On connait l'hostilité que les médias vouent aux réseaux sociaux depuis un certain temps, fort marris de ne plus avoir l'exclusivité de l'information. Jusque-là, leur situation de monopole leur permettait de présenter les faits sous le jour qui les arrangeait, sachant que le quidam n'aurait pas moyen de vérifier l'éventuelle orientation du propos. Aujourd'hui, c'est dans Le Temps que se manifeste l'ire journalistique face à l'information en liberté. On peut ainsi lire à propos des réseaux sociaux qu'ils " ont influencé des élections, alimenté la haine et la violence autour du globe, favorisé la polarisation, répandu des théories du complot et des fake news. Ils ont encore siphonné et exploité nos données personnelles et ont un effet dépressif sur certains."

Les réseaux sociaux ont influencé des élections ! C'est vrai que ce n'est pas Le Temps qui se le permettrait. On le voit ces jours-ci avec les élections présidentielles américaines, qui publie dans le numéro du jour un article très critique intitulé "Dans l'univers des extrémistes pro-Trump", dans la droite ligne de ceux dont le quotidien nous abreuve au sujet du Président des Etats-Unis. Ce grand moment d'information est en libre-service sur … la page Facebook du quotidien. Etonnant dans la mesure où l'article évoqué ici se conclut par ces mots : "Pour tous ceux qui sont encore sur cette plateforme, il faut sérieusement se demander pourquoi." Le Temps pourrait montrer l'exemple, qui utilise les réseaux sociaux pour diffuser sa propagande tout en regrettant que d'autres le fassent aussi. Au vu de l'orgueil que manifestent certains plumitifs, on va dire que c'est pour remonter le niveau.

Yvan Perrin, 12.10.2020