Médias. Le Service public suisse :La RTS traverse la plus grave crise de son histoire

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La RTS traverse la plus grave crise de son histoire

Les révélations se succèdent sur les dysfonctionnements au sein d’une RTS dirigée par un quarteron de Valaisans aujourd’hui rattrapés par leur passé machiste et autoritaire. Les sanctions vont pleuvoir, administratives, disciplinaires et peut-être pénales. Elles pourraient également toucher Gilles Marchand.

Un Valaisan – Jean-Michel Cina, président de la SSR – saura-t-il remettre de l’ordre dans une maison dominée par d’autres Valaisans soupçonnés d’avoir systématiquement couvert les comportements déplacés de journalistes ? C’est la question que se posent désormais les parlementaires fédéraux et même la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, ministre de tutelle, qui a demandé des explications.

Le dossier est entre les mains de Jean-Michel Cina, le président du Conseil d’administration. Il se dit fâché et a annoncé l’ouverture d’une enquête dans le but de retracer la chaîne des responsabilités jusqu’au plus haut niveau hiérarchique. C’est-à-dire jusqu’à Gilles Marchand en personne, l’oublié de l’enquête du Temps qui, il y a une dizaine de jours, a mis la machine médiatique en branle.

L’oubli du Temps

La chronologie des révélations illustre la gravité de la crise et l’incapacité des dirigeants RTS à la canaliser. Le 31 octobre dernier, le Temps publie une très longue enquête (trois pages, plus de 35'000 signes) sur trois journalistes de la RTS, tous accusés à des degrés divers de harcèlement sexuel et d’abus de pouvoir sur des femmes et des hommes. Ces comportements inadéquats remontent au début des années 2000, mais curieusement le Temps n’évoque pas une seule fois le nom de Gilles Marchand, pourtant directeur de la RTS de 2001 à 2017, c’est-à-dire pendant pratiquement toute la période couverte par l’enquête. Le quotidien qui se dit « de référence » (et qui le redeviendra peut-être sous la férule d’Eric Hoesli) protège également les deux cadres concernés, baptisés respectivement « Georges » et « Robert », mais jette en pâture Darius Rochebin, lequel a réagi quelques jours plus tard avec le dépôt d’une plainte pénale contre ses collègues du Temps. Dans l’intervalle, sous la pression des collaborateurs, mécontents des explications fournies au grand public pour éteindre l’incendie, et en réponse à l’emballement médiatique déclenché par l’enquête du Temps, la RTS n’a eu d’autre solution que de suspendre de leurs fonctions les deux cadres dans l’attente des résultats de l’enquête.

Marchand en disgrâce

Pour l’heure, Gilles Marchand, échappe à une telle mesure, mais pas au vent du boulet. Selon le dominical alémanique Schweiz am Wochenende du 8 novembre, Jean-Michel Cina lui a retiré le dossier et lui a interdit de s’exprimer publiquement sur l’enquête en cours. Le président de la SSR n’aurait pas apprécié les premières réactions de Gilles Marchand dans les médias, en particulier l’expression « vague populiste » pour qualifier et donc décrédibiliser les plaintes des collaboratrices et collaborateurs. Dans le même ordre d’idées, toujours selon l’hebdomadaire alémanique, le président de la SSR n’aurait pas trouvé utile que Gilles Marchand essaie de minimiser le problème en prétendant que des agissements comparables se produisaient également dans d’autres médias.

La crise au sein de la RTS a encore grimpé d’un cran avec les révélations du Tages-Anzeiger du 10 novembre. On y apprend qu’une journaliste a sombré dans la dépression après le lancement raté, en 2015, d’une nouvelle émission. Mère de deux enfants, elle ne s’en est jamais remise et, deux ans plus tard, s’est suicidée. Selon le quotidien zurichois, les voix se délient aujourd’hui au sein de la rédaction pour critiquer l’absence d’enquête après la mort de la journaliste. Une telle enquête aurait permis d’identifier les responsabilités au sein de la hiérarchie de la chaîne, à qui on reproche d’avoir été incapable de planifier, puis de gérer de manière professionnelle le lancement de cette nouvelle émission. Dans ce dossier aussi, les compétences des cadres dirigeants sont mises en cause.

Ils savaient mais n’ont rien fait

Aujourd’hui, l’attention ne se porte plus tant sur les mains baladeuses, dragues machistes, mobbing et abus d’autorités des trois journalistes, mais sur la protection dont ils ont joui à l’interne. De l’avis du Temps, corroboré depuis lors par une pétition signée par des centaines de collaboratrices et collaborateurs de la RTS, les dirigeants savaient et n’ont rien fait. « Une génération patriarcale et machiste », selon le Matin Dimanche, est en place à la RTS et a instauré « une culture de la peur ». « C’est toute la culture d’entreprise qui est remise en question », selon le journal du dimanche préféré des Romands (puisqu’il n’y en a pas d’autre).

La protection interne dont aurait joui Alain Hertig fait aujourd’hui « souffler un vent de révolte au sein de la RTS », selon la Tribune de Genève, qui met sur la sellette, dans ses éditions du 3 novembre, Bernard Rappaz, le rédacteur en chef de l’actualité à la RTS. Ce dernier aurait reçu en 2014 un épais dossier de plaintes à l’encontre du journaliste Hertig. Le directeur des Ressources Humaines, Steve Bonvin, de même que Gilles Marchand étaient également au courant. Ensemble, ils auraient étouffé l’affaire. Pourquoi ? Selon la Schweiz am Wochenende du 8 novembre, cela s’expliquerait par la proximité et la complicité entre Bernard Rappaz et Alain Hertig, travaillant depuis trente ans à la RTS. Le Valaisan Steve Bonvin et Gilles Marchand auraient également appartenu à ce « Boys Club » comme l’appelaient à l’époque les journalistes.

Rappaz dans la tourmente

Tout comme Gilles Marchand, Bernard Rappaz n’a pas encore été suspendu de ses fonctions. C’est en tout cas ce que voudrait faire croire la RTS dans le communiqué qu’elle a diffusé le 11 novembre. On peut y lire que le rédacteur en chef de l’actualité « se retire temporairement » de ses fonctions en raison de l’enquête ordonnée par Jean-Michel Cina. De facto, Bernard Rappaz est suspendu, mais la RTS joue avec les mots. En le faisant, se rend-elle compte de la nouvelle vague d’indignation qu’elle risque de provoquer en son propre sein ?

Rappaz qui couvre Alain Hertig ; Rappaz qui couvre Olivier Cajeux ; Rappaz qui couvre Darius Rochebin. A la rédaction des observateurs.ch, Bernard Rappaz est resté en mémoire pour avoir étouffé un autre dossier à scandale, celui du journaliste Yves Steiner. Les preuves démontrant les violations répétées et systématiques de la déontologie par cet ancien journaliste de la RTS qui travaille aujourd’hui au Contrôle fédéral des finances sont accablantes. Elles sont connues de Bernard Rappaz et de l’ensemble des dirigeants de la RTS. Pour sauvegarder la réputation de la télévision publique, il aurait été naturel que ses dirigeants, comme l’a fait le Conseil suisse de la presse, se distancient d’un journaliste aux méthodes de voyou. Mais Bernard Rappaz a préféré couvrir Yves Steiner, selon une méthode qui semble être devenue sa marque de fabrique.

A quand le dénouement de cette affaire ? Sonnera-t-elle le glas de Gilles Marchand, Bernard Rappaz et quelques autres dirigeants de la RTS ? Jean-Michel Cina pourra-t-il attendre les résultats de l’enquête en cours ou d’autres révélations fracassantes vont-elles l’obliger à trancher dans le vif pour permettre le retour au calme au sein de la télévision publique ? Pour le savoir, rendez-vous au prochain épisode.

Enquête pour LesObservateurs.ch 11.11.2020

18 commentaires

  1. Posté par informat le

    N’oubliez pas l’informaticien qui avait lancé l’alerte à la RSR de Lausanne il y a quelques années.
    Tout le monde le traitait de fada. Voilà le monde des Bisounours…

  2. Posté par Soupe au lait le

    @Le vérificateur : c’est exactement ça !
    Et avec le Grand Reset suivi de la mise sur pied de la dictature du Nouvel Ordre Mondial communiste (c.f. Klaus Schwab), l’oligarchie pleine aux as, aura tous les droits et tous les luxes, le peuple survivant misérablement avec le revenu universel en attendant de crever pour dépeupler la planète (le vaccin, obligatoire du Covid induisant le SIDA, donc l’affaiblissement des systèmes immunitaires).

  3. Posté par Gaston Siebesiech le

    Dudu, un chretien social, comme Schwaller. On peux bien dormir les yeux grands ouverts!
    Il ne suffit pas de penser, il faut savoir.

  4. Posté par Galley le

    Et ne pensez-vous pas que Zendaline est également dans le panier???

  5. Posté par Socrate@LasVegas le

    Pourquoi pas une redevance facultative, à l’instar d’une proposition du 1er ministre Johnson :
    « la BBC en particulier, à qui il reprochait un humour qui penchait systématiquement à gauche, mais financé par tous les contribuables. Il s’était alors posé la question d’une redevance facultative. »
    https://www.bvoltaire.fr/royaume-uni-cummings-lhomme-du-brexit-quitte-le-10-downing-street/

  6. Posté par Dudu le

    Jean-miche Cina est quelqu’un de droit est juste , ce n’est pas quelqu’un que l’ont peut corrompre et je pense qu’il vas remettre de l’ordre .

  7. Posté par LeVérificateur le

    @Derek Doppler : excellente question, mais la réponse est simple.
    La m…, c’est pour le commun, tandis que l’oligarchie se réserve les beaux morceaux.
    Le Dafalgan pour les gens, la chlorochine pour l’élite.
    La théorie du genre pour vous et moi, les poules de luxe pour ces messieurs.
    L’habitat concentré pour les pauvres, les belles villas à la campagnes pour les couples de politiciens à 60’000 balles par mois etc…

  8. Posté par Fanfouet le

    Et le pauvre Kochebin qui s’auto-congratulait sur internet sous des pseudonymes qu’il avait lui-même inventés ! Quel narcissisme et quel égo démesuré… Son fan-club de mamies quinquagénaires ne devrait pas s’en remettre !

  9. Posté par pierre frankenhauser le

    Apparemment, c’est surtout la RTS Genève qui est incriminée, pas la Sallaz. Il ne se passe pas une seule semaine sans qu’un scandale ou une polémique n’éclate concernant la très fière ripoublique du bout du lac. Peut-être qu’il faudrait fermer totalement la tour du quai Ernest Ansermet et délocaliser tous ses effectifs dans le reste de la Suisse romande.

  10. Posté par antoine le

    Dans la tour de la RTS qui n’est PAS Valaisan ?
    Et nous comprenons (tardivement) pourquoi cette coterie était contre  »No Billag » !!
    Il serait temps d’arrêter de payer cette redevance obligatoire ! Je ne paie pas pour une bande de pieds nickelés qui croient diriger le monde …

  11. Posté par Derek Doppler le

    Donc la RTS serait sous la coupe de quatre mecs, de quatre blancs machos pervers, et abomination suprême, paternalistes ? Expliquez-moi alors pourquoi ses programmes ne sont qu’une immonde bouillie gynocentrée, misandre, gauchiste, ethno-masochiste, anti-nationale etc. bref l’habituelle soupe trotsko-cosmopolite sous œstrogènes ? Ah elle est belle la Bande des Quatre Fachos même pas fichus de nous mettre de bon vieux re-runs de l’Inspecteur Harry de temps en temps. Vraiment on se moque de nous.

  12. Posté par antoine le

    Il serait temps que le Tages Anzeiger soit publier en français en Suisse romande !
    Il en va de la pluralité de l’information !
    Concernant la redevance, puisque nous payons pour une information de qualité (selon M. Gilles Marchand) et qu’en définitive notre argent paie des arrivistes d’un  »Boys Club », je ne vois pas pourquoi nous continuerions à payer une redevance pour des profiteurs et des soi-disant journalistes …
    Il faudrait qu’une large part des téléspectateurs se joignent au mouvement et REFUSENT de PAYER cette redevance tant que l’abcès n’est pas percé.
    Les procès vont mettre des années à prouver la Vérité.
    Des années SANS redevance, la RTS n’existera plus …
    Autres propositions ?

  13. Posté par Jean Durand le

    Que cette affaire puisse contribuer à saper la crédibilité des MSM auprès du grand public. Ceci est grandement nécessaire avec la hystérie du Covid actuel.

  14. Posté par combattant le

    Cela mériterai bien un NO SERAFE ! Nous qui avons donné nos voix à NO BILLAG,ne se sont pas trompées.Nous assistons ENFIN à un retour du BOOMRANG,et c’est très bien.Nos Genevois gauchistes,bisounours,pourrait reconvertir cette tour rts socialo-bolchèvique pour y loger leurs AMIS faux réfugiés des allocs.Attention quand même à la Covid 19 que ces INDESIRABLES IMPOSES peuvent apporter aux NÔTRES qui trinquent,qui financent à en devenir SDF cette mascarade mortifère. NON à l’accord cadre,OUI aux retours aux frontières fermées,surveillées par l’armée,aux soldats armés.C.NEWS excellente chaîne d’infos ( têtes dans le sable,s’abstenir ! )

  15. Posté par Sergio le

    C’est le risque de la situation de monopole et les prébendes pharamineuses tombées du ciel dans la poche de leurs dirigeants. Très vite, on oublie qu’il faut travailler et que d’autres sont bien plus forts que vous. Quand l’heure sonne, il est déjà bien trop tard, alors on brode, on camoufle, on triche, on invente, mais inexorablement le bateau des amoureux de Billag coule.

  16. Posté par Christian Hofer le

    Les articles liés :

    Les avocats de la RTS croulent sous les demandes de plaintes pour harcèlement
    https://lesobservateurs.ch/2020/11/11/les-avocats-de-la-rts-croulent-sous-les-demandes-de-plaintes-pour-harcelement/

    Scandale à la RTS : Des employés veulent appeler le Conseil fédéral à l’aide
    https://lesobservateurs.ch/2020/11/11/scandale-a-la-rts-des-employes-veulent-appeler-le-conseil-federal-a-laide/

    Scandale à la RTS : Le rédacteur en chef Bernard Rappaz se retire provisoirement
    https://lesobservateurs.ch/2020/11/11/scandale-a-la-rts-le-redacteur-en-chef-bernard-rappaz-se-retire-provisoirement/

  17. Posté par pepiou le

    D’un côté, machisme et patriarcat de l’autre, féminisme débridé ; sans oublier une propagande européenne systématique. Voilà le vrai visage de la télévision suisse romande.

  18. Posté par Bussy le

    Et c’est ces gens qui donnent à longueur d’années des leçons au peuple !

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