Réflexions sur l’antichristianisme primaire en Occident

 

La chronique de Mathieu Bock-Côté dans le Figaro sur l’antichristianisme primaire en Occident.

L’agression contre une crèche vivante à Toulouse le 14 décembre dernier avait quelque chose de sidérant. On a compris qu’elle était le fait de militants radicaux déambulant à la fin d’une manifestation qui n’ont pu cacher leur hostilité devant cette expression de la religion populaire. Le catholicisme suscite apparemment chez eux une aversion irrépressible. « Stop aux fachos ! ». Le slogan lancé par ces manifestants apparemment anticapitalistes, aussi stupide soit-il, est révélateur de l’empoisonnement idéologique du vocabulaire politique par des termes n’ayant plus aucun rapport avec la réalité. L’homme de notre temps, lorsqu’il veut maudire quelque chose, est-il capable de ne pas la réduire au fascisme ?

 
Les agressions contre les crèches ne sont pas rares, après la crèche vivante de Toulouse, celle de Dijon vandalisée deux fois en quelques jours

Que l’attaque ait été préméditée ou non ne change rien à l’hostilité affichée à l’endroit de ceux qui témoignaient paisiblement leur foi, même si plusieurs médias ont voulu relativiser l’agression, en expliquant qu’elle n’avait pas vraiment eu lieu ou qu’elle ne serait finalement qu’un fâcheux incident. Comme d’habitude. Soyons toutefois sans crainte : s’il fallait un jour que des hooligans troublent les prières de rue musulmanes, on décréterait assurément la République en danger et les cortèges citoyens défileraient à Paris en disant « plus jamais ça », avec la classe politique au premier rang. Nous aurions alors droit aux discours les plus emportés sur le vivre-ensemble à sauver.

De même, le vandalisme contre les églises régulièrement rapporté ne semble pas émouvoir exagérément les médias, qui n’y voient généralement qu’une série de faits divers sans signification politique. On l’explique rarement, sinon jamais, par la haine, un sentiment apparemment réservé aux populations majoritaires, dans leurs rapports avec les minorités, toujours victimes de la société où elles se sont installées. Il est difficile de ne pas voir là une forme singulière d’asymétrie symbolique. Le moindre commentaire critique à l’endroit de l’islam est théâtralisé et transformé en scandale médiatique, alors que le procès systématique du catholicisme est banalisé.

Une statue de la Vierge Marie en bronze, d’un poids de quelque 200 kg de d’une taille de 1,75 m, a été volée dans une niche d’un mur de l’église catholique Sainte-Marie-Madeleine de Göteborg au tout début du mois de décembre. On l’a retrouvé le 5 décembre, mais brisée en six morceau dans un lieu de stockage près d’un transformateur.

Si l’antichristianisme ne prend pas toujours une forme aussi brutale, il semble toutefois bien imprégné dans le discours public dominant. On l’a encore vu dans une étrange publicité de Monoprix qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux cette semaine. À l’approche des fêtes de fin d’année, formule qui se substitue de plus en plus aux fêtes de Noël, l’entreprise invitait ses clients à réveillonner en s’affranchissant de la « tradition », qui ne tiendrait pas suffisamment compte de la diversité des situations familiales et qui nous enfermerait dans un calendrier usé, déphasé et désuet.

Étrange formulation, qui présente la tradition à la manière d’une contrainte symbolique dont les hommes de notre temps devraient s’affranchir pour vivre enfin libres. Le pragmatisme commercial masque ici une forme de relativisme déconstructeur. Que des publicitaires aient pu imaginer une telle manière de vendre leurs produits en dit beaucoup sur l’image qu’ils se font de la société française. Un jour, on en trouvera pour vouloir effacer toutes les références chrétiennes du calendrier, pour éviter qu’il ne soit discriminatoire envers ceux qui ne s’y reconnaissent pas. Pourquoi s’entêter à fêter Noël le 25 décembre ? Et pourquoi continuer de confondre l’an zéro avec la naissance du Christ ?

Ces manifestations d’antichristianisme primaire ont bien moins à voir avec la poursuite de la laïcité, dont nul ne contestera la nécessité pour reconstituer un monde commun dans une société fragmentée, qu’avec une forme d’aversion décomplexée à l’endroit de tout ce qui ressemble d’une manière ou d’une autre aux symboles historiques distinctifs de la civilisation occidentale. On prétend construire une société inclusive ouverte à toutes les croyances : en fait, on prépare un monde vide, hostile à son héritage, devenu étranger à lui-même.

Faut-il vraiment rappeler que le catholicisme, en France [et au Québec], n’est pas qu’une religion mais la matrice d’une civilisation ? Et si l’État doit sans le moindre doute être neutre devant les convictions de chacun, il ne saurait l’être par rapport à l’identité historique qui le fonde, à moins de consentir à sa désincarnation. On pourrait consacrer un long développement pour rappeler cette évidence mais il suffit de rappeler la portée symbolique de l’incendie de Notre-Dame de Paris en avril dernier pour s’en convaincre. Qu’il soit devenu audacieux de mentionner les racines chrétiennes de la France a quelque chose d’absurde.

L’antichristianisme primaire si complaisamment ignoré par les médias n’est peut-être rien d’autre qu’un autre symptôme de cette passion morbide bien singulière qu’est la haine de soi. Comme si une société progressait en s’effaçant. Comme si elle s’humanisait en se dénoyautant. Comme si elle grandissait en se déracinant.

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3 commentaires

  1. Posté par Gérard Guichard le

    De toute façon, tous ces débiles ne savent même plus qu’est-ce qu’une religion. Ils ne voient que ce que l’église (Notre-Dame (« notre agente »)), la crèche: « crécher, habiter », tel endroit, etc. risquent de dévoiler de leur dingologie bolchevique

  2. Posté par G. Vuilliomenet le

    Si vous avez suivi l’infrarouge consacré à l’initiative pour « l’interdiction de se dissimuler le visage dans l’espace public », vous aurez également remarqué l’attaque de la verdâtre Léonore Porchet (plus bête que sa cousine Marie-Thérèse et ce n’est pas peu dire) contre le christianisme en le comparant à l’islam. Elle a été remise à sa place propre en ordre par Saïda Keller-Messahli (l’attaque christianophbe à partir de 8’45 »)

    https://www.rts.ch/emissions/infrarouge/10947805-apres-les-minarets-la-burqa-.html

    Je conseille de regarder toute l’émission, vous ne pourrez que constater l’indigence intellectuelle de toute cette gauche, y compris le membre du PDC, le parti des démocrates crétins, Vincent Maître.
    C’est également amusant de voir l’islamiste modérée Nida-Errahmen Ajmi qui essaie de vous faire croire qu’elle est contre le voile intégral et refuse de voir le voile proprement dit comme un étendard de l’islamisme. Il faut être aveugle et niais pour ne pas comprendre qu’elle est un missile islamiste.
    Quant au socialiste Benoît Gaillard, il est prisonnier de son atavisme anti-UDC.

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