Transmania, de Dora Moutot et Marguerite Stern

Francis Richard
Resp. Ressources humaines

Le 17 avril 2024, des affiches font la promotion de Transmaniadans tout Paris. Sous la pression de la Mairie, en la personne d'Emmanuel Grégoire, Premier Maire adjoint, elles sont retirées le jour même.

Le motif invoqué? Ce livre serait transphobe, ce qui est devenu un délit:

La haine de l'autre n'a pas sa place dans notre ville. Paris n'est pas la vitrine de cette haine crasse, dit cet élu qui se déshonore en censurant, qui plus est sans avoir lu.

 

Sur le site du Ministère de l'Intérieur français, on peut lire, en date du 17 mai 2017, pour illustrer la Lutte contre l'homophobie et la transphobie1:

C'est l'article 1er de la loi n°2008-496 du 27 mai 2008 qui définit la discrimination comme une inégalité de traitement, un traitement défavorable, fondé sur un critère prohibé par la loi, dans un domaine tel que l’emploi, le logement, l’éducation, le service public, l’accès aux biens et aux services… L'identité de genre et l'orientation sexuelle font partie des 23 critères de discrimination, comme le sexe, l'âge, le handicap, l'apparence physique ou encore les opinions politiques et religieuses...

"C'est là où l'on mesure à quel bas niveau la langue française est tombée. Car le suffixe phobie, officiellement, et dans les dictionnaires, est  employé dans un sens erroné."

Comme disait Étienne Boileau: "Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément."

Étymologiquement, une phobie n'est pas une haine, mais une peur, ce qui n'est pas du tout la même chose.

Le manque d'exactitude se remarquait déjà avec l'emploi du mot xénophobie qui devrait plutôt se comprendre comme la peur de l'étranger, tandis que c'est la misoxénie qui est la haine de l'étranger, un mot juste nulle part en usage...

 

Ce livre est-il transphobe dans le sens admis aujourd'hui par les autorités et par la multitude de moutons, ou de veaux, pour employer l'expression du Général de Gaulle? Absolument pas.

Au contraire, les auteures ont de la compassion pour les personnes qui souffrent d'être mal dans leur peau d'homme ou de femme, même si la solution trans n'est pas, selon elles, la solution adaptée à leur souffrance.

Ce qui veut dire que le retrait des affiches est un abus de pouvoir. Cela n'est pas étonnant de la part d'un socialiste, pour lequel gouverner revient à taxer tant et plus, c'est-à-dire à voler, et à interdire ce qui lui déplaît, c'est-à-dire à priver de liberté ceux qui pensent mal.

 

Aussitôt arrivé à Paris, fin avril, j'ai passé commande de ce livre, qui serait sans doute bon à détruire par le feu selon l'édile totalitaire ou, au moins, à mettre en morceaux selon cet adepte d'Anastasie et de ses ciseaux.

Reçu juste avant mon retour en Suisse, j'ai emporté ce livre dans mes bagages pour le lire paisiblement dans mes pénates lausannoises. Un oukase ne suffit pas à m'empêcher de voir par moi-même: j'aime, au contraire, juger sur pièce2.

 

Le sous-titre du livre, lisible sur les affiches, explicite pourtant son contenu: Enquête sur les dérives de l'idéologie transgenre. Rien de transphobe, mais plutôt un souci d'éclairer le public sur ce que les auteures ont découvert.

Toutes deux étaient des féministes patentées - et le sont restées dans l'âme: Dora Moutot militait pour une sexualité féminine épanouie et Marguerite Stern contre les féminicides et les violences conjugales.

Sans se connaître, donc sans se concerter, chacune de son côté, elles ont osé dire qu'être une femme n'est pas un ressenti, mais une réalité biologique, que "naître dans le mauvais corps" ça n'existe pas et que les hommes n'ont rien à faire dans les vestiaires des femmes et les compétitions sportives féminines.

À partir de là leur mauvais sort était jeté. Toutes deux ont fait l'objet de harcèlements sur les réseaux sociaux, de violences ou de pertes de contrats dans la vraie vie. C'est ce qui a fini par les rapprocher et par les conduire à mener ensemble l'enquête sur l'idéologie transgenre.

 

Comme toute idéologie, qui est une singerie de religion, les deux auteures ont identifié dix commandements auxquels les affidés de cette mouvance sectaire obéissent, un décalogue en quelque sorte:

1 - "Une femme trans est une femme", tu répéteras.

2 - Le genre deviendra roi et le sexe, tu aboliras.

3 - L'autodétermination, tu prôneras.

4 - Dans le mauvais corps, tu naîtras.

5 - La rhétorique de l'inversion, tu maîtriseras.

6 - La terreur, tu sèmeras.

7 - Les espaces des femmes, tu coloniseras.

8 - Homophobe3 tu seras, "les lesbiennes aiment les pénis", tu martèleras.

9 - Les enfants, tu vampiriseras.

10 - Dans toutes les sphères de la société, tu t'infiltreras.

 

Aucun de ces commandements délirants ne sont des vues de l'esprit. Les auteures, au fil de leur enquête, les ont vérifiés et documentés précisément.

Certes, pour leur démonstration, elles ont créé un personnage fictif, Robert, qui a fait sa transition et est devenu Catherine:

C'est un archétype inspiré de différents témoignages pour t'expliquer [elles tutoient le lecteur] ce qui nous a choquées lorsque nous avons commencé à nous intéresser à l'idéologie transgenre, Mais Robert ne représente pas toutes les personnes trans. 

Quoi qu'il en soit cette fiction leur permet de dire ce qui se passe dans la tête de ce genre - désolé, cela m'a échappé - d'individu. Et leur livre suit les méandres de la progression de leur enquête effectuée pendant plusieurs années.

 

Il y a beaucoup de choses que révèle ce livre, qu'il est difficile de résumer tant il est dense et tant il fait le tour de la question que pose cette idéologie à la mode, qui passera, comme toutes les modes, non sans avoir fait des dégâts irréversibles dus:

  • aux bloqueurs de puberté;
  • aux prises d'hormones sur des années;
  • aux opérations chirurgicales aberrantes, dites de réassignation sexuelle: vaginoplastie chez les hommes (avec castration éventuellement), métoidioplastie ou phalloplastie pour créer un pénis chez les femmes, mammectomie (ablation des seins), modification des cordes vocales pour changer la voix chez les hommes et  les femmes...

Etc.

 

Parmi les sujets abordés, il y a l'intersexuation qui est une réalité biologique et qui résulte d'un problème génétique ne touchant qu'un très faible nombre de personnes:

Chez quelques rares individus, des anomalies génétiques résultant de la présence d'un chromosome surnuméraire [...] ou d'une mutation de certains gènes [...] embrouillent [le] processus de formation des organes génitaux, et des malformations apparaissent.

Quant à la dysphorie de genre4, elle pourrait avoir des causes biologiques, non identifiées à ce jour. Ce que l'on sait, c'est qu'elle résulte ou d'un malaise psychologique réel, qui est une véritable souffrance, ou de la contagion sociale.

 

Ce qui a peut-être le plus choqué les auteures, c'est la mise en application du neuvième commandement, énoncé plus haut, c'est-à-dire l'entrisme de l'idéologie transgenre dans les écoles, en susurrant aux enfants que c'est à eux de déterminer leur genre suivant le troisième commandement.

Je ne sais pas si les auteures sont croyantes, mais ce véritable détournement de mineurs, que combat fermement l'association SOS Éducation me fait penser à la parole du Christ:

Si quelqu'un doit scandaliser l'un de ces petits qui croient en moi, il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d'être englouti en pleine mer.

Matthieu XVIII, 5-6

 

Le lecteur découvrira comment le dixième commandement est mis en oeuvre, pas seulement à l'école, mais partout, et que l'idéologie transgenre est un formidable business, à tous points de vue, très lucratif.

 

Le lecteur s'interrogera avec les auteures sur le monde auquel l'idéologie transgenre voudrait nous préparer. Car la transmania n'est pas seulement un mouvement de lutte sociale pour les droits d'une minorité, c'est:

  • Un projet politique bien ficelé, qui instrumentalise les souffrances d'une minorité de personnes pour mener le monde vers un projet transhumaniste dont l'effacement du sexe n'est qu'une première étape.
  • Un projet qui renforce les stéréotypes de genre.
  • Un projet misogyne qui efface les femmes.
  • Un projet homophobe3 qui poussent les personnes homosexuelles à penser qu'elles devraient changer de sexe.

Bref, c'est un projet progressiste...

 

Francis Richard

 

1 - Au passage, on pourra s'étonner que les assemblées françaises, de plus en plus liberticides, légifèrent sur des sentiments, qu'il s'agisse de peur ou de haine (il est bien entendu légitime de combattre les incitations aux violences ou les atteintes à l'égalité en droit).

2 - Depuis mon enfance, j'ai une prédilection pour l'apôtre Thomas, qui ne croyait pas sans avoir vu, disposition d'esprit qui m'a été d'une grande utilité pour l'accomplissement de mes études scientifiques à l'EPFL.

3 - Au sens généralement admis, mais faux, de haine des homosexuels...

4 - Voir le livre de Nicole et Gérard Delépine.

 

Transmania, Dora Moutot et Marguerite Stern, 400 pages, Magnus

 

Publication commune LesObservateurs.ch et Le blog de Francis Richard

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