Permis de séjour obtenus grâce à des magouilles

Une filière indo-pakistanaise multipliait les faux, notamment afin de régulariser la situation d'étrangers.

Faux contrats, mariages express, adresses de complaisance: l’organisation ne manquait pas d’idées pour faciliter l’octroi de papiers d’établissement en Suisse à des citoyens indiens ou pakistanais. Alors que l’enquête se poursuit, trois personnes viennent d’être condamnées. L’une d’elles a toutefois fait opposition à sa sanction. Dans le canton de Vaud, un Pakistanais installé à Neuchâtel a joué un rôle important. Arrivé en Suisse au début des années 2000, il s’est marié en 2005 et a obtenu son permis B l’année suivante.

Ce gérant d’établissements publics, à la vallée de Joux et à Renens notamment, a délivré contre paiement un faux contrat de travail à une Espagnole afin qu’elle obtienne un permis de séjour. Celle-ci s’est alors rendue au Danemark pour épouser un Pakistanais lors d’un mariage aussi expéditif qu’à Las Vegas. Ainsi son époux a pu à son tour s’établir en Suisse au nom du regroupement familial. Le cafetier est allé jusqu’à payer les cotisations sociales et l’impôt à la source de sa fausse salariée quatre mois durant. Des dépenses qui ont coûté quelque 4000 francs à l’organisation.

Arnaque au chômage aussi

Autre exemple: le Pakistanais a établi un faux contrat de travail qui a permis à son «employée» de toucher ensuite 35'000 francs de chômage.

L’homme a été condamné à 180 jours-amende avec sursis et à 2880 francs d’amende. Il devra aussi rembourser 2550 francs à l’Etat et à payer 2915 francs de frais. Le procureur a toutefois renoncé à l’expulser: «Il est bien intégré depuis quinze ans en Suisse, où il vit avec sa femme et son fils.»

«Domiciles» pour couples bidon

Autre membre de l’organisation, une Indienne âgée d’une soixantaine d’années, mariée à un Suisse, a loué plusieurs logements à Vevey, qui ont servi d’adresses de complaisance à des couples bidon. Ces «domiciles» ont facilité leurs démarches administratives pour obtenir un permis de séjour. La femme se faisait rémunérer pour ces magouilles. Elle a écopé de 60 jours-amende avec sursis, assortis d’une amende de 360 francs, auxquels s’ajoutent 1350 francs de frais.

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Des permis de séjour se monnayaient plus de 10’000 francs à Genève

Dans le cadre du trafic supposé de permis de séjour qui a conduit à des arrestations à Genève, il est question de sommes à cinq chiffres par document monnayé selon les informations de la RTS.

Quatre personnes, dont un collaborateur de l’Office cantonal de la population et des migrations (OCPM), avaient été arrêtées jeudi lors d'une importante opération de police révélée par la RTS. Les forces de l'ordre soupçonnent un trafic de permis de séjour qui ramènerait à une "filière maghrébine".

La Tribune de Genève a annoncé vendredi sur son site qu’une perquisition aurait notamment permis de trouver 150'000 francs en liquide au domicile de l’employé de l’Etat - de simples économies, selon lui. Il réfute par ailleurs, toujours selon le quotidien, toutes les charges de corruption et de gestion déloyale. Mais les sommes engrangées depuis des années pourraient être en fait beaucoup plus importantes.

Montants à cinq chiffres

Même si rien n’est établi pour l'instant puisque l'enquête pénale reste à faire, il semble qu'obtenir des permis de séjour ou faire avancer son dossier se monnayait au minimum 10'000 francs auprès de l’employé de l’Office de la population ou de l’un de ses intermédiaires présumés.

Les quatre prévenus vont être écroués à la prison de Champ-Dollon. L’employé de l’Etat, examinateur et auditeur de dossier à l’Office de la population, est un Marocain d’origine âgé d’une cinquantaine d’années. Les trois autres sont de présumés rabatteurs.

Un intermédiaire moyen-oriental

Mais au moins une autre personne pourrait avoir fait office d’intermédiaire, selon un témoignage recueilli par la RTS. Cet homme d’origine moyen-orientale a proposé à des contacts - à Genève et au Moyen-Orient - d’obtenir des permis contre des sommes importantes. Il se vantait régulièrement auprès de cette source de pouvoir obtenir les permis qu’il souhaitait grâce à l’employé de l’Etat aujourd’hui sous les verrous. Ce dernier comptait parmi ses connaissances.

Ce présumé intermédiaire aurait bénéficié lui-même de facilités. Son permis B a été transformé en permis C en 2009, alors même qu’il n’habitait plus en Suisse. Et ce permis C, renouvelé en 2014, est toujours valable alors même que l’employé de l’Office de la population disposait apparemment de la preuve juridique de sa résidence à l’étranger.

La justice devrait encore auditionner de nombreux témoins et plusieurs pistes restent ouvertes.

Source RTS