Les Verts et la clause guillotine : un vilain double langage

11. septembre 2020, Pierre-André Page, conseiller national, Châtonnaye

Oui oui, il vaut vraiment la peine de s’arrêter quelques instants sur l’initiative contre l’élevage intensif soutenue par les Verts… Non pas pour leur faire de la publicité mais pour dénoncer le vilain double langage que tiennent les Verts! Voyons cela de plus près…

Disons tout d’abord clairement que cette initiative contre l’élevage intensif viole les bilatérales I et risque de déclencher la clause guillotine. Et puis cette même initiative va à l’encontre des engagements pris par notre pays envers l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Ce qui impliquerait de sévères mesures de rétorsion de la part de nos partenaires commerciaux.

Rappelons que cette initiative populaire, fermement soutenue par les Verts, vise à imposer des conditions strictes aux éleveurs de bétail. Et l’une des particularités de ce texte est qu’il s’applique aussi aux importations, notamment en provenance de l’Union européenne.

Et c’est là que le bât blesse: dans son rapport du 12 août, le Conseil fédéral affirme clairement que si elle était acceptée, l’initiative écologiste violerait l’accord agricole avec l’UE et entraînerait l’application de la clause guillotine… Les bilatérales I tomberaient automatiquement!

Mais ce n’est pas tout! L’initiative de limitation de notre parti ne concerne que les bilatérales I, alors que l’initiative contre l’élevage intensif viole également les engagements internationaux de la Suisse envers l’OMC.

Ces accords prévoient que les autres pays pourraient alors déposer une plainte contre la Suisse et les conséquences, en cas de défaite, seraient fortes.

Le Conseil fédéral est catégorique à ce sujet : «La Suisse devrait soit revenir sur sa décision, soit s’attendre à des mesures de rétorsion de la part des autres partenaires commerciaux».

Au plus fort de la campagne autour de l’initiative de notre parti, les milieux économiques, le Conseil fédéral et les élus des principaux partis politiques reprochent à l’UDC le fait que son acceptation conduirait, selon eux, à une activation de la clause guillotine. La fi n des bilatérales I causerait un dommage irréversible à l’économie suisse. Et les élus verts en particulier ne sont pas les moins virulents à ce sujet et mettent en garde contre les conséquences d’un OUI pour nos entreprises.

Mais voilà que ce même parti vert soutient «son» initiative qui entraînerait les mêmes conséquences, à savoir la clause guillotine!
Curieux non que ces mêmes élus écologistes qui propagent l’alarmisme ambiant contre l’initiative de limitation et qui placent le maintien des bilatérales I comme Graal de la politique extérieure n’aient que faire de ces mêmes accords bilatéraux lorsqu’il s’agit de mettre des bâtons dans les roues des éleveurs de notre pays!

Un très vilain double langage!

Alors, de deux choses l’une: ou les élus verts ne déposent des initiatives que pour faire plaisir à leur électorat – tout en sachant qu’elles ne pourront pas s’appliquer à cause des accords bilatéraux.
Ou alors ils défendent réellement leur initiative et leurs principes et, dans ce cas, les menaces concernant les bilatérales I sont infondées… et notre initiative de limitation peut être sereinement acceptée. A bon entendeur!
Convainquons la base des Verts, toujours soucieuse de l’environnement, qu’elle doit accepter l’initiative de limitation.

Car l’élite des Verts a depuis longtemps perdu sa boussole. depuis longtemps perdu sa boussole.

 

 

 

Albert Rösti: «Il faut dire stop à l’Union européenne et limiter la circulation des personnes»

Albert Rösti, président de l’UDC Suisse, fait du dossier européen la priorité absolue. Il critique la faiblesse du Conseil fédéral qui «lâche tout».

Propos recueillis par Arthur Grosjean

[…]

Vous lancez à la mi-janvier une initiative qui remet en cause la libre circulation des personnes (LCP). Pourquoi?

L’immigration nette de 80 000 personnes par année n’est pas supportable.

Ce n’est plus 80 000 mais bientôt 60 000…

Certes. Mais il n’en reste pas moins que, de 2006 à aujourd’hui, l’immigration nette se monte à plus de 800 000 personnes en Suisse, soit la population du canton de Vaud. Si on veut que la Suisse reste la Suisse, ce n’est pas supportable. Nous ne voulons pas compter 10 millions d’habitants. L’immigration est nécessaire mais nous voulons la gérer. […]

C’est une déclaration de guerre. Sans libre circulation des personnes, l’UE ne donnera plus un accès facilité à son marché intérieur.

L’UE fait pression, c’est normal. Elle voit que le Conseil fédéral et la plupart des partis ne résistent pas. On l’a vu avec la non-application de notre initiative «Contre l’immigration de masse».

[…] Regardez ce qui a été fait. Pour faire plaisir à l’UE, notre initiative sur l’immigration n’a pas été appliquée. Puis on a promis de verser 1,3 milliard pour la cohésion aux pays de l’Est sans contrepartie. Le gouvernement s’est conduit comme un parent avec un enfant gâté qui réclame du chocolat. Il a tout donné en croyant que cela allait le calmer. Il faut changer la façon de négocier! Croyez-vous que l’Allemagne, dix fois plus peuplée que la Suisse, accepterait chaque année une immigration de 800 000 personnes par an? Ce serait la révolution. Et nous sommes le 3e partenaire commercial de l’UE.

[…] Leuthard a souri et donné gratuitement 1,3 milliard de francs à Juncker. C’est un scandale, ce qui s’est passé. On ne respecte pas la volonté populaire. Il faut dire stop à l’UE et ne pas tout lâcher.

Sans les accès facilités au marché intérieur, les entreprises suisses vendront moins dans l’UE et donc la Suisse sera moins prospère. Est-ce le prix à payer pour une plus grande souveraineté du pays?

L’inverse est vrai. Nous payons un prix exorbitant pour la LCP. Le Conseil fédéral nous avait promis que cette immigration nette serait de 8000 personnes par an. C’est près de dix fois plus. Il en résulte une pression sur les salaires et une grande difficulté pour les plus de 50 ans de retrouver un emploi car considérés trop chers. Et l’UE ne va pas actionner la clause guillotine et dénoncer les 6 contrats bilatéraux liés à la LCP.

Pourquoi donc?

Parce que la majorité de ces accords bilatéraux sont en sa faveur. […]

Vous avez fait élire Ignazio Cassis au Conseil fédéral. Qu’attendez-vous de lui ?

[…] La Suisse doit se préparer à défendre fermement sa souveraineté.Comme nous l’avons fait plusieurs fois par le passé quand la gauche voulait nous faire rejoindre le système communiste des Soviets dans les années 1960, ou en 1992 quand le peuple a rejeté l’admission à l’Espace économique européen.

Vous faites vraiment un parallèle entre l’Empire soviétique et l’UE?

Non. Ce sont certains pays de l’Est qui le disent: «Avant on recevait des ordres de Moscou. Maintenant ils viennent de Bruxelles.» L’UE, qui était au départ un bon projet, devient de plus en plus centralisateur et peu respectueux des nations.

Source : 24 heures et Tribune de Genève du 9.01.2018 (abonnés)