par Sophie Akl-Chedid
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, surfant sur la mollesse et la complaisance de la communauté internationale à son égard, la France en particulier, multiplie les attaques contre des cibles civiles et militaires du coté israélien de la frontière. L’escalade est là et les ruines qui s’accumulent au Liban Sud en témoignent, ainsi que le nombre croissant de responsables militaires de la milice chiite abattus dans des attaques ciblées d’une redoutable efficacité, ce qui met par ailleurs en évidence l’importante infiltration du Hezb par les renseignements israéliens. Tout indique que les antagonistes se préparent à passer à la vitesse supérieure en généralisant le conflit à l’ensemble du Liban, l’Etat-major israélien ayant déjà validé il y a quelques jours « des plans opérationnels pour une offensive au Liban ».
C’est dans ce contexte tendu que le secrétaire général du Hezbollah a ouvertement menacé Chypre, pays membre de l’Union Européenne, de représailles au cas où Nicosie déciderait « l’ouverture des aéroports et des bases chypriotes à l’ennemi israélien ». Côté libanais et face à ces menaces inédites formulées par une milice armée illégale sur un territoire supposé souverain à l’encontre d’un autre Etat souverain, le ministère des Affaires étrangères, qui mériterait amplement d’être rebaptisé ministère des affaires iraniennes et à qui sa pudeur interdit sans doute de citer le Hezbollah, s’est fendu d’un communiqué de quelques lignes soulignant que « les relations libano-chypriotes reposent sur une longue histoire de coopération diplomatique et que le dialogue bilatéral se poursuit au plus haut niveau pour discuter des questions d’intérêt commun ».
Alors que les rumeurs de guerre imminentes s’amplifient, certaines ambassades et missions diplomatiques comme le Koweït, le Canada et un certain nombre de pays européens recommandent à leurs ressortissants ou employés de quitter le Liban ou de s’abstenir de s’y rendre, tandis que d’autres envisagent des mesures d’évacuation en cas d’escalade du conflit.
Quant aux États-Unis, un rapport de CNN confirme que Washington est « pleinement déterminé à soutenir Israël si une guerre généralisée éclatait » et les américains auraient déjà donné l’ordre au porte avion Dwight Eisenhower de quitter la Mer Rouge pour venir en Méditerranée en appui de son allié israélien.
Pour rassurer sa base populaire, le Hezbollah écarte toujours la possibilité d’une guerre : « Israël est incapable d’élargir ses opérations tant qu’il ne peut pas en finir avec Gaza » fanfaronne un Tartarin du parti devant des journalistes de la plateforme d’information IciBeyrouth. «Toutes ces menaces et ces fuites relèvent de la guerre psychologique. » ajoute-t-il. Cette belle assurance n’a pas empeché le Hezbollah de mettre ses unités de combat en alerte maximale sous les yeux impuissants de la FINUL et de l’armée libanaise qui ne sont évidemment consultées par aucune des parties. Selon des sources de l’Orient-le Jour, Téhéran aurait déjà fourni à sa milice par procuration des drones marins et des sous-marins sans pilote à longue portée capables de s’approcher des côtes israéliennes et de frapper à l’intérieur des terres ainsi que des missiles sol-mer à basse altitude et des torpilles capables de cibler les sous-marins, navires de guerre et bases flottantes israéliennes.
Pour confirmer ces dires, le quotidien britannique The Telegraph vient d’indiquer que le Hezbollah stocke d’énormes quantités d’armes, de missiles et d’explosifs iraniens à l’aéroport Rafic Hariri de Beyrouth qui se trouve en plein Hezbollahland et sous son entier contrôle, tout comme l’était le Port de Beyrouth au moment de l’explosion qui a soufflé les quartiers chrétiens de la ville. Le traumatisme étant toujours très vif, cette information a semé un vent de panique au Liban où le ministre sortant des Travaux publics proche du Hezbollah s’est empressé de convoquer une conférence de presse pour démentir les informations du Telegraph qui « mettent en danger l’aéroport, les passagers et les employés », le ministre assurant, en oubliant un peu vite les circonstances de l’explosion du Port en 2020, que les douanes libanaises ainsi que les services de sécurité sont « irréprochables », jugeant « impensable de remettre en cause leur travail ». Simultanément, la milice chiite a pris pour cible des journalistes ayant relayé cette information du quotidien britannique, accusant notamment Youssef Diab de traitrise et de collusion avec l’ennemi pour avoir mis en garde contre un scenario similaire à celui du Port, et ayant fait rouer de coups le 19 juin par une dizaine de « jeunes militants » le journaliste et directeur général du journal télévisé El Siyassa, Rami Naïm, pour les mêmes raisons. Aucun des agresseurs pourtant identifiés n’a été arrêté à ce jour.
Du coté des mollahs, la chambre d’opérations militaires conjointes de « l’axe de la résistance » basée à Beyrouth et qui comprend le Hamas, le Hezbollah, le Djihad Islamique et les Gardiens de la révolution, aurait également discuté de la manière dont ses membres pourraient soutenir le Hezbollah depuis le Yémen et l’Irak.
Si ces bruits de bottes étourdissants tournent au conflit généralisé, le Hezbollah, avec la complicité active d’une grande partie de la communauté internationale depuis des décennies, aura réussi à refaire du Liban un champ de ruines qui l’engloutira à son tour. Restera à déterminer quel Phénix surgira de ses cendres…
Article paru sur le site du Nouveau Présent.
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