Guerilla #3 – Le dernier combat, de Laurent Obertone

Francis Richard
Resp. Ressources humaines
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Le premier volume de la trilogie Guerilla raconte Le jour où tout s'embrasa, le deuxième, Le temps des barbares. Au bout des vingt-sept jours que celui-ci a duré, la situation a été globalement pacifiée.

Un ordre nouveau règne sur la France. L'ancien directeur de la DGSI l'a sauvée et, avec, l'essentiel, i.e. tout ce qui a pourtant préludé à son embrasement et à son chaos, tel que le très-bien-vivre-ensemble:

Escard avait su se jouer des événements, pour faire du chaos une opportunité. En laissant prospérer l'anarchie, puis en se posant en sauveur du pays à genoux, il devenait son maître indiscutable, quasi divin, avec les pleins pouvoirs pour le tordre au gré de ses désirs.

Le pays comprend les quartiers contrôlés, la Zone interdite où règne le Califat et la Zone grise, c'est-à-dire la quasi-totalité du pays: la France rurale et périphérique, les coins reculés, les régions incertaines.

Le bilan de ces vingt-sept jours est épouvantable: on parlait de millions de morts ou disparus, l'économie à terre, la situation sanitaire catastrophique, et l'État ne se concentrait plus que sur le minimum vital.

Le remède est pire que le mal: L'État prenait tout ce qu'il voulait. Une intense propagande en faveur de la reconstruction incitait les particuliers à se dépouiller de leurs ultimes biens et richesses en les lui confiant.

Pour empêcher tout soulèvement l'armée a été épurée; la population, de nouveau masquée et munie d'attestations à QR-codes, est contrôlée par les Vigilants1; les Liquidateurs, eux, traquent l'extrême-droite.

Pour domestiquer la population, le pouvoir doit maîtriser toute l'information (toute émission clandestine est considérée comme un crime terroriste) et toujours pouvoir émettre, même en cas de black-out.

Le pouvoir s'est installé dans un immeuble sur l'Île de la Cité à Paris. Le ministère des Émissions le jouxte. Il abrite plusieurs chaînes, présentées comme indépendantes, pour l'illusion de pluralité:

Si le mensonge est officiel, c'est une information.

La situation est instable. Il suffirait d'un élément déclencheur pour que Le dernier combat ait lieu entre ceux pour qui l'État est la raison de vivre et ceux qui savent mourir en braves, s'épargnant le déshonneur.

Ce combat a bien lieu. L'issue en est incertaine. Quelques personnages en détiennent la clé: d'un côté le dictateur, un journaliste, un commissaire; de l'autre, un évadé du parc humain, un capitaine, une fillette.

Les vainqueurs, auxquels la masse finit toujours par se rallier, sauront la soumettre. La première raison de la servitude volontaire, c'est l'habitude, disait déjà La Boétie. Obertone, pessimiste, confirme:

Telle était la créature domestique, faite de routine, de fuite et d'oubli, ne rêvant que de se perdre dans la fourmilière humaine, se faire rouage de l'ingénierie, se tapisser l'esprit de bêtise manufacturée, brandir bien haut son conformisme, gagner de quoi se récompenser de petits objectifs, s'étourdir de sa came numérique. Nul autre but à cette vie que la friandise, sous toutes ses formes. La dissolution tranquille plutôt que les solutions douloureuses.

 

Francis Richard

 

1 - Les sans-culottes du nouveau régime.

 

Guerilla # 3 - Le dernier combat, Laurent Obertone, 336 pages, Magnus

 

Livres précédents:

La France Orange Mécanique (2013)

Utoya (2013)

La France Big Brother (2015)

Guerilla I, le jour où tout s'embrasa (2017)

La France interdite (2018)

Guerilla II, le temps des barbares (2019)

Éloge de la force (2020)

Game over (2022)

 

Publication commune Lesobservateurs.ch et Le blog de Francis Richard

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