-pompage,
qui perd environ 25% dans le cycle, est encore trop peu développé, et les prix actuellement trop bas empêchent les investissements.
Pour fixer un ordre de grandeur, la Grande Dixence stocke 6 pétajoules (environ 10 jours de consommation moyenne suisse), mais quasi sans turbinage-pompage pour le moment.
J’aimerais tout de même relever deux sophismes dans votre article:
1) “Aucun réacteur correctement équipé n’a jamais contaminé son environnement.” Un réacteur est TOUJOURS considéré comme correctement équipé en fonction notamment des accidents précédents…ceci jusqu’aux accidents suivants; peu de retrofit possible. De plus, les réacteurs contaminent l’environnement, mais indirectement: en amont (mines d’uranium) et en aval (retraitement).
2) “L’interdiction du nucléaire est aussi logique qu’une interdiction de la chimie….” Justement, après ces accidents, certains procédés chimiques ont été interdits ou soumis à des restrictions drastiques en l’absence d’alternatives: il devrait en être de même pour la production d’électricité!
Quant à la stratégie énergétique fédérale, c’est normal de commencer par fixer les objectifs, comme davantage d’indépendance et moins de CO2, en se souvenant que l’électricité n’est que le quart de la consommation finale.
Les moyens, c’est l’objet d’un débat comme celui-ci….
Merci pour vos analyses. Espérons qu’elles soient entendues et diffusées plus largement.
Erratum
Dans le § qui commence par “2e question essentielle”, à la dernière ligne il faut lire déchets NUCLEAIRES et non pas spéciaux. Avec mes excuses et mes remerciements aux collègues qui m’ont signalé l’erreur.
Mesdames, Messieurs les politiques : gouverner c’est prévoir et non rêver!
A l’heure actuelle, la technologie verte ne permet de se passer du nucléaire pour qu’une quantité équivalente de kilowatteurs soie produites (A moins de mettre une éolienne à chaque mètre carré). Avec les smartphones, les tablettes et tous les appareils connectés, la demande sera de plus en plus croissante.