Dans la partie occupée de Chypre, plus de 500 églises et monastères ont été pillés, détruits, vandalisés…

Dans la partie occupée de Chypre, deouis 1974, au moins une église dans chaque village a été convertie en mosquée. Ioannis Eliades, directeur du musée byzantin de la Fondation de l’archevêque Makarios III, à Nicosie, la capitale de Chypre, explique qu’une telle conversion ne nécessite pas de changements substantiels:

«ils murent le côté sud, puis ils y ajoutent le mikrab [la niche orientée vers la Mecque, où se tourner pour prier]. Et une fois qu’une église est devenue une mosquée, elle n’est plus rendue à ses propriétaires légitimes. »

«La politique des Ottomans est la même au fil des siècles: convertir les églises en mosquées sans aucun respect».

Mais il y a aussi des églises à Chypre qui ont connu la destruction, comme à Mossoul. En fait, plus de 500 églises et monastères ont été pillés, détruits, vandalisés ou convertis à d’autres fins: plus de 15000 icônes de saints, d’innombrables vases liturgiques sacrés, évangiles et autres objets de grande valeur ont disparu. Dans de nombreux cas, l’effondrement des églises ne résulte que d’avoir été négligé pendant plus de quatre décennies, après le pillage des portes, des fenêtres, des toits, des planchers, etc. Le monastère de la Vierge Marie Avgasida à Milia, Famagouste a été démoli et les cellules du monastère sont utilisées comme étables pour animaux. De nombreuses églises ont été transformées en entrepôts pour divers matériaux: pneus (Saint-Georges à Askeia et Saint-Artémon à Afanteia), pommes de terre des fermes voisines (Saint-Antoine à Leonarison), matériaux de construction (Saint-Eirine à Kyrenia). Parmi les différentes utilisations des églises converties, on trouve des musées et des théâtres, et même une morgue (église de la Transfiguration du Sauveur à Chryseliou) et un musée de propagande turque (église Saint-Romanos maronite à Vouni).

De nombreuses églises, après avoir été pillées, ont été louées ou vendues à des particuliers et transformées en entreprises commerciales telles que des hôtels (le monastère de Sainte-Anastasie à Lapethos), des bains ottomans (l’église médiévale de Saint-Georges des Latins), des résidences (l’église de la Vierge Marie à Engomi), une ancienne réparation de meubles (Saint-Luc à Lefkosia), un atelier de peinture (l’église byzantine de la Vierge Chrysotrimithiotissa à Trimithi). Il y a même une boîte de nuit (St. John’s Knight à Famagouste), un parking (St. Andronikos à Kazafani), un refuge pour chiens (l’église catholique St. Anthony à Kontea), etc.

Chypre subit aussi une opération de grand remplacement : aujourd’hui, parmi la population du nord de Chypre, les colons transplantés de Turquie sont plus du double de ceux originaires de Chypre. Le nord de Chypre est devenu l’une des régions les plus militarisées du monde, accueillant environ 45 000 soldats turcs. Pour les abriter, des églises (Prophète Elias à Marathovounos, Saint George à Kythrea, Sainte Barbara à Kyrenia), des monastères (Acheiropoietos à Lampousa, Saint Panteleimon à Myrtou, Saint Euphémianos à Lysi, Saint Spyridon à Tremetousia, St . John Chrysostom à Koutsoventis) ou même des villages grecs et maronites entiers (Pyroi, Voni, Askeia, Marko, Tympou, Asomatos, Agia Marina Skylloura, Kontemenos, Loutros) ont été transformés et utilisés comme casernes.

 

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La Turquie va renforcer sa présence militaire dans le nord de Chypre

En 1974, en réaction d’un coup de force ayant eu pour objectif le rattachement de Chypre à la Grèce (« l’Élosis »), sur fonds de tensions communautaires entre Grecs et Turcs, Ankara lança une opération militaire afin d’occuper le nord de l’île et de créer la « République turque de Chypre nord » [RTCN], dont l’existence est seulement reconnue par la Turquie.

Depuis, une ligne de démarcation (ou « ligne verte »), est surveillée par une mission de maintien de la paix des Nations unies [FNUCHYP] et seule la partie sud de l’île est reconnue par la communauté internationale (à l’exception de la Turquie), au point de faire partie désormais de l’Union européenne. Par ailleurs, ce territoire, anciennement sous la tutelle du Royaume-Uni, accueille deux bases militaires britanniques.

Des négociations ont été menées pour tenter d’obtenir une réunification de l’île. Mais elles ont échoué à chaque fois, malgré la bonne volonté affichée des deux parties, comme en juillet 2017.

À l’époque, Mustafa Akinci, le président de la RTCN élu en 2015, et Nikos Anastasiades, son homologue du sud, étaient en effet déterminés à trouver un accord. Des avancées concrètes furent même évoquées, comme celle consistant à mettre en place un État fédéral avec une présidence tournante. Seulement, la présence militaire turque, forte de 35.000 hommes environ, a fait capoter les discussions, Ankara ayant refusé de retirer ses troupes tout en se réservant un droit d’intervention.

Par ailleurs, l’existence de gisements importants de gaz naturel en Méditerranée orientale, en particulier dans les eaux méridionales chypriotes, trouble les relations entre Chypre et la Turquie, la seconde reprochant à la première des accords passés avec l’Égypte et Israël pour exploiter ces ressources. En outre, Ankara voudrait que la RTCN puisse aussi bénéficier de cette manne gazière.

Aussi, la Turquie exige la suspension de toute prospection d’hydocarbures tant qu’un règlement de la question chypriote ne sera pas trouvé. Mais l’on peut se demander si les autorités turques veulent une telle solution.

En effet, ce 17 septembre, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a annoncé l’envoi de renforts militaires dans la partie Nord de l’île. « Nous n’allons pas réduire le nombre de nos soldats là-bas, mais, nous allons, bien au contraire, l’augmenter », a-t-il en effet déclaré. Pour autant, et contrairement à des informations publiées par la presse, il n’est pas question, du moins pour le moment, d’y établir une base navale.

« Nous n’avons pas besoin de construire une base là-bas » étant donné que la marine turque peut y intervenir « en quelques minutes », a expliqué M. Erdogan. Toutefois, la présence d’une telle base aurait « une dimension psychologique », a-t-il dit. « Si nous en ressentons le besoin, nous le ferons », a-t-il assuré.

D’après le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, les forces adverses déployées de part et d’autre de la zone tampon « comptent un millier de soldats armés chacune, , dont la plupart sont des jeunes conscrits, se faisant ainsi face quotidiennement le long des deux lignes de cessez-le-feu. » Et, poursuit-il, « avec des milliers de soldats supplémentaires déployés à travers l’île », Chypre est déjà « un des endroits les plus militarisés au monde en proportion du nombre d’habitants ».

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