20/03/2023 - Ovidiu Tanjala

Ludwig von Mises est l’auteur de Socialism : An Economic and Sociological Analysis, un petit livre publié en 1922, qui démontre que le calcul économique est impossible dans un État socialiste. Bien entendu, il partait du principe que le but d'une économie, même socialiste, était de produire des biens et des services, ce qui définissait son succès ou son échec.

Alain Besançon n'était ni autrichien ni adepte de Mises, mais il a écrit Anatomie d'un spectre : l'Économie politique du socialisme réel, un petit livre de la taille du Socialisme de Mises, dans lequel il observe également que l'économie soviétique ne pouvait pas effectuer de calcul économique ; c'est pourquoil'économie soviétique était peu, très peu performante selon les normes occidentales.

L'économie soviétique était gaspilleuse et chaotique. Pour Besançon, c'est la planification économique qui induisait l'irrationalité dans le système. Les cadres terrifiés n'osaient pas signaler qu'ils ne respectaient pas le plan, si bien que toute planification économique ultérieure allait être encore plus irréaliste que la précédente.

Besançon et Mises savaient tous deux que le socialisme ne pouvait pas découvrir les prix du marché. Ils savaient tous deux que cela conduirait à une corruption généralisée. Cependant, Besançon s'est rendu compte que l'État non seulement tolérait, mais aussi utilisait le marché noir pour déterminer les prix dans des secteurs économiques essentiels pour le régime, comme la défense et certaines activités culturelles et sportives prestigieuses (le théâtre Bolchoï, la gymnastique, le hockey, etc.).

Il existe toutefois une différence essentielle entre Mises et Besançon. Alors que Mises pensait que l'objectif de l'économie soviétique était de produire des biens et des services utilisables, Besançon pensait le contraire. Selon lui, l'économie soviétique n'a jamais eu pour but de produire des biens et des services pour les consommateurs, mais avait plutôt d'autres objectifs.

L'économie soviétique existait pour maintenir le parti communiste au pouvoir, et c'était le seul critère utilisé par les dirigeants du parti pour évaluer ses performances. La "production" du pouvoir politique était le bien suprême, et tout le reste était secondaire, subordonné à l'objectif principal de l'économie soviétique.

Les dirigeants politiques soviétiques ne voulaient pas d'une économie produisant des biens en abondance, car l'abondance sépare le citoyen de l'État. L'État perdrait son pouvoir sur ses sujets si ceux-ci devenaient plus riches. L'homo sovieticus devait être dépendant de l'État, vivant péniblement au jour le jour  grâce aux cartes de rationnement délivrées par l'État.

Si un gestionnaire soviétique parvenait par miracle à produire du bien-être, malgré des ordres de planification absurdes et l'absence de prix du marché, il pouvait être puni pour n'avoir pas produit ce qu'il devait vraiment produire : du pouvoir étatique sur le simple peuple. L'abondance et le bien-être ont toujours été et sont encore les véritables ennemis du socialisme : il ne faut pas que les gens puissent ignorer ou oublier le pouvoir de l'État.

Si l'économie soviétique n'est pas une chose que l'on souhaite revivre, il existe néanmoins des élites influentes qui demandent aux gouvernements d'affirmer leur pouvoir sur les individus en restreignant le choix des consommateurs afin d'atteindre des objectifs politiques profitant aux personnes au pouvoir. Par exemple, le Forum économique mondial déclare que les gens devraient commencer à manger des insectes au nom de la "durabilité". De même, au nom de la lutte contre le changement climatique, les élites progressistes des gouvernements et des entreprises tentent de forcer les gens à acheter des voitures électriques malgré leurs graves inconvénients. Bien que les médias sociaux comme Facebook et Twitter soient des entreprises privées, ils ont obéi aux ordres des gouvernements au nom de la "lutte contre la désinformation" ou en essayant de préserver un narratif qui reflète le message gouvernemental, ce que l'on a particulièrement vu lors des restrictions imposées par les gouvernements au nom du Covid, en restreignant la liberté d'expression en ligne.

Depuis des décennies, les gouvernements occidentaux dépensent plus de 45 % du produit intérieur brut de leur pays. Rothbard nous a prévenus que chaque entité gouvernementale est un îlot de chaos calculatoire dans l'économie. Dans des pays comme la Finlande, la France, l'Allemagne, l'Autriche et la Belgique, le gouvernement représente la majorité de l'économie. Aux États-Unis, les dépenses publiques représentent près de 40 % du PIB et, en 2020, près de la moitié du PIB.

On ne peut donc plus parler d'îlots de chaos calculatoire induits par le gouvernement. De nos jours, le chaos est la règle dans les économies occidentales et le maintien des prix du marché est l'exception. La présence et l'influence du mouvement environnemental, social et de gouvernance (ESG) dans les entreprises américaines et en particulier sur les marchés financiers et de capitaux permettent aux socialistes d'exercer une influence considérable sur l'économie américaine, et les gens ordinaires sont impuissants à arrêter cela. De nombreux secteurs économiques permettent aux socialistes d'accéder au pouvoir politique, et la production de biens et de services réels est devenue secondaire par rapport à la promotion de l'idéologie gauchiste.

Alain Besançon avait raison quant aux véritables objectifs des socialistes, et si lui et Mises ont compris le dysfonctionnement inhérent à une économie socialiste, Besançon est allé plus loin en prenant conscience que le chaos produit par le socialisme profitait à ceux qui étaient au pouvoir. L'objectif des socialistes n'est pas d'améliorer l'économie grâce au socialisme, mais plutôt d'instaurer pleinement le pouvoir socialiste.

Source: Socialism Isn't About Creating Economies. It Is About Amassing Political Power – Mises Institute via Zero Hedge

Traduction: Cenator