“Attaque chimique” – La mise en scène

An activist wearing a gas mask is seen in the Zamalka area, where activists say chemical weapons were used by forces loyal to President Bashar Al-Assad in the eastern suburbs of Damascus August 22, 2013. REUTERS/Bassam Khabieh (SYRIA - Tags: POLITICS CIVIL UNREST CONFLICT)

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Michel Garroté -- Une fausse attaque chimique pourrait prochainement avoir lieu en Syrie (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Plusieurs agences de presse internationales auraient reçu des images mettant en scène une prétendue attaque chimique à Idleb, dans le nord de la Syrie [pour mémoire, ci-dessus, photo prise en 2013 par Bassam Khabieh]. Selon le témoignage d'habitants de la province d'Idleb, le tournage de la mise en scène d'un usage d'armes chimiques aurait commencé dans les rues de Jisr al-Choghour, une localité située à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest d'Idleb.
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L'objectif de ses auteurs : entraver l'élimination des terroristes djihadistes, justifier de nouvelles frappes occidentales contre les forces syriennes loyales et renverser le gouvernement laïc de Bachar Al-Assad. Concrètement, la mise en scène d'une attaque chimique en Syrie, dans la région d'Idlib, aurait pour objectif d'empêcher l'élimination des combattants du Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda désormais connue sous le nom de Front Fatah al-Cham.
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Les images de cette présumée "attaque chimique" montreraient les Casques blancs en train de procurer de l'aide à la population locale après une attaque de bombes-barils prétendument menée par des avions de l'armée syrienne. Pour rendre le tournage plus "réaliste" et permettre aux Casques blancs de prélever des échantillons à Jisr al-Choghour, des terroristes djihadistes auraient transporté deux contenants avec des substances toxiques à base de chlore.
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Ce n'est pas la première fois que les Etats-Unis, quels qu'en soient ses dirigeants, font passer la nécessité de renverser des gouvernements laïcs avant les objectifs communs d'éradication du terrorisme djihadiste. C'est ce qui s'est passé en Irak et en Libye. Les USA essaient désormais de faire la même chose en Syrie (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Michel Garroté pour LesObservateurs.ch,11.9.2018
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https://francais.rt.com/international/53843-selon-moscou-images-mise-scene-attaque-chimique-filmees-syrie
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Attaque au sarin – Une histoire de Sarrasins

   
Michel Garroté  --  Le 8 avril dernier, Les Observateurs signalaient, que le médecin ayant annoncé "l'attaque au sarin" contre la localité syrienne de Khan Sheikhoun, un certain Shajul Islam, a été poursuivi pour terrorisme au Royaume-Uni. Pourtant, de nombreux médias, loin de remettre en question cet individu, l'ont cité comme une "source".
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Puis, le 26 avril, c'est au tour de la France de raconter que cette "attaque au sarin" contre Khan Cheikhoun, porterait "la signature" de Damas. C'est le chef de la diplomatie Jean-Marc Ayrault qui dit cela, lors de la présentation d'un "rapport des services de renseignement français". Concrètement, c'est quoi, "la signature" de Damas ?
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Les médias qui répercutent cette information, ne précisent pas de quels "services de renseignement français" il s'agit. La DRM, service de renseignement des armées ? La DGSE ? On ignore donc de qui émane le "rapport" évoqué par Ayrault.
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Le problème, c'est, aussi, que même si le recours au sarin ne soulevait pas de doutes -- or le recours au sarin soulève des doutes ; certains experts pensent même que l'armée syrienne a bombardé, à l'arme classique, un dépôt de sarin de l'Etat Islamique (EI) -- même si le recours au sarin ne soulevait pas de doutes, écrivais-je, il demeure impossible d'en tirer des conclusions sur l'auteur de l'attaque, sans qu'ait lieu une enquête, sérieuse, indépendante et neutre, une enquête diligentée par une entité non-suspecte de servir les adversaires du régime de Bachar al-Assad et/ou de vouloir, à n'importe quel prix, la destitution et le départ du président syrien.
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La France, pour défendre la thèse de "l'attaque au sarin", dit s'appuyer sur des prélèvements et sur des analyses effectués sur les victimes. Et elle dit avoir étudié "trois aspects-clés" de l'attaque de Khan Cheikhoun : la nature du produit ; le procédé de fabrication ; et son mode de dispersion.
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Selon la France, ce serait surtout le procédé de fabrication du sarin qui permettrait d'incriminer le régime de Damas. Le sarin prélevé à Khan Cheikhoun aurait été comparé avec des prélèvements réalisés, par la France, après l'attaque de 2013  contre la localité syrienne de Saraqeb, attaque "imputée" au régime. Mais en quoi le procédé de fabrication du sarin permettrait-il d'incriminer le régime de Damas ?
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La France aurait récupéré une "munition non explosée" et elle en aurait "analysé le contenu". Elle dit être en mesure de "confirmer" que le sarin employé le 4 avril 2017 serait "le même sarin" que celui qui utilisé dans l'attaque contre Saraqeb le 29 avril 2013. Mais la France n'explique pas le pourquoi du comment. Elle dit simplement : "le même sarin".
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Dans les deux cas (2013 et 2017), de l'hexamine, un "stabilisant", aurait été retrouvé. Ce "procédé de fabrication" serait celui développé par le Centre de Recherches et d'Etudes Scientifiques de Syrie (CERS), affirme la France. Cette dernière affirmation n'est pas très claire : en effet, l'hexamine y est d'abord présentée comme un simple "stabilisant", puis comme un "procédé de fabrication".
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En réalité, les responsabilités sont extrêmement délicates à prouver. En 2016, des d'enquêteurs de l'ONU et de l'OIAC, avaient affirmé, d'une part, que Damas aurait mené trois "attaques au chlore" ;  et d'autre part, que l'Etat Islamique (EI) aurait mené diverses "attaques au gaz moutarde", notamment en 2014 et en 2015. Sarin, chlore, gaz moutarde, hexamine, que de formules techniques, pour finalement peu ou prou de preuves irréfutables.
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Michel Garroté pour Les Observateurs
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Régime syrien – On nous dit qu’il serait “stupide”

Photos : combattantes chrétiennes syriennes

   
Michel Garroté  --  Conseiller régional d'Ile-de-France et vice-président du Parti chrétien-démocrate, Franck Margain revient sur les derniers événements qui se sont déroulés en Syrie. Il cible la désinformation opérée et l'imprudence des pays occidentaux (cf. lien en bas de page).
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Cette semaine, après une attaque de l'armée syrienne contre une base islamiste, des images de civils tués ont été diffusées. On nous a dit qu'ils ont été victimes d'un bombardement au gaz de combat sarin. On nous a même dit qu'il n'y avait "aucun doute" sur le type de gaz, et sur le fait qu'il ait été utilisé par l'armée. A la suite de cela, les Etats-Unis ont mené un bombardement sur une installation militaire syrienne, soutenus par le gouvernement français.
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Il s'agirait de l'odeur caractéristique du gaz sarin. Mais le gaz sarin est inodore
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Aujourd'hui en France, nous sommes une population plutôt bien instruite, caractérisée par un esprit dit cartésien. Quand une information nous est livrée, nous ne la prenons pas pour argent comptant, sans réfléchir, surtout quand elle est de nature à affecter notre destin national. Or dans le dernier développement de cette affaire syrienne, tout semble poser problème. Face au flot de désinformation, il est nécessaire de prendre du recul, et de se poser les bonnes questions.
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D'abord, ces images qui nous sont diffusées proviennent d'une zone contrôlée par les djihadistes. Qui les a donc tourné et diffusé ? Dans les divers témoignages de secouristes, on nous a répété qu'il s'agit de l'odeur caractéristique du gaz sarin. Mais le gaz sarin est inodore ! Alors de quel gaz s'agit-il ? L'armée syrienne est désormais dans une position victorieuse. Et dans le combat en question, il n'y a manifestement aucun intérêt tactique à l'utilisation du gaz de combat. Pourquoi aurait-elle pris le risque d'utiliser une arme inutile, prohibée, qu'elle a elle-même officiellement abandonnée sous contrôle international ?
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Actuellement en position de force, quel serait l'intérêt du régime ?
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Le gouvernement syrien est en position politique de force. Il a regagné le contrôle des principaux points de son territoire. Il est soutenu par la Russie et la Chine. Les déclarations américaines indiquaient justement que son renversement n'était plus une priorité. Alors, pourquoi irait-il faire précisément ce qui pourrait l'affaiblir sur la scène internationale ? On nous rétorque que c'est par stupidité. Qui pourrait croire un seul instant qu'un système politique qui a résisté à une guerre aussi longue, aussi puissante, internationale, menée contre lui, soit stupide ?
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Les mêmes qui nous parlent aujourd'hui d'attaque chimique, nous en avait aussi parlé en 2013. A l'époque, le président François Hollande voulait aussi déclencher sa petite guerre. Mais les Etats-Unis avaient stoppé ses velléités de va-t-en-guerre, dévoilant au monde son impuissance. Puis, après enquête, il s'est révélé que c'étaient les mercenaires islamistes qui avaient utilisé le gaz. Alors comment les croire aujourd'hui ?
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Adapté et mis en page par Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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http://www.valeursactuelles.com/monde/syrie-le-gaz-sarin-nouvel-archiduc-francois-ferdinand-78973
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Attaque chimique – L’archevêque d’Alep : le gouvernement syrien n’a pas fait une erreur aussi énorme

   
Michel Garroté  --  Dès le premier jour, je me suis posé les questions suivantes : quel intérêt aurait le régime syrien à lancer une attaque chimique contre des civils ? A qui profite cette affaire ? Pourquoi le régime syrien aurait-il pris ce risque, alors qu'il faisait - à nouveau - partie des gens fréquentables sur le plan diplomatique ? Pourquoi nos médias ont-ils abondamment diffusé et défendu, dès la première minute, l'hypothèse d'une frappe chimique visant des civils ? N'avons-nous pas, ces dernières années, déjà vécu le même genre d'intox médiatique et islamique ? Peut-être que, oui, le régime syrien a mené des frappes chimiques. Mais est-ce, pour autant, la seule hypothèse admise ?
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A ce propos, sur Aleteia, Isabelle Cousturié, rédactrice de l’agence Fides, écrit notamment (extraits ; voir liens vers sources en bas de page) : Mgr Antoine Audo, archevêque d’Alep, confie avoir du mal à imaginer le gouvernement syrien faire "une erreur aussi énorme" en attaquant au gaz toxique la population civile. Ce n'est semble t-il pas le cas des Etats-Unis qui ont mené une frappe contre l'aéroport d'où seraient partis les raids dans la nuit de jeudi 6 à vendredi 7 avril.
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« Dans une situation aussi fragmentée, avec tant d’intérêts et d’acteurs en jeu, il est difficile d’être sûr à 100% de ce qui se passe réellement. Pour ce que nous en savons sur la base de notre expérience, je ne parviens vraiment pas à imaginer que le gouvernement syrien soit si malavisé et si ignorant au point de faire des erreurs aussi énormes ». Telle fut la première réaction, publiée le 5 avril par l’agence Fides, de Mgr Antoine Audo, archevêque chaldéen d’Alep, interrogé au sujet du bombardement à l’arme chimique survenu à Khan Cheikhoun, dans la province syrienne d’Idlib.
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La zone est encore entre les mains de milices antigouvernementales dont celles du front al-Nosra, affilié à Al Qaeda. L’attaque chimique, lancée le 4 avril dernier, aurait provoqué la mort d’une centaine de personnes et fait près de 400 blessés, selon l’Union des organisations de secours et soins médicaux (UOSSM-France), alors que l’Observatoire syrien des droits de l’Homme parle toujours de 58 tués – dont 11 enfants – et 170 blessés. L’opposition syrienne accuse le régime de Bachar el-Assad du bombardement. L’armée syrienne dément la moindre implication.
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Le même scénario qu’en 2013 ?
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Mgr Audo, responsable de l’organisation humanitaire de l’Église Caritas Syrie, admet que les scénarios qui dictent le conflit syrien sont énigmatiques. Un conflit rendu illisible par la propagande. « Déjà en bien d’autres moments délicats de la guerre, précise-t-il, des épisodes d’usage d’armes chimiques ont eu un impact déstabilisant sur la situation. Voici deux jours, le Président américain, Donald Trump, avait déclaré que le Président Assad faisait partie de la solution du problème syrien. Maintenant, il fait des déclarations en sens contraire. Il faut reconnaître les intérêt des forces régionales impliquées dans la guerre. Il faut toujours en tenir compte, surtout lorsque certaines choses se répètent selon des dynamiques très semblables et déclenchent les mêmes réactions et les mêmes effets déjà expérimentés par le passé ».
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L’agence de presse des Œuvres pontificales missionnaires souligne que le 21 août 2013, une attaque similaire avait eut lieu à Ghouta, dans les faubourgs sud-est de Damas, une zone aux mains de forces antigouvernementales. L’attaque était survenue moins d’un an après les déclarations du Président américain Barack Obama, indiquant que l’usage d’armes chimiques constituerait une « ligne rouge » à ne pas franchir, au risque d’une intervention armée américaine en Syrie. Le gouvernement et les milices antigouvernementales se sont systématiquement rejeté depuis la responsabilité de cette attaque. Sous l’égide de la Russie, cette phase de crise internationale aiguë avait conduit à l’adhésion de la Syrie à la Convention sur les armes chimiques de l’ONU et à la destruction de son arsenal chimique.
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En mars et juin 2015, toujours dans la province d’Idlib, le gouvernement syrien avait été accusé de continuer à utiliser des substances chimiques après plusieurs attaques au baril d’explosifs. En 2016, l’armée syrienne était accusée d’y avoir eu recours à huit reprises, notamment dans les zones d’Alep contrôlées par l’opposition. Mais il ne faut pas oublier l’action de nombreux groupes rebelles incontrôlables, dont les terroristes de Daech, reconnus coupables en avril  2016 d’une attaque chimique contre une base aérienne de la province syrienne de Deir ez-Zor, qui avait provoqué de graves problèmes respiratoires chez les militaires touchés par des obus chargés de gaz toxique, précise Isabelle Cousturié (fin des extraits ; voir liens vers sources en bas de page).
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Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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http://fr.aleteia.org/2017/04/06/attaque-chimique-en-syrie-larcheveque-dalep-nimagine-pas-le-gouvernement-syrien-faire-une-erreur-aussi-enorme/
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http://www.fides.org/fr/news/62070-ASIE_SYRIE_Commentaires_de_l_Archeveque_chaldeen_d_Alep_a_propos_du_massacre_d_Idlib#.WOZKk4WF9Dg
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Assad a-t-il lancé une attaque chimique sur Khan Cheikhoun ?

Ces derniers jours ont vu un revirement incroyable de l'opinion publique et des puissants de ce monde (notamment Donald Trump) vis-à-vis de la Syrie et du régime de Bachar el-Assad. La faute à un "bombardement à l'arme chimique" au-dessus de Khan Cheikhoun. Mais qui en est le responsable?

Confusion et brouillard de guerre

Le nom de cette ville située à 50 km au sud d'Idlib était parfaitement inconnu avant que ne déferlent sur tous les médias des informations issues de l'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme, une organisation non gouvernementale très suspecte et pourtant couramment utilisée comme source par les médias occidentaux. Les forces aériennes de Bachar el-Assad auraient effectué un bombardement chimique au petit matin, s'en prenant également à un hôpital.

syrie,armes chimiques

Dans les premières heures de l'affaire, même les Russes semblèrent mal à l'aise. Ils accusèrent dans un premier temps l'opposition syrienne d'avoir mis en scène les cadavres et les séquences d'évacuation des blessés, avant de se reprendre quelques heures plus tard en affirmant par le biais du ministère de la Défense que les armes chimiques faisaient partie d'un dépôt appartenant aux rebelles.

Le bombardement de Bachar el-Assad (dont personne ne conteste la réalité) aurait ainsi visé un dépôt de munition des ennemis du régime, dépôt dont l'inventaire était évidemment inconnu au moment du bombardement mais qui aurait contenu des armes chimiques et dont la destruction aurait entraîné un nuage de gaz fatal. Une explication plausible pour le grand public.

À qui profite le crime?

Parmi les différents services de renseignement, les Russes sont réputés pour leur talent dans la guerre de l'information - plus que leurs homologues américains. Sans savoir si c'était la vérité ou l’œuvre de quelques spin doctors, la thèse du "dépôt rebelle contenant des armes chimiques" commença à prendre de l'ampleur sur les réseaux sociaux.

Cette théorie cadrait notamment avec l'analyse géopolitique de la région. Assad n'aurait eu aucun intérêt à se livrer à une attaque non conventionnelle. Reprenant l'initiative grâce à ses alliés russes, face à un président américain ayant pour la première fois admis que son éviction était moins importante qu'une victoire contre l'État Islamique, le régime syrien n'avait apparemment rien à gagner et tout à perdre en brisant le tabou de l'utilisation d'armes chimiques.

Cette interprétation fut encore confortée par les conséquences du bombardement. L'outrage international fut à la fois intense et immédiat. Les Américains lancèrent 59 missiles contre une base syrienne. De nouveau, toute les options furent sur la table pour renverser éventuellement le régime de Damas. Là où on aurait pu s'attendre à une enquête pour établir les responsabilités des parties en présence, la communauté internationale surprit par son unanimité et sa rapidité de réaction. Venait-elle de tomber une nouvelle fois dans un complot dans la grande tradition des couveuses du Koweït?

Le Guardian analyse

La principale faiblesse de la dénonciation d'une attaque chimique venait de ses sources initiales - l'OSDH et l'UOSSM, une obscure association internationale de médecins syriens autorisés à travailler dans la zone aux mains des rebelles. Face à ces témoignages peu fiables, l'interprétation russe était tout à fait recevable.

Le 5 avril, le journal britannique The Guardian publia un premier article sur l'attaque avec les commentaires de Richard Guthrie, un expert britannique en armes chimiques. Il défaussa assez rapidement la version russe de l'explosion d'un stock d'armes aux mains des rebelles:

[Cette hypothèse] ne cadre pas avec les observations de terrain pour plusieurs raisons. Un raid aérien larguant des charges explosives sur un dépôt de munitions aurait détruit l'essentiel du gaz sarin immédiatement, et répandu le reste dans une zone bien plus petite.

"La distribution des victimes ne colle pas à la diffusion de matériau toxique que vous auriez eu avec la destruction d'une enceinte contenant des produits chimiques rompue par un bombardement. Elle cadre davantage avec des conteneurs de produit répartis sur une population plus grande", dit Guthrie. (...)

Le Sarin est trop compliqué et cher à produire pour que les rebelles en fabriquent eux-mêmes, et bien qu'ils aient potentiellement obtenu quelques stocks de gaz innervant ou d'autres gaz, il est très improbable qu'ils disposent de plus de quelques kilos.

Un autre expert, Gordon De Bretton, expliqua que le grand nombre de femmes et d'enfants parmi les victimes ne cadrait pas avec l'attaque d'un dépôt militaire. Un troisième intervenant, Dan Kaszeta de l'armée américaine, rappela enfin que le Sarin est un composé instable, devant être fabriqué au plus quelques jours avant son utilisation. L'alcool isopropylique hautement inflammable étant un des deux précurseurs du gaz, l'attaque d'un laboratoire de production de sarin aurait provoqué une boule de feu dont nul n'a rendu compte.

Le lendemain, The Guardian publia le témoignage direct de Kareem Shaheen, premier reporter d'un média occidental à rejoindre le site des atrocités. Pour la première fois il était possible de rendre compte sans dépendre des services de Bachar ni de ses adversaires islamistes. Il ne trouva qu'un petit cratère contenant le reste de la bombe qui dévasta semble-t-il le quartier.

Tout ce qui reste de l'attaque sur la ville de la province d'Idlib tenue par les rebelles est une mauvaise odeur qui dérange les narines et quelques fragments verdâtres de la bombe. Les maisons alentours sont vides de tout être vivant.

Le Guardian, premier média occidental à visiter le site de l'attaque, examina un entrepôt et des silos directement à proximité de l'endroit où le projectile atterrit, et ne trouva rien d'autre qu'un espace abandonné recouvert de poussière et des silos à demi détruits empestant le grain moisi et le fumier. Les résidents affirmèrent que les bâtiments furent endommagés six mois plus tôt et restèrent inutilisés depuis lors.

"Vous pouvez regarder ; il n'y a rien là-bas hormis peut-être du grain et des excréments animaux, et même un bouc mort asphyxié par l'attaque", expliqua quelqu'un. Les habitants répondirent par l'incrédulité aux allégations russes.

Il n'y avait aucune preuve d'un bâtiment récemment atteint ces derniers jours près de l'endroit où tant de gens furent tués et blessés par un agent chimique attaquant le système nerveux. Les maisons de l'autre côté de la rue ne semblaient pas endommagées. Il n'y avait pas de zone de contamination près du moindre bâtiment. A la place, la zone de contamination semblait avoir pour centre un cratère dans la route.

Autant dire que la version de l'usine d'armes chimiques frappée par surprise ne colle pas avec les observations sur le terrain...

À qui profite le crime, deuxième partie

"Le régime syrien n'avait apparemment rien à gagner et tout à perdre en brisant le tabou de l'utilisation d'armes chimiques", écrivais-je quelques paragraphes plus haut en me faisant l'écho de nombreux analystes. Mais ce n'était pas tout à fait exact. Propagande oblige, le régime de Bachar el-Assad vole de victoire en victoire avec son allié russe ; en réalité, l'armée syrienne est épuisée par des années de guerre et les batailles remportées ne sont pas aussi nombreuses qu'il y paraît. L'énorme empiètement dont disposent encore l'État islamique et les diverses milices sur le territoire national syrien témoignent du chemin encore à parcourir.

Rétrospectivement, une attaque chimique sur Khan Cheikhoun n'était pas une bonne idée pour le régime de Damas. Entre la riposte américaine immédiate et la perte du statut de "moindre mal" que Bachar el-Assad était parvenu à acquérir face à l'État islamique, le recul géopolitique est énorme, et sans rapport avec les gains négligeables obtenus sur le terrain avec des armes interdites. Mais ce n'est pas parce que le plan n'a pas donné les résultats escomptés qu'il n'a pas existé.

Bachar el-Assad gageait sans doute que l'utilisation de l'arme chimique susciterait la terreur chez ses ennemis ; il pensait peut-être aussi disposer d'une fenêtre d'impunité grâce aux ouvertures diplomatiques américaines, à l'impréparation du nouveau président, et aux tergiversations permanentes de la communauté internationale. Mal lui en prit. Le retour de flamme le place dans une position précaire et il ne peut s'en prendre qu'à lui et à ses généraux.

L'attaque chimique de Khan Cheikhoun passera peut-être à la postérité comme un tournant dans la guerre en Syrie - un calcul cynique qui n'a pas fonctionné.

Stéphane Montabert - Sur le Web et sur LesObservateurs.ch, le 11 avril 2017

Est-ce que ce sont les islamistes qui profitent de l’attaque chimique en Syrie ?

   
Michel Garroté  --  Le projet de résolution du Conseil de Sécurité de l'ONU sur l’attaque "chimique" contre la ville syrienne de Khan Cheikhoun, projet de résolution soumis par les Etats-Unis et d'autres pays, est basé sur de fausses informations. Et il y a huit bonnes raisons de penser cela. Ci-dessous, nos lectrices et lecteurs trouveront, d'un part, les huit bonnes raisons susmentionnées ; et d'autre part, une interview sur ce sujet avec le spécialiste en sécurité, et, ancien officier des services secrets britanniques, Charles Shoebridge.
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Huit bonnes raisons :
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1- L'aviation syrienne a porté des frappes près de la ville de Khan Cheikhoun contre un entrepôt de terroristes où étaient entreposées des armes chimiques.
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2- L'aviation syrienne, à moins d'être masochiste et d'aimer les ennuis et les problèmes inutiles, n'avait aucun intérêt, aucune raison, de frapper, avec des armes chimiques, les civils de Khan Cheikhoun.
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3- Des échantillons de sol ont été prélevés et transmis à l'Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques. Rien dans la presse. Pas un mot. Rien.
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4- Or, sans rien entreprendre et uniquement guidés par des informations fallacieuses, les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne ont de nouveau jeté -- on ne peut dire 'proposé' --  au Conseil de Sécurité de l'ONU un projet de résolution qui revêt un caractère anti-syrien et risque d’exacerber la situation politique déjà tendue qui règne en Syrie et dans la région dans son ensemble.
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5- En accusant Damas d’avoir commis une attaque au gaz dans la province d’Idlib, qui a coûté la vie à des dizaines de civils, la Maison-Blanche oublie le fait que les armes chimiques possédées par la Syrie ont été détruites en 2014 par des professionnels civils et militaires sous contrôle des États-Unis eux-mêmes.
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6- En revanche, les armes chimiques détenues par des islamistes de l'opposition syrienne et par l'EI n'ont toujours pas été confisquées.
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7- Concernant les frappes aériennes contre Khan Cheikhoun, rappelons que des laboratoires de production de gaz sarin, laboratoires détenus par l'opposition syrienne islamiste et par l'EI, ont été retrouvés à Alep. Des laboratoires similaires se trouvaient également à Hama. C'est probablement un laboratoire de ce type qui a été bombardé, ce qui explique un si grand nombre de victimes à Khan Cheikhoun.
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8- Le fait est que dès que les affaires de l'opposition islamiste syrienne vont mal, on commence à crier au crime de guerre. Dès que l'opposition islamiste syrienne subit une perte, un incident, "chimique" ou pas, survient.
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L'interview avec Charles Shoebridge :
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Dans le contexte actuel, il faut se poser la question de la motivation de Bachar el-Assad à mener une attaque pareille au moment où il obtient des victoires à travers le pays, juge le spécialiste en sécurité Charles Shoebridge (*) (lien vers source en bas de page).
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RT : Le gouvernement syrien est accusé d'avoir utilisé des gaz de combat contre des cibles de l'opposition en Syrie dans la matinée du 4 avril, causant des dizaines de morts. Damas a démenti et l'ONU a déclaré avoir ouvert une enquête à ce sujet. Qu'en pensez-vous ?
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Charles Shoebridge : Il y a deux questions majeures. D’abord, s’agit-il d’une attaque chimique ? Et bien que les informations divergent en ce moment, tout bien considéré, nous pouvons affirmer avec un certain degré de certitude que des agents chimiques ont été utilisés. Ensuite, si ces agents ont effectivement été utilisés, qui a été à l’origine de cette attaque ? C’est la question la plus pertinente. C’est la question à laquelle nous faisons face depuis cinq ou six ans, avec des allégations similaires. Rappelez-vous qu’en 2013, une grande attaque avec l’utilisation de sarin s’était produite – c’est d’ailleurs le gaz qui, d’après de nombreuses allégations, a été utilisé cette fois-ci également – où plus de cent personnes ont été tuées. Beaucoup de gens à l’Ouest, tout comme un certain nombre de gouvernements occidentaux, avaient accusé Bachar el-Assad d'en être responsable.
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Si on compare cela à la situation d’aujourd’hui, on peut constater qu’il existe un schéma, ces incidents ayant lieu dans des moments critiques pour la perspective géopolitique. Quand on prend en considération l’incident à la Ghouta, cela a eu lieu précisément au moment de l’arrivée des inspecteurs en armes à Damas.-L’année dernière, avant une grande conférence à Londres, où l’opposition syrienne rencontrait ses donateurs, tels que le Royaume-Uni, la France et d’autres, des allégations d'attaques chimiques avaient eu lieu. Aujourd’hui, il y a ce grand incident présumé, et une fois de plus – ce n’est probablement pas une coïncidence – demain commence une conférence très importante à Bruxelles entre l’ONU et l’UE. D’un point de vue militaire cette attaque ne donne que très peu de bénéfice.
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RT : Mais qui alors pourrait être derrière ces attaques ?
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C. S. : Dans le contexte actuel, en dépit de toute évidence qui puisse apparaître, parfois susceptible de faire l’objet de manipulations, il faut se poser la question de la motivation de Bachar el-Assad à faire une chose pareille, à ce moment particulier quand il obtient des victoires à travers le pays. Quelle serait alors sa motivation pour provoquer la condamnation de la communauté internationale à ce moment précis ?
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RT : Ce genre d’attaque peut-il être un avantage stratégique militaire pour son auteur ?
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C. S. : D’un point de vue militaire, cette attaque ne donne que très peu de bénéfice. Les gaz qui seraient utilisés en Syrie ont une toxicité basse et sont [peu efficaces] par rapports à d’autres armes telles que les explosifs conventionnels, les balles. Ceux qui ont vraiment profité de cette attaque ce sont les rebelles eux-mêmes, car ils ont obtenu un grand avantage géopolitique au moment où ils luttent de manière stratégique, comme de manière géopolitique. Néanmoins, seule une enquête indépendante établira les faits sur le terrain, qui permettrait de tirer une conclusion définitive (lien vers source en bas de page).
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(*) Charles Shoebridge est un spécialiste en sécurité et ancien officier des services secrets britanniques.
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Michel Garroté pour https://lesobservateurs.ch/
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http://www.libertepolitique.com/Actualite/Coup-de-projecteur/Ce-sont-les-rebelles-eux-memes-qui-ont-vraiment-profite-de-l-attaque-chimique-en-Syrie
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Valls : « il peut y avoir aussi le risque d’armes chimiques et bactériologiques »

 

Information déjà relevée auparavant par le site EuroCalifat.com

Le Ministère français de la Santé a ordonné hier dans une circulaire « confidentielle » aux services hospitaliers et de secours d’urgence de mettre à jour leurs stocks d’atropine et de s’en munir en toute circonstance.

L’atropine est un produit utilisé en traitement contre les gaz de combat. Il est donc clair que le gouvernement envisage la possibilite d’attaques chimiques en France.

Source Source2