Le grand défi européen de cette première partie de XXIe siècle est insurmontable. Le continent devrait intégrer des dizaines de millions de migrants pour faire face à son déficit démographique. Pour le faire accepter, l’ordre moral utilise tous les arguments possibles, chance pour la France, etc. La situation n’est pas encore acquise. Alors, culpabilisation et repentance se prêtent à la situation. Nous ne saurions pas « vivre ensemble », défaut à corriger pour la paix sociale.
Mais rechercher la paix sociale est très loin d’être facile.
Le sociologue Robert Putnam(1), il y a cinquante ans, constatait que plus une communauté est diversifiée, plus la confiance entre les individus la constituant diminue. La société multiculturelle conduit ainsi à l’isolement et l’anomie sociale, ce qui renforce d’autant le manque de confiance.
C’est la justification évidente pour laquelle les USA, aujourd’hui et paradoxalement vu le contexte idéologique, ne se sont pas métissés. Les communautarismes sont renforcés. Les conflits ethniques se sont accentués durant le mandat Obama et le camp du Parti Démocrate a perdu.
Comment les mondialistes, qui ne l’ignorent pas, passent-ils outre ces difficultés ? Par la matérialisation interne d’un ennemi, bien sûr ! Et le but de cette dialectique permet également de détourner l’attention des peuples de la vraie menace qui pèse sur eux : leur disparition par l’ouverture des frontières. Le « Trump bashing » s’inscrit dans cette démarche.
Dans cette entreprise de résurrection de la lutte des classes pour faire oublier le déplacement des ethnies et précipiter la fin des nations, les élites mondialistes accentuent la question sociale en Europe et singulièrement en France. Elles rendent artificiellement aux syndicats l’importance que le peuple leur dénie. Le spectre de la grève générale requinque en particulier une CGT moribonde. Les « nuits debout » veillent, en parallèle, à la cohérence du système.
Les avantages sont multiples. En postulant la primauté de l’économique sur le politique, le mondialisme construit, tout autant, l’Universalisme. La Fin se fond dans les Moyens.
La loi travail de 2016, lancée par Emmanuel Macron, puis nommée El Khomry, mais techniquement conçue par les technocrates de Bruxelles, aura œuvré pour que la lutte des classes redevienne le théâtre des opérations des conflits idéologiques. La Gauche qui ne représentait plus que 13 % des intentions de vote fin 2016, remporte les élections six mois plus tard sans qu’elle n’ait à se présenter de Gauche.
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Le phénomène s’apparente à ce qui s’est passé en Espagne avec Podemos, à ce qui marche en Grèce avec Syrisa. Il est significatif que l’Union européenne et le Fonds monétaire international se soient mis d’accord pour donner une rallonge à Alexis Tsipras : l’homme qui a sauvé Bruxelles et l’euro en fournissant aux Grecs un succédané d’insurrection nationale.
Le joker du mondialisme est l’alter-mondialisme, qui se présente en anti-mondialisme. Le système reste globalisé et les peuples perdent à tous les coups. A-t-on jamais vu un joueur gagner face à la Banque ?
Nous pouvons retenir deux éléments majeurs du jeu opéré par le mondialisme : il développe les conflits sociaux sous couvert de la paix sociale. Il détourne le théâtre opérationnel du conflit qui l’oppose à la résistance à ses desseins.
Quel souhait pour 2018 ? Quel qu’il soit, le printemps sera chaud et les changements climatiques n’y sont directement pour rien.
Note
(1) Les travaux de Robert D. Putnam sur « la confiance, le capital social, l’engagement civique et la politique comparée », Revue internationale de politique comparée, vol. 10 N° 3, 2003.
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