Nicolas Giannakopoulos, Président de l’Observatoire du crime organisé dit toute sa pensée sur les lacunes d’un système peu capable de faire face à la menace du crime organisé. Interview.
Si la Suisse n'est pas le paradis du crime organisé, elle en est l'air de repos. Un repos et une quiétude qui ne sont plus de mise devant l'ampleur que prend le phénomène.
La pieuvre déploie ses tentacules visqueux tandis que les administrations s'enlisent dans les confusions du juridisme. Pour Nicolas Giannakopoulos, le premier mal c'est l'ignorance, le second l'absence de coordination et une action entravée par le boulet de la bureaucratie.
Pour le Président de l'Observatoire du crime organisé la volonté suffit, la volonté d'affronter le problème, de créer des réseaux de confiance et de se donner les moyens de terrasser l'adversaire. En faire autant contre le crime que pour la fiscalité, user de lois plus simples, plus justes et de peines réellement dissuasives.
La vision d'un spécialiste indépendant à mille lieues des considérations d'experts pensionnés sur le besoin de consoler le criminel en lui tapotant le dos de la main tout en lui parlant de son enfance. La crédibilité des Etats est en jeu devant l'expansion et la professionnalisation de la grande criminalité, le risque d'être un jour submergé est devenu bien réel. Le temps est peut-être venu de se défendre.
Je suis depuis quelques années les questions de l’économie criminelle.
Il y aurait peut-être quelques pistes à creuser en Suisse:
– Faire l’inventaire des sociétés anonymes avec actions aux porteurs. C’est d’ailleurs je crois l’un des aspects qui bloque les négociations entre l’Europe et la Suisse…
Que représente par canton, les flux financiers de ses sociétés? Car bien sûr, ses sociétés créent des emplois, investissent dans l’immobilier, le luxe…
– Il existe des outils anti-corruptions, sont-ils appliqué?
– Quelle est le taux d’application des peines?
– Les lois peuvent être vider de leur substance, par intérêt particulier ou corruption? Quelle est la sanction?
Si la Suisse décide de « laver plus blanc », que feront les autres pays? Il n’y a pas de sociétés aux porteurs en France et pourtant, il semblerait qu’il y a depuis plusieurs dizaines d’années des problèmes d’économie criminelle.
Pas facile!