Saccage d’œuvres d’arts, dégonflage de pneus, collage aux murs : l’écologie en voie de “thunbergisation”

post_thumb_default

[Bigot] Saccage d’œuvres d’arts, dégonflage de pneus, collage aux murs : l’écologie en voie de “thunbergisation”

Les actes de vandalisme répétés de militants écolos “au nom de la planète” témoignent de l'endoctrinement d'une génération qui se croit tout permis pour atteindre ses objectifs, analyse Guillaume Bigot.

Des militants de “dernière génération” se collent la main au mur après avoir aspergé de purée un tableau de Monet, au musée Barberini de Potsdam. Photo © Handout / LAST GENERATION / AFP

« Extinction, rébellion » : tel est le nouvel horizon indépassable qui mobilise une part croissante de la jeunesse. Au-delà de de la stupeur ou de la colère que l’on peut éprouver face à leurs actes de vandalisme contre des œuvres d’art notamment, tâchons de comprendre ce que ces militants de l’urgence climatique ont dans la tête.

[Vidéo] Allemagne : des militants écologistes jettent de la purée sur un tableau de Claude MonetLeur mobilisation avait commencé avec des marches bon enfant, de lycéens et de collégiens. Et puis les esprits des éco-activistes se sont emballés plus vite que les températures à la surface du globe. Des militants se sont mis à éteindre de force des bâtiments publics ou des vitrines de magasins. Au nom de la protection du climat, certains se sont lancés dans des actions plus audacieuses, comme ces militants qui, ce week-end, au salon de l’automobile, se sont collés les mains sur des capots de Ferrari à 4 millions d’euros pièce. Tandis que d’autres énergumènes aspergeaient de purée une toile de Claude Monnet au musée de Potsdam.

SUVs, piscines… Un dégoût particulier pour le luxe

Notons que ces activistes s’attaquent de préférence à tout ce qui est cher et qu’ils ont une dilection particulière pour le luxe. Une rangée de kayaks bouche ainsi le port de Marseille afin d’empêcher le plus grand paquebot du monde, le Wonder of the sea d’en sortir. Ils s’en prennent aussi à des SUV dont ils dégonflent les pneus, à des jacuzzis ou à des piscines dont ils vident l’eau, à des golfs dont ils bouchent les trous. Ils adorent aussi interrompre des compétitions sportives comme le tournois de Roland Garros ou le tour de France.

Le raisonnement de ces éco-militants est le suivant : je m’attaque au superflu pour mieux souligner que l’essentiel est en jeux. Je m’en prends à des objets de valeur inestimable tels des Van Gogh ou des Monnet afin de montrer que le climat a plus de valeur encore. Vous pensez que l’art représente ce que l’humanité peut faire de mieux mais lorsque l’apocalypse climatique sera advenue, il ne restera plus ni art, ni artiste, ni amateur d’art, ni musée. Et le même raisonnement s’applique à tout.

Ces éco-vandales n’hésitent pas à se mettre eux-mêmes en danger, ils se collent les mains, se brûlent le bras, s’attachent, c’est une manière de révéler le mal que l’on fait à la planète. Une urgence qui pour certains justifie une désobéissance civile, quitte à se mettre dans une situation délicate, ces actes pouvant mener les militants devant la
justice. Ces climato-fanatiques prennent généralement la peine de signer leur forfait ou leurs happenings qui évoquent des performances d’art contemporain. Ils laissent ainsi un petit mot sur le pare-brise des 4X4 dont ils ont dégonflé les pneus : « ne le prenez pas pour vous, c’est votre SUV le pollueur. » Ou des jacuzzis endommagés : « l’eau c’est fait pour boire. » Ou des trous de golfe bouchés : « Ce trou a été bouché car son utilisation ne s’alignait pas avec le maintien d’un monde viable. » Il y a donc une volonté pédagogique affirmée.

La vieille tradition de l’agit-prop

Ces procédés ne sont pas nouveaux. Ils imitent ce que les gauchistes appelaient l’agit-prop et que pratiquait déjà Savonarole et sans doute tous les fanatiques, tous les “grands moineaux” avant lui. Quant à s’autoriser à violer la loi au nom de la légitimité, ce réflexe ne date pas non plus d’hier, c’est celui d’Antigone, l’héroïne de Sophocle. Ces activistes se donnent du courage en s’exposant et se disant qu’ils appartiennent à une avant-garde et que l’histoire leur donnera raison comme elle a consacré Rosa Park qui refusait de céder à un racisme légal heureusement et rapidement aboli ou à un Noël Mamère, ce maire écolo qui célébrait un mariage homosexuel 10 ans avant la légalisation du mariage pour tous.

Avec les commandos Greenpeace et les destructions de Mc Do ou de plants d’OGM par José Bové à la fin du siècle dernier, l’écologie avait déjà expérimenté ces méthodes de propagande par le fait et d’actions illégales au service de la cause. Ce qui est nouveau, c’est que ces actions sont mollement réprimées voire plus du tout (José Bové avait fait de la prison) et c’est aussi la radicalité et l’urgence dont se réclament ses militants milléniaux.

Dans leur esprit, la planète brûle et nous tournons la tête. La fin du monde n’est pas pour 2050 mais pour jeudi matin. Il n’y a donc plus une minute à perdre. Cette notion d’urgence climatique mêle à la fois tempo et gravité et incite les militants à la surenchère. C’est tout de suite et surtout à n’importe quel prix qu’il faut éveiller les consciences. La peur du “no future” contient en elle l’exigence d’une mobilisation “no limit”.

La peur du “no future” contient en elle l’exigence d’une mobilisation “no limit”.

Et pas seulement symboliquement mais pratiquement. Cette forme très particulière de militantisme en actes qu’est l’action contre le réchauffement climatique permet de réconcilier coup d’éclat planétaire et petits gestes du quotidien. Que l’on s’arrête un instant sur ce point : si vous vous réclamez de l’urgence qu’il y a à sauver la planète, vous vous accordez alors tous les droits. Vous vous réclamez de la légitime défense et même du devoir de secourir l’inconscient qui se fait lui-même du mal en détruisant l’écosystème dont il dépend et donc vous vous sentez autorisez à l’empêchez de vous nuire, de se nuire à lui-même et de nuire à toute l’humanité voire à tout le règne animal et à la terre elle-même. Vous réconciliez l’intérêt général et l’intérêt individuel, l’eschatologie et le bon sens, Gaïa, donc la religion, et la climatologie, donc la science.

Tout ceci est très étrange : ils en appellent à la notion de limite pour brider le capitalisme ou le monde adulte, mais ils sont au-dessus de la loi ou ils se prennent eux-mêmes pour la loi. Ces jeunes militants assument de vouloir faire la leçon aux plus anciens et sont dans ce que la psychanalyse appelle la toute-puissance. C’est le sens du hurlement poussé par la jeune fanatique Greta Thunberg aux Nations-Unies : « How dare you ? You should be ashamed ! »

À force de se demander quelle planète nous laisserons à nos enfants, il va falloir se demander quels enfants nous laisserons à la planète. On ne se rend pas compte mais l’idéologie mainstream, celle véhiculée par l’école et par les messages publicitaires des multinationales, est devenue révolutionnaire. Comme c’est une idéologie bisounours, pacifiste et pleine de bons sentiments, on ne réalise pas du tout son potentiel de déstabilisation.

À force de se demander quelle planète nous laisserons à nos enfants, il va falloir se demander quels enfants nous laisserons à la planète.

Nous sommes au début d’un processus que l’on pourrait appeler la “thunbergisation” des esprits. C’est une délégitimation profonde du monde adulte. À force d’entendre répéter qu’il faut agir d’urgence pour la planète, les enfants et les adolescents ne peuvent plus se projeter dans l’avenir. Des psychologues se spécialisent d’ailleurs dans ce qu’ils appellent l’éco-anxiété. Certains jeunes adultes qui ont été victimes de ce matraquage idéologique refusent d’avoir des enfants.

À force de dire « c’est la fin du monde jeudi matin », les gens, notamment les plus jeunes, répondent « mais alors pourquoi vous ne faites rien ? ».

Si vous endoctrinez la jeunesse en lui expliquant que dans trois dizaines d’années — c’est un horizon visible à hauteur d’homme —, la nature et l’humanité seront en danger de mort, vous préparez une radicalité politique qui va justifier le recours aux armes puisque, si vous ne prenez pas les armes, l’humanité va y passer. On voit bien cette inversion du paradigme. Le communisme, c’était le prolétariat qui allait sauver l’humanité, mais en faisant la révolution au nom du prolétariat, vous alliez aboutir à une société dans laquelle l’amour s’échangerait contre l’amour. Tous les moyens étaient bons, donc on pouvait tuer, puisque l’on avait la possibilité d’accoucher d’un monde où l’humanité serait débarrassée des injustices et des inégalités. Maintenant, on est dans un paradigme inverse, on nous explique que l’humanité va mettre en danger la planète et la nature. Face à cela, qui pourrait ne pas utiliser tous les moyens à sa disposition, y compris les plus violents, pour faire cesser une telle menace ? Nous sommes dans la préparation d’une radicalité terrible, que l’on ne mesure pas trop, parce que tout est très pacifiste, tout est animé de bons sentiments… Mais l’enfer est pavé de bons sentiments .....

Ndlr. Pour lire la suite et d'autres articles abonnez-vous à Valeurs Actuelles.

 

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.